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Senezergues

Senezergues, commune du canton de Montsalvy, arrondissement d'AurilIac. Elle est bornée au nord par la commune de Sansac-Veinazès; à l'est, par celle de Junhac; au sud , par la commune de Cassaniouze, et à l'ouest, par celles de Calvinet et de Mourjou.

Sa superficie est de 1,718 bectares, divisés comme suit : terres labourables et jardins, C26 hectares; prairies, 270; pâturages, 70; châtaigneraies, 264; bois, 120; bruyères, 302; chemins et cours d'eau, 6.

La population est de 917 habitants, répartis entre 50 petits villages ou hameaux, et environ 150 maisons.

Le territoire de la commune de Senezergues est arrosé par la petite rivière d'Auze ou d'Oze, dans laquelle viennent se perdre les ruisseaux appelés la Roque, le Celles, le fiouscal, le Senezergues. Tous ces cours d'eau coulent du nord au sud et se jettent dans l'Auze, les uns en amont, les autres en aval du chef-lieu, qui est situé à 7 kilomètres à l'ouest de Montsalvy et à 25 sud d'AurilIac.

Le sol de cette commune est très-accidenté et peu productif en céréales; mais, à raison de la douceur de son climat, due au voisinage de la région méridionale, on y récolte de bons fruits, des noix et des châtaignes en abondance. La grande étendue des bruyères y favorise l'élève des bétes à laine, dont la toison sert à la fabrication d'étoffes à l'usage du pays; aussi les habitants exercent-ils, pour la plupart, la profession de tisserand.

Du mois de décembre 1692 au mois d'avril 1694, la disette fut si grande dans la commune de Senezergues, que l'on y compta jusqu'à 80 personnes mortes de besoin.

Le chef-lieu de la commune ne se compose que de l'église et du presbytère, bien que le château qui porte son nom n'en soit éloigné que d'environ 400 mèt.

L'église, placée sous le vocable de saint Martin, n'offre rien de remarquable dans sa construction. Suivant une note de la main de M. de Ribier, elle aurait été bâtie au XVI° siècle, sur un terrain différent de celui qu'occupait l'ancienne, détruite au temps des guerres de religion. Selon M. l'abbé Peyrou, cette église ne serait autre que l'ancienne chapelle privée du château, cédée à la paroisse. Elle a été complétement restaurée en 1846 et 1847, d'après les plans de M. Cariat, architecte. On y voyait jadis le tombeau, aujourd'hui détruit, d'un Archambaud de la Roque, chevalier , seigneur de Senezergues , chambellan du duc de Bourbonnais et d'Auvergne , et son bailli au bailliage ducal de Salers, en 1480. Ce personnage y était représenté revêtu de son armure, couché, les mains jointes et les pieds appuyés contre un lion également couché. Il y a aussi, dans la même église, une statue équestre en bois représentant saint Martin , patron de la paroisse. Derrière le chœur de l'église de Senezergues, il y a un autre monument qui, d'après une tradition populaire, serait la dernière demeure de la famille de Rigaux, laquelle aurait péri pendant les guerres de religion. Ce monument a été fouillé : on y a trouvé une médaille a l'effigie de Henri III, une petite bouteille à la forme d'entonnoir et les galons d'un uniforme de ligueur. (L'Ancienne Auvergne, t. III, p. 233. — Légende du Don, par l'abbé Peyrou.)

 

CURÉS PRIEURS DONT LES NOMS SONT CONNUS.

 

Jean de Pouzols, 1451 ; — Antoine de Pouzols, 1539; — Antoine Olivier, 1566;

— Mary de Valons, 1583; — Jean Bladier, 1601 ; — Jean Alhoin, 1659; — Antoine de Senezergues de Reghaud, 1667; — Jean Delhos, 1681; — Joseph de Beaufort, 1691 à 1716; — Jean du Mas, 1717 à 1729; — Henri Leygonie, 1730 à 1755; — Hugues Destours, 1756 à 1758; — Jacques Fontes, 1758; — Louis Dorsal, 1760 à 1772; — Jacques Girbal, 1772 à 1791. Ce dernier exerça secrètement le saint ministère pendant la Terreur, jusqu'au 20 mars 1800, époque de son décès.

Le jour de l'installation de l'abbé Durat-Lassalle, curé constitutionnel, le 5 juin 1791, les habitants de Senezergues s'y opposèrent et engagèrent, avec les gardes nationaux. d'Aurillac et de Calvinet, une lutte dans laquelle deux hommes perdirent la vie.

