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MURAT. — Murat est le chef-lieu de l'un des quatre arrondissements du Cantal, et le plus petit de ceux qui forment ce département. Il est borné au nord par le département du Puy-de-Dôme; au sud, par l'arrondissement de St-Flour; à l'est, encore par l'arrondissement de St-Flour, et à l'ouest, par ceux d'Aurillac et de Mauriac. Sa situation est au pied des plus hautes montagnes du Cantal, du Limon, du Cézallier, etc.

L'arrondissement de Murat est divisé en trois cantons seulement, savoir: Allanche, Marcenat et celui qui porte son nom. Ces trois cantons sont subdivisés en 35 communes, 2 villes, 2 bourgs, 343 villages, 184 hameaux, t5,639 maisons; sa superficie est de 77,365 hectares, et sa population de 35,987 habitants. Cet ensemble est réparti ainsi qu'il suit:

Allanche, 12 communes, 1 ville, 111 villages, 42 hameaux, 2,184 maisons; sa superficie est de 23,405 hectares, et sa population de 11,447 habitants.

Marcenat, 8 communes, 2 bourgs, 115 villages, 124 hameaux, 2,023 maisons; sa superficie est de 22,737 hectares, et sa population de 11,080 habitants.

Murat, 15 communes, 1 ville, 110 villages, 71 hameaux, 2,432 maisons; sa superficie est de 31,223 hectares, et sa population de 13,460 habitants.

(Voir le détail à chacun de ces cantons.)

Cet arrondissement est arrosé par les rivières suivantes : l'Allagnon, qui passe près de Murat; la rivière d'Allanche, qui se jette dans l'Allagnon, près du Pont-du-Vernet: ces deux cours d'eau sont tributaires de l'Allier et versent leurs eaux dans l'Océan; la rivière de Rue, qui passe à Cheylade; celle de Rhue, venant de Condat; la Santoire, qui traverse la vallée de Dienne : ces trois dernières vont

se jeter dans la Dordogne; les ruisseaux d'Eglise - Neuve, de Peyrusse, du

Couderc, etc., etc.

La superficie de ses forêts nationales ou domaniales est de 15,090 hectares.

Son principal revenu est en bestiaux, et en fromages connus dans le commerce sous le nom de formes, pesant de 40 à 55 kilog chacune, exportées généralement dans le Midi. Ces fromages sont de bonne qualité, quoique inférieurs à ceux des montagnes de Salers. Les bœufs engraissés sont dirigés sur le Lyonnais, et les veaux d'un an, nommés dans le pays bourets, sur le Poitou ; ils sont d'une vente assurée et avantageuse, ainsi que les vieilles vaches laitières de montagnes hors de service, appelées gores; alors elles passent une saison dans les montagnes dites à graisse d'Allanche, du Luguet et du Puy-de-Dôme, et finissent par être livrées an couteau dans la Limagne, le Bourbonnais et jusqu'au Charolais.

On élève beaucoup de moutons du côté d'Allanche et de Condat.

La nature du sol de cet arrondissement varie beaucoup ; il est généralement volcanique, et ce n'est que dans le fond des vallées que l'on trouve quelques schistes micacés et du granit. Sur un grand nombre de points, on voit de grandes masses de rochers basaltiques à plusieurs pans, plus particulièrement hexagones et pentagones; parfois ces prismes minces et élancés, comme au rocher de Murat, dépassent 10 mètres en longueur. On rencontre aussi quelques-unes de ces masses désignées sous le nom de Pavé des Géants.

 Le sommet des montagnes est souvent formé de phonolithes qui se divisent en feuilles propres à la toiture des bâtiments, mais, fort pesantes; elles ont aussi un inconvénient : lorsqu'elles sont chauffées par un incendie, elles éclatent comme du verre et rendent dangereuse l'approche des constructions en feu. Néanmoins, dans les constructions nouvelles, elles remplacent le chaume généralement.

Le calcaire est rare; il ne s'en trouve et on n'en exploite pour la chaux que dans les environs de Murat, au Lioran. Les bois de cette forêt servent à cette confection; car il n'existe point de houille dans l'arrondissement, à peine quelques filons de lignite. La tourbe se trouve dans un grand nombre de montagnes, et est exploitée au col d'Entremont. ,

Sur beaucoup de points sont des masses trachytiques faciles à tailler et fort employées dans les constructions; leur teinte est sombre. La brèche, autre roche volcanique, est d'un usage plus commun ; mais les larges taches noires ou rouges sur un fond gris ou brun , sur les pierres taillées , produisent à la vue un effet bizarre.

