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Planèze.

 — La Planèze (connue des anciens sous le nom de Planitia), est une plaine élevée, dénuée d'arbres, à l'exception de l'entourage des habitations. Elle est ainsi appelée parce qu'elle est formée d'un vaste plateau dont le sous-sol est basaltique, et cette roche se laisse apercevoir en pièces hexagones ou pentagones, appelées communément pavés des géants. Cette plaine peut avoir quatre lieues de long sur cinq de large. Elle est divisée en Haute et Basse-Planèze.

La Haute-Planèze comprend les communes à l'ouest de St-Flour. Elle est adossée au Plomb-du-Cantal. Sa ligne de démarcation est la route impériale de St-Flour à Murat. Elle s'étend entre cette joute et la vallée de la Truyère; c'est la moins productive.

La Basse ou Petite-Planèze est la partie la plus productive. Elle commence au-dessus de la vallée de l'Andes ou Arder, et l'on y entre, d'une part, après la cote de Roffiac, au village de Mons, jadis célèbre par la rencontre des Anglais du Sailhans et des habitants de St-Flour; de l'autre, au village des Ternes jusqu'à celui de Cordesse.

Comme elle est, dans son ensemble, très-productive en seigle, pois et autres céréales, on lui a donné le nom de Grenier de la Haute-Auvergne.

Cette partie des montagnes a jadis brûlé tout entière; de Murat jusqu'à St-Flour tout le pays a été volcanisé. Une partie de ce pays est remarquable en ce que les cimes de ses monticules, soit par l'effet de leur volcanisation, soit par une configuration particulière, ont, dans un grand espace, une même hauteur. La lave qui couvrit cette contrée y forma son plateau, et de leur horizontalité a résulté cette plaine qui a reçu son nom de sa surface plane.

La Planèze est un pays très-froid et battu par tous les vents; elle est assez peuplée, quoique les villages y soient, chacun séparément, peu considérables. Son territoire consiste principalement en terres labourées et en pacages. La prairie artificielle n'y a pas été introduite; aussi elle manque du fourrage nécessaire à la nourriture de la quantité de bestiaux que nécessiterait pour ses engrais la récolte abondante de ses pailles. Les pacages étaient consacrés à l'élève des chevaux; les mulets, dont la Haute-Auvergne fait un commerce important, l'emportent aujourd'hui sur eux. Ce trafic, qui était considérable surtout avec le Poitou et ensuite avec l'Espagne, est très-diminué.

Quant aux terres consacrées au labourage, elles nourrissent les contrées d'alentour. Néanmoins, cette petite Egypte n'est pas toujours également fertile. On doit faire les semailles au commencement de septembre, afin que le seigle ayant pris une certaine force avant les gelées, puisse résister au froid. Mais si l'automne et l'hiver sont pluvieux, si l'amoncellement des neiges, utile pendant l'hiver pour empêcher le soulèvement des terres, se prolonge trop longtemps dans le printemps, la racine du grain pourrit, parce que les eaux ont peu d'écoulement et le sol peu de profondeur ; pour que la récolte vienne à bien, il faut que le terrain soit médiocrement humide et le grain défendu des gelées.

-Nous avons dit que la terre était nue et que l'on ne voit d'arbres nulle part, excepté autour des villages. On croit cependant que cette contrée a jadis été complètement boisée. En hiver, ce défaut de bois devient un vrai malheur. Pour se garantir du froid, l'habitant vit dans son étable, au milieu de ses bestiaux. Ceux qui veulent se procurer du combustible, doivent l'aller chercher dans le Lioran ou dans les bosquets de la vallée de l'Allagnon. Une grande paMje des habitants n'emploient pour combustible que de la tourbe que l'on troure dans les voisinages de Tanavelle, Valuéjols, Ussel, etc. Mais s'ils veulent cuire leur pain et préparer leurs aliments, la grande majorité doit brûler la paille de ses grains, inconvénient majeur pour l'agriculture de ces contrées, parce qu'on y perd des fumiers qui accroîtraient encore l'abondance des moissons.

« Comme Gaulois, dit Legrand (d'Aussy), les Auvergnats étaient blonds, sans doute Aujourd'hui cependant leur couleur a changé et leurs cheveux sont très noirs. Je ne connais que deux ou trois cantons, et particulièrement celui de la Planèze, où se soit conservée la race blonde; encore ces blonds ne sont, à proprement parler, que des châtains, et, par conséquent, quoique l'espèce y soit moins décolorée qu'ailleurs, on n'en doit pas moins assurer qu'elle s'est aussi altérée. »

Avec ses céréales, ses chevaux et ses mulets, la Planèze n'en est pas moins un pays malheureux. Les profits des récoltes et du commerce y suffisent à peine pour payer les impositions, et l'habitant, obligé de s'expatrier, part dès que ses terres sont ensemencées pour ne revenir que lorsque les récoltes sont mûres.

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