Le prêtre intrus La Grange succéda à Durat-Lassalle, eu 1791 ; — l'abbé Flory, prêtre non assermenté, curé de 1800 à 1804; — Bertrand, curé de janvier 1804 jusqu'en mars 1805; — Pierre Espeisse, du 12 mars 1805 au 22 janvier 1823;

— Pierre Mauries, du 1er juin 1823 à 1850; — Jean Coste, du ler décembre 1850 à 1857. — Félix Coutaret, installé le 1er juin 1857.

 

MAIRES DE SENEZERGUES DEPUIS 1792.

 

JeanGoubert, octobre 1792; — Guillaume Bourg, 1793; — Augustin Garouste, 5 mars 1795; — Géraud Bonnet, 27 décembre 1796; — Jean de Méallet de Polverières, 20 juin 1800; — Philippe-Honoré de Méallet de Cours, 22 avril 1816; — Géraud-Gabriel Verdier du Barrat, février 1822; —Jean-Antoine Garouste de la Chourlie, 1826; — Antoine Prat de la Chourlie, en février 1838; — Honoré-Joseph de Méallet de Polverières, Ie'août 1841; — Jean-Antoine Conquans, du Bouscal, 15 avril 1848; — Honoré-Joseph de Méallet, du mois d'octobre 1848 jusqu'à ce jour.

 

CHATEAU DE SENEZERGUES.

 

Ce château, situé à quelque distance de l'église, ne consistait en premier lieu qu'en une maison forte, délabrée pendant les guerres des Anglais, au XIV° siècle. Archambaud de la Roque obtint, en 1440. de Charles, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, l'autorisation d'édifier un château avec tours, créneaux, ponts-levis, fossés et murs d'enceinte, et, si nous en jugeons par ce qui en reste encore, ce nouvel édifice présentait un aspect fort imposant. Aujourd'hui, sa physionomie, quoique belle encore, est bien changée : le grand corps de logis existe toujours, flanqué de ses cinq grosses tours; mais les créneaux ont été démolis, les mâchicoulis dégradés et les fossés comblés. Ces dégradations datent de 1793. Trois tourelles détachées semblent indiquer le tracé des murs d'enceinte.

Indépendamment du château proprement dit, il existe tout autour de la cour qui en précède l'entrée, des bâtiments considérables qui en formaient les dépendances obligées, telles que le bureau des recettes, la boulangerie, la buanderie, des écuries et caves voûtées, des greniers à fourrages et a grains , et, au dehors, de vastes bâtiments d'exploitation.

En contre-bas de cette demeure féodale, d'ailleurs située dans une position riante et à belle perspective, sont les jardins dans lesquels on descend par des terrasses superposées, dont l'ingénieuse disposition donne au tableau d'ensemble un air de grandeur et d'élégance qui charme la vue. Les grands bois de châtaigniers qui couvrent les pentes abruptes au fond desquelles gronde le torrent qu'on nomme l’Auze, impriment à ce paysage un aspect à la fois pittoresque et sauvage.

La seigneurie de Senezergues jouissait des droits de haute, moyenne et basse justice; elle relevait, pour le vol du chapon, du duché d'Auvergne, et, pour le surplus, de la baronnie de Calvinet et de la vicomté de Carlat, ainsi que le constatent de nombreux actes de foi et hommage. (Manuscrit de Sistrières. Cour des Comptes.) A son tour, sa directe et justice s'étendaient sur tout ou partie des paroisses de Senezergues, Cassaniouze, Mourjou, Junhac, Labesserette , Sansac-Veinazès, Ladinhac, Calvinet, Prunet, Vieillevie et Lacapelle-del-Fraisse. Nous dirons plus tard en quoi consistaient les revenus de cette seigneurie; parlons d'abord de ses possesseurs.

La terre de Senezergues appartenait, dès le principe, à la maison de Carlat-Rodez, et fut comprise dans le traité intervenu, en 1208, entre Henri II, comte de Rodez, vicomte de Carlat, et le prince Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse. (Le père Anselme, t.II, p. 700.) Elle Tint ensuite à Eustache de Beaumarchais, bailli des montagnes d'Auvergne, sénéchal de Toulouse et de Carcassonne, qui la possédait en 1284, et qui, selon toute apparence, la tenait des libéralités du comte Alphonse qui, au mois de juin 1270, lui avait fait don de tous les droits dont il jouissait sur les terres de la Vinzelle, de Calvinet et autres, sous la seule condition de la foi et hommage. (Archives du château de Moret. Documents sur le Rouergue, t. II, p. 647. — D. Coll. Chabrol, t. IV, p. 849.) Senezergues dut encore suivre le sort de Calvinet quand Marie de Beaumarchais, fille et héritière d'Eustache, consentit la vente de cette baronnie à Pierre de La Vie de Villemur, le lundi, jour de la fête de saint Marc 1323. (Documents du Rouergue. Présent Dictionnaire, t. V, p. 175.)

