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Pierrefort. — Canton. — Le canton de Pierrefort fait partie de l'arrondissement de St-Flour. 11 est borné au nord par celui de Murat et les montagnes du Plomb-du-Cantal; au sud, par la rivière de Truyère, qui fait la séparation d'avec l'Aveyron et le canton de Chaudesaigues; à l'est, par le canton sud de St-Flour, et à l'ouest, par Vie, la rivière de Brezons et par celle de Moissalou, qui Je sépare encore de l'Aveyron.

Ce canton comprend 11 communes, savoir : Brezons, la Capelle-Barrès, Cezens, Gourdièges, Ste-Marie, Malbo, St-Martin-sous-Vigouroux, Narnhac, Oradour, Paulhenc, et enfin celle de son nom.

Sa superficie territoriale est de 24,940 hectares, dont 7,420 h. en terres cultivées ; 12,130 h. en prés et pacages; 2,590 h. en bois; 1,920 h. en terres vaines.

Il est arrosé par les rivières de Truyère, de Brezons, d'Irondels, de Moissalon et de Siniq, et par un grand nombre de ruisseaux moins considérables.

Sa population est de 8.699 habitants, répartis dans 1 ville, 102 villages, 84 hameaux et 1,819 maisons.

La température généralement froide de ce canton rend ses produits très casuels; il donne du seigle, beaucoup de sarrasin et de l'avoine. Son commerce consiste en grande partie dans la vente des bestiaux, des moutons, petits mais d'excellente qualité, et dont la laine est très-belle; enfin, en fromages exportés dans le Languedoc par St-Flour.

Les habitants émigrent en grand nombre dans ce canton, et, pendant l'hiver, il reste peu d'hommes valides dans le pays.

Commune. — La commune de Pierrefort affecte une forme à peu près carrée. Ses confins sont, au nord, Brezons et Cezens; au sud, Paulhenc; à l'est, Sainte-Marie et Gourdièges; à l'ouest, Saint-Martin-sous-Vigouroux.

Sa superficie est de 2,460 hectares, dont 1,000 h. en terres cultivées; 1,050 h. en prés et pacages; 60 h. en bois, et 250 h. en bruyères et terres vaines.

Elle est arrosée par la rivière de Brezons, par le ruisseau de Vezoux, qui la parcourt du nord au sud, et par ceux des Souches, de Faveyrolles, de Chantai, etc.

Sa population est de 1,218 habitants, répartis dans 1 ville, 12 villages, 11 hameaux et 278 maisons.

Pierrefort, le chef-lieu, à 2 myr. 5 kil. de Saint-Flour, est une petite ville en amphithéâtre, partant du rocher que surmontait son château et s'étendant à mi-coteau dans la vallée formée par un petit cours d'eau qui prend sa source au pied de l'ancien château de Brezons. Audigier dit que l'origine du nom de Pierrefort vient du château placé sur un rocher escarpé, et auquel cette dénomination convenait parfaitement. En 1675, le donjon ou tour principale menaçait ruine. Ce château, d'après son architecture, appartenait à la première moitié du XIV° siècle. Il n'en reste actuellement qu'une très-faible partie. La ville, telle qu'elle est aujourd'hui, a 700 habitants environ, et l'on y remarque quelques jolies maisons.

L'église, qui se rapprochait de l'enceinte du château, est hors de la ville et la domine en entier; elle est dédiée à saint Jean-Baptiste. Sa construction marque deux styles différents : la nef, qui se rapproche du byzantin, a appartenu à urp édifice plus ancien; le chœur, de construction plus récente, est de style gothique. Le porche a un cordon de colonnettes en partie mutilées. La voûte, dans l’intérieur, est supportée par des piliers qui forment les bas-côtés. L'extérieur de l'église est entouré de caveaux destinés jadis, probablement, à la sépulture des ecclésiastiques du lieu et des principaux habitants.

Le prieuré de Pierrefort était sous le titre de St-Pierre ; il était, en 1690 et plus anciennement, de la mense épiscopale, et avait une vicairie perpétuelle à la collation de l'évêque de St-Flour. Ses revenus dépassaient 2,000 livres ; mais l'évêque devait entretenir, à ses frais, un curé et un vicaire; il était aussi tenu de pourvoir aux besoins et réparations de l'intérieur de l'église. Il y avait dans le chœur 15 stalles du coté de l’Evangile, 12 vis-à-vis et 9 dans le bas; elles étaient en si mauvais état en 1777, qu'elles durent être réparées aux frais de l'évêque.

En 1589, Guillaume de Fontanges était curé de Pierrefort; en 1606, Raymond Bru.

Les ruines du château de Pierrefort attestent l'importance de cette ancienne seigneurie, qui avait le titre de baronnie. « Elle ne le cédait à nulle autre de l'Auvergne, dit encore Audigier, non pas môme à celle d'Apchon qui, seule, dispute le pas à Pierrefort et ne l'emporte pas absolument, puisque aux assemblées des trois Etats du pays et aux assises d'Aurillac, on les appelle deux fois conjointement en ces termes : « Apchon-Pierrefort, Pierrefort-Apchon, »  pour ne pas donner de préférence à l'une ou à l'autre de ces baronnies. » Dans la baronnie de Pierrefort étaient compris la ville et un grand nombre de lieux de paroisses qui relevaient de St-Flour. Aussi, cette terre avait de belles et nombreuses dépendances.

La baronnie de Pierrefort avait un capitaine. En 1675 , Pierre Bru, père de l'historien de ce nom, était pourvu de cette charge, et, en cette qualité, résidait au château.

Nous avons vu, à l'article Murat, que cette rivalité remontait au moins à l'an 1207, et qu'elle ne fut terminée qu'en 1369 , par ordonnance rendue à Issoire, au conseil du duc de Berry. Nous avons reçu la communication de cet acte que nous allons consigner ici.

 

ARRÊT RENDU PAR JEAN, DUC DE BERRY.

