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Paulhenc. — La commune de Paulhenc dépend du canton de Pierrefort et de l'arrondissement de St-Flour. Sa forme est celle d'un ovale allongé de l'est à l'ouest. Ses confins sont, au nord, Pierrefort; au sud, la rivière de Truyère, qui la sépare du département de l'Aveyron; à l'est, le ruisseau de Chantai, qui la sépare de la commune de Ste-Marie; à l'ouest, la rivière de Brezons, qui se trouve entre elle et le département de l'Aveyron, et enfin la commune de Saint-Martin-sous-Vigouroux.
L'étendue de sa surface est de 2,500 hectares, dont 850 h. en terres cultivées; 900 h. en prairies et pâtures, dont une partie est en vacherie, et 400 h. en bois taillis, parmi lesquels se trouvent quelques sapins.
Elle est arrosée par les rivières de Truyère, de Brezons; les ruisseaux de Tournon, de Chantai, de Vezou, de Théron, etc.
Sa population est de 1,018 habitants, répartis dans 14 villages, 14 hameaux et 209 maisons.
Paulhenc, le chef-lieu, à 4 kil. de Pierrefort et à 2 myr. 9 kil. de St-Flour, est situé sur une plaine qui se prolonge jusqu'à Pierrefort, et se termine au sud par des ravins profonds qui vont jusqu'à la Truyère. C'est un gros bourg où l'on voit quelques jolies maisons de construction récente.
L'église est sous l'invocation de saint Saturnin. Elle avait autrefois le titre de prieuré; il était assez riche. Noble Annet de Fontanges, seigneur de Puech-Mourier, fut nommé, en 1545, prieur de Paulhenc. Dans son testament, il fit des legs considérables à son église, et surtout au collège de St-Flour. Jean Pallat en était prieur en 1610 : Jean-Gabriel Mathieu, en 1735 ; Guillaume La Vernède en était curé en 1755.
François de La Volpilière prenait le titre de seigneur de Paulhenc en 1694. La famille d'Esparvier vint ensuite et conserva cette seigneurie jusqu'en 1789. Les villages et hameaux de cette commune sont:
1° Ballut (le), village sur la plaine.
2° Banou (le), hameau.
3° Bessaires (les), village près du ruisseau de Vezou.
4° Bonnets (les), hameau.
5° Borie (la), hameau.
6° Chambon (le), hameau.
7° Champagnac, hameau.
8° Chantal, hameau, avec un petit château habité, en 1728, par N. Antoine de Séguy, seigneur de Nozières, Chantal, la Chaumette. Antoine de Layre, seigneur de Longuebrousse, avait possédé Chantal en 1671.
9° Chantal, village près de Théron et sur le ruisseau de ce nom.
10° Chaumette (la), village.
11° Colcoussou, village dont était seigneur N. Jean Jacques en 1539, et N. de Séguy en 1789.
12° Cros (le), hameau.
13° Encastel, hameau où se trouvait jadis un petit château ou maison forte qui appartenait, en 1468, à N. Guillaume de la Vaissière.
14° Encoupiac, hameau.
15° Envidal, hameau
16° Estresse, village sur le ruisseau de Théron. Son château appartenait, en 1708, à François d'Esparvier, écuyer, seigneur de Loudières. Son fils Charles épousa, en 1728, Jeanne de Sistrières, qui lui porta en dot le château et la terre de la Douloux.
17° Fontanes, hameau près du bourg. On y trouve une fontaine minérale dont les eaux, dans la contrée, sont aussi renommées que celles de Ste-Marie.
18° Garde (la), gros village dans la plaine, près d'Estresse.
19° Grangeou (le), village qui, en 1666, était à N. François de Brezons de Neyrebrousse.
20° Ermitage (l’), hameau. L'origine de son nom provient probablement de quelque saint ermite dont la légende est oubliée, et qui avait fixé sa résidence dans les gorges rocheuses et profondes de la Truyère.
