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  La commune de Oradour aujourd'hui

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Oradour.

 

— Celte commune dépend du canton de Pierrefort et de l'arrondissement de St-Flour Elle est bornée au nord par celle de Cezens; an sud, par Ste-Marie, et la Truyère qui la sépare de celle de l'Espinasse; à l'est, par les communes de Cussac et de Neuvéglise, ayant entre elles la rivière d'Epie; à l'ouest, par celles de Gourdièges et de Ste-Marie. La surface de son territoire est de 5,400 hectares, dont 1,500 h. en terres cultivées; 1,000 h. en prés et pacages; 300 h. en bois de toute nature, et 400 h. en terres vaines et bruyères.

Elle est arrosée par la rivière de Truyère, qui coule de l'est à l'ouest; la rivière d'Epie, qui coule du nord-ouest au sud-est; le ruisseau de Cezens, qui va de l'est à l'ouest; le ruisseau de Rueyre, qui se dirige sur l'est; le ruisseau de Pierrefiche, qui, dans son parcours du nord-ouest au sud-est, reçoit ceux de Bennes et de Recoulès, et se jette dans la Truyère en formant une belle cascade près des ruines du château de Malbec ; le ruisseau de la Prade, allant du nord au midi; le ruisseau de Roubanille, qui, se dirigeant vers l'est, se jette dans l'Epie par une jolie cascade.

Sa population est de 1,057 habitants, répartis dans 16 villages, 7 hameaux et 259 maisons.

Oradour, de oratorio, nom qui dérive d'un oratoire qui aurait été érigé dès les premiers temps de l'introduction du christianisme en Auvergne, en l'honneur de St-Etienne, est à 8 kil. de Pierrefort et à 1 myr. 9 kil. de St-Flour. C'est un bourg considérable et bien bâti, situé entre deux petits ruisseaux, à l’est de Pierrefort.

L'église actuelle est sous l'invocation de saint Etienne et de saint Loup. Dans une de ses parties, elle est d'architecture romane du X° ou du XI° siècle. Le chœur jadis était surmonté d'un dême qui fut remplacé, suivant la tradition, au XIV° siècle, par un chœur de style gothique. Le clocher est dans une tour carrée, surmontée d'une flèche élevée et de forme octogone. L'escalier, pour y monter, est dans une tour ronde qui repose sur une des chapelles de la façade sud. Il parait que lors des guerres de religion, cette église fut fortifiée, et l'on voit encore les traces des meurtrières dont on se servait pour sa défense. L'évêque de St-Flour était prieur de cette église et entretenait le curé et le vicaire. Jacques Champagnac en fut curé en 1670; Roux, en 1789. Dans le cimetière on trouve quelques débris de colonnes portant des inscriptions qui n'ont pas été expliquées.

Ce lieu, dit Audigier, qui n'est pas loin de Pierrefort, est nommé dans les litres du pays : Oralorium. Ce nom lui a été donné à cause de son ancienne église de St-Etienne, desservie par des chanoines d'un petit chapitre collégial. La maison d'Apchon en possédait l'hommage avec l'église. La maison d'Oradour avait les autres droits seigneuriaux avec le domaine utile, ainsi qu'une portion de la ville de Chaudesaigues Ce lieu a passé de cette maison dans celle de Jonchères.

La maison d'Oradour (Jurquet) a peu d'égale en France, s'il est vrai qu'elle descende de Carlat et de Toulouse. Hugues de Toulouse, qui vivait en 950, seigneur de la Garde, fut la souche de la maison d'Oradour. Bernard de Toulouse était seigneur d'Auzers, de Ste-Marie, de la Vidalenche et d'Oradour. Celui-ci, avec ses frères Dieudonné, Astorg-Etienne et sa sœur Guillemette, acquit d'Amblard, comptour d'Apchon, en l'an 1010, l'autre moitié des droits de l'église d'Oradour, pour en faire don à l'église de St-Flour. Amblard eut pour sa part 1,000 sols; Etienne, une mule, et Astorg, 100 sols. Ils échangèrent la moitié de cette église avec Simon, prieur de St-Flour; ils retinrent, pour le prix, le mas de Pierre-Froide (petra frigida), que l'on croit être Pierrefite. Foulques de Bapaume et Astorg de Brezons furent témoins de cet acte.