 

« Déclaration faite des lettres qui s'ensuivent par noble Jean du Mesme, écuyer, seigneur dudit lieu, bailli des montagnes d'Auvergne , et Léonard de Cornavel, chevalier , seigneur de Montégut, commissaire et bailli des Etats d'Auvergne, ordonné et député par les Etats dudit pays d'Auvergne, et expédition d'iceux, tant du bailliage que des assises généraux d'Aurillac, qu'aux bailliages d'Usson et Montferrand , pour le roi, notre sire, et de Mgr le duc de Berry et d'Auvergne. Or, est-il qu'une grande contestation , procès et débats auraient été jà depuis longtemps, entre plusieurs nobles desdits pays et province d'Auvergne, pour raisons de plusieurs droits et privilèges que plusieurs disaient avoir en plusieurs causes déduites dans les procédures et playdoiries qui ont été faites et déduites, et par exprès par-devant les grands jours d'Auvergne , e( convocation d'iceux faite a la ville de Clermont, principale et capitale du bas-pays dudit Auvergne, et chacun desdits Etats en convocation d'iceux tenus en la ville d'Aurillac, seconde dudict haut-pays d'Auvergne, par ordre donné depuis l'an 1207, par lettres du roi Philippe-Auguste, de très-honorée mémoire. Donné à la ville de St-Flour.... (le manuscrit est ici tout détérioré). Or, est-il certain que ce qui a été et qui a esmu la présente matière, est à savoir que cette altercation et combustion et débat, ainsi qu'est dit et proposé entre noble et puissant chevalier, Marc de Pierrefort, chevalier, seigneur et baron de Pierrefort, au diocèse de St-Flour, et aussi puissant chevalier Artaud d'Apchon, seigneur et baron dudit lieu, et aussi puissant chevalier Pierre de Murat, seigneur vicomte de Murat, et le seigneur évêque de Clermont, touchant la séance des Etats et rang eu iceux audict hautpays d'Auvergne, à quoi en assemblée dudict pays, combustion et débat y auraient eu plusieurs fois; et, à cette cause, preuve aurait été intentée, fournie et conclue depuis l'année 1286, et autres pièces les prédécesseurs desdits seigneurs nommés pour plusieurs causes, chefs, dits, et nommés par la teneur desdites demandes et défaut l'un à l'autre et l'autre à l'un , dit par exprès au bailli dudit pays d'Auvergne, et la cause évoquée être transportée par-devant les requêtes de Monsieur le Roi, et après par appel fait et jeté en lumière par le seigneur vicomte de Murat, évêque de Clermont, et du seigneur baron d'Apchon, disant, ledit seigneur vicomte de Murat que par ses lettres d'opposition faites et baillées... que dans les Etats et assemblées il doit précéder en toutes façons lesdits seigneurs évêques de Clermont, de Pierrefort et d'Apchon , comme aussi tout autre noble dudit haut-pays d'Auvergne, ayant été assigné dans les procédures dudit procès en XXV articles dudit seigneur vicomte de Murat, que le seigneur baron de Pierrefort ne le devait précéder aux assemblées dudit pays du haut-Auvergne, étant la châtellenie de Pierrefort de son fief, ensemble 12 fiefs nobles dépendant de la châtellenie et baronnie dudit Pierrefort, à quoi aurait été soutenu et défendu au contraire par ledit seigneur de Pierrefort et prouvé par icelui qu'il était du fief de Mgr le Roi et Mgr le duc, à cause de la duché d'Auvergne, par l'article XXVII; et par preuve faite par-devant les grands jours d'Auvergne, aurait été justifié en plein à Paris que ledit vicomte de Murat ne pouvait prendre en aucune manière, en la séance desdits Etats audit pays, lesdits seigneurs dudit Pierrefort ni d'Apchon que par ordonnance qui fut donnée le 7e août 1286, et par règlement des Etats eu la séance d'iceux et par confirmation faite au parlement de Paris, le 6° mars 1291 , ainsi qu'il appert par lequel fut justifié que lesdits seigneurs de Pierrefort et d'Apchon étaient les deux premiers chevaliers et barons dudit hautpays d'Auvergne, et que les oppositions par le seigneur baron de Mercœur, à cause de sa seigneurie, baronnie et châtellenie qu'il a en haut-pays d'Auvergne, qui est la châtellenie de Ruynes, composée de 46 fiefs nobles, la châtellenie de Malliargues et Allanche, Tanavelle et Cistrières, et plusieurs autres; qu'ils devaient tenir rang le premier que autres dudit pays et qu'aurait été attaqué et défendu par le seigneur baron de Pierrefort; qu'il était le premier baron chevalier des ordres du roi audit pays, et qu'il devait porter l'écu le premier au ban et arrière-ban convoqué audit pays ensemble le seigneur d'Apchon, et que les oppositions faites par le seigneur baron de Mercoeur auraient été de nul effet, et par l'article de la procédure au parlement de tous les autres nobles du pays, comme le seigneur vicomte de Carlat, le seigneur évêque de Clermont à cause de la seigneurie et baronnie d'Alleuze , composée de 34 fiefs nobles, ledit seigneur vicomte de Carlat attendu sa qualité de puissant prince, il n'a droit en cette qualité, et pour ce que la pièce en privilège de séance auxdits Etats aurait été acquis audit seigneur baron de Pierrefort et après le seigneur baron d'Apchon étant ledit privilège audit seigneur baron de Pierrefort, et après le seigneur