21° Martel (le), hameau.
22° Meynial (le), village.
23° Moulinges (les), village sur la rivière de Brezons On y voit une jolie habitation.
24° Pommarède (la), hameau.
25° Roux (le), village.
26° Théron (le), village à l'est du bourg, à mi-coteau d'un petit vallon.
27° Turlande, village avec une seigneurie très-ancienne. Son château passait pour une des places les plus fortes de ces contrées; il était situé sur une éminence au pied de laquelle coule la rivière de Truyère, entouré d'une double enceinte et de forêts épaisses. Comme ce château était sur la limite de la province du Rouergue, il avait été fortifié avec soin. On le réputait imprenable; et, à l'époque de la guerre avec les Anglais, on le considérait comme la clé de la France du côté de la Guienne. Néanmoins, ce château fut enlevé par surprise, par les Anglais, qui s'étaient emparés de Brioude en 1362. Sur la prière de Guillaume et de Pons de Cardaillac, vicomtes de Murat, qui voulaient se venger de leurs puinés, ils vinrent ravager cette seigneurie, et l'entrée dans le château leur fut favorisée par eux ; il resta en leur possession jusqu'en 1387, où les Etats d'Auvergne délibérèrent de composer avec les bandes de pillards moyennant une certaine somme. Le comte d'Armagnac, à la prière des principaux chefs du pays, se transporta en Auvergne, et Turlande fut compris dans le nombre des places que les chefs anglais rendirent moyennant 50,000 livres que les Etats avaient votées a cet effet.
Turlande fut encore compris dans la vente faite, en 1444, de plusieurs châteaux de la vicomte de Murat, par Raynaud II, pour le prix de 4,600 écus d'or. Cette vente avait été passée avec la médiation de Martin Gouges, évêque de Clermont, et de Guillaume de Montmorin , évêque d'Agdes; mais , comme les droits de Pierre et de Dauphine de Murat, frère et sœur de Raynaud, n'avaient pas été compris dans cette vente après la mort de ce vicomte, elle fut attaquée par les enfants de Dauphine. Le comte d'Armagnac dut en venir, le 8 juin 1468, à un nouvel accommodement, et Turlande lui fut définitivement acquis. Ainsi, Turlande, qui avait été acheté par Raynaud Ier, ne resta qu'une génération dans sa famille; il devint un mandement de la vicomté de Murat, dont il ne dépendait pas auparavant. Le comte d'Armagnac le vendit en arrière-fief à N. de Laroche-Dragon, et sa fille le porta en dot, en 1493, à Jean d'Hauteroche.
Le duc Pierre de Bourbon, devenu vicomte de Carlat et de Murat, fut seigneur de Turlande, ainsi que ses descendants. Cette seigneurie suivit les phases de la vicomté jusqu'en 1643, où elle fut comprise dans l'apanage du prince de Monaco.
Le château de Turlande avait été démoli, suivant M. de Sistrières, pendant les guerres civiles. Probablement il avait été seulement démantelé; car M. Déribier dit que lorsque le sieur Pot Loudes fut nommé capitaine par le prince de Monaco, il le trouva en ruines, inhabitable, et ne put en prendre possession.
Près de l'emplacement du château se trouvait une chapelle fort vénérée des habitants du pays, sous l'invocation de la sainte Trinité et de la sainte Vierge. Cette dévotion était fort ancienne. Parmi les reliques qu'elle possédait, on y trouvait du bois de la vraie Croix, des reliques de saint Pierre et de saint André , des cheveux de sainte Madeleine, une parcelle d'une robe de Notre-Dame, un fragment d'une pierre sur laquelle Marie se reposa dans sa fuite en Egypte, du linge de l'Enfant-Jésus, un os de sainte Madeleine, de saint Fériol, de saint Blaise, du saint Georges et de saint Maximin, le tout enfermé dans un grand reliquaire ayant les armes de la maison de Bourbon , ainsi qu'il était écrit dans un cahier écrit en lettres gothiques.