Toutefois, Eustache de Beaumarchais et ses successeurs n'étaient pas les seuls seigneurs de Senezergues : la maison de La Roque, qui va nous occuper, y avait des droits dès l'an 1284, et c'est à celle-ci qu'elle demeura définitivement.

Maison de La Roque. — D'or à trois rocs d'échiquier de gueule.

Deux auteurs nos contemporains , M. de Ribier du Châtelet et M. le baron Delzons, ont rattaché cette famille à celle de Roquenatou, originaire d'un château de ce nom, commune de Marmanhac; nous ne sommes en mesure, pour le moment , ni de contredire , ni de confirmer cette assertion, mais elle nous paraît hasardée.

Ce qu'il y a de certain, c'est qu'Archambaud de La Roque était coseigneur de Senezergues en même temps qu'Eustache de Beaumarchais; nous croyons même que ses droits sur cette terre étaient plus anciens que ceux du célèbre sénéchal. (Voir D. Col. — De Ribier. Chabrol ) Ces deux familles avaient également, au XIIIe siècle , des droits seigneuriaux sur certains lieux de la terre de Salers, ainsi que le constatent des titres cités par M. Delalo, droits qui, très-vraisemblablement, leur venaient d'alliances plus ou moins directes avec la maison de Salers. (V. plus haut, p. 174, 175.)

Archambaud Gilbert et Guillaume de La Roque furent successivement coseigneurs de Senezergues en 1280. 1284 et 1508; Antoine de La Roque, en 1364, et Archambaud II, en 1419. Celui-ci laissa d'Hélis de Valette, fille de Béranger, seigneur de Cussoul, et de Matheline de Balaguier:

Jean, dit Archambaud de La Roque, seigneur de Senergues, en Auvergne, et de Moret, en Rouergue, capitaine d'hommes d'armes. Il servit avec distinction sous Charles 1er, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, qui le fit son premier écuyer, et lui confia la charge de bailli ducal au siège de Salers , en 1440. Ce fut encore lui qui obtint du même prince l'autorisation de reconstruire, avec de nouvelles fortifications , le château de Senezergues.. De son mariage avec Marguerite de Carbonniéres naquit:

Antoine de La Roque, 2° du nom , dit Archambaud, chambellan de Jean II, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, bailli ducal de Salers après son père, de 1460 à 1489. Il rendit hommage au roi, pour la seigneurie de Moret, en 1475, et au vicomte de Carlat, pour celle de Senezergues, en 1490. Il testa en 1503. C'est pour ce seigneur , croyons-nous, que fut érigé le tombeau dont on voit encore quelques débris dans l'église de Senezergues. Antoine II avait épousé, le 14 avril 1473, Anne de Lescure, qui le rendit père du suivant:

Archambaud III, seigneur de Senezergues, Moret, Corbières et autres lieux. Il prit alliance , le 8 mars 1516, avec Marie-Marguerite Dejean de Saint-Projet, de laquelle il eut pour fils et successeur:

Antoine do La Roque, 3e du nom, seigneur de Senezergues, Moret, Corbières, qui épousa , le 2 décembre 1549 , Marguerite de Miramon. Il servit sous M. de Montmorin-Saint-Hérem, gouverneur d'Auvergne, suivant attestation de 1574.

Guy de La Roque, fils du précédent, lui succéda dans toutes ses seigneuries, et s'allia, par contrat du 6 octobre 1581, avec Jeanne de Saint-Martial, dont:

Louis de La Roque, seigneur de Senezergues, de Moret, Corbières, etc. Il fit fui et hommage au roi pour les seigneuries du Rouergue et la vicomté de Carlat, en 1627 et 1634. Il servit pendant plusieurs campagnes sous Louis XIII, notamment au ban de 1635, commandé par M. de Polignac. Louis de La Roque fut marié le 18 octobre 1621, avec Anne Flory. Ces époux eurent pour héritier:

