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La commune de St Vncent de Salers aujourd'hui
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Vincent (st).
— La commune de Saint-Vincent dépend du canton de Salers et de l'arrondissement de Mauriac. Elle est bornée au nord par celles de Moussages et de Trizac; à l'est, par la commune du Vaulmier ; au sud et à l'ouest, par celle d'Anglards. Elle occupe une grande et profonde vallée arrosée par la rivière de Mar et le plateau montagneux qui s'étend au nord, depuis la vallée de Mar jusqu'au ruisseau de Marlhiou. On pourra juger de la profondeur de la vallée à laquelle on donne quelquefois le nom de ribeyra cavada (vallée profondément creusée), par la différence de niveau du point le plus haut au point le plus bas. La rivière de Mar, au-dessous de Longevergne, est à 551 mètres d'altitude; en admettant qu'elle ait 30 mètres de baitleur de plus au-dessous de Chanterelle, le point le plus bas de la commune serait de 581 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le point le plus élevé, au Suc-de-Gromont, étant de 1,257 mètres, la différence est de 676 mètres.
L'étendue de son territoire est de 2,050 hectares. Les cultures y sont réparties dans les proportions suivantes : 250 h. en terres, 1,250 h. en prés et pâturages, 350 h. en bois, 150 h. en terres vaincs.
La vallée de Mar est, de toutes les vallées do la Haute-Auvergne, celle qui offre le plus d'intérêt au géologue, par les produits variés qu'elle renferme, par le développement qu'y ont pris les diverses formations volcaniques, et par les magnifiques coupes qui mettent à nu les flancs de la montagne et permettent d'étudier les assises dont elle est formée. Notre savant ami, M. Bouillet, dans sa Description historique et scientifique de la Haute-Auvergne, a donné trois coupes de terrain, prises l'une au-dessus du hameau de Clavière , les deux autres près du village de Colture; elles font connaître l'ordre de superposition des différents terrains. On y voit que le fond de la vallée repose sur le gneiss, au-dessus duquel on trouve des couches peu épaisses de cailloux roulés de roches primitives, de sables et d'argiles appartenant au terrain tertiaire. C'est sur ces argiles que se sont épanchées les premières roches basaltiques. Puis viennent les conglomérats , qui ont pris un énorme développement; une couche de cailloux roulés et de sables appartenant aux roches volcaniques; des tufs ponceux , et enfin plusieurs assises de basalte fort distinctes et séparées l'une de l'autre par des wakes ferrugineuses. C'est dans les tufs ponceux, au-dessus du ravin de Clavière, que M. l'abbé Conort, qui habite encore cette vallée, et qui s'occupait alors avec succès de géologie et de botanique , découvrit, il y a plus de quarante ans, une couche peu épaisse de trassoïte contenant de nombreuses empreintes de végétaux dicotylédones d'une admirable conservation. Nous avons recueilli ensemble de nombreux échantillons dont j'ai adressé la meilleure part à M. Adolphe Brogniard, membre de l'Institut et l'un des administrateurs du Muséum d'histoire naturelle. On croit reconnaitre dans ces empreintes des feuilles de chêne , de coudrier, de noyer, de tilleul, d'érable des montagnes; j'y ai trouvé une feuille de sterculia plaianifolia. Ce gisement est aujourd'hui fort connu des naturalistes.
Dans les plaines, tout semble stationnaire : le relief du sol ne se modifie pas; elles étaient, il y a mille ans, ce qu'elles sont aujourd'hui. Il n'en est pas de même dans les montagnes : les changements y sont brusques, rapides, nombreux. On peut en faire la remarque dans la vallée de St-Vincent ; au lieu de ces pentes nues, déchirés par les ravins, étaient, il y a moins de deux siècles, des champs fertiles. Ce rocher a occupé la place de l'ancien presbytère de St-Vincent, qu'il a écrasé sous son poids; un autre a remplacé une grange; d'autres, parties du haut de la montagne, se sont arrêtées sur ses flancs et menacent d'achever leur course. Les ruisseaux ne coulent pas; ils se précipitent en cascades, bondissant de rochers en rochers jusqu'à ce qu'ils viennent confondre leurs eaux avec celles de la rivière de Mar, qui elle-même n'est qu'un torrent qui fait retentir au loin le bruit de ses ondes tumultueuses.
