cp

 Ces pages ayant été numérisées nous ne pouvons garantir une fidélité exacte à 100% du texte malgré le soin apporté à sa correction.

 

DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET STATISTIQUE DU CANTAL

Par M. DERIBIER DU CHATELET,
correspondant de la société des Antiquaires de Paris.

Aurillac, de l’Imprimerie de Mme Vincent Picut et Bonnet,gr.in-8°

 

On comprend peu dans notre siècle ces œuvres bénédictines dans lesquelles plusieurs existences venaient autrefois s’enfouir, souvent sans gloire, toujours sans profit, essayant de reconstruire, à l’aide de savantes recherches, un passé plus ou moins lointain. Maintenant on veut que tout aille à la vapeur ; les œuvres légèrement pensées, écrites plus légèrement, improvisées en quelque matins avant de monter à cheval, devant un fagot de sarment qui pétille dans l’âtre, où négligemment jetées, au retour du bal sur un papier satiné, sont les seules qui commandent au succès. Malgré cela on rencontre encore parfois, ça et là, quelque s savants de bonne roche qui ne croient pas qu’une œuvre, même limitée et restreinte, soit indigne d’occuper une vie tout entière et qui y consacrent avec une opiniâtreté digne des anciens temps, tout ce que Dieu leur a donné d’activité et d’intelligence, la remettant chaque jour sur le métier et ajoutant sans cesse au travail de la veille le travail du lendemain, jusqu’à ce que la mort, qui ne sait pas attendre, vienne les surprendre au milieu d’un labeur recommencé, toujours inachevé. Lorsque je rencontre sur ma route un de ces hommes opiniâtres et tenaces je e découvre toujours avec respect : car pour moi ils ne sont pas seulement les demeurants attardés de la probité littéraire d’un autre âge ; ils sont aussi, et surtout les indicateurs vénérés de l’avenir. La capricieuse arabesque qu’à tracée sur le sable des grèves une baguette facile est tôt emportée par le vent ; les siècles respectent l’inscription qu’à gravée sur le granit un long et patient labeur.

L’auteur du Dictionnaire historique et statistique et statistique u Cantal, M. Deribier du Châtelet, était de ces savants opiniâtres qui préfèrent le granit au sable, l’inscription durable à la brillante éphémère arabesque. Son compas ne songea jamais à mesurer l’univers, comme dit le poète de Mantoue ; mais il aimait son Auvergne de toute son âme, et il consacra vingt-six années de sa vie à en étudier l’histoire, pâtissant chaque soir sur l’oeuvre accomplie et rêvant, à l’œuvre du lendemain, revenant toujours les mains pleines et trouvant toujours qu’il li restait encore à chercher, sans cesse penché sur une tâche sans fin…..

Gazette de France, 19 juin 1853. – J. M. Tiengou

 

Il est impossible de lire ces lignes sans qu’au nom de M. Deribier un autre nom vienne s’unir dans la mémoire : celui de M. Paul de Chazelles. Lui aussi, dans un sentiment d’amour pour son pays, qui se traduit parfois en traits chaleureux sous sa plume, voua dix années de sa vie, les plus laborieuses et les dernières, à la continuation de l’œuvre entreprise par M. Deribier. Il groupa autour d’elles une partie de l’Auvergne littéraire, reprit le manuscrit de son prédécesseur, commune par commune, l’enrichit d’une foule de documents ignorés, et par son immense travail, sa direction énergique, opiniâtre, infatigable, il atteignit le terme quand la mort, suite de ses veilles et de ses fatigues, vit à son tour le frapper. En publiant aujourd’hui les feuilles destinées à compléter le Dictionnaire Historique et statistique, nous ne pouvons nous empêcher de jeter un regard sur la carrière parcourue et d’adresser un souvenir aux deux hommes qui y ont tenu la plus grande place : Deribier, Paul De Chazelles

Décembre 1861. Les éditeurs.

Pin It