Voir toutes les pages du dictionnaire statistique du Cantal
La commune de Ruynes aujourd'hui
Ces pages ayant été numérisées nous ne pouvons garantir une fidélité exacte à 100% du texte malgré le soin apporté à sa correction.
Ruines
— Canton. — Le canton de Ruines fait partie de l'arrondissement de St-Flour. Il est borné au nord par celui de Massiac; au sud, par le département de
La surface de son territoire est de
Il est arrosé par la rivière de Truyère,
Sa population est de 7,628 habitants, répartis dans 120 villages, 84 hameaux et 1,776 maisons.
Dans ce canton, le gneiss, traversé de filons de quartz, est très-ordinairement recouvert par un terrain argileux-jaunâtre. Le sol est en général maigre, froid et d'un produit fort médiocre, surtout dans la partie adossée au bois de
Commune. — Cette commune est bornée au nord par celle de Vedrines-St-Loup; au sud, par celle de Chaliers et par la rivière de Truyère, qui la sépare en partie de celle de Chaliers; â l'est, par Chaliers et Claviéres, et à l'ouest, par le ruisseau de Montgon ou de Rastel, qui lui sert de ligne de démarcation avec Vabres, St-Georges et Anglards.
L'étendue de son territoire est de
Il est arrosé par la rivière de Truyère, les ruisseaux de Lafon . de Roussillon, de Lafage, de Razoudet, de l'Oradour, de Goudolat, etc
Sa population est du 851 habitants, répartis dans 14 villages, 19 hameaux et 212 maisons.
Ruines, le chef-lieu, qui l'est aussi du canton, est un bourg d'une soixantaine de maisons, parmi lesquelles il en est quelques-unes de modernes et de belle apparence. Sa distance de St-Flour est de 1 myr. 4 kil. Il est situé dans une plaine dominée par les montagnes de
Cette église était autrefois un prieuré sous la règle de St-Benoît, et qui fut uni à Cluny; il appartenait d'abord à l'abbaye de Marsillac, en Rouergue, puis aux jésuites chargés du collège de Rodez. Comme les abbés de Marsillac, et après eux les jésuites, étaient prieurs ou curés primitifs de Ruines, les curés desservants étaient à la portion congrue. Voici les noms de quelques-uns d'eux.
Jean Vidal, curé en 1675; TV. Chanson, en 1695; Pierre Roche, en 1714; N. Ruol, en 1757; N. Roche, en 1772; N. Bouchet, en 1789; il assista à l'assemblée des états à St-Flour.
Dans l'enceinte du bourg est une chapelle dédiée à Notre-Dame, plus commode que l'ancienne église pour les exercices de piété des habitants.
On croit, dit M. Bouillet, que Ruines tire son nom de la destruction d'une ville considérable, dont on trouve encore fréquemment des traces dans le voisinage. M. Déribier, adoptant la même tradition, pense que Ruines aurait été une ville gauloise, et.que lorsque César se rendit dans le Gévaudan, il la traversa. Une voie romaine, dont on découvre quelques vestiges, passait dans les environs. St Flour n'existait pas alors, et Ruines aurait pris son nom des débris de cette ville préexistante, dont malheureusement l'antique nom n'a pas été conservé. La position de l'église, à
Plusieurs actes que j'ai vus, dit M. Joseph de Labro da
ns une note qu'il m'a adressée, donnent à ce chef-lieu de canton le titre de ville. Ces actes authentiques portent la date de 1664 et 1666. La tradition, la disposition du lieu, le résultat de fouilles accidentelles, tout enfin annonce que cette cité devait être tort étendue. On a trouvé, en creusant à d'assez grandes distances, des ustensiles de ménage, des meules à bras, des tuiles, des monnaies d'or et d'argent, des groupes de pierre et un médaillon de bronze emporté hors de la contrée. On ne se rappelle pas le nom de l'empereur dont il portait l'empreinte.