On lil dans Audigier : « Turlande dépend de Paulhenc; son église de saint Saturnin était la paroisse du château, spécialement la chapelle de Saint-Blaise. Il y avait un prieur, un vicaire perpétuel et une communauté de prêtres, comme dans toutes les châtellenies de la vicomte de Murat. Il y avait une fondation de deux messes par semaine, faite par les anciens seigneurs sur le motif qu'elle était la paroisse du château. » Le chapelain du château de Turlande avait un revenu de 20 septiers de blé et de 10 livres en argent, à prendre sur le fermier de la châtellenie.
Le baron de Pierrefort, vers 1700, prétendit être seigneur dominant de cette châtellenie, et fit assigner M. le prince de Monaco pour lui en rendre hommage. L'affaire fut portée au parlement de Paris, et, comme toutes les seigneuries furent données au prince par le roi, liges , comme relevant uniquement de Sa Majesté, le procureur général intervint. Le baron de Pierrefort fut reconnu comme le devant lui-même pour les rentes qu'il possédait dans Turlande et Vigouroux, attendu que le roi François I»r, en réunissant ces deux châtellenies à la couronne, s'était fait rendre, en 1558 et 1539, l'hommage par les vassaux ile Carlat et de Murat.
Les paroisses qui dépendaient de Turlande étaient celles de Paulhenc et de Ste-Marie.
Le juge de Murat était juge de cette châtellenie et de celle de Vigouroux. C'était la résidence de l'un de ses lieutenants, qui exerçait la justice pour les deux. Le juge de Murat s'y rendait de temps en, temps; il siégeait à Paulhenc, pour Turlande, et à Narnhac, pour Vigouroux. Les appellations ressortissaient de Vie.
Il a existé une très-ancienne famille portant le nom de Turlande. Le plus .anciennement connu de nous est Giraud de Turlande, chevalier, qui participa au don fait de l'église de St-Georges, en 1110, à Durand , abbé de la Chaise-Dieu. Pierre de Turlande donna, avec ses frères, l'église de Tiviers au monastère de St-Flour. Guillaume de Turlande était chanoine de Brioude en 1256. Etienne de Turlande, abbé de Bonneval en 1284. Pierre II fut présent aux assises tenues à Bredon, en 1329. Pierre III n'ayant pas eu d'enfants, vendit la terre de Turlande à Reynaud Ier, vicomte de Murat, en 1391. Nous avons donné les transmissions successives de cette seigneurie.
Turlande fut soumis au niveau des nouvelles institutions. Sa constitution féodale fut supprimée en 1789.
Les terres de la commune de Paulhenc, quoique froides, sont d'un assez bon produit; elles sont en plaine, sur un fonds volcanique.
Cette commune fut comprise pour une somme de 2,200 livres dans la taille de la collecte de l'élection de St-Flour, pour l'année 1696.
Nous avons reçu de M. Bru la note suivante:
« Peux-Bérail, proche et à 100 mètres environ de Paulhenc, était le siége d'une juridiction seigneuriale. Il a existé une famille de ce nom.
En 1015, Jean Bru, consul de Pierrefort, était lieutenant de Peux-Bérail, au siége et mandement de Turlande. Le château de Peux-Bérail, dont on voyait encore les ruines à la fin du siècle dernier, n'existe plus. Il ne reste de ce château qu'une seule pierre digne de fixer l'attention au point de vue de l'histoire et de l'archéologie. On y remarque une inscription gravée en caractères gothiques, des fleurs de lys sculptées, ainsi que divers autres ornements. Elle fut achetée au prix de 55 livres par un sieur Bromet, de Paulhenc. On la voit aujourd'hui enchâssée dans le mur de façade de sa maison, qui a été bâtie sur l'emplacement de l'ancien manoir seigneurial. »