Tout est contraste dans cette vallée. Le ravin, comme un ver rongeur, déchire la prairie; la plus magnifique végétation est à côté d'un rocher ou d'une côte stérile; l'humble chaumière se cache sous le vaste ombrage de noyers gigantesques. On conçoit mieux qu'on ne saurait le décrire tout ce qu'il y a de pittoresque, d'imprévu dans ce paysage, bordé dans toute sa longueur par de hautes murailles de basalte, et qui a pour lointain le Puy-Mary, admirable pyramide aussi régulière et bien plus haute que celles de Ghisé.
Le fond de la vallée est d'une grande fertilité. La terre végétale , formée des détritus descendus des montagnes voisines, a une épaisseur considérable qui, sur certains points, dépasse dix mètres. Des eaux de source abondantes arrosent des prairies .très-productives et des pâturages en petit nombre, mais de très-bonne qualité. Les pentes à l'aspect du nord sont couvertes, dans leur partie supérieure, par des bois qui protègent les terres cultivées contre les ravages des eaux pluviales; celles qui sont situées à l'aspect du midi sont nues et décharnées. Le sol, privé de consistance par sa dénudation provenant de la coupe des bois et des arbrisseaux, et par l'effet, de la charrue, est entraîné par ces pluies subites et torrentielles qui se renouvellent presque annuellement dans nos hautes vallées. Les ravins qui se sont formés ont pris les proportions d'immenses précipices, et servent.de lit momentané à des torrents destructeurs qui rongent l'escarpement et entraînent des avalanches de débris confus, de terre végétale, de pierres, de rochers, de détritus de toute sorte. Cependant, si la nature est infatigable, l'homme ne l'est pas moins ; à peine un éboulement s'est-il opéré, que le travail de l'homme recommence, et bientôt ces débris divisés, triés, pulvérisés, se transforment en terre végétale et deviennent un sol fertile. Seulement, quelque rocher qui, par sa masse, a bravé tous les efforts, demeure là comme un impérissable témoin des révolutions que le sol a subies. Ces travaux , qui se reproduisent souvent, ne s'exécutent qu'avec une grande dépense de temps et de main-d’œuvre qui rendent la terre fort chère pour celui qui la possède. C'est le travail de Sisyphe, remontant sans cesse un pierre qui retombe toujours.
On connaissait la cause qui avait produit les ravins , on connaissait aussi le moyen de mettre un terme à leurs ravages. Personne n'en contestait l'efficacité; mais il fallait se priver du maigre pâturage de quelques touffes de gazon clairsemées sur des côtes dénudées. Aucun administrateur n'avait eu la résolution nécessaire pour réaliser une amélioration aussi désirable; tous avaient reculé devant l'égoïsme inintelligent de quelques-uns et les préjugés de quelques autres. M. Firmin de La Tour, maire actuel de St-Vincent, animé par l'amour du bien public, a pris l'année dernière une courageuse initiative; il a posé la question du reboisement au conseil municipal, qui la résolue affirmativement à la majorité d'une voix. Armé de cette délibération , soutenu par l'Administration supérieure , il a marché vers le but auquel il tendait sans se laisser arrêter par les obstacles qu'on lui suscitait. Au printemps de cette année, plus de quarante hectares de terrains en pente ont été ensemencés en pins-sylvestres. La population, un instant égarée, commence à comprendre l'immense avantage du reboisement , et, dans quelques années, on sera à se demander comment une mesure aussi utile a pu trouver des opposants. Dans son rapport au Conseil général, p. 72 (session de 1857), M. le Préfet a rendu justice « à l'intelligence courageuse de l'Administration municipale de St-Vincent. » Le temps n'est pas éloigné où la population de la commune tout entière lui rendra la même justice.