François de La Roque, qui ajouta à ses possessions le fief de Cabanes , près de Carlat, qu'il recueillit de la succession d'Antoinette de Résigade, en 1648, et dont il fut judiciairement mis en possession le 6 octobre 1651 , en vertu d'un arrêt du parlement, du mois d'août précédent. Il se qualifiait aussi seigneur de Castel-Doze (château d'Ose ou d'Ozou) et de la Servairie, dont il rendit hommage en 1668 et 1669. (Noms féodaux, p. 843. — Documents sur le rouergue, t. II, p. 652.) François de La Roque avait épousé, le 26 septembre 1648, Anne de Benoit, dont il devint veuf en 1690. Il en avait quatre fils lorsqu'il fut maintenu dans sa noblesse par M. de Fortia, intendant d'Auvergne, en 1666. On ne lui trouve plus tard que deux fils et deux filles, savoir:

1° Louis, qui lui succéda; 2° Raymond, ecclésiastique, mort en janvier 1759; 3° Marie, épouse de Guillaume d'Escaffres , des seigneurs de Trioulou ; 4° Anne de La Roque, alliée en 1698 à Jean de Cadrieu, comte de Puy-Calvary.

Louis de La Roque, 2ème du nom , seigneur de Cabanes , Senezergues, Moret, Corbières, Arvieu, etc., lieutenant des maréchaux de France au département d'Aurillac, épousa, le 30 août 1690, demoiselle Jeanne de Raynal. Il testa le 28 septembre 1714, et sa femme le 5 décembre 1720. De ce mariage étaient nés:

François-Louis de La Roque, chevalier, qui succéda à son père dans la charge de lieutenant des maréchaux de France, à Aurillac. Il fit son testament au château de Senezergues, le 24 septembre 1717, et mourut sans postérité. Sa succession fut recueillie par ses trois sœurs : 1° Antoinette , mariée dans la maison de Guiscard; 2° Anne-Charlotte, morte célibataire; 3° Marie-Louise de La Roque, dame de Senezergues, Cabanes, Moret et Arvieu, mariée le 25 août 1721 à son cousin germain , Arnaud-Jean-Louis de Cadrieu , comte de Puy-Calvary , qui ne laissa que deux filles.

La première, Marie-Anne-Foy de Cadrieu, épousa, le 10 mars 1750, son cousin-germain, le comte de Guiscard, capitaine de cavalerie au régiment de Broglic, et auquel le roi avait accordé, en 1745, une épée de guerre pour récompense de ses services.

La seconde fille du comte de Cadrieu , Marie-Françoise , se maria, le 17 novembre 1761, avec Raymond-Joseph de Goudin , seigneur de la Roussie. (Notice sur le château de Cabanes, par le baron de la Morinerie.)

L'aînée de ces dames, Marie-Anne-Foy de Cadrieu, et le comte de Guiscard, son mari, eurent une fille, mariée le 25 novembre 1773 au marquis de Durfort-Boissières, qui, par acte passé devant Delzons, notaire à Aurillac, le 29 juillet 1780. vendit la seigneurie de Senezergues à M. Géraud-Gabriel Verdier du Barrat, conseiller du roi, lieutenant-général au bailliage d'Aurillac et gouverneur de ladite ville- Après la mort de ce dernier, la terre de Senezergues passa à M. Aymard-Marie-Antoine-Benjamin Verdier du Barrat, ancien capitaine de cavalerie, chevalier de Saint-Louis , mort au château de Saint-Quentin (Puy-de-Dôme) , le 30 septembre 1857, laissant pour héritières deux filles, mariées, l'une au marquis de Longueil, l'autre au marquis de Vandègre-de-Villemont.

Nous avons nommé plus haut les paroisses sur lesquelles s'étendait la seigneurie de Senezergues. Voici maintenant les tableaux de ses produits en argent, grains, vin», menus cens, corvées, etc., etc.

 

[') Le setier de Montsalvy vaut 6 décalitres 5 litres; 5 quartes font le setier. Ainsi, 431 setiers 3 cartes de seigle représentaient, à raison de 8 fr. le setier, une valeur de 3,452f. 80c.

et 197 setiers 3 cartes d'avoine, à raison de 4 fr., valaient 790 40

 

Rapport des Domaines privés.

Domaines appelés du Château et de Rigaud, non compris la part du métayer (120 setiers de seigle)

Blé-noir ou sarrasin, 70 setiers

Domaine de Boussaroque, affermé en argent

Moulin a farine, indépendamment de la mouture, gratuite pour le propriétaire, 10 setiers seigle

Moulin à huile, rendant 15 livres d'huile

Chenevières, 6 setiers de chenevis

Châtaignes, année commune, produit

Vigne de Lostansouse, environ 5 barriques

Vacherie de soixante têtes, fromage au moins 80 quintaux.
Droit de péage au pont de Montarnal

 

 

VILLAGES ET HAMEAUX COMPOSANT LA C0MMUNE.

