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Ségur. — Cette commune fait partie du canton d'Allanche et do l'arrondissement de Murat. Elle est confinée au nord et à l'ouest par celle de Saint-Saturnin ; au sud, par celle de Dienne, et à l'est, par Vernols. La superficie de son territoire est de 2,650 hectares, dont 550 h. en terres cultivées; 1,450 h. en prés et pacages; 100 h. en bois, et 550 h. en terres vaines.

Elle est arrosée par la rivière de Santoire, les ruisseaux de la Gazelle, de Blatussière, du Monteil, de Landel, de Vialle, de Comptant, etc.

Sa population est de 1,098 habitants, répartis dans 11 villages, 3 hameaux et 241 maisons.

Ségur, le chef-lieu, à 1 myr. d'Allanche et à 1 myr. 4 kil. de Murat, est un gros bourg situé dans le vallon et sur la rivière de la Santoire, que l'on traverse sur un pont de bois pour se rendre à Allanche.

L'église, sous l'invocation de saint Martial, est ancienne et de bonne construction. On y trouve quatre chapelles voûtées, savoir : 1" de Notre-Dame, dans laquelle est une image remarquable de la sainte Vierge. La confrérie du saint Rosaire a été établie dans cette chapelle, en 1643, par Jeanne de Ségur et Jean de Sévérac, son mari, seigneur dudit lieu. Des revenus particuliers avaient été affectés au service de cette chapelle ; 2° de St-Jean ; 3° de St-Martin ; 4° de St-Pierre. C'était autrefois un riche prieuré à la nomination de l'abbé de la Chaise-Dieu. Il fut uni à cette abbaye, probablement vers le milieu du XI° siècle, lorsque saint Robert fonda cette abbaye devenue depuis si puissante.

Guillaume d'Allanche, dit de Ségur, était prieur en 1282; après lui vint Albert de Currière, qui l'était vers 1318; Rigal de Peyrelade, en 1412 ; Jean de Jouvenroux, en 1509; Pierre de Brugie, qui, dans son testament daté de 1573, donna aux pauvres de St Flour 40 septiers de seigle, et laissa en outre à son frère, son héritier, 30,000 livres en argent ; autre Pierre de Brugier fut prieur de Ségur en 1627 ; N. Dienty, en 1751 ; il eut de grands démêlés avec le seigneur au sujet de leurs droits réciproques; N. Tristan de Saulnicr, curé de Ségur en 1624; Biaise Maret, en 1636; Guillaume Maret, en 1643; Jean Bouchy, en 1722 ; Lambert Laurent, en 1724.

Le presbytère de Ségur a été reconstruit sur l'emplacement d'un ancien édifice que l'on nommait le Prieuré.

La seigneurie de Ségur peut avoir appartenu anciennement à la maison des comtes de Clermont et à Robert 1er qui vivait en 933 ; il est possible qu'elle eut passé de la maison d'Auvergne à celle de Mercœur, qui la continua. Mais il est certain qu'à la date de 1262, citée par M. Déribier et par d'autres écrivains modernes qui ont sans doute copié ce fait sur lui, ce n'était point Robert 1er de Clermont, mais bien Robert 1er de Mercœur qui en était seigneur. La maison des comtes de Clermont était éteinte à cette époque.

Ségur a été un fief dépendant de Mercœur, qui a appartenu à la famille de Murat-Rochemaure, d'où il advint à celle de Sévérac. Jacques de Sévérac fut seigneur de Ségur en 1333. Il était rentré, à ce qu'il parait, dans la maison de Murat, car Gilbert de Murat, seigneur de Ségur en 1497, en fit hommage à Dauphine d'Auvergne, à cause de sa baronnie de Mercœur. Cette terre passa dans la maison de Gouzel d'Allanche. Guy de Gouzel, seigneur de Lavenal, était seigneur de Ségur en 1539, de St-Saturnin, de Maillargues, etc. Sa veuve fit la nommée de ses fiefs au duc de Lorraine, baron de Mercœur, pour les seigneuries de Ségur, la justice du Bac, de Prades, de Condours, Romaniargues et autres. Le fief de Romaniargues avait été acquis par échange du baron d'Aubijoux.

Le fief de Ségur passa de nouveau dans la famille de Sévérac par le mariage de Jeanne de Gouzel, dame de Ségur, en 1583, avec N. Jean de Sévérac. Jacques Antoine de Sévérac en jouissait en 1650, et ses descendants l'ont possédé jusqu'à la fin du XVII° siècle.