Les restes d'antiquités celtiques ou gallo-romaines sont fort rares dans la commune de St-Vincent; il ne peut en être autrement dans une contrée où le sol a été recouvert plusieurs fois par les éboulements ou par les terres et les roches entraînées par les torrents. Cependant on a trouvé, il y a peu d'années, une hache celtique en silex, dans un bois entre les villages d'Outre et de St-Vincent. Les travaux exécutés entre Chanterelle et Meric, pour l'ouverture du chemin de moyenne communication du Falgoux à Pons, ont fait découvrir quelques fragments de tuiles romaines.
Plusieurs villages ou hameaux existant au moyen age dans l'ancienne paroisse de St-Vincent, qui comprenait les communes du Vaulmier et de St-Vincent, ont aujourd'hui disparu, et on ignore où la plupart étaient situés. Une ancienne liève du prieuré de St-Vincent, conservée aux archives de la mairie de Mauriac, fait mention de ces anciens mas. Elle est de l'année 1352; Pierre Chaylar était prieur. Il est à remarquer que tous les villages ou hameaux existant encore aujourd'hui sont compris dans cette liève, a l'exception du hameau du Coudonnier, quia remplacé l'ancien hameau de las Crouselias. Nous donnons ici une note des anciens mas détruits.
Le mas Tenetz. — Freydavila. — Usmont. — La Chavardia. — Las Realas. — la Bertrandia.— Le Bernones.— Crosapéyra-Sobrana.— Crosapeyra-Soutrana.— Le Batut. — La Pigeyra. — La Ruschieyra. — L'Astorgia. — La Bourgada. — Girazac. — Auzeraldeyras, aujourd'hui les Aldières. Ce village fait partie de la paroisse et de la commune d'Anglards, Il est fait mention dans la liève du foch ou affar- de la Tor, et d'un autre affar appelé de Lastors.
D'après les croyances populaires, il a existé dans la partie de la vallée de Marlhiou, qui dépend de St Vincent, une ancienne ville dont les remparts seraient encore apparents. Ces ruines recéleraient de grandes richesses, et notamment une table d'or. Les plus grandes calamités doivent fondre sur le pays lorsque cette précieuse table sera découverte et enlevée.
Il y a quelques années, un voyageur faisait exécuter des fouilles dans les ruines de la ville de Coteuge. Cette nouvelle se répandit bientôt dans les montagnes voisines. Les vachers et les pâtres s'émurent; ils crurent que l'étranger voulait enlever la table d'or, dont il ignorait bien certainement l'existence; ils s'attroupèrent et lui intimèrent l'ordre de ne pas continuer ses recherches. Les pitres étaient armés de bâtons, leur attitude était menaçante, la résistance n'était pas possible. La science dut se résigner à une prompte retraite; les fouilles furent abandonnées et le pays fut sauvé.
S'il y a jamais eu une ville de Coteuge, ce que, pour ma part, je ne crois pas, elle était bien déchue il y a six siècles, et ses ruines nous donneraient une pauvre idée de son importance. Je me suis souvent demandé quelle pouvait être l'origine de cette croyance populaire fermement établie dans nos montagnes, et je n'ai trouvé qu'une réponse qui ait pu me satisfaire. Au moyen âge, on donnait à des localités très-peu importantes, à de simples villages, le nom de Vitla. Il est possible, quoique je n'en aie pas vu, que, dans quelque ancien titre, Coteuge eût été désigné sous le nom de Vilta. Des personnes peu versées dans la connaissance de la langue de cette époque, auront traduit vitla par ville, et la tradition populaire se sera formée sur cette traduction. Il y a bien d'autres traditions populaires, et même historiques, qui n'ont pas une origine plus respectable.
J'ai vu quelques titres où il est parlé de Coteuge; dans tous il n'est désigné que sous le nom de mas ou d'affar. Nous analyserons les principaux. Le premier et le plus ancien de tous est conservé aux archives départementales de ClermontFerrand. (Fond de lévéché, let. c, liasse 26, cot. ICI.)