Borie (la), village près du chef-lieu.

Bouscal, village sur la rive droite du ruisseau du même nom.

Broussette (la), hameau.

Cabane (la), hameau.

Capdecal. hameau.

Capmas, village.

Cambres (les), village.

Caytivade ou Queitivade, hameau.

Chourlie, village sur le plateau, au nord du chef-lieu. Il existe dans ce lieu une chapelle érigée en succursale le 17 janvier 1851 , mais fort peu fréquentée, à ce qu'il paraît, par suite de l'opposition des habitants des localités qui y ont été réunies, ceux-ci tenant essentiellement à leurs vieilles habitudes, aux anciennes traditions des familles, qui préfèrent aller à Senezergues faire baptiser leurs enfants et inhumer leurs morts. Espérons que cette résistance s'affaiblira avec le temps , que les habitants finiront par comprendra quel avantage il y a pour eux d'être plus à portée d'assister aux offices divins et de recevoir lessecours de la religion.
10° Cottes (las), hameau.
11a Cours, village au confluent de deux ruisseaux, au nord du chef-lieu. Il y a là, dans une jolie situation, un château du XVII° siècle, construit dans le style de Mansart, avec jardins, vergers et promenades en bon état d'entretien. Cette belle propriété appartient actuellement à Mme de Palemourgues de Cassaniouse, issue d'une branche de la maison de Méallet de Fargues; cette branche possédait Cours par suite du mariage contracté, en 1645, par Jean de Méallet, fils d'autre Jean, seigneur de Fargues (v. Vitrac), et de Claude de Robert-Lignerac, avec Anne Delhos, héritière de Cours. Ce gentilhomme servit longtemps et fit la guerre avec honneur; il assista au combat du Pont-de-Cé, près d'Angers, en 1620; au siège de Montauban l'année suivante; il combattit plus tard en Flandre, en Lorraine, en Navarre, en Piémont, et portait le guidon de sa compagnie au combat de Veillane, en 1630. Ses descendants ne démentirent pas sa noble conduite :.' Pierre de Méallet de Cours, son petit fils, capitaine de grenadiers au régiment de Bourbonnais, chevalier de Saint-Louis, périt à l'affaire de Fridlingen, où les impériaux furent battus, en 1702. Amable de Méallet de Cours, aussi capitaine de grenadiers et chevalier de Saint-Louis, commandant du fort de Bellegarde (Roussillon), y mourut en 1731. Autre Pierre de Méallet de Cours, commandant de bataillon au régiment du Bourbonnais, fut tué au combat d'Exiles, à côté du chevalier de Belle-Isle, qui y commandait les Français contre les Sardes et les Autrichiens, en 1747; il fut inhumé au fort de Briançon. D'autres officiers du même nom restèrent sur le champ de bataille de Lawfeld, en Hollande, où commandaient Louis XV et le maréchal de Saxe, ladite année 1747. Louis-Arnauld de Méallet fit les campagnes de Bohême en 1742, devint capitaine au régiment des grenadiers royaux, et plus tard commandant des milices d'Auvergne. Il se retira du service en 1760.

Cette famille est encore aujourd'hui représentée par M. Joseph-Honoré de Méallet, établi à Polveirière et maire actuel de Senezergues, et par Mme de Cassaniouze, née de Méallet de Cours.

12 Coustou (le), hameau.

13° Don (le), hameau. Grâce à l'obligeance de M. Ferary, qui a bien voulu nous communiquer plusieurs numéros de la Revue du Cantal du mois de mars 1846, nous pouvons reproduire ici une intéressante description (le l'ermitage du Don, tirée d'une légende publiée alors par M. l'abbé Peyrou. C'est l'œuvre bien conduite d'une imagination féconde et d'un esprit cultivé. Nous regrettons de ne pouvoir l'insérer ici en son entier; mais nous y verrions deux inconvénients; d'abord, sa trop grande étendue, puis, à cause du caractère purement fictif de ces sortes de compositions peu en harmonie avec la rigidité qui convient à l'histoire.

Nous nous bornerons, par conséquent, à reproduire les parties descriptives avec les faits dont l'exactitude ne peut être contestée.