(Voir à l'article Cantal, A' liv., p. 3G8, les détails donnés par M. Tournayre.)

MURAT(canton).

 

Le canton de Murat est borné au nord par celui d'Allanche; au sud, par ceux de Vie et de Pierrefort ; à l'est, par les deux cantons de St-Flour, et à l'ouest, par ceux de Riom-ès-Montagnes, Salers et Aurillac nord. Sa superficie est de 31,223 hectares, comme nous venons de l'exposer. Il comprend les montagnes du Lioran et une partie de celles du Puy-Mary. Les quinze communes qui y sont comprises sont : Bredon, Celles, Chalinargues, Chastel-sur-Murat, Chavagnac, Cheylade, la Chapelle-d'Allagnon, leClaux, Dienne, Moissac, Murat, Laveissière, Laveissenet, Lavigerie et Virargues. Sa population, donnée ci-dessus, est de 13,460 habitants, et le nombre de ses maisons de 2,432.

Il est arrosé par les rivières d’Allagnon, d'Allanche, de'.Rue et de la Santoire, etc.

Les 31,223 hectares de sa superficie sont divisés pour la culture ainsi qu'il suit: 8,050 h. en terres labourées ; 17,200 h. en prés et pacages; 3,223 h. en bois, principalement en essence de sapin, croissant dans les vallées du Lioran, de la Molède et d'Albepierre, et 2,730 h. en terres vaines, rochers et bruyères.

Les observations générales données ci-dessus s'appliquent également à ce canton.

 

MURAT (COMMUNE).

 

Elle est bornée au nord par les communes de Chastel-sur-Murat et Virargues .au sud, par Bredon ; à l'est, par la Chapelle-d'AIlagnon et Virargues, et à l'ouest, par les communes de Chastel et de Laveissière. Sa forme est allongée de l'ouest à l'est. Sa surface territoriale est de 640 hectares, dont 230 h. en terres cultivées; 300 h. en prés et pacages, le long des rives de l'Allagnon; 23 h. en bois, et 16 h. en propriétés, presque tous compris dans la ville.

Elle est arrosée par la rivière de l'Allagnon, composée de trois cours d'eau descendant du Cantal, dont le principal coule dans la vallée du Lioran ; les deux autres bras, après avoir longé le village d'Albepierre en le laissant entre leur cours viennent se réunir à la branche-mère , l'un en face de l'ancien hôpital, l'autre au-dessous du village de Piniou, après avoir formé deux cascades que l'on aperçoit de la grand-route; par le ruisseau de la Chavade, nommé Bornantel, et par plusieurs autres.

La population de la commune est de 2,635 habitants, répartis ainsi qu'il suit 2,471 pour la ville et 184 pour la banlieue, dans 414 maisons pour la ville et 30 pour la banlieue, 1 village, 9 hameaux, 1 moulin, 1 carderie, 1 moulin à foulon et 2 tanneries.

Murat, le chef-lieu de la commune, est l'une des villes du département dont l'existence est constatée le plus anciennement. Son origine se perd dans la nuit des temps, et, si l'on en croit quelques écrivains de l'Académie celtique, les racines de son nom dérivent de cette langue et auraient signifié dans le vieux temps roc escarpé. Nous donnons cette étymologie pour ce qu'elle vaut.

An 270. On trouve son nom cité pour la première fois dans l'histoire, à l'endroit des prédications de saint Mamet, qui fut envoyé par saint Austremoine, vers 270 de notre ère, pour y porter les lumières de l'Evangile. Cette ville occupait donc alors un rang important dans les montagnes.

1008. Ses souvenirs historiques se perdent ensuite jusqu'à l'année 1008, où nous commençons à les suivre par une tradition non interrompue. Nous trouvons alors sa vicomté déjà puissante, ce qui dénote une existence antérieure de près de deux siècles. Son château existait aussi depuis longtemps. La ville était une place fortifiée; et, dans le traité passé en 1283 entre Pierre IV, vicomte de Murat, cette ville est désignée ainsi : Castrum apud castrum de Murato, forteresse appuyée au château de Murat. Nous reviendrons sur ce traité à l'article de ce vicomte. Un hôpital y avait été fondé avant le XII° siècle. Il est constaté qu'au XIV° siècle, l'église de St-Martin, non loin de laquelle a été bâtie celle de Notre-Dame, était d'une architecture remontant au VIII° ou IX° siècle. Tout concorde pour prouver l'existence antique de cette ville.