En 1268, Hugues d'Alancha (Allanche), reçoit en fief de l'évêque de Clermont tout ce qu'il possède dans le mas de Colteja, dans la paroisse de St-Vincent. [Quidquid habeo in manso de Cotteja, in parrochia Sancti Vincentii.)
Dans un traité fait le lundi après la fête de St-Mari 1312, entre Guillaume Comtour, chevalier, seigneur d'Apchon, et frère Astorg, abbé de Valette, au sujet de la propriété et de la justice des montagnes de Marlhiou et de Cherleo [Charteou), on fait confronter au midi la montagne de Marlhiou avec l'affar appelé de Coltèje.
Le 3 juillet 1338, Bernard de Laborie ou du Fayet (de Laboaria sive de Faëto). achète une part de la montagne appelée de la Rousseyra on Delprat-del-Chau. et la sixième partie de la montagne de Coltegeyr, appartenant jadis aux héritiers de Durand du Fayet. (Original en parchemin revêtu du sceau du bailliage des montagnes. )
Il est encore fait mention de la montagne de Coteuge dans la reconnaissance de l'affar de Girazac, faite au seigneur d'Apchon le 6 septembre 1402. Guillaume Ronat, fils et héritier de Guillaume La Ronat, son père, reconnaît tenir la montagne de Coltegeol de Fonlandrige ou de la Rochela, confrontant avec la montagne del Puech-del-Lac, la montagne vacante des héritiers de Pierre du Fayet, et une autre montagne de Geraud du Fayet.
Il est à remarquer que dans cette reconnaissance on fait mention de prés, de champs, de pâturages, de communaux et du couderc dépendant du mas ou village de Girazac. Mais ce village avait cessé d'être habité. Le tenancier habitait au mas de las Crozitlas, paroisse de St-Vincent. Il reconnaît tenir du seigneur, non une maison, mais une masure de maison [casale hospitii), qu'il fait confronter avec la masure (casale) des héritiers de Durand de Vieillefont. La ruine du village de Girazac alors récente, la culture dps héritages n'avait pas encore changé. Cinquante-quatre ans plus tard, Girazac était devenu ce qu'était alors Coteuge, une montagne. Il n'y avait plus ni champ, ni pré; il ne restait qu'un grand pâturage. Un dernier titre fait mention du mas de Coteuge, qui était alors confondu avec la montagne de Girazac; il est â la date du dernier mercredi de juin de l'année 1456; il est passé au château de Vernières. Les puissants et magnifiques Jean do la Molière, dit d'Apelion, et dame Anne d'Apchon, son épouse, seigneurs d'Apchon, Vernières, Massiac, Plausac et Neschez, vendent à noble homme Geraud du Fayet, dit de La Borie, écuyer, habitant du lieu de St-Vincent, divers cens et rentes qu'ils percevaient sur certaines maisons et héritages situés â St-Vincent, sur le mas de las Crouzillas, aujourd'hui le Coudonnier, sur les montagnes de Girazac et du Puy-del-Lac et sur certains affars dépendant de Fournols, commune d'Anglards. Ils vendent deux sols de rente sur l'un des affars de Coltegeol, et il y est dit que ce mas est réduit en communal (in communitate) et qu'il fait partie de la montagne de Girazac (in montano de Girazac).
Ainsi, cette fameuse ville de Coteuge n'était qu'un village en 1268; une partie de son territoire était convertie en montagne en 1338; en 1456 il était confondu avec celui de la montagne de Girazac.