baron d'Apchon doit être à tour en second rang de suivre ainsi qu'il en avait été défendu par l'article XVIII du contredit fait et donné encontre iceux opposants par les seigneurs de Montgond, desdits Apchon, Pierrefort encontre lesdits seigneurs évêque de Clermont qu'il n'avait rang de primauté par son droit de baron d'Alleuze, ayant été icelle baronnie lorsque l'évêché de St-Flour fut érigé par le pape séant en Avignon qui fut l'an XIIIVI et ne pourrait ledit évêque de Clermont avoir droit de séance aux assemblées ni Etats audit pays du Haut-Auvergne en qualité d'évêque de Clermont, ni l'évêque dudit St-Flour; mais ledit évêque de Clermont, en qualité de seigneur baron d'Alleuze par l'article nu, doit jouir en la 4° séance et nommé dans l'assemblée et Etats dudit haut-pays d'Auvergne. Et quant à l'article xi. Ii déduit et défendu par ledit seigneur baron de Pierrefort, ou jadis par le puissant chevalier Arnaud, seigneur baron d'Apchon par-devant les requêtes du palais au parlement à Paris, encontre iceux défendeur et demandant iceluy droit encontre Pierre de Murat, chevalier seigneur vicomte de Murat, et le seigneur baron d'Aubepeyre dit sur la demande faite par ledit seigneur baron de Pierrefort du fief et hommage à lui dû par le seigneur vicomte de Murat de sa châtellenie et seigneurie de Turlande et ses dépendances par droit de fief et droit d'aubaine qu'il doit audit seigneur baron de Pierrefort, ne soit tenu en aucun droit de lief et hommage ainsi qu'il aurait chargé sa demande auxdits grands jours d'Auvergne que audit parlement de Paris par titres produits et exhibés de part et d'autre, que ladite châtellenie et baronnie de Pierrefort est du fief et hommage de la duché d'Auvergne, ainsi qu'il est dit et libellé ez-présentes lettres, et que ledit seigneur baron de Pierrefort ou ses prédécesseurs auraient été en foi et hommage de Mgr le Roi, et par sa nomination aurait nommé et baillé ladite nommée avec cens et rentes, justice dépendante de ladite baronnie de Pierrefort, ensemble 12 fiefs et hommages qui sont dus et appartiennent audit seigneur de Pierrefort comme doit la châtellenie et seigneurie de Brezons, Cezens, le mas et village de Luzenac et Neyrebrousse que doit ledit seigneur de Brezons fief particulièrement d'iceluy à chacun, le seigneur de la Volpilière, le seigneur du Meynial, le seigneur de Turlande et Paulhac, sans y comprendre le fief franc et noble de noble Hugues de Tanon , le seigneur de Gourdiéges , le seigneur du Chambon et Paulhac, le seigneur de Bélinay, le seigneur de La Tour pour le droit et seigneurie de Rochebrune-Mallefosse et ses affars, le seigneur de Rochegonde pour un tiers, et les autres deux tiers au seigneur baron de Mercœur et le seigneur d'Alleuze, savoir pour le seigneur de Pierrefort, la tour vieille du côté de nuit mas, lieux et paroisse de Cussac et Lajarrige sont du fief, foi et hommage du seigneur baron de Pierrefort, et l'autre au seigneur baron de Mercœur, avec les dépendances et juridiction , la châtellenie d'Oradour et plusieurs autres fiefs francs, nobles, et allodiaux dans la juridiction de la châtellenie et baronnie de Pierrefort, dans les paroisses dudit Pierrefort, Ste-Marie, Cezens, Paulhac, St-Martin, Gourdiéges, qui sont plusieurs occupant en cens et rentes, étant du fief, justice et hommage de la seigneurie de Pierrefort, ayant vérifié par droit de l'autre quel était le premier baron chevalier portant l'écu, ensemble le seigneur d'Apchon étant les premiers chevaliers dudit haut-pays ez montagnes d'Auvergne, comme a apparu par-devant ledit parlement et tenue des Etats dudit pays, assemblage fait dudit haut-pays montagnes d'Auvergne, ledit bas-pays étant pour faire résoudre et délibérer par la contribution et détention de la sacrée personne du roi très-chrétien par la grâce de Dieu roi de France, détenu par le roi d'Angleterre, et pour donner moyen et assistance à la libération de ladite personne, composée d'assemblées faites du mandement de Mgr le duc d'Uzès, régent, tenues le 6 mai l'an 1364, jusqu'au 10 dudit mai, en la ville de Clermont, étant principale et capitale audit bas-pays d'Auvergne, ensemble les autres douze villes, les députés d'icelles bas-pays d'Auvergne, ensemble les six barons principaux, le baron de Medcan, le baron de La Tour, le comte de Montpensier par rang de baron, le baron de Montiman, le baron de Montboissier, ensemble autres soixante barons que écuyers, chevaliers dudit bas-pays d'Auvergne, ensemble 26 collèges ou consuls desdites 12 villes, et le seigneur évéque de Clermont, ensemble 12 députés ecclésiastiques, 8 autres personnages ecclésiastiques dudit haut-pays et le baron de Pierrefort, d'Apchon, le seigneur, évéque de Clermont comme baron d'Alleuze, et 31 chevaliers ou écuyers, nobles dudit pays, et 8 délégués et députés des 4 prévôtés dudit haut-pays d'Auvergne, ensemble 12 consuls de St-Flour, Aurillac, Mauriac et Maurs, et par iceux Etats ou assemblées desdits Etats fut délibéré et résolu de plusieurs affaires tant paticulières que généraux, de par iceux fut