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  La commune des Ternes aujourd'hui

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Ternes (Les).

— C'est une commune qui fait partie du canton sud et de l'arrondissement de St-Flour. Sa configuration est triangulaire; ses confins sont: au nord, les communes de Tanavelle et de Paulhac; au sud, Sériers et Neuvéglise; à l'est, Villedieu, et à l'ouest, Cussac et encore Neuvéglise.

La superficie de son territoire est de 1,900 hectares, dont 1,200 h. en terres cultivées ; S50 h. en prés et pacages ; 50 h. en bois, et 100 h. en terres vaines et rochers.

Elle est arrosée par les ruisseaux des Ternes et des Chazeaux, dont chacun forme un petit vallon, et par celui du Crozet.

Sa population est de 621 habitants, répartis dans 10 villages, 2 hameaux et 211 maisons.

Les Ternes, le chef-lieu, à 1 myr. 1 kil. de St-Flour, est un bourg assez considérable et bien bâti, situé sur le ruisseau de ce nom. La route impériale 121 de Rodez à St-Flour, à laquelle vient s'embrancher le chemin de grande communication de St-Flour au Mur-de-Barrès, par Pierrefort, traverse la commune.

L'église, à l'est du bourg, se trouve un peu isolée ; elle est fort ancienne, voûtée en entier, mais un peu humide. Sa. longueur est de 17 m. 25 c. sur 7 m. 15 r. de largeur ; elle a pour patron saint Martin. On y remarque quelques morceaux de sculpture exécutés avec art, soit dans l'intérieur, soit à l'extérieur, sur le pourtour du chœur. L'escalier qui conduit au clocher est enfermé dans une tour. La moitié de cette église fut donnée par Etienne d'Henry au monastère de St-Flour, avec ses dépendances et revenus consistant en prémices, visites, baptêmes, pénitences, cire pascalo, le septième et le treizième qui reviennent à l'église, plus un septier de vin aux sépultures et aux noces. Il donna aussi une autre église appelée Courtines, attenante probablement au château de ce nom, avec l'entretien d'un ecclésiastique, à la charge d'y célébrer l'office divin après sa mort et celle de ses frères Béraud, Robert et André d'Henry.

On lit dans Audigier qu'Etienne ayant donné la seigneurie de l'église des Ternes et la terre au monastère de St-Flour, Bernard d'Henry, son frère, fondateur du prieuré de Bredon en 1050, et coseigneur des Ternes avec lui, se refusa à ratifier cette donation. Il en résulta que la terre fut, dès cette époque, divisée en deux coseigneuries.

La famille d'Henry est donc la plus ancienne titulaire connue de la seigneurie des Ternes. Elle la conserva jusqu'à la fin du XII° siècle. Ermengarde d'Henry, dernière représentante de sa famille, la porta en mariage, vers 1211, à Hugues de Lastic. Bompar 1er, seigneur de Valheilles, avait un fief aux Ternes, en 1228. Il relevait du prieur de St-Flour. Etienne Bompar, seigneur de Valheilles, rendit hommage, en 1280, au prieur du monastère, pour son château de Courtines et autres dépendances.

Il se trouvait donc aux Ternes deux seigneuries. Celle qui revint à Bernard d'Henry passa a la famille Armand. Un Armand des Ternes, damoiseau, est une fille mariée à Guillaume, chevalier, seigneur d'Espinchal, qui lui porta la coseigneurie du château des Ternes vers 1503. Ces deux grandes familles de Lastic et d'Espinchal jouirent donc conjointement de la seigneurie des Ternes.

En ce qui concerne la part de la maison de Lastic, elle suivit les phases de la terre de Rochegonde (anciennement Valheilles) et de la Chaumette, dont cette partie des Ternes dépendait. Nous avons vu qu'elle fut donnée, en 1684, par François de Larochefoucauld, à Claude Lhuillier d'Orcières.

Alexandre Lhuillier d'Orcières, seigneur en partie de Rochegonde et des Ternes, eut un procès, en 1705, avec les consuls de Chaudesaigues, pour être déchargé de la taille qui lui avait été affectée par suite de l'imposition de 1096. Sur la production de ses pièces, il fut reconnu exempt comme noble et écuyer, lui et ses enfants nés et a naître. Gabriel Lhuillier, seigneur de la Chaumette et en partie des Ternes, fut nommé par le roi, en 1767, à la charge de capitoul de Toulouse.

Les consuls de Chaudesaigues tentèrent d'imposer Claude d'Orcières en 1757. Les officiers en l'élection générale de la Haute-Auvergne ordonnèrent la radiation des rôles de Claude, coseigneur des Ternes, comme noble.