Les ruines de ce village sont encore très-apparentes; on y trouve les masures d'un four et de vingt-cinq à trente bâtiments cachés par les broussailles. On n'y trouve aucune trace de chaux ou de ciment. Les murs étaient construits en pierre sèche ; les ouvertures, fort étroites, étaient en gros moellons écarris, mais non taillés. Le village était à l'aspect du nord, â plus de 1,000 m d'altitude. Pour se garantir du froid, les maisons étaient construites en partie dans la terre, et les murs latéraux étaient protégés par des terrassements, comme le sont aujourd'hui les burons de nos montagnes. La plupart des maisons n'avaient qu'une seule pièce fort étroite d'environ 4 m. de largeur; d'autres étaient divisées en deux pièces inégales. Il ne reste plus dans le pays d'habitations aussi exiguës et aussi pauvrement construites. Elles devaient être cependant solides: les murs étaient épais et construits avec des moellons de basalte d'un très-fort échantillon. On reconnaît encore des vestiges de rues , et les restes de murs écroulés qui sont couverts de gazon et ne ressemblent pas mal à un rempart. On trouve dans d'autres parties du bois de Marlhiou , et même plus haut que Coteuge, les restes de quelques bâtiments isolés. Plus bas, à Freydefont, il y avait un gros village; nous avons déjà parlé de celui de Girazac. Tout cela prouve qu'au moyen âge, la vallée de Marlhiou, aujourd'hui couverte de bois, était habitée et cultivée, et que c'est à la fin du XIV° siècle et au commencement du XV°que les villages et les habitations qui y étaient situés ont été abandonnés , et que le système pastoral a prévalu. Trois causes principales ont, à notre avis, amené ce résultat; il serait trop long de les développer ici; je me contenterai de les énoncer. Les maladies contagieuses qui ont décimé les populations au XIV° siècle ; les dévastations commises pendant les guerres avec les Anglais; enfin, quelques années d'un froid rigoureux » ont contraint les habitants à se réfugier dans les vallées ou auprès des châteaux forts, à abandonner la culture des champs dont les récoltes étaient toujours compromises et souvent perdues, et à étendre l'élève des bestiaux et la fabrication des fromages.
La commune de St-Vincent était autrefois plus considérable; elle comprenait celle du Vaulmier, qui en a été démembrée. Sa population actuelle est de 621 habitants. Il y a, 5 villages, 8 hameaux et 116 maisons.
Le chef-lieu est assez considérable. Sa population est d'environ 300 habitants.
L'église est ancienne; l'abside est romane et à pans coupés. Cette disposition est fort rare dans les édifices de cette époque, au moins dans la Haute-Auvergne, où je n'en connais pas d'autre exemple.
Le château se compose d'un corps de logis, flanque au midi d'une grosse tour carrée, et au nord d'une tour ronde; la porte d'entrée est ogivale et ornée de moulures; les fenêtres étaient divisées par des croisillons. Sa construction parait remonter au XV° siècle. Il y a dans l'une des salles basses des restes de peintures à fresque représentant les écussons de la maison du Fayet de La Tour, et des familles avec lesquelles elle avait contracté des alliances. La plus grande partie de ces peintures est aujourd'hui effacée. La grande salle et une autre pièce sont ornées de bas-reliefs représentant divers épisodes de l'Ancien Testament, tels que le jugement de Salomon, Judith et Olopherne, etc. Ces boiseries existent encore et sont bien conservées; elles sont du XVII° siècle.