Un poème de Sidoine Apollinaire, intitulé Propemticon, est venu compliquer les incertitudes. Ce savant prélat adresse son livre à ses amis, et, le personnifiant, lui indique la route qu'il doit tenir pour se rendre d'Avitacum, sa campagne (auprès de Clermont), a Narbonne, par le Gabalum (le Gévaudan). De Brioude (Brivas), 2e station, voici la route qu'il lui trace:
Hinc jum dexteriora carpis arva
Emensus que jugum die sub uno
Flavum craslinus aspicis Triobrem;
Tum terrum Gubalum satis nivosam (3° station)
Et, quantum indigenae volunt putari
Sublimtm in puteo videbis urbeus
.
De là tu traverses les campagnes à ta droite, et ayant franchi en un jour le sommet de la montagne (
De ces indications on a conclu que la ville importante dont le nom est ignoré et qui apparaissait comme dans un puits , des sommités de
Cette opinion, comme on doit le penser, a été controversée. M. l'abbé J.-B.E. Pascal, dans une étude géographique ancienne du pays de Gabalum en Gévaudan, envisage sous un point de vue différent le poème d'Apollinaire, en ce qui concerne
Il n'entre point dans nos attributions, et nous reconnaissons de plus notre insuffisance pour éclairer un point historique aussi obscur. Il nous suffit d'avoir indiqué la possibilité pour Ruines d'avoir été l'antique Gabalum. Ce qui parait certain, c'est qu'une voie romaine venant de
Le bourg actuel de Ruines est situé dans une plaine assez étendue. Il se compose , en quelque sorte, d'une seule rue, et quelques-unes de ses maisons sont éloignées les unes des autres.
On voit encore quelques ruines de l'ancien château. Ce vieux manoir offre des débris assez considérables. On distingue très-bien sa forme carrée et les larges fossés qui l'entouraient complètement. Les murs d'enceinte se prolongeaient du côté du bourg et en avant du château , de
Il y avait à Ruines un chapitre collégial composé de six chanoines. Certaines rentes, dimes et autres revenus avaient été assignés pour leur entretien, soit sur la paroisse, soit sur les environs.
La ville de Ruines eut beaucoup à souffrir en 1458 et dans les années suivantes, des dévastations commises par les compagnies de pillards qui parcouraient ces contrée set rançonnaient les habitants. Cette même année, suivant l'abbé Teillard, les villes de St-Flour, de Brioude, de Blesle et de Langeac accordèrent 3,000 liv. au comte de Ribadro, capitaine originaire d'Espagne, pour qu'il fit sortir ses gens de Ruines et de Corbières qu'ils occupaient, et dans lesquels ils avaient mis garnison.
Nous avons vu aux comptes de St-Flour que cette même année encore, le capitaine de Ruines fut envoyé au Mur-de-Barrès pour traiter et accorder des marques que demandaient Jean de Bordeaux et autres de la garnison de Carlat.
Le château de Ruines fut surpris et occupé en 1590 par les huguenots. François d'Antil, baron du Ligonnès, homme puissant et officier distingué, en fit le siège à ses dépens en
Audigier dit que Ruines était une petite ville importante par le commerce qui y était concentré avant l'élévation de St-Flour. C’était un membre du duché de Mercœur, ainsi que Corbières qui en est proche.
Le président de Vernyes, dans son rapport à Henri IV, l’ énumère parmi les six villes de la prévôté de St-Flour qui avaient embrassé le parti de la ligue.
Le Sr de
Vers ce même temps, une troupe de bohémiens et de vagabonds se répandit dans le pays et commit beaucoup d'actes de pillage. La maison de M. Servant, alors notaire à Ruines, fut du nombre de celles qui souffrirent.
En 1640, la peste y fit de grands ravages ainsi que dans les environs.