1re PARTIE

MSTOIRE DE LA VICOMTE.

 

Nous devons d'abord prévenir nos lecteurs qu'ils trouveront une grande conformité entre notre généalogie des vicomtes de Murat et celle donnée par le Nobitiaire d'Auvergne. Celle que nous publions ici est extraite du manuscrit de l'abbé Teillard et de celui de M. Déribier. Nous avons la croyance que ces deux écrivains sont dans le vrai; car nous sommes certains qu'il y a trente ans à peine, il existait dans Murat, venant de la bibliothèque de St-Gal, une histoire imprimée très-anciennement de la ville, du château et de la vicomté, et qu'ils en ont eu connaissance. Malheureusement, ce livre a péri; on l’a traité de bouquin, et, comme tel, il est parti feuille par feuille en cornets de tabac. Au reste, nos lecteurs ne devront pas être surpris de trouver quelques divergences entre les chroniques et les souvenirs locaux d'un pays qui, pendant près de trois cents ans, a été en guerre pour des causes de suzeraineté, et les traditions historiques émanées de la partie rivale. Nous avons cru utile de mentionner cette double version.

Nous avons, en outre, collationné cette généalogie sur des titres existants à Murat et les écrits de plusieurs écrivains héraldiques, M. Lainé principalement. Lorsqu'il se trouvera une différence, nous aurons soin de la consigner.

Quelques hommes spéciaux, se basant sur l'histoire des rivalités des vicomtes de Carlat et de Murat, ont pensé que la famille de ces derniers a dû être, dans les vieux temps, une branche sortie de la première et dotée par elle. Nous n'avons rien trouvé à l'appui de cette supposition, ni qui lui soit contradictoire.

CHRONOLOGIE DES VICOMTES.

Richard, vicomte, et Benoîte, son épouse, avaient deux fils, Rodolphe et Guibert. Rodolphe avait succédé à son père en 1008; sa vie et sa postérité sont inconnues.

1041. Une note, remontant à une haute antiquité, porte que le château de Murat avait été assiégé par Henri-le-Noir, roi de Germanie; elle n'est point vraisemblable.

1050. Guibert, frère de Rodolphe, est après lui le plus ancien des vicomtes de Murat dont on ait connaissance. Il intervint dans l'acte de fondation du prieuré de Bredon par Bernard d Henri comme suzerain; il fut père de Guillaume et de Pierre de Murat. Sa femme est inconnue; il est rappelé comme défunt dans une charte de l'an 1060 environ. Suivant M. Lainé, Guibert ou Gilbert, en suivant l'ordre des temps, pouvait être fils de Géraud de Cailat, et par conséquent neveu de Gilbert de Carlat, fils de Bernard 1er, vicomte vers 932.

1060. Guillaume Ier, vicomte de Murat, succéda à Guibert. Dans un acte de 1066, par lequel il confirme la donation faite par son prédécesseur du prieuré de St-Thimotée de Bredon et de son église en faveur de Durand, évêque de Toulouse et abbé de Moissac, il se dit fis de Guibert. Cet acte porte que l'un et l'autre dépendraient de Cluny, et qu'aucune forteresse ne serait élevée auprès du prieuré. Bernard d'Henri, seigneur de Bredon, son proche parent et frère de Durand, intervint dans cette confirmation.

1074. Florence, mère d'Henri, engagea cette année, moyennant 70 sols, au prieuré de Bredon, les droits qu'elle avait avec son fils Etienne sur l'église do Murat.

1095. Guillaume fut présent à la consécration de l'église du prieuré par l'archevêque de Toulouse, aidé de St-Hugues, abbé de Cluny, de Raymond, évêque de Lectoure , et de Faucon , doyen du chapitre de Clermont. M. Lainé dit que Guillaume fut cité dans cet acte du 12 septembre 1095 immédiatement après Robert, comte d'Auvergne, et avant Amblard, comptour d'Apchon.

A cette même époque, au concile de Clermont, en prenant la croix de la main du pape Urbain II, Guillaume soumit le château du Chaylar et les droits qu'il avait sur Indiciac à Notre-Dame de Clermont, pour les tenir en fief de l'évêque. Il fut un des principaux bienfaiteurs du monastère de St-Flour, comme Guibert. son père, l'avait été. Un de ses fils, nommé Jean, se croisa en 1103 pour la terre sainte avec plusieurs autres seigneurs auvergnats. Pétronille, sa fille, fut en 1148 prieure de la Vandieu, et régissait cette abbaye à cette époque. On ignore l'année de la mort de Guillaume, et s'il put revenir de la Palestine.