« Figurez-vous, dit l'abbé Peyrou, une gorge longue, étroite, sombre, encadrée dans de hautes montagnes couvertes de forêts humides, au milieu desquelles s'élèvent ça et là des pics noirs et menaçants! De quel côté que vos regards se portent, vous ne voyez que des rocs immenses, nus et livides, à travers les » sommets desquels on n'aperçoit que de temps à autre un peu de ciel! Gorge  affreuse où vous ne trouvez ni chemins, ni sentiers, et où l'habitant du pays le plus alerte ne pénètre qu'avec effroi! Jamais lieu n'offrit un aspect plus sinistre! Parler du Don, c'est parler d'un désert. Aussi se demande t-on avec surprise, comment l'homme a pu songer à s'établir dans ce lieu sauvage, où l'on voit à peine des oiseaux, et où le milan qui se perd dans les nuages dédaigne de descendre.

L'entrée du Don est un long défilé entre deux effrayantes masses de rocs  sourcilleux qui répandent sur cet étroit passage, la nuit, l'épouvante et l'horreur. Le silence n'y est troublé que par l'éclat des orages, rendus plus fréquents par la proximité du Lot, ou le mugissement sourd de la rivière d'Oze qui, bondissant d'obstacle en obstacle, court à travers ces précipices comme  pour en marquer la profondeur. On n'y entend d'autre voix que celle de la  triste chouette et les grognements du sanglier ; les hurlements du loup, répétés par les bruyants échos des montagnes, effrayent même les bêtes qui les ont poussés.

A l'extrémité de ce défilé, non moins terrible que celui des Thermopyles,  se trouve un bassin, enfant avorté de quelque furieux cataclysme. Des châtaigniers rabougris, de rares yeuses, quelques bouquets de houx, enfin une végétation tristre et maigre, voilà la parure et la richesse de ce lieu qu'on peut appeler la scorie de la création.

Et cependant, c'est là qu'a été fondé un ermitage! C'est là que la main de l'homme a fait sentir sa puissance; c'est là que le christianisme, ce roi de la civilisation, a usé de son influence pour donner à ce cahos quelques charmes. C'est dans l'une de ses promenades solitaires qu'un Archambaud de La Roque, seigneur de Senezergues, en voyant ce lieu, fut frappé de son pittoresque et effrayant aspect. Cette nature vierge et sauvage, si belle de sa laideur, excita son admiration; il résolut d'y faire bâtir un oratoire sous l'invocation de Notre-Dame-du-Don , et, quelques mois plus tard , Marie avait un sanctuaire de plus. Depuis sa fondation, l'ermitage fut agrandi et devint florissant.

Après la mort du fondateur, Raymond, son fidèle écuyer, s'y retira et vécut en ermite. Avant de mourir, il y reçut la dépouille mortelle de Clodomir, l'un des fils d'Archambaud , dépouille à laquelle la sienne fut réunie dans un tombeau qui, pendant longtemps, attira la vénération des fidèles et le concours de nombreux pèlerins. Ce tombeau fut deux fois détruit : d'abord par les religionnaires , eu 1585. puis par les vandales de 1793, et, parmi les débris qui jonchent le terrain , on remarque la pierre couvre-tombe sur laquelle sont gravées les armoiries de la maison de La Roque, avec une inscription effacée.

Les révolutionnaires, ajoute la légende, ont bien pu détruire des murailles; ils ont bien pu jeter au vent des cendres vénérées; mais enlever de la mémoire  des hommes le souvenir des morts et la sainteté des lieux, n'a pas été en leur pouvoir. En dépit de leur rage, on parle encore de Notre-Dame-du-Don et  de la tombe de l'ermite.

Un autre souvenir se rattache à ce lieu : on raconte que pendant les excursions des Anglais au XIV° siècle, un de leurs prisonniers s'étant échappé, se réfugia dans la forêt de Servan, et y ayant rencontré l'ermite Raymond, il éprouva une si vive frayeur qu'il se précipita du haut d'un rocher et se tua. On appelle cet endroit le Saut de l'Ermite. »

14° Fargues (las), hameau.

15° Ferrière». village et moulin sur le ruisseau de Senezergues.
16° Garrigue-Vieille (la), hameau.
17° Graverie (la), hameau.

18° Gracière (la), village à l'ouest de celui de Cours.
19° Grange-Lalis, hameau.
20° Hermite (V), hameau.

21° Laubertie. village près de Cours; il y a une chapelle.
22° Lafon, hameau.
23° Lestrade, village.
24° Leygues, village sur le ruisseau du Bouscal. 4

2o° Liaubet, hameau près du village de Polverière.

26° Mas (le), village au sud-est du chef-lieu, sur le ruisseau le Bouscal.