La famille de Sévérac ou Séveyrac a joué un rôle important dans la Haute-Auvergne, et nous n'y comprendrons pas Amaury de Sévérac, fait maréchal de France en 1424, mort sans postérité, parce qu'il était du Rouergue, et que sa famille avait tiré son nom de Sévérac-le-Château, près de Milhau. Les Sévérac d'Auvergne, qui nous occupent, avaient formé deux branches, dont l'une avait les seigneurs de Ségur, de Rancilhac et de Romaniargues. Pierre de Sévérac vivait en 1239.

C'était un usage généralement adopté dans la Haute-Auverge que, lorsqu'il y avait dans la même maison plusieurs fils, l'un des puinés prenait le nom d'un des fiefs qu'elle possédait. C'est ainsi sans doute qu'a été formée la tige des Rancilhac, qui résidait au manoir de Vialle, même paroisse, et dont l'un des représentants a figuré avec distinction dans les guerres de la ligue. (Voir Rancilhac, commune de Chalinargues,)

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Aymas, village au sud du bourg, près du chemin de grande communication qui passe vers Dienne.

Barry, hameau.

Bladevessière, village. On exploite de la tourbe dans le marais qui se trouve au-dessus, et l'on y trouve des arbres très-gros qui ont jusqu'à 13 mètres de long.

Combes, hameau.

Cordoue (la), hameau et belle propriété où restait une branche de la famille du Saulnier. Il relevait du château de Vernols. N. Giraud de Monteil fit son hommage pour la Cordoue, au comptour d'Apchon, en 1288. Il appartient aujourd'hui à M. Teissèdre, de Murat, membre du conseil général.

Gazetle (la), village dont les maisons sont très-disséminées sur le ruisseau de ce nom. Ce lieu fut indiqué, en 1612, aux religionnaires du pays pour y construire un temple, dont on voit encore quelques murs.

Joland (le), village situé sur la montagne, vers Chavagnac. On y remarque un joli lac. N. Jean de la Rochevieille était seigneur de Joland en 1288, et en rendit hommage au comptor d'Apchon. Guillaume d'Altegreil (du Greil), damoiseau, fut seigneur du Joland en 1543; Guillaume du Greil, seigneur de la Volpipilière, un de ses descendants, en fit hommage, en 1474, à N. d'Apchon. Il appartient aujourd'hui à M. Benoit, dont la mère est une Rochemonteix.

Lindal, hameau à mi-coteau, sur le ruisseau de ce nom. Il appartenait, en 1770. à N. Jean-Baptiste Danty, trésorier de France. M. Gazard, maire de la ville de Murat, en fit l'acquisition après la révolution. Il appartient aujourd'hui à M. de la Vergne, son petit-fils, qui réside à Clermont.

Monteil, village sur la Santoire. Il relevait de l'évêque de Clermont. Guillaume Fabry en était seigneur en 1404; Guy d'Escorolles, en 1415. Guillaume du Clusel en fit hommage à l'évêque en 1468. Jacques Sauvage possédait ce fief en 1773. Plus tard il a appartenu au baron de Prades. Le chemin de grande communication de Murat à Bort doit passer dans ce village.

10° Moulin (le), hameau.

11° Moulin-de-Ségur (le), hameau.

12° Revel (la), hameau et petit château qui vient d'être remplacé par une jolie maison bourgeoise. Il est situé vis-à-vis de Ségur, à son aspect nord. Il appartenait à N. Pierre Vidal, seigneur de la Bessade, qui l'habitait en 1609. Jean-Claude de la Vaissière était seigneur de la Revel en 1610. Cette famille le possédait encore en 1752.

13° Rocheviiille, village sur la rive droite de la Santoire. Il avait donné son nom à une ancienne famille. Maurin de Rochevieille vivait en 1250. Pierre de Brezon, chevalier, fit hommage, en 1273, à Guillaume, comptour d'Apchon, pour le château de Rochevieille et les villages de la Cordoue, Soubros et Soutros, et pour le Joland. Raymond Chapel, damoiseau, rendit aussi le fief au comptour d'Apchon pour une partie de la Rochevieille. Le même fief fut également rendu, en 1343, par Amblard et Armand de Murat. Guillaume de Combes, seigneur de Gourdièges, l'était aussi en partie de Ségur et de la Rochevieille en 1411. Hugues de l'Arbre en était seigneur en 1435. Gabriel de Gouzel, qui habitait Allanche, était propriétaire de ce fief en 1575. Il ne reste plus de vestiges du château; mais on voit dans le rocher une belle grotte trés-spacieuse, qui a dû se rattacher à lui.