Pierre Ier, frère de Guillaume, est seulement nommé dans l'histoire. Sa vie et sa postérité sont inconnues. Il est rappelé dans un acte de 1060.

M. Lainé fait succéder à Guillaume, Jean, son fils, qui s'était croisé en 1103, comme nous venons de le dire, et qui concourut au siége de Tripoli sous Guillaume VII, comte d'Auvergne. Il lui donne pour enfants, Pierre 1er, et Pétronille, prieure de la Vandieu , tandis que l'abbé Teillard les désigne comme enfants de Guillaume. Le même Lainé fait succéder à Jean, Pierre Ier, son fils , tandis que notre généalogiste le dit frère de Guillaume. Les actes qu'il attribue à Pierre 1er sont confondus avec ceux de Pierre II. Bien plus, M. Lainé fait Pierre II fils de Pierre Ier, tandis que l'abbé Teillard le dit fils de Guillaume.

Pierre II, que nous estimons fils aîné de Guillaume, succéda à son oncle, qui vécut peu de temps après son frère Guillaume, et que nous avons dit mort sans enfants. Il prit possession de la vicomté, de la seigneurie du Chaylar et des autres terres.

Gilbert de Carlat, fils de Beranger et d'Adyle, étant devenu comte de Provence par son mariage avec Gerberge, héritière de ce comté, eut deux filles, dont l'une, nommé Douce , épousa Beranger , dit le Vieux , comte de Barcelonne, dont les descendants devinrent rois d'Aragon. ,

1150. Pierre II donna sa vicomté de Murat à Raymond Beranger, dit le Jeune, seigneur en partie de Carlat, sous la condition de la reprendre de ses mains, et de la tenir seulement en foi et hommage. Pierre cherchait à avoir en lui un puissant protecteur, dans ces temps de troubles et de barbarie; il ne faisait, au reste, qu'exécuter un traité passé par lui, en 1140, avec Beranger-le-Vieux, oncle et tuteur de Beranger-le-Jeune. C'est à cette époque que l'on fait remonter l'hommage et fief que les vicomtes de Murat devaient à ceux de Carlat. Pierre avait compris dans cette donation les châteaux de Vigouroux (Aldefrida), de Feydit, les forêts du Lioran et de Siniq , qui alors étaient immenses et couvraient une partie des montagnes.

1167. Raymond-le-Jeune était décédé peu après 1150. Alphonse, roi d’Angon, fils de Raymond-le-Vieux , succéda à son cousin-germain et se démit, en 1167, de son château de Carlat et de ses droits sur le Carladès en faveur de Hugues II, comte de Rodez, seigneur de l'autre partie. Il lui céda aussi lés droits qu'il avait sur la vicomté de Murat, à la charge de tenir l'un et l'autre en foi et hommage des rois d'Aragon.

On trouve dans les mémoires de Plougoul, notaire, que les vicomtes de Murat ne souscrivirent pas à cette aliénation. Ils ne voulurent jamais reconnaître la suzeraineté des comtes de Rodez; bien plus, ils prétendaient que ces comtes étaient leurs vassaux, à cause des terres de Dienne et de Combrelle. Il est fait mention de ces donations dans un inventaire des titres de Rodez de iiii ; elles ont donné lieu à plusieurs guerres et transactions entre les différents seigneurs

Pierre fit la donation d'une dîme de grains à l'église de St-Flour en 1205. On ignore l'époque de sa mort. t

1187. Guillaume II, vicomte de Murat, succéda à Pierre. Il se croisa en 1187

pour la terre sainte, et accompagna le roi Philippe-Auguste ; il souscrivit, en 1196, à la transaction passée entre Hugues, évêque de Rodez, et son frère ou neveu, Hugues, 3' du nom, titulaire de ce comté et vicomte de Cariat.

Philippe-Auguste lui accorda, ainsi qu'aux autres seigneurs croisés avec lui, la dtme de leurs terres et celle de tous leurs vassaux, pour subvenir aux frais de la guerre. Cette concession royale fut confirmée par le pape Innocent Kl, à la charge de combattre les Albigeois à leur retour de la Palestine. Ceci se voit dans une sentence donnée à Usson, en 1268 , en faveur de Jean de Don , seigneur do Lespinasse et