Jacques d'Oradour, conjointement avec son père et ses neveux, fit don, en 1055, au monastère de St-Flour, de la moitié de l'église de Chaudesaigues. Il lui donna aussi sa terre de Ste-Marie. Le monastère l'échangea par la suite avec Gilbert de Pierrefort, d'où vient que Ste-Marie était dans les bornes de Pierrefort.

Nous avons vu que Béraud d'Oradour avec ses frères Armand, Bernard, Etienne, Giraud, Guillaume et Pierre voulurent ôter au monastère de St-Flour la portion de l'église de St-Martin-de-Chaudesaigues, dont lui avait fait don Jacques, leur aïeul, et que le pape Urbain II dut intervenir. (Voir la suite de cette affaire à l'article Chaudesaigues.

L'évêque de Clermont fit don, en 1131, de l'église d'Oradour au monastère de Sauxillanges, avec quelques réserves en faveur de celui de St-Flour. Un chapitre de . chanoines fut érigé à Oradour, en 1417, par Bertrand de Cadérina, évêque de St-Flour, et confirmé, en 1429, par Jacques Le Loup, son successeur, qui lui donna le même rang qu'à celui de St-Flour. Composé d'abord de neuf chanoines, il fut réduit à cinq en 1625. Avant l'érection de ce chapitre, il avait existé une communauté de prêtres qui avaient une part dans les dîmes et exerçaient les fonctions paroissiales. Cette communauté obtint du roi Charles VI, en 1387, des lettres pour la maintenir dans ces droits, malgré l'opposition de l'évêque.

Raymond d'Oradour vivait en 1284; Pierre d'Oradour, chevalier, en 1330; Urbain d'Oradour, chambellan du roi et son maître d'hôtel, en 1381 et 1415; Jacques d'Oradour fut écuyer tranchant du roi Charles IX, sénéchal de Clermont et gentilhomme ordinaire de Catherine de Médicis. Il avait été lieutenant de la compagnie d'hommes d'armes de Louis de Lastic, grand prieur d'Auvergne. Son fils, Jacques d'Oradour, était maître d'hôtel de Marguerite de Valois, sénéchal de Clermont ; il fut tué à la bataille d'Issoire, en 1590. Il avait épousé Claudine de Sarlan, qui lui porta cette seigneurie, et il forma ainsi la branche d'Oradour, fixée en Limagne, et qui s'est éteinte depuis peu d'années.

Louis-Timoléon d'Oradour, son héritier, vendit la terre d'Oradour à la famille de Jonchères de Belvezeix, vers 1600, et elle resta dans cette famille pendant quatre générations.

En 1633, le Sr d'Oradour de Sarlan mit opposition au rasement et démolition du château de Buron, entre Coudes et Vic-le-Comte, comme étant une propriété à lui appartenant et ayant été donnée, en 1559, a Antoine de Sarlan, prieur du chef-lieu, par la reine Catherine de Médicis, comtesse d'Auvergne, du consentement du roi Charles IX.

Christophe, seigneur de Jonchères et d'Oradour, donna cette dernière terre à N. Bonfils, bourgeois de St-Flour, comme dot de N. de Belvezeix, sa femme, laquelle la transmit par testament à sa nièce, N. Buirette, mariée au sieur Bellamv. Charles-Louis, seigneur d'Oradour en 1754, l'était aussi de Lodières. Il avait épousé Marie-Vctoire Buirette, dame d'Oradour, qui habitait Brioude.