La seigneurie de Ruines faisait partie du Dauphiné d'Auvergne, et fut donnée, en 1201, par le seigneur dauphin, à Eyme de Brossadols, en échange des terre» que celui-ci possédait à St-Ilpize. Nous venons de voir qu'elle relevait de la baronnie de Mercœur, et ses seigneurs en ont souvent pris le nom. Bernard de Ruines, chevalier, vivait en 1268; il était fils de Bertrand, seigneur en 120-4, et que l'on croit avoir succédé à Eyme de Brossadols. Delphine de Ruines, comme tutrice de ses enfants, prit, en 1294, pour fondé de pouvoir, Pons de Mercœur, dans un échange qu'elle fit avec les prêtres de St-Flour et le chapitre de Ruines, du village de Cabrespine, paroisse de Faverolles..
Jean, comte de Joigny, devenu baron de Mercœur, reçut en cette qualité, en
Robert Dauphin, seigneur de Ruines et de Corbières, fut témoin dans un acte de 1390. 11 fit don au chapitre de son four banal. Le même Dauphin donna, en 1428, à Bertrand d'Antil, seigneur de Ligonnès, la haute et basse justice de sa seigneurie.
Le château de Ruines appartenait, au commencement du XIV° siècle, à Béraud ll. comte de Clermont, et ensuite, en 1357, à Dauphine, sa mère. Charles de Bourbon, dauphin et comte de Clermont, le possédait eu 1442. Nicolas de Lorraine, baron de Mercœur, comme héritier de Renée de Bourbon, sa mère, en jouissait en 1329, ainsi que des mandements de Ruines et de Corbières. Ce château appartint ensuite et successivement aux barons et ducs de Mercœur.
Le prince de Conti en devint seigneur en 1720.
Le roi Louis XV avait acheté, en 1773, le duché de Mercœur pour en fan» l'apanage du comte d'Artois. Il revendit, en 1775, à François IV de Lastic, colonel des grenadiers de France, maréchal de camp, les mandements de Lastic de Ruines, de Corbière*, etc. Ils furent acquis en remplacement de la dot d'Anne Charrou de Menars, qu'il avait épousée en 1735, et comme il n'existait plus de bâtiments à Lastic, on répara quelques parties du château de Ruines pour en faire les greniers de ces baronnies. Or, comme cette vente ne comprenait que les dîmes, les rentes et le château, les seigneurs de Lastic perdirent les premières a l'époque de leur suppression, et le château délabré leur resta seul.
Ses ruines étant devenues la propriété du comte Joseph de lastic de Vigouroux. par suite de son mariage avec sa cousine, dernière représentante des Sieujeac, il les a revendues récemment à la commune moyennant 500 fr
La terre de Ruines avait été déjà démembrée, en 175.i, par le prince de Conti. François d'Antil. Charles de Podevigne de Grandval, Antoine Guérin, Falcon de Longevialle et Boffière de Chambarou se la divisèrent.
M. Podevigne de Grandval garda Ruines, les droits de leyde, péage, courtage et patronage, plus les villages de Beaulieu, Roussillon,
M. d'Antil eut les rentes de Courtille, de Combechasse et autres.
M Falcon de Longevialle, les renies de Roussillon, Lafage, Censol, les Besscyres de Fabre, le Brugeyre, le Mignard, de Lorcières et de Chaliers, excepté le fief de Chambaron.
Le Sr Buffière de Chambaron, les rentes de l'Espinat, Maladel, Rouinonclos,
En 1052, un habitant de Ruines fut surpris en fabrication de fausse monnaie. Il fut condamné à être pendu et exécuté sur la place.
Les villages et hameaux de la commune sont:
1° Beaulieu, village divisé en haut et bas, au nord du chef-lieu.
2° Beauregard, village Situé sur le plateau, près de la rivière de Truyère et de la route impériale n° 9.
3° Bourliette, village à l'ouest de Ruines.
4° Chassagnette, hameau.
5° Combe-Chalde, village.
6° Cromasse, village.
7° Gidour, village à l'ouest du bourg, près du chef lieu.