ordonné qu'au différend qui était entre les barons ci-dessus dits et nommés dudit pays d'Auvergne, ledit seigneur baron de Pierrefort justifia de la procédure et altercation qui aurait été faite aux requêtes et en la ville d'Aurillac, aux assises généraux d'Aurillac de l’an 1207, et depuis auraient les choses continué et à cause des guerres qui ont duré longtemps et que dans ce pays on n'a pas été en bonne tranquillité, les procès avaient été assoupis. Or, est-il que lesdits seigneurs barons d'Apchon et de Pierrefort auraient fait apparoir audit parlement, aux grands jours d'Auvergne et bailliage dudit pays par production et justification, font que lesdites terres, seigneuries et baronnies depuis l'an 1210 que le roi Philippe-Auguste de très-grande mémoire, lorsqu'il envoya faire la guerre encontre les hérésies vulgares d'Albigeois où plusieurs évêques, abbés, prieurs et autres y furent envoyés encontre le comte de Toulouse; que lesdites hérésies des vulgares pullulèrent en maints lieux comme en la terre dudit comte de Toulouse, a savoir: le pays d'Albigeois, Narbonne, Carcassonne, Bégorre, Prebett et plusieurs autres pays, les habitants d'iceux étant entachés du vice exécrable de sodomie, et contrevenaient et déprisaient les commandements de sainte église, et disaient que sans icelle nul ne pouvait être sauvé, mouvaient et interprétaient à autre qu'à Paris les articles de la foi et blasphémaient; et à cette cause, le roi Philippe-Auguste, très-chrétien, envoya devers le pape Innocent, à conseil, lequel envoya légat en France le cardinal Sancta-Maria in portici juris peritum bonis operibus ornatum, et par son conseil furent envoyés en iceux pays, ainsi que est dit, plusieurs évêques, abbés, et plusieurs autres savants personnages qui furent chassés d'iceux hérétiques et vulgares, et que le roi Philippe y envoya Simon de Montfort, comte de Montfort, vaillant chevalier, où se croisèrent plusieurs vaillants chevaliers, barons, comtes, vicomtes, et plusieurs nobles, écuyers de tout le royaume, et par exprès de la province du haut et bas-pays d'Auvergne, comme par exprès, le seigneur baron de Pierrefort, le seigneur d'Apchon, lé seigneur de Mercœur, le seigneur de Dienne, le seigneur vicomte de Murat et Châteauneuf, le seigneur de Bréon et Merdogne, le seigneur d'Aurouze et de Saillans, dit de Rochefort, de Tournemire, et plusieurs autres nommés dans la pancarte et rôle qui a été exhibé par le seigneur baron de Latour, et pour le seigneur évêque de Clermont, Robert de Latour de l'an 1208, afin que la présente matière que ont produit pour cette cause et ci-dessus déduite soit résolue , et ladite relation a été faite pour justifier auxdits Etats pour faire apparoir les grands privilèges que les très-chrétiens rois de France ont donnés à la noblesse de son dit pays et province d'Auvergne sur toutes exemptions, tailles, et emprunts, et généralement de toutes aydes, forts et dettes de service, le roi au ban et arrière-ban pour la défense de son royaume et le soutien de la sainte Evangile et l'extirpation des hérésies, trois mois le privilège donné et accordé par le roi Philippe-Auguste pour ladite noblesse de son dit pays d'Auvergne, aux nobles de race de 4 générations, et pour avoir servi mondit seigneur le roi encontre les vulgares, lesdites lettres de droits et priviléges données à la ville de la Charité, le 3» jour de may 1208, ainsi que dit est. Lesdits nobles, barons, chevaliers, écuyers, auraient eu et obtenu lesdites lettres de don pour avoir assisté à extirper lesdits vulgares et bougres, pour s'être croisés tant pour iceux vulgares et bougres que pour s'être croisés plusieurs chevaliers, barons, pour faire le voyage d'outre-mer pour conquôter la Terre-Sainte, et parce que ledit roi Philippe-Auguste très-chrétien aurait pour lors octroyé plusieurs dons et privilèges à la noblesse de France, et le tout confirmé par saint Louis en la ville d'Aygues-Mortes, en allant faire le voyage d'outre-mer; et lesdits seigneurs et barons de Pierrefort et d'Apchon auraient obtenu lettres de plusieurs dons et privilèges, et de lever sur leurs vassaux et domiciliés de leur baronnie trois sols six deniers comptant, outre les cens et rentes perpétuellement à l'avenir pour droit et taille annuelle et perpétuelle, et pour marque perpétuelle d'avoir par lesdits seigneurs barons de Pierrefort et d'Apchon bien servi Mgr le roi encontre les vulgares. Leur abominable foi et croyance a été insérée en ces présentes pour avoir exposé leur vie contre iceux bougres. Afin que leurs droits et privilèges leur soient considérés orez et pour l'avenir, et de !a délibération du conseil secret de Mgr le duc de Berry et d'Auvergne, pour avoir par lesdits barons de Pierrefort et d'Apchon et plusieurs autres seigneurs et barons, chevaliers du pays d'Auvergne, occi et meurtri dans la ville de Vaus plus de 40 mille hérétiques et bougres. S'en suit la teneur de ladite hérésie, le tout vérifié par le conseil secret, afin que Mgr le duc ordonne sur le registre des requêtes de ladite matière en ces présentes.