27° Mazergues, hameau.

28° Moulin-du-Château, hameau.

29° Moulin-de-la-Fradelle, hameau.

30° Mousseyrie, hameau.

31° Noyer (le), hameau.

32° Paysseins, village près de celui de Laubertie. A peu de distance de ce lieu, sur une hauteur où s'élève une croix, on jouit d'une vue qui s'étend sur un vaste horizon.

33° Peyssère ou Peyssiere, hameau.

34° Pissaloup, hameau sur le ruisseau de Senezergues.

35° Polveirière, village au nord du chef-lieu, sur la rive droite du Bouscal et près du lieu du même nom. On remarque à Polveirière la belle habitation de M. de Méallet, maire de Senezergues.

50° Pouzade (la), hameau.

37° Pradelle (la), hameau.

38° Puech-Bouton, hameau.

39° Puech-dOlier, hameau.

40° Rabaude, hameau.

41° Regaud ou Rigaud, château et fief près du chef-lieu. Il appartenait en dernier lieu à la maison de la Roque; mais il y a lieu de croire q ie ce fut là le patrimoine de cette famille de Rigaud ou Rigaux dont nous avons parlé à propos du monument funéraire adossé au chœur de l'église de Senezergues. M. de Ribier a prétendu que le rameau de la maison de la Roque, qui habitait jadis le château de Regaud, était allé plus tard se fixer à la Rodde, paroisse de la Capelle-del-Fraisse. Nous devons faire remarquer que si les sieurs de la Rodde appartenaient à la famille do la Roque, ce ne pouvait être que comme bâtards; car ils ne portèrent jamais que le surnom de Senezergues, sous lequel ils furent anoblis par lettres patentes de Louis XV, du mois de mai 1720, en récompense de très-glorieux services militaires que l'on trouve relatés dans plusieurs ouvrages, notamment dans l’Armoriai général de France, par d'Hozier, registre I, seconde partie, dans le Nobiliaire d'Auvergne, t. VI, p. 219 — 220, ainsi que dans le présent Dictionnaire, t. III, p. 8 et 9.

42° Rieu (le), hameau.

43° Roncan, hameau et petit fief qui appartenait, en 1675, à François de Verdelon, officier au régiment de Normandie. Cette famille est encore représentée à Marcolès.

44° Serieys (le), village.

45° Trape (la), hameau.

46° Vallat (le), hameau.

47° Vigne (la) de Capmas, près du village de ce nom.

48° Vigne (la), hameau.

 

LIEUX DÉTRUITS.

Ozon, Auzol, vieux château fort depuis longtemps ruiné , plus anciennement connu sous le nom de Casleldauze ou Casteldoze (Castel-d'Oze). C'est sous ce nom qu'il fut possédé par la famille de Tremouille, de 1353 à 1490; par la maison d'Escaffre de Trioulou pendant tout le XVI° siècle. C'est sous ce nom qu'il fut compris dans les actes de foi et hommage rendus par François de La Roque de Senezergues au vicomte de Carlat, en 1668, et au roi, en 1669. C'est encore sous ce nom qu'il est mentionné dans la notice de M. le baron de La Morinerie, relative au château de Cabanes-Carlat, p. 21; et Chabrol lui-même ne diffère que très-peu des précédents en le nommant Castel-d'Ozon. (T. iv, p. 830 — Noms féodaux, p. 843. — Dictionnaire de la Noblesse, par de Courcelles, t. m, p. 189.)

En présence de tant et aussi unanimes témoignages, nous n'hésitons pas à voir dans les vieilles ruines de Casteldoze les restes de l'antique berceau de Dona Casielloza, la belle épouse de Turc de Meyronne, la tendre amie d'Armand de Bréon, que son talent pour la poésie plaça au rang des femmes célèbres du XIII° siècle, et dont les historiens des troubadours nous ont conservé les charmantes productions. Dona Castelloza, ou plutôt Castcldoza, était au nombre des dames illustres qui assistèrent, en 1230, à la cour d'amour tenue au château de Romanin , en Provence, ct que présida Phanette de Gantelme, dame du lieu, la femme la plus accomplie de son temps.