Ce château, bâti probablement par Géraud du Fayet de La Borie, écuyer, appartient encore à la même famille; elle est établie à Saint-Vincent depuis le xiii" siècle. Au xuie et au xiv» siècle, elle prenait indifféremment le nom de La Borie ou du Fayet. Guillaume de La Borie et Aymar, son frère , habitaient St-Vincent en 1274. Hugues du Fayet, chevalier, vivait en 1302. Pierre du Fayet, damoiseau, fut témoin d'un acte consenti en 1345 par Aymeri de Conros, baron d'Aurillac; il était fils de Bertrand du Fayet, qui habitait St-Vincent et qui, était décédé en 1322. Noble Géraud du Fayet ou de La Borie, écuyer, fut témoin d'une reconnaissance au terrier du Vaulmier, en 1402. Il acquit, en 1422, le fief et le château de Fournols, et traita à ce sujet avec Guy de Montclar. A partir de cette date, la filiation est parfaitement établie. Elle se divisa en plusieurs branches : celles de Fournol, de La Veyssière et de St-Vincent. Cette dernière, qui représentait la branche aînée, est la seule qui subsiste aujourd'hui. On compte parmi ses principales alliances les maisons de Combes, de Tournemire, d'Apchon, de l'Etrange, de Charlus, de Feydide de Chalendrat, de Roquemaurel, d'Autressai, de Framery, de Montclar, de Ribier, de Bichiran, Delzangles de Labastide et plusieurs autres. Le 8 octobre 1588, Charles du Fayet, écuyer, seigneur de La Borie, et Charles, seigneur de La Borie, traitèrent avec noble Antoine de Feydide, seigneur de Chalendrat. L'acte fut passé à Rochefort, « au pourchas de hàults et puissans seigneurs messire François de Chabannes, marquis de Curtoun, comte de Rochefort, chevalier des deux ordres du roy; Pétre Jean de St-Martial, sieur baron de Drugeac et François de l'Etrange.... et autres, leurs parents et amis, »
Christophe du Fayet de La Tour de La Borie fut reçu page du roi le 20 mars 1706. Dans le même temps, une demoiselle de la même famille était religieuse à Saint-Cyr, et fut Tune des légataires particulières de Mme de Maintenon. Plusieurs membres de cette famille se sont distingués dans les armes. Avant la Révolution, trois frères étaient chevaliers de St-Louis; l'un d'eux était chef de bataillon au régiment d'infanterie de Condé. Une seule des branches de cette famille existe encore; elle est représentée par M. Jean-Baptiste du Fayet de La Tour, ancien maire de St-Vincent, et par ses enfants.
Le prieuré de St-Vincent dépendait du monastère de Mauriac; le prieur était à la nomination du doyen. Il possédait à St-Vincent des propriétés aliénées au XV° siècle.
VILLAGES ET HAMEAUX.
1° Bancharel (le), village.
2° Bombarre, hameau.
3° Borie (la), domaine. Altitude, 1,116 mètres.
4° Chanterelles, château, ancien fief relevant de la baronnie du Vaulmier. Il avait appartenu dans l'origine à une maison qui en avait pris le nom. Antoine du Saillant (del Salhins) en était seigneur en 1470. Il avait épousé Delphine de Chanterelles. Ce fief passa ensuite dans la maison de Valens, qui le posséda pendant une grande partie du xvi* siècle. Barbe de Valens l'apporta en dot à Antoine de Tautal; lequel était neveu de Jean de Tautal, lieutenant particulier au bailliage des montagnes, à Salers. Jean de Tautal servit avec distinction sous les ordres du duc de Lidiguières, gouverneur du Dauphiné. Jean , son fils, était, en 1635, gentilhomme servant du roi et chevau-léger dans la compagnie de Senecterre. Barthélemy de Tautal eut quatre filles. Anne de Tautal, l'une d'elles, fut mariée à Jean d'Escorailles, qui devint seigneur de Chanterelles. Sa postérité possède encore cette propriété.
5° Coltures, village.
6° Condamines. En 1302, Géraud de Gorsaldet, seigneur de Montbrun, céda à Raymond, abbé de Valette, tout ce qu'il possédait dans les dépendances du village da Fosse, paroisse de Menct, qui avait appartenu jadis à Hugues de Valette, damoiseau , et il reçoit en contre-échange le mas de Condamines, avec toutes ses appartenances.
7° Coudonnier (le), domaine. Cette propriété appartient & M. du Fayet de La Tour, qui l'habite avec sa famille.
8° Farge (la), village. Une branche de la maison Baron de Layac s'y était établie. Cette famille est éteinte depuis le commencement de ce siècle.
9° Meric, village.
10° Orfaguet, hameau.
11° Boche, domaine. Cette propriété a appartenu, pendant près de deux siècles, à une branche de la famille de Tournemire d'Estiliol; elle est possédée aujourd'hui par Mr Spinasse, qui l'habite avec sa famille.
12° Sarlat domaine. Il n'est plus habité.
Em. DELALO.