Nous nous abstiendrons de rapporter la copie latine de cette hérésie.

« Jean, fils du roi de France, duc de Berry et d'Auvergne, etc., salut. Nous avons reçu l'humble supplication qui nous a été faite par puissant chevalier Arnaud do Pierrefort, que comme dit est grande combustion et débat auraient été passés en plusieurs âges entre les nobles, écuyers, chevaliers de notre pays et province d'Auvergne, sur les prétentions qui nous ont été représentées et à notre chancelier en conseil secret séant à Nonette, entre les nommés au procès ci-dessus dit spécifié et libellé par nos baillis d'Auvergne ou leurs lieutenants commis à ce pour la résolution faite aux Etats et grands jours de notre dit pays d'Auvergne, tenus et convoqués en notre ville de Clermont, ainsi que dessus est déclaré, et puissant seigneur Arnaud d'Apchon. Lesdits Pierrefort et d'Apchon auraient par-devant nous, notre chancelier et conseil secret requis, prouvé et justifié et reçu en requête les différends , les combustions qu'ils avaient eus ensemble et qu'auraient disputé ainsi que dit est en contre le seigneur évéque de Clermont, le vicomte de Murat, le baron de Mercœur,.pour le rang, droit, séances et ordres aux assemblées et Etats de notre dit haut-pays d'Auvergne a été justifié et prouvé par lesdits barons de Pierrefort et d'Apchon qu'ils ont été de tout temps immémorial premiers écuyers et porte-écus audit haut-pays d'Auvergne en l'an 1208; que ledit roi Philippe-Auguste, de très-grande mémoire, leur donna dons et privilèges de premier rang de barons; que la châtellenie do Pierrefort fut érigée en baronnie composée de plusieurs cens, rentes, justice haute, moyenne et basse, avec plusieurs fiefs et hommages qui sont dus à ladite baronnie de Pierrefort, comme aussi fut érigée pour lors ladite châtellenie d'Apchon en baronnie , composée de plusieurs cens et rentes, avec droit de toute justice haute, moyenne et basse, avec dix fiefs et hommages, sans pour lors y avoir été compris les fiefs et hommages dus depuis acquis du sieur prieur de Ségur et de la seigneurie de Chalinargues, et de la juridiction d'Eymar du noble chapitre de St-Julien de Brioude en la seigneurie de Vernols, ainsi qu'il prouve encontre le baron de Mercœur, appartenant audit baron d'Apchon, lesdites lettres obtenues par lesdits barons de Pierrefort et d'Apchon par mémo privilège d'imposer 3 sols 6 deniers à l'avenir sur un chacun emphytéote de la terre et seigneurie d'Apchon et Pierrefort, pour avoir par ensemble servi Monsieur le Roi Philippe-Auguste, dit le Conquérant, par leurs jadis prédécesseurs, ainsi qu'est résulté, et d'autant que ledit seigneur baron de Pierrefort croyait entrer en foy, fief et hommage de Monsieur le Roi et de nous, aurait aussi fait assigner par-devant nous et notre conseil secret, tous les domiciliés ses vassaux, qui sont du fief et hommage de la baronnie de Pierrefort, comme aurait aussi fait le baron d'Apchon, à cause que lesdites lettres ont été données en considéré par ensemble, ainsi qu'est résulté que ce que le baron de Pierrefort aurait fait assigner tous les susnommés en ces présentes lettres pour ordonner du différend en leurs productions, par lesdits seigneurs de Pierrefort et d'Apchon faites, et des règlements faits par les requêtes en parlement de Paris par les grands jours et Etats de notre pays d'Auvergne jadis, et depuis faits ainsi qu'il est apparu à nous et à notre conseil à réquisition de toutes icelles parties, aurait justifié d'un côté et d'autre et contredit d'autre et règlement acquis pour obtenir orez et à jamais pour l'avenir combustion, en après que ledit baron de Pierrefort aurait fait voir de ses anciennes antiquités et privilèges d'avoir par ses jadis prédécesseurs avoir été et être le premier baron du haut-pays d'Auvergne, depuis le roi Philippe-le-Conquérant, et avait tenu le premier rang à toutes séances et assemblées de notre pays des montagnes d'Auvergne, et le baron d'Apchon doit être appelé au second appel qui se fait et se fera pour l'avenir, disant Pierrefort et par deux fois, Apchon Pierrefort, et doit précéder le baron de Pierrefort le baron d'Apchon aux assemblées du ban et rière-ban de notre dit pays, et à toute entrée des rois, princes, commissaires royaux, et de nous, sans que autre noble, chevalier ou baron le puisse troubler ni empêcher; et quant au surplus de ladite requête du baron de Pierrefort conjointe avec le baron d'Apchon touchant le droit de foires et marchés, pour le bien et ville de Pierrefort et lieu d'Apchon, pour jouir et percevoir par lesdits seigneurs de Pierrefort et d'Apchon les droits de leyde, droits de couretage, droits du taux du pain, vin, dans la juridiction de leurs seigneuries et baronnies de Pierrefort et d'Apchon.

Nous, avec mûre délibération de notre chancellerie, le conseil secret, avons ordonné et ordonnons que le seigneur vicomte de Murat n'a aucun droit de préséance, ni le seigneur évêque de Clermont devant les seigneurs barons de Pierrefort et d'Apchon, à quoi a été démi tant de la présentation du fief et hommage prétendu par lui sur la baronnie de Pierrefort sans aucun droit, et rendra le fief et droit d'aubayne pour le mandement et seigneurie de Turlande, toutes et quantes fois qu'il en sera requis, les genoux à terre.

Item le seigneur et baron de Mercœur en qualité de ses seigneuries nommées à ces présentes, ne peut précéder ledit seigneur baron de Pierrefort, ni le baron d'Apchon.

Item le seigneur baron de Pierrefort doit être appelé le premier aux assemblées générales du haut-pays d'Auvergne, et doit être dit et appelé : Pierrefort, Pierrefort Apchon, Pierrefort, et doit le seigneur baron de Pierrefort marcher le premier au ban et arrière-ban, et être appelé le premier à la convocation et en faire la conduite, à quoi a consenti le baron d'Apchon, et généralement tous et un chacun chevaliers, barons, écuyers du haut-pays d'Auvergne.

Item il est permis aux barons de Pierrefort et d'Apchon d'élire un bailli portant l'épée et javeline pour les bailliages dans icelles juridictions, et nommer châtelain et lieutenant comme est porté par lettres et privilèges.

Item a droit le susdit baron de Pierrefort que tous les susnommés qui sont tenus à lui faire foy et hommage de comparoir une fois l'année par-devant lui, outre la foy et hommage que lui doivent, et ce par exprès le seigneur de Brezons qui sera tenu au droit d'aubayne que ledit seigneur de Pierrefort doit aller avec son train au château de Brezons, et ledit seigneur de Brezons doit aller au-devant et doit ouvrir la porte du château, monter au haut dudit châtel et doit dire trois fois: Venez, Mgr de Pierrefort, » et doit demeurer audit châtel vingt-quatre heures ; et ainsi est tenu le seigneur de Gourdiéges et tous les autres nommés en ces présentes lettres lui sont tenus lui faire foy et hommage, outre la comparessance qu'ils sont tenus faire par-devant les baillis annuellement, et lui doit hommage le seigneur du Chnmbnn de Paulhac au droit d'aubayne comme dit est outre de comparoitre par-devant le bailli de Pierrefort.