M. l'abbé Peyrou , dans la légende que nous avons déjà citée , nous montre le fort de Castel-d'Oze fier et menaçant, sur un plateau dont la position était des plus pittoresques. « La rivière d'Oze et le ruisseau de la Planquette lui faisaient un rempart de la mobile et verte ceinture de leurs eaux; c'était une sombre  presqu'île. Si vous avez jamais parcouru la partie méridionale de la commune de Senezergues ; si vous avez longé les tristes rives de l'Oze, vous avez dû être frappé du saisissant spectacle qui se déroulait à vos yeux, alors que vous aviez escaladé le rocher à pic sur lequel gisent encore les ruines du formidable donjon. N'avez-vous pas été saisi d'effroi, en contemplant dans le ravin ces » chaînes de rocs qu'on prendrait de loin pour de cyclopéennes forteresses? N'avez-vous pas été ravi d'extase devant ce merveilleux faisceau de prismes » qui semblent défendre l'abord de la vallée et que l'on appelle vulgairement dans le pays les Portes de l'Enfer? et ces immenses forêts de chênes ou de châtaigniers étages avec confusion sur la montagne, semblables à une armée de Titans en marche pour escalader le ciel, quel effet ont-elles produit sur vous?  N'avez-vous pas cru voir une de ces créations sublimes devant lesquelles on reste bouche béante, une de ces merveilles qui effraient et qui attendrissent à la fois, qui vous arrachent des larmes d'admiration et vous font entrer dans l'âme une épouvante inexplicable?

C'était en face de ces horreurs de la nature que les seigneurs de la contrée » avaient fait bâtir leur féodale demeure. Pour mieux fortifier cette place, ils avaient employé toutes les ressources que le génie de la défense avait successivement inventées : double enceinte, fossés larges et profonds, murailles » épaisses et crénelées, meurtrières nombreuses, issues souterraines, tout cela contribuait à effrayer l'audacieux qui eût osé tenter l'attaque.

Toutefois, cette habitation, à l'intérieur si triste, avait été tour-à-tour embellie par ses opulents possesseurs de tout ce que le progrès du luxe permet d'acquérir avec de l'or. C'était la résidence préférée de Henri Ier, comte de Rodez, vicomte de Carlat, qui, pour complaire à son épouse Algayette de Scorailles, venait y passer la belle saison. Cette intéressante amazone trouvait dans les forêts et les bois de Servan de quoi satisfaire son goût pour la chasse; elle était heureuse quand les sons bruyants du cor encourageaient  son infatigable meute, quand la forêt retentissait de joyeuses fanfares, quand les échos de la montagne répétaient les sauvages grognements d'un sanglier aux abois. Aussi le château d'Ozon se ressentait-il de sa triomphale munificence! Plus tard, Eustache de Beaumarchais, en devenant possesseur de la place d'Ozon, ajouta aux ressources et aux agréments de la force mobile : une garnison de soixante hommes d'armes y fut établie et ne contribua pas peu à la rendre formidable à ses voisins. Le belliqueux Archambaud de la Roque en hérita à la fin du XIII° siècle; il aimait le tumulte des combats, et soit désir de se distinguer, soit désir de faire des conquêtes, il osait braver les chevaliers les plus redoutés de la contrée. »

Ici M. l'abbé Peyrou entre en pleine légende où nous ne pouvons le suivre; et sans doute à cause des nécessités de son plan, il nous montre le château d'Oze dévoré par un incendie qu'aurait allumé une main criminelle demeurée inconnue, et ce, au moment où la joie venait d'éclater dans le manoir , sur la nouvelle du prochain retour d'Archambaud de la guerre de Flandre, où il avait vaillamment combattu pour Philippe-de-Valois. Quelque possible qu'ait pu être un semblable événement, nous pensons qu'il eût été plus exact d'attribuer la destruction du castel d'Oze aux Anglais ou aux Gascons leurs alliés, qui firent tant de ruines dans cette contrée au xivc siècle. Au surplus, quelle que soit la vraie de ces deux versions, castel d'Oze ne fut pas relevé (I).

(I) Il est au moins douteux que Castetd'Oze ait été possédé par ta maison de la Roque avant te XVII° siècle; nous avons fait voir plus haut qu'il appartenait, aux siècles antérieurs, d'abord aux Tremoulles, puis à la maison d'Escaffre. Cetle seigneurie était donc différente de cette de Senezergues.

Dès ce moment, le formidable manoir n'offrit plus à la vue que de désolantes ruines. La ronce croissait là où le luxe avait déployé toute sa magnificence, et les mâchicoulis, les terribles meurtrières étaient devenus la demeure habituelle des oiseaux de proie. Tout était changé ; la colline était couverte de débris, refuge des reptiles; une seule tour carrée, dont on voit encore les vestiges, était là debout, comme pour attester la fragilité des choses humaines.

DE SARTIGES-D'ANGLES.

 

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