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La préfecture cantalienne regorge de jardins aux identités et origines multiples. Du jardin des Carmes à celui de Lescudilliers, les Aurillacois disposent au quotidien d'un large choix d'espaces verts pour flâner ou se reposer à l'ombre d'arbres parfois centenaires. Parmi les lieux les plus iconiques de la ville d'Aurillac, le square Vermenouze possède peut-être l'histoire la plus riche des jardins aurillacois.
Ancienne zone humide située au pied des remparts médiévaux de la cité géraldienne, le square Vermenouze était à l'origine un petit étang et une source d'eau importante pour les habitants jusqu'au XIX e siècle. C'est l'explosion de la population urbaine aurillacoise à partir des années 1870, et notamment la construction des premiers faubourgs vers le sud de l'agglomération qui vont bouleverser le paysage urbain.
Une nécessité hygiéniste et esthétique
Comme l'explique l'ancien responsable du service des espaces verts de la mairie d'Aurillac Robert Combier, dans son ouvrage Autour du square Vermenouze (coécrit avec le passionné d'histoire Germain Pouget) les préoccupations des sociétés urbaines étaient alors en pleine mutation. La nouvelle doctrine hygiéniste, très en vogue dans les années 1860, avait considérablement redessiné les villes françaises, avec la ferme intention d'aérer les nouveaux lieux de vie.
Autre facteur qui a vraisemblablement pesé dans la balance à l'heure d'entériner l'aménagement du square, la construction du nouveau tribunal d'Aurillac à l'aube des années 1870. Il était alors impensable de laisser un terrain en friche à quelques encablures d'un tel symbole républicain.
Un ingénieur du Baron Haussmann à la baguette
Confronté à ces enjeux multiples, le conseil municipal de l'époque décide donc en 1875, de créer un jardin en lieu et place du petit étang encore sauvage. Le choix de l'ingénieur en charge des travaux se porte alors sur le polytechnicien Jean-Charles Alphand, un proche collaborateur du Baron Haussmann. L'homme avait déjà travaillé à la modernisation de la ville de Paris sous le second Empire, notamment en supervisant les travaux des Buttes-Chaumont, du bois de Boulogne ou encore du Champ-de-Mars. Dans la préfecture cantalienne, l'ingénieur entreprend l'aménagement d'un jardin à l'anglaise, avec bassins d'eau et buttes artificielles. Un cours d'eau ruisselant entre des essences d'arbres exotiques est même imaginé. Après des mois d'études, les premiers coups de pelles sont donnés en 1877.

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Les Aurillacois s'approprient alors peu à peu ce nouveau lieu de vie. Dès le début du XX e siècle, un couple de cygnes, mais aussi des canards et des mouettes sont introduits dans le bassin principal du square. D'après Robert Combier et Germain Pouget, certains amateurs de pêche se servaient même du bassin principal, à l'eau fraîche et pure, pour élever des écrevisses.
Dans un monde en constante évolution, le square Vermenouze devient au fil des années le témoin des plus folles innovations technologiques. Le défilé des premières automobiles débute dans les années 1900. Le parvis du square accueille, quant à lui, les premiers cinématographes, des kiosques à journaux, mais aussi le premier syndicat d'initiative dès 1931.

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Plus tardivement, le jardin se transforme également en lieu de mémoire. Coup sur coup sont inaugurés le buste du poète Arsène Vermenouze (en 1924), ainsi que le monument aux morts de la Première Guerre mondiale (en 1927). D'après la légende, l'auteur de Fleur de brousse ou d'en plein vent appréciait, par-dessus tout, les balades dans les allées du square, à la recherche d'inspiration

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Source La Montagne : Thibault Andrieux

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