Item ont droit les seigneurs de Pierrefort et d'Apchon de faire contraindre tous ceux qui leur sont obligés leur faire foy et hommage à leur seigneurie de Pierrefort et d'Apchon, et pourront faire saisir de l'autorité de leurs baillis ou châtellenie les défaillants à leur rendre les fiefs, foy et hommage, et mettre les chevauees desdits défaillants à la main desdits fiefs de Pierrefort et d'Apchon, et généralement de tous leurs autres droits qui leur sont dus dans icelles baronnies, et doivent porter le droit et titre de chevaliers du Roi, ainsi que le tout nous a apparu, et par notre conseil vérifié et lu par leurs privilèges; et pour ces causes, toutes les parties ont comparu par-devant nous et notre conseil secret, généralement tous appelés et assignés, et ont acquiescé à tout ce que dessus.

Cy donnons mandement à nos baillis d'Auvergne ou leurs lieutenants, à tous nos officiers justiciers, juges et autres, qu'ils fassent droit pleinement et paisiblement lesdits seigneurs de la teneur des présentes, sans aucuns détours et empêchements , et que or et pour l'avenir ils ne puissent éprouver aucun trouble ni empêchement, nonobstant toute chose de ce contraire , car telle est notre plaisir et pour le Roi notre père, en témoin d'icelles choses avons fait mettre notre scel.

Fait en notre ville d'Issoire, le 5e jour de juillet 1369.

(Suivent les signatures.)

Nous avons cru devoir rapporter cet acte in extenso. a cause des détails qu' fournit sur l'assiette féodale d'une partie de notre département, à l'époque où il a été consommé.

Ainsi, l'origine de la baronnie de Pierrefort est connue; elle fut créée en 1207 pour récompenser les services rendus à la religion par son premier baron, qui possédait bien auparavant une position féodale puissante, mais qui n'était pas encore élevée à ce rang primatial et héraldique si ambitionné à ces époques d'étiquette jalouse. Avec de si importantes prérogatives, les manants qui étaient venus chercher aide et protection sous les fortes murailles de son château , acquirent promptement une existence prospère. Aussi voyons-nous que la ville de Pierrefort avait obtenu des privilèges avant le XIV° siècle; qu'elle avait des consuls et un corps commun, et que, lorsqu'en 1569 le nombre des six bonnes villes du Haut-Auvergne fut porté à dix, Pierrefort obtint cette prérogative. Prenuti, consul, fut, en 1387, député aux Etats tenus à Clermont pour s'opposer aux Anglais; Cayrol fut envoyé à l'assemblée générale qui eut lieu, le 12 décembre 1569, dans le couvent des jacobins de Clermont, pour mettre la province à l'abri des incursions des religionnaires. Les représentants des bonnes villes fermées ayant municipalité et milice chargées de leur défense, tant du bas que du haut-pays d'Auvergne , eurent à imposer des deniers et ordonner des levées d'hommes pour la délivrance du pays, et en particulier celle d'Aurillac, que les réformés occupaient encore

Le château de Pierrefort est cité par le président de Vernyes, dans son rapport à Henri IV, comme une des places qui renforcent la ville de St-Flour ; qu'il est difficile de combattre par la nécessité et âpreté du pays, et par l'incommodité que ces châteaux vous donnent, le canon no pouvant y rouler. »

On trouve peu de chose sur l'histoire politique et militante de Pierrefort. Nous avons vu à l'article des Comptes de ST-Flour, qu'un envoyé de Pierrefort porta dans cette ville une lettre donnant avis que les Anglais chevauchaient dans ses environs (art. S), et que le 20 juillet, doux hommes de Pierrefort apprirent que les Anglais avaient chevauché de nuit (art. 8); enfin, qu'un autre messager venait dire que les Anglais chevauchaient (art. 10).

Le 15 juillet 1586, une lettre de Pierrefort apprit que Ramonet, anglais, avait réuni des gens d'armes (art. 70).

Le 23 mai 1387, Champagnac donne avis que les Anglais sont rassemblés hors Pierrefort. ,

Le 28, le capitaine de Pierrefort avertit que tous les Anglais de Ramonet sont rassemblés.

Le 5 juin 1388, Pierrefort avail été désigné comme point de réunion pour entrer en accommodement avec les Anglais. Ceux-ci refusèrent de s'y rendre. Le balif a mandé aux consuls do St-Flour de convoquer tout le pays à la journée de Pierrefort, au sujet des trêves (art. 93, 102, 116, 117, 118).

Le 2 avril 1413, M. de Pardiac manda venir promptement les compagnons de plusieurs villes pour chasser les gens d'armes qui étaient dans le pays. Les compagnons de Pierrefort furent convoqués (art. 259).

C'est tout ce que nous avons pu trouver sur cette époque désastreuse. Nous devons en conclure que la force de son château, la solidité de son enceinte préservèrent cette ville des désastres de l'invasion anglaise, et nous y voyons encore qu'il y avait un capitaine.

Le château de Pierrefort, lors des guerres civiles de la Ligue, servit de magasin aux approvisionnements pour l'armée du roi. « Le comte d'Apcher, dit M. Imberdis, avait établi un magasin à Pierrefort pour l'entretien des soldats qui l'avaient suivi du Languedoc. « Le sieur de Lastic de Sieujac, dit l'abbé Teillard, seigneur riche et commode, fournit aux vivres et fourniture des magasins qu'on avait établis à Pierrefort. C'était une amorce pour les pillards. Les ligueurs ayant cherché à s'en emparer, en 1592, en furent empêchés par le sieur de Meisseilhac et furent obligés de se retirer, et pillèrent alors le pays sous les ordres du capitaine GritToul. »

Heureuse donc la cité de nos montagnes qui, à ces deux époques de troubles et de dévastations, dut a sa position inabordable, à la bonté de ses murailles et à l'énergie de ses défenseurs, d'être préservée de l'envahissement et de ses sinistres conséquences! Là aussi le lion de la cité vainquit le léopard. Libre et sans tache, elle resta vierge de l'occupation étrangère.