Oradour relevait en fief de la baronnie de Pierrefort; néanmoins, Urbain, seigneur d'Oradour, en rendit foi et hommage à Marie de Berry, duchesse d'Auvergne, le 1o juin 1115, ce qui décida probablement du ressort entre Riom et St-Flour.

Les villages et hameaux de la commune d'Oradour sont:

Benès, hameau. Il y existait anciennement un château dont on voit encore quelques ruines. Il avait, dit-on, appartenu aux templiers, après la suppression de l'ordre, en 1313. Le seigneur de Pierrefort en fit l'acquisition. Il avait dépendu de Sainte-Marie.

Bonnestrade, village près le ruisseau de Recoulès, remarquable par les masses bizarres de ses rochers volcaniques.

Chabannes, hameau près du bourg. Sa petite seigneurie appartenait à François Gauthier, juge de Valence, près de Peyrusse. Son fils Jacques servit avec distinction.

Chaumette (la), village près d'Oradour. Il avait donné son nom à une famille marquante.

Espinchal, hameau appartenant, en 1666, à Guillaume de Seguy.

Fraissinet, gros village près de Gourdiéges, agréablement situé et environné de prairies. Il y avait jadis une chapelle, succursale très-ancienne de l'abbaye de Bonneval; le fief de cette seigneurie appartenait aux religieux de cette abbaye. On y voit encore une grange voûtée, avec écurie au-dessous, dans laquelle on renfermait les grains provenant des dîmes perçues par le couvent. La chapelle, rebâtie, est une annexe de la paroisse d'Oradour.

Lieuriac. village sous le puy d'Espinchal. Bonne Gardelle, veuve de N. Gillet, en fit, vers 1499, hommage à l'évêque. Il appartenait, en 1500, à Jean de Lachaumette, seigneur de Lieuriac.

Maisons (les), hameau.

Malafosse, village auprès du ruisseau de Rueyre. II y a une chapelle. Ce village fut un des cinq échangés, en 1020, contre l'église d'Oradour, avec le prieur de St-Flour; il avait été donné à ce monastère par Amblar de Brezons, lors de sa fondation

10° Metze, village sur le ruisseau de la Prade, au pied d'une montagne. 11 avait été compris dans l'échange ci-dessus mentionné.

11° Mont, village sur la rivière d'Epie.

12° Pierre fiche, village sur le ruisseau de ce nom; il s'y trouve aussi une chapelle annexe d'Oradour. Il était au nombre des échangés. Son nom pourrait dériver d'un monument celtique existant en ce lieu. Près du village, on trouve les ruines d'anciennes habitations connues sous le nom de Combret. Quelques vieux titres font présumer que ces maisons avaient été ruinées au xuie siècle, et que ses appartenances avaient été partagées entre les villages voisins.

13° Pont-de-Rochebrune, hameau avec un pont sur la rivière d'Epie.

14° Recoulès, village sur le ruisseau de ce nom.

15° Ribeyre (la), hameau. Au dessous de ce hameau, sur un point où la rivière de la Truyère forme un angle aigu, et à l'embouchure de trois ruisseaux, s'élève an rocher taillé par la main des hommes dans la partie supérieure, afin de l'isoler. Un ne pouvait arriver sur ce point qu'à l'aide d'un pont-levis. La pente de ce rocher est en dos-d'àne jusqu'à la rivière On voit sur son sommet quelques pans de murs, la fondation de quelques bâtiments, le tout recouvert actuellement par des broussailles. Là, sont les ruines du château de Malbec. Il était dominé, à une très-grande hauteur, par un autre rocher sur lequel était construit un fort pour la défense du premier. Pierre d'Oradour en était seigneur en 1503. La famille de Malbec était très-ancienne, et a compté six admissions au chapitre de Brioude, de 1330 à 1555.