Dans son contrat de mariage du 1er juillet 1775, Gabriel Lhuillier d'Orcières prend le titre de chevalier seigneur d'Orcières, coseigneur de Rochegonde, les Ternes et autres lieux.

La coseigneurie des Ternes fit partie de la vente faite, le 3 juin 1789, au Sr Beaufils, pour la terre de la Chaumette et ses dépendances, par M. d'Orcières.

La partie de la coseigneurie des Ternes, qui appartenait à la maison d'Espinchal, passa, en 1687, à Jean de Fontanges, marquis d'Auberoques, par son mariage avec Gasparde d'Espinchal. Henri-Joseph de La Garde de Chambonas en fut seigneur en 1736.

Ce fut vers cette époque que la famille Rouillon de Spy, originaire de Lorraine, acheta de M. de Chambonas la baronnie des Ternes et en prit le nom. Elle s'était établie à St-Flour vers 1670 et y exerçait la charge de maire perpétuel. Victor Spy se fit remarquer, en 1709, par sa fermeté et sa présence d'esprit lors de l'émeute populaire de St-Flour, causée par la cherté des grains, et dans laquelle son frère fut tué. Il se distingua aussi, en 1721, par une grande prudence, lors de la peste de Marseille.

Jetons un crêpe funèbre sur les derniers jours de cette famille charitable. Un dernier rejeton, jeune homme plein de mérite et de vertu, l'amour et l'espoir de sa mère, lui a été ravi inopinément sur la route de Paris où il se rendait pour combattre une affection cérébrale résultée d'un coup de soleil. Mme des Ternes, qui, la dernière, portera son nom, vit encore, et tous ses jours sont marqués par un acte de bienfaisance. Après la mort de son fils, elle a donné à Mgr l'évêque de St-Flour son château des Ternes, bâtiments, jardins, et en outre un pré et une terre plantée qui servait de promenade, pour être consacrés à l'établissement d'un noviciat dés Frères instituteurs.

La position de l'ancien château des Ternes, dans une plaine sur le bord d'un vallon , ne devait pas en faire une place favorable pour la défense. Il dut être rasé, en 1573, par ordre de M. de Canilhac, comme un grand nombre de châteaux de ces contrées, auxquels il fit subir le même sort pour les soustraire aux entreprises des religionnaires.

Le nouveau château a été sans doute construit sur l'emplacement de celui dont nous venons de nous occuper. Sa construction ne remonte qu'à la fin du XV° siècle, peut-être qu'au commencement du XVI°. Il est situé au milieu du bourg. Sa forme est carrée et le fait ressembler à une forteresse aux sombres reflets. Il est fort élevé; mais ce n'est plus un vieux manoir. Sa façade, à l'aspect du levant, est régulière ; on voit au centre une tour. La façade qui regarde l'ouest n'a pas la même régularité. Une tour seulement est adossée à l'un de ses angles. Des créneaux dessinés en demi-trèfles couronnent encore tout le château, à l'exception des deux tours dont la toiture a été renversée par l'ouragan révolutionnaire. Les croisées, à croix, portent l'empreinte des grilles de fer nommées Paniers à salade, qu'on leur avait appliquées pour la défense. La pierre basaltique avec laquelle le château a été construit en rembrunit l'extérieur. Les murs ont près de deux mètres d'épaisseur et une grande solidité. L'escalier du château, en forme de spirale, se termine par un pilier qui soutient la voûte. Elle offre une gerbe taillée à compartiments dans la pierre, et dont les rayonnements à jour encadraient des écussons. Quelques-uns d'eux ont échappé à la révolution.

Pour complément de l'article sur l'église, nous avons à donner les noms de quelques-uns de ses recteurs. Jean d'Espinchal avait ce titre en 1507; Pierre Régimbal, curé des Ternes en 1652 ; Jacques Bigot, en 1672; Hugues Chazelou de Chabriol, en 1755; La Peyre était curé en 1772; N. Chopy , en 1776; N. Chanson, en 1783; Bertrand, en 1789.

En 1501, Jean Hours, prêtre des Ternes, rendit hommage à Charles de Joyeuse, évêque de St-Flour, comme chapelain d'une église aux Ternes, fondée par Antoine Hours, l'un de ses ancêtres, et prenant sa dotation sur les villages d'Alleuzet et de la Bastide.

Nous n'avons plus à nous occuper des scènes lamentables qui se sont passées dans les oubliettes des Ternes, au temps de Gaspard d'Espinchal. Les villages et hameaux de cette commune sont:

Alleuzet, gros village sur la Planèze, à l'ouest du bourg.