« Pierrefort, dit M. Bouille dans le Nobiliaire d'Auvergne, appartenait à des seigneurs ayant la même origine que les barons de Peyre, en Gévaudan. o

L'existence de cette maison se trouve parfaitement constatée, en 1207, par la pétition adressée par Marc de Pierrefort au roi Philippe-Auguste. Cette seigneurie paraît avoir appartenu plus anciennement à Astorg Curiole et à Bernard Jurquet.

Guillaume de Peyre , seigneur et baron de Pierrefort, vivait en 1250. Il est rappelé avec Souboyrane (Souveraine), sa femme, dans les actes concernant Guibert, leur fils.

Guibert ou Gilhert de Pierrefort était majeur de vingt ans lorsqu'il fit un échange, en 1256, avec Daim as de Néchers, prieur de St-Flour. Il rendit hommage au prieur pour les châteaux de Pierrefort, du Chaylar, de Neyrebrousse, qui en dépendaient. Le prieur pouvait y coucher avec deux de ses religieux.

Guillaume II, baron de Pierrefort, assista à l'hommage que le vicomte d'Estaing rendit, en 1289, à Henri II, comte de Rodez. Soubeyrane, sa fille, épousa en 1299 Bompar, seigneur de Lastic.

Bertrand, baron de Pierrefort, épousa l'héritière de la baronnie de Ganges, en Languedoc, dernier rejeton de cette branche do Peyre.

Raymond de Peyre, baron do Pierrefort et de Ganges, fit, en 1339, hommage à l'évêque de Clermont pour le fief du Meynial, que tenait Guillaume de Brezons, et celui d'Ucbafol, appartenant à Marie de Brezons.

Jean II, baron de Pierrefort, de Ganges, etc., eut de Françoise Chalençon un fils, mort sans enfants, et une fille, Anne de Peyre, héritière de sa maison, mariée le 25 novembre 1508 à Pierre d'Hérail, seigneur de Buzarinque. Leur fils, René d'Hérail, baron de Pierrefort, épousa, en 1543 , demoiselle Jeanne de la Roue, héritière de sa maison. Leur postérité s'est éteinte en la personne de Marthe-Gabriel d'Hérail de la Roue-Pierrefort, mariée en 1670 avec le marquis de Rivarol. Les descendants de ce dernier étaient encore barons de Pierrefort et de la Roue en 1789.

Après la constitution de l'apanage du prince de Monaco, en 1641, le baron de Pierrefort prétendit être seigneur dominant de la châtellenie de Turlande, et fit assigner ce prince pour lui en rendre hommage. L'affaire fut portée au parlement de Paris, et, comme toutes les châtellenies de la vicomté de Carlat avaient été données par le roi au prince, liges, comme relevant uniquement de Sa Majesté et de la couronne, M. le procureur général prit en mains cette affaire, et le baron de Pierrefort fut débouté.

Bien plus, il fut jugé que le baron devait à Turlande et à Vigouroux, pour des cens et rentes qu'il possédait dans ces châtellenies, sur la rive droite de la rivière de Brezons,du côté de St-Martin, les mêmes droits qu'il réclamait sur elles; car, lorsque le roi François 1er eut uni au domaine de la couronne les vicomtés de Carlat et de Murat, en 1538 et 1539, il se fit rendre hommage par les vassaux de ces vicomtés, et, en cette qualité, le seigneur de Pierrefort dut le lui rendre pour ce qu'il possédait dans Turlande et Vigouroux.

On lit dans Sistrières: « Joseph, marquis de Rivarol, baron de Pierrefort, tient en fief plusieurs renies dépendantes des mandements de Turlande et de Vigouroux , suivant les hommages qu'en a rendus noble René de Peyre , seigneur de Pierrefort, le 11 août 1539, et récemment, en 1668.

Le château et la plus grande partie de la terre de Pierrefort dépendent en fief du seigneur évêque de St-Flour. »

Nous n'avons pas retrouvé l'époque à laquelle remonte la destruction du château de Pierrefort. Il est probable qu'à son égard il ne fut donné aucun ordre de rasement. N'étant plus habité, il est tombé en ruines faute d'entretien, et l'enlèvement des pierres de taille assez rares dans le pays y aura puissamment contribué.

Retournons en arrière, revenons on 1607; rappelons les souvenirs d'un drame passé dans ce château, dans lequel Jeanne de la Roue et Guillemine de Fontanges, sa fille, vont figurer au premier rang.

Nous avons dit à l'article Neyrebrousse, commune de Cézens, que Pètre-Jean de Fontanges avait été enfermé quelques jours dans ce château. Voici les détails de cette affaire, qui occupa fort ce pays dans ce temps:

Le 19 juillet 1607, le sieur de la Volpilière, épris des charmes de Mlle de Fontanges, ne pouvant obtenir le consentement du père, se mit à la tête de quelques hommes armés pour exécuter un enlèvement concerté avec la mère de la jeune personne. Pour arriver à ses fins, il dut d'abord se saisir du château de Pierrefort, où résidait M. de Fontanges, et il fut l'enfermer au château de Neyrebrousse, ou il le fit garder très-sévèrement. Il se rendit ensuite à Drugeac, où étaient la dame de Fontanges et sa fille, et, les enlevant toutes les deux dans un moment où elles étaient sorties du château, il les conduisit et déposa dans celui de Pierrefort.

Lorsque cet événement fut connu du public, l'indignation fut grande. Les sieurs do Beauclair, de la Voûte, de la Salle et les autres parents en donnèrent connaissance au sieur Lacarrière, prévôt d'Aurillac, qui se mit immédiatement en mesure de réprimer ces attentats. Lacarrière se transporta avec le procureur du roi devant le château de Pierrefort, et fit sommer à son de trompe le sieur de la Volpilière et la dame de Fontanges d'ouvrir les portes et de remettre en liberté Mlle de Fontanges, ce qui fut rejeté même avec menaces.