16° Rochebrune, hameau et château construit sur un rocher basaltique et restauré à diverses époques. Sa construction parait remonter au xv* siècle; mais une tour qui surmonte les autres bâtiments appartient à une époque plus reculée. Les créneaux ont été démolis en 1795. Des appartements voûtés occupent cinq étages: Cette terre, suivant le Nobiliaire d'Auvergne, a longtemps appartenu à la famille de Latour-St-Vidal, qui la possédait déjà en 1416. Raucon de Latour, seigneur de Rochebrune, marié en 1410, fut sénéchal de la Marche. Pons de Latour fut ambassadeur en Hongrie, en 1519. Il remplit sa mission avec tant du distinction qu'il mérita les éloges des cardinaux d'Est et de Ferrare. André de Latour, fils puîné de Pons, servit longtemps pendant les guerres civiles. Il fut blessé, en 1575, d'une arquebusade. Dans son testament, il fit des dons considérables à l'église d'Oradour. Après sa mort, Rochebrune passa dans la maison de Montvallat. Jeanne de Montvallat, fille unique, en épousant Jean de Molen-laVernède, lui porta cette terre en dot en 1596.

Isaac de Molen n'ayant pas laissé d'enfants, ses sœurs Jeanne et Lucrèce devinrent propriétaires de Rochebrune. Peu après, la famille de Brugier hérita de cette seigneurie. Pierre de Brugier, conseiller du roi, la posséda en 1681. Amable, son fils, lui succéda en 1718. Il était pourvu de la charge de lieutenant général du bailliage, en 1734. Jean-Baptiste de Brugier, seigneur de Rochebrune et coseigneur d'Oradour, périt dans l'émigration avec son fils unique. Le dernier titulaire nominatif fut l'abbé de Rochebrune, qui géra les affaires du diocèse pendant les temps les plus difficiles. Il a été parlé de lui à l'article des évêques de Flour. Rochebrune fut vendu nationalement en 1798.

Le château de Rochebrune fut choisi en 1616, sous Louis XIII, par les rebelles, pour s'organiser contre le roi. Le prévôt La carrière les en débusqua.

17° Roche (la), moulin et hameau.

18° Rodde (la), village.

19° Rueyre, village rapproché de Cezens, avec une chapelle qui, depuis un siècle environ, est une annexe d'Oradour. Il avait existé jadis dans ce lieu une église sous l'invocation de Notre-Dame-de-Rueyre. Elle fut donnée, en 1053, au monastère de St-Flour. Eymeri de Ratier, chevalier, seigneur de Rueyre, fit hommage, en 1352, pour l'affar de Lascols à l'évêque de Clermont.

20° Sanègre, hameau.

21° Serres, hameau où sont les ruines d'un château qui était encore habité au milieu du XVIII° siècle. Gabriel de Murat était seigneur de Serres en 1628. Alexandre l'Huilier-d'Orcières, coseigneur de Rochegonde, seigneur de la Rodde, habitait le château de Serres et y mourut en 1770. Un Guillaume de Chabannes-Curton y résidait aussi vers la même époque. Serres est à la limite du département, sur la rivière d'Epie.

22° Vergne (la), village.

L'église d'Oradour était de la mense épiscopale, et une vicairie perpétuelle à la collation de l'évêque de St-Flour.

Les terres de celte commune, cultivées en céréales, sont d'un bon produit. Les prairies sont en général bien arrosées et d'une bonne qualité.

On pourrait diviser celte commune en deux parties très-distinctes parla nature de son sol. La supérieure repose sur une base volcanique, et l'inférieure sur du schiste et du gneiss. Il est coupé par de nombreux ravins, très-accidenté et sujet à subir les dégâts des orages très-fréquents dans cette partie de montagnes.

Le commerce des moutons y est lucratif. Les ventes s'y font dans quatre foires, tenues le 8 juin, le l°r août, le 28 septembre et le lendemain du dimanche des Rameaux.

Oradour était régi par le droit écrit relevant de St-Flour; le village de Ruyère, qui dépendait de la justice de Rochegonde, était régi par la coutume et relevait de Riom.

Oradour fut impose à 4,500 livres dans la répartition de 1696 de l'élection de St-Flour.

 

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