Bastide (la), village rapproché du bourg et sur le plateau.

Chazeaux (les), village sur le ruisseau de ce nom.

Courtines, village sur le plateau. Il y existait, en 1060, un château ou mas, et une église qui fut donnée au monastère de St-Flour par N. Etienne d'Henry. Il parait que le prieur de la Voûta prétendait avoir des droits sur le mas appelé de Cortines (de Cortinis), car il intervint, en 1331, une transaction entre Pierre de Vallesalosa et Bertrand de Lastic, par laquelle il fut stipulé que le seigneur de Lastic et ses héritiers lèveraient et percevraient à perpétuité sur les habitants» par chaque feu, 8 deniers tournois chaque année, 6 septiers de blé seigle à la fête de Saint-Michel. Au cas de refus de la part des habitapts, ou de contestation, ils seraient contraints par les officiers du même prieur ou du seigneur de Lastic, conjointement ou séparément. Nous avons mentionné plus haut l'église de Courtines. Quant au château, il existait en 1333 et était habité, en 1630, par Jean et François d'Espinchal, seigneurs de Chambernon. Il ne reste plus que quelques ruines que chaque jour fait disparaître.

Croizet (le), village au nord des Ternes. Il appartenait à Marguerite de Verneuil en 1398. Elle en fit hommage, ainsi que du village du Fayet qui n'existe plus aujourd'hui, à Hugues de Maignac, évêque de St-Flour.

6° Jausonnet (le), village sur le ruisseau de Jurol.

Mallesagne, village au-dessous des Chazeaux.

8' Moulin-de-la-Peyre, hameau.

Moulin-de-Pitrou, hameau.

10° Moulin-de-Tiviers, hameau.

11° Roche-d Auliac, village au nord, sur la route impériale.

Une chapelle, au-dessus du bois taillis des Ternes , sur un coteau opposé au château, et dédiée à saint Antoine, est connue depuis 1618. On voit à l'entour des restes de constructions. Non loin de là, on remarque un autel druidique nommé dans le pays Table du loup. Sa longueur est de 3 m. 20 c. ; sa largeur, de 2 m. 10 c. Il était supporté par deux longues pierres, et sa direction de l'est à l'ouest; son épaisseur moyenne est de 36 centimètres.

Dans un bois à l'ouest, près du château, un éboulement de terrain a mis à jour un souterrain qui semble se diriger d'un côté vers le château, et de l'antre vers la chapelle. Legrand (d'Aussy) rapporte qu'un lynx, venu probablement des Alpes ou des Pyrénées, s'était fixé dans les environs des Ternes en 1787. On ignorait, dans le canton, sa présence; mais tous les jours quelque berger du voisinage se plaignait de trouver dans son troupeau un mouton de moins, et aucun d'eux ne pouvait découvrir le voleur. Enfin, un hasard heureux, en le faisant connaître, en délivra le pays.

Des chasseurs battaient le bois pour tuer quelque lièvre. Près du pont des Ternes ils firent lever le lynx, et l'un d'eux le tira. L'animal blessé poussa un cri horrible ; mais se voyant poursuivi par les chiens, il sauta sur une grosse pierre et s'y défendit longtemps contre eux. Pour l'abattre, il fallut encore plusieurs coups, et ce ne fut qu'au quatrième qu'il tomba; il fut envoyé à l'intendant qui le fit passer au cabinet d'histoire naturelle de Paris. Quelques personnes l'ont confondu à tort avec la bête du Gévaudan, tuée dans le bois des Chases, comme nous l'avons rapporté. (Voir Lorcières.)

Les terres de la commune des Ternes sont assez fertiles et bien cultivées; les prairies produisent de bons foins. Les bois, dans un pays qui en est dépourvu, sont précieux.

Il y avait aux Ternes plusieurs coseigneuries dont les titulaires étaient le chapitre cathédral de St-Flour, le collège de la même ville, le prieur de la Voûte à cause de sa seigneurie de Courtines, MM. de Chambonas après eux, M. Lhuillier d'Orcières comme seigneur de la Chaumette, et Spy d'Auzolles qui en prit le nom. La seigneurie du lieu relevait en fief de l'évêque de Saint-Flour, ce qui en attribuait le ressort au bailliage de cette ville. Les Ternes était de droit écrit.

Le prieuré des Ternes était uni à la mense du chapitre et à la collation de l'évêque.

Les Ternes fut imposé à 2,450 livres dans la répartition de l'impôt de 1696, dans l'élection de St-Flour.

Les fourches patibulaires de la justice seigneuriale étaient sur la colline nommée Chiermezel.

P. DE C

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