On fit alors défense à tous les curés et ecclésiastiques du pays de procéder à l'accomplissement du mariage projeté. Le sieur de Fontanges, qui n'avait été détenu au château de Neyrebrousse que pour que l'enlèvement fût plus facile, reçut la liberté; arrivé à Cropières, il porta sa plainte contre ces violences. Les parents,, suivis des gens du roi, se présentèrent de nouveau à Pierrefort. Même sommation, même refus. Alors on procéda au blocus du château. Le sieur du Rochain partit pour Paris afin d'avertir le roi et son chancelier Sully de ce qui se passait. Le roi donna l'ordre de réunir 300 hommes pour attaquer la place. Le siège dura jusqu'au 10 août; mais alors les assiégeants ayant été prévenus qu'un rassemblement s'organisait à Vigouroux pour délivrer la place, le comte d'Ayen, marquis de Noailles , et le prévôt s'y rendirent en toute hâte; ils joignirent l'attroupement au village du Bousquet, le mirent en déroute et firent prisonniers le sieur de Cabrières du Rouergue et plusieurs autres. En revenant à Pierrefort, la petite armée apprit que le sieur de la Volpilière s'était évadé, ainsi que ses compagnons; que les capitaines Madazou et l'Escure avaient été tués à la sortie, et le capitaine de Turlande fait prisonnier.

La dame de Fontanges et sa fille ayant été trouvées dans le château, furent arrêtées; on les conduisit à Aurillac. Mlle de Fontanges fut confiée à Mme de Roquelaure , femme du duc d'Ayen, et un rapport adressé au roi par le prévôt Lacarrière.

Le prévôt général, par ordre du roi, se rendit sur les lieux, fit quelques prisonniers à la Volpilière parmi les gens qui avaient pratiqué dans l'affaire de Pierrefort. Le capitaine de Turlande et quelques autres furent, le 7 septembre, pendus à Aurillac ; un procès par contumace fut intenté aux sieurs de la Volpilière, de Nozerolles, de Rochebrune, de la Roque, de la Chapelle-Laurent, qui avaient eu la prudence de ne pas se laisser arrêter. Le roi fit alors suspendre les poursuites, nomma le sieur Mérand maître des requêtes à Riom pour diriger l'instruction. La dame de Fontanges entra à la conciergerie du palais avec les complices arrêtés.

Le jugement fut rendu en 1608. Jeanne de la Roue, dame de Fontanges, fut condamnée à passer deux ans dans un couvent en habits séculiers, et au cas où elle survivrait à son mari, à rester dans ce couvent le reste de ses jours. Sa dot fut donnée au Sr de Fontanges, à titre d'indemnité, moins une réserve de 800 livres. Le Sr de la Voipilière, en 1614 et 1615, tenta de nouveaux enlèvements, mais sans succès, entre autres lors du départ de Mlle de Fontanges pour St-Juéry. Mais le prévôt et son père l'escortaient; il ne réussit pas dans un second enlèvement.

La ville de Pierrefort est le siége d'une justice de paix, d'un bureau d'enregistrement, d'un bureau de poste, la résidence d'employés des contributions indirectes et d'une brigade de gendarmerie à pied commandée par un maréchal-des-logis. L'école des jeunes garçons est sous la direction des Frères des écoles chrétiennes

Il y a un marché tous les mercredis. Les foires ont lieu les 5 janvier, 29 mai, 16 juin, 16 juillet, 24 août, 30 novembre et le mercredi après Pâques.!

Cette ville est traversée par la route de grande communication de St-FIour au Mur-de-Barrès.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

I° Aizergues, village.

Assac, village au nord du chef-lieu, adossé à un pic très-élevé.

Boussac, village. Jean Laveissière l'habitait en 1504 et en vendit les rentes au Sr de Greil. Il y a une chapelle à Boussac.

Cayrelle (la), hameau.

Chassagne (la), hameau.

Colombier, village dans la plaine, au sud.

Facerolles, village près et au sud du bourg.

Fayet (le), hameau.

Fontio (la), hameau et château. Jean de Berthomier en était seigneur en 1543. Sa petite-fille, Françoise, épousa, en 1607, Annet de Lastic, et lui porta la seigneurie de la Fontio, qui passa ensuite dans la branche des Lastic de l'Escure. Guillaume de Lastic, auteur de cette branche, habitait son château. Sa veuve y restait en 1735, et Balthazar de la Volpilière en 1764. Chantal en était coseigneur en 1789.

10° Grenier, village sur la rivière de Brezons.
11° Intiniergues, village en ruines.
12° Mamonet (le), hameau.
13° Meynial (le), village avec un château qui relevait de Pierrefort. Jean Cat en était seigneur en 1617. Dans les temps récents il avait été acheté par le major Champagnac.

14° Monteil (Ie), village.

15° Nozeyrolle; village sur le Vezoux.
16° Perrier(le), hameau.
17° Rochemon, hameau.
18° Rochette (la), village.
19° Rouchès, hameau.
20° Soudard, hameau avec un château moderne qui appartient à un habitant de Pierrefort.

21°- Trénal, hameau.

Les terres cultivées sont d'un assez bon produit et de nature volcanique. Les vacheries très élevées produisent de très-bons fromages qui 9ont vendus à St-Flour. Les moutons engraissés dans ses bruyères sont petits, mais d'un excellent goût.

Pierrefort était de droit écrit avec appel à St-Flour.

Pierrefort a donné naissance à Louis Bru, avocat au parlement sous Louis XIV, bailli et consul de Pierrefort, auteur d'une histoire de France inédite, en deux, volumes, possédée par sa famille.

 

P. DE GHAZELLES.

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