8° Ligonnès, hameau, ancien fief avec un château rapproché de Ruines. Avant l'époque où cette résidence fut privée de ses bois de chêne de la plus belle venue, de ses avenues et de ses longues allées, elle passait, à juste titre, comme la plus belle habitation de l'arrondissement de St-Flour. Les toits du château sont à la mansarde; mais sa construction par elle-même n'a rien de remarquable. La vue est très-étendue et très-variée.
Le plus ancien des d'Antil connu est Guillaume, coseigneur de St-Haon, en Velay, marié avec Elisabeth de St-Haon, pour laquelle il rendit hommage de cette seigneurie au seigneur suzerain, en I26i>. Bertrand d'Antil obtint du roi, en 1415, la permission de fortifier le château de Ligonnès et d'y ajouter quatre tourelles. Nous avons vu à l'article sur St-Flour, que Jacques d'Antil, gouverneur de cette ville pour le roi, fit exécuter des soldats indisciplinés.
La famille d'Antil a habité le château de Ligonnès jusqu'à la révolution, et vint ensuite se fixer à St-Flour. Son habitation est aujourd'hui dans des mains étrangères. Cette famille s'était divisée en deux branches : l'aînée s'est éteinte, en 1845, à St-Flour, dans M. d'Antil, qui n'eut que deux filles. La branche cadette habite aujourd'hui
On lit dans Audigier : « Le château de Ligonnès est situé dans la paroisse foraine de Ruines, au milieu d'un bois agréable. Il est à la maison d'Antil, qui l'a possédé quelques siècles.
Robert d'Antil, seigneur de Ligonnès, vivait en 1290. Jacques d'Antil, vers 1570, obtint quittance du droit do lods de la terre de Verdezun, en considération des services qu'il avait rendus au roi contre les huguenots, et la prise de Ruines où l'un de ses fils fut tué.
9° Martres (les), village sur la plaine, près de Beauregard. Ce nom indiquerait, comme les homonymes du Puy-de-Dôme, un événement relatif aux persécutions des premiers siècles chrétiens, ou quelque combat.
10° Molèdes (las), village qui domine
11° Morle (le), gros village qui formait, il y a peu d'années, une paroisse et une commune. L'église existe encore. Elle était sous le vocable de saint Antoine et dépendait de
12° Moulin-de-Guerlis ou de Guilly. hameau. Il a appartenu longtemps à la famille de Ligonnès.
13° Moulin de-la-Prade, hameau.
14° Moulin-de-la - Roche, hameau.
15° Moulin-de-Trousselier, hameau.
16° Prade-Basse (la), hameau.
17° Prade-Haute (la), hameau.
18° Roussitlon, village.
19° Salus, village.
20° Segnalause, village au milieu de la plaine.
21° Trailus, village ainsi nommé parce qu'il était divisé jadis en trois villages Aujourd'hui il en forme quatre : Traitus-le-Mas, Trailus-le-Mat, Trailus-la-Borie, Trailus-Lalo. Ce village est situé au nord du Morle; il dépendait de la commune de St-Gal et fut réuni à Ruines lors de sa suppression.
Ruines, comme chef-lieu de canton, a un bureau d'enregistrement, un gade de gendarmerie à pied, une justice de paix, un bureau de poste
Ses foires sont très-achalandées; elles ont lieu le 24 février, le 20 avril, le 6 octobre et le 1° décembre.
Les terres cultivées sont assez productives, les prairies de bonne qualité. Une branche de la famille de Gueyffier, famille originaire du Languedoc, habitait Ruines, et l'un de ses membres figure encore dans un acte notarié de
On voit dans Chabrol : « Le bourg de Ruines est un membre du duché de Mercœur. Robert Dauphin en portait le nom, et a pris ce titre dans le contrat de mariage de Béraud Dauphin avec Jeanne de Latour. Cette paroisse en entier est de droit de coutume du ressort de Riom. Son chapitre nomme lui-même ses membres. »
Suivant le pouillé de 1648, le prieuré de Ruines, uni au prieuré de l'abbaye de Cluny, était a la nomination de l'abbé de Marsillac.
Ruines fut compris d'abord pour une somme de