14° Vialle, hameau, jadis village, sur le ruisseau de ce nom. Il s'y trouvait un petit château qu'habitait encore, à la fin du XVI° siècle le, la branche des Sévérac, seigneurs de Rancilhac. Il n'en reste plus aujourd'hui de vestiges, pas plus que d'une partie du village. Ils furent probablement détruits par le seigneur d'Auzolles, en 1612, lors des hostilités survenues entre lui et le seigneur de Rancilhac. Ce qui est certain, c'est que ce fut vers cette époque que vint s'établir à Murat l'auteur de la maison de Rancilhac, fixée dans cette ville. Ceci expliquerait pourquoi le château de Vialle ne fut pas rétabli plus tard. (Voir l'article Mural. )

15° Valentines, hameau où sont les traces d'un château fort, qui avait reçu le titre de vicomté. Sa seigneurie dépendait de la baronnie do Mercœur. Jean de Valentines, chevalier, vivait en 1289. Marguerite de Peyre, mariée à Raymond d'Estaing , était dame de Valentines en 1338. Béatrix de Murat - Vernines, qui épousa Milès de Pompriers, en Beaujolais, lui porta la terre de Valentines en 1365. Guillaume de Brezons fut seigneur de cette terre en 1419. Il paraît qu'après lui la terre de Valentines revint à la maison d'Estaing et n'en sortit qu'en 1645, époque où François d'Estaing, baron de Murols, la vendit à N. François de Rochemonteix de Nastrac. Elle passa ensuite à la famille Dufour de Prades.

La terre de Valentines était de droit coutumier et relevait de Riom.

Valentines est un pèlerinage en grand renom dans ces contrées, et l'on y vénère une statue miraculeuse de la Vierge.

Sur un rocher qui domine le vallon de Ségur existe une chapelle sous l'invocation de Notre-Dame, dont l'existence est constatée depuis 1262, où elle fut dotée d'une rente de 500 livres clermontoises, par Robert Ier, baron de Mercœur, et non par Robert Ier, vicomte de Clermont, qui vivait 500 ans plus tôt. (Justel, Chabrol. ) Cette chapelle dépendait de la Chaise-Dieu. N. Michel de Tournemire en était vicaire en 1410.

Une chapelle aussi isolée, et dans une partie aussi peu hahitée de nos montagnes, devait nécessairement avoir une origine merveilleuse. La légende, cette folle de la veillée du village, devait naturellement s'en emparer; suivant elle, un grand personnage, un roi de France même, sans suite et sans guide, se serait égaré dans ces solitudes. Les esshirs de l'hivernie, si redoutables et si fréquents dans ces contrées, l'auraient enveloppé. Il allait périr ne sachant plus quelle direction suivre, lorsque survient une éclaircie; un rayon de soleil brille , et avec lui une lueur d'espérance rentre dans l'esprit du prince égaré. Il se trouve au pied d'un rocher ; il aperçoit dans une anfractuosité une statue de la Mère des consolations ; se prosterner devant elle, faire le vœu de lui ériger sur ce rocher un sanctuaire, furent l'œuvre d'un moment. Sa prière devait être écoutée; n'avait-elle pas été inspirée par les angoisses d'une âme en peine! Le temps resta serein, et le grand personnage fut sauvé.

Le fond de cette légende peut être vrai: un baron de Mercœur a pu fonder cette chapelle. Auprès du peuple naïf de nos montagnes, du roi à un baron aussi puissant la différence était légère; les chefs féodaux n'exerçaient-ils pas toute la puissance du souverain? On doit de plus tenir compte, pour les accessoires, des embellissements de l'imagination. Il fallait une cause à l'érection d'un édifice religieux dans un lieu si sauvage, loin de toute habitation. Le fondateur avait-il une expiation à faire? On est disposé dans les classes populaires à prêter des méfaits aux grands seigneurs. Etait-ce l'accomplissement d'un vœu , avait-il reçu quelques grâces particulières, on bien Marie avait-elle marqué cet endroit par quelques prodiges: Marie aime les solitudes de nos hautes montagnes? peut-être un peu de tout cela est-il exact! Il n'y a rien de bien surprenant à ce qu'un baron do Mercœur se soit égaré pendant une pérégrination dans la vaste étendue de sa suzeraineté. Après avoir couru un grand danger, dans ces temps où la foi n'avait rien perdu de sa puissance, il dut implorer le secours de la Consolatrice des affligés. Tout est rationnel.

Quoi qu'il en soit, une chapelle avait été érigée sur un rocher battu par toutes les tempêtes, et, bien que l'on y dit la messe parfois, les ravages de six siècles, dans ce climat dévorant, en avaient non seulement rendu l'intérieur inconvenant pour sa destination, mais même ses fortes constructions, ébranlées sur toute la ligne, étaient menacées d'une entière et prochaine destruction. La nécessité de la restaurer, même de l'agrandir, vu l'affluence des pèlerins, se faisait généralement sentir.

Nous avons reçu la communication d'une relation publiée par un ecclésiastique présent à la fête de Valentines, sur les cérémonies qui eurent lieu lors de l'inauguration du nouveau sanctuaire. Nous en donnerons quelques extraits.

( Valentines est un pèlerinage qui, de temps immémorial, a été fréquenté par les habitants de la Haute et Basse-Auvergne. Les guérisons miraculeuses s'y multipliaient, les infirmités de tout genre semblaient s'y donner rendez-vous, surtout aux fêtes de l'Assomption et de la Nativité de Marie. Le sanctuaire placé, selon le goût du temps, sur la pointe d'un rocher, offre un point de vue des plus pittoresques. De là vous découvrez la crête de nos monts gigantesques, tandis que la Santoire coule à vos pieds en serpentant à travers de riches prairies. Ce sanctuaire, foudroyé à plusieurs reprises, en hutte à tous les vents, tombait en ruines, ne pouvait abriter les nombreux pèlerins qui s'y rendaient aux deux grandes solennités. Le besoin de le restaurer se faisait généralement sentir; mais les ressources manquaient.

Il était réservé à M. l'abbé Chanson, curé actuel de Ségur, sur la paroisse duquel se trouve Valentines, de conduire cette couvre à bonne fin. En combinant ses moyens d'exécution, il avait fait très-large la part de la Providence, et la Providence ne lui a pas fait défaut. Le site est élevé; on n'y arrive que par un chemin long, difficile et montueux. La pierre de taille, le sable, la chaux, le bois de construction sont à de grandes distances; cinq mille francs n'auraient pas fait face aux frais de transport; mais les communes de Dienne, de St-Saturnin, de Ségur, ont consacré à l'œuvre leurs bourses, leurs bras, leurs bestiaux. Lorsque le soin des récoltes prend toutes les heures du jour, la nuit est consacrée aux transports; on craindrait de perdre la protection de la Mère commune des chrétiens, si l'on ne s'était pas associé au mouvement général. Aussi ce précieux sanctuaire est devenu une belle église, à construction élégante, avec rond-point, un autel à la romaine en marbre, des chapelles latérales bien décorées, des croisées à trèfle, une voûte coupée par des arceaux habilement disposés, et un clocher dont la flèche est très-hardie. M. Ravenet, dont nous avons parlé à l'article Marcenat, avait dressé les plans.

« Mgr l'évêque étant absent, M. Jalabert, vicaire général, en a fait la bénédiction le 6 août, assisté de 25 ecclésiastiques. Plus de deux mille pèlerins y étaient accourus de toutes les contrées voisines. Vue de ce point élevé, la procession, partie de Ségur, présentait un coup d'œil admirable.

Ainsi a été relevée sur cette roche une église que beaucoup de paroisses du diocèse s'estimeraient heureuses de posséder. »

16° Villas, village sur la rive droite de la Santoire, vis-à-vis de Ségur. Il y avait, en 1613, un petit château aujourd'hui en ruines, qui était habité, en 1590, par N. François du Saulnier, seigneur de Cordoue. Villas fut vendu, en 1706, à N. Pierre de Neyrac, seigneur de Brenal, qui vint l'habiter.

17° Vintacon. village à mi-coteau, vers St-Saturnin. Il a été habité par une branche de la maison de Sévérac. Elle en avait encore la seigneurie en 1666. Cette branche s'est éteinte récemment, son dernier représentant ne s'étant pas marié.

A Ségur, dit M. Bouillet, on voit, les ruines d'un ancien château de la maison de Sévérac. En continuant à suivre cette vallée, les sommets sont basaltiques et reposent, selon toute apparence, sur des tufs trachytiques ; elle est trop bien cultivée et couverte de trop belles prairies pour qu'on puisse bien connaître sa composition géologique.

La paroisse et la justice de Ségur étaient de droit coutumier relevant partie d'Allanche, partie de Riom, et pour quelques villages, de St-Flour.

Il y a peu de parties du territoire cultivées en seigle; mais celles qui le sont donnent un bon produit. Les prairies sont de bonne qualité, les vacheries estimées.

Ségur a une bonne foire le f2 mai.

Béranger de Ségur, docteur ez-lois, vivait en 1329, et Etienne Joserand, célèbre jurisconsulte, y naquit en 1350.

Le chemin de grande communication de Murat à Fort passe auprès du chef-lieu et au sud.

Ségur fut imposé à 2,800 livres pour sa quote-part de l'imposition de 1690 dans l'élection de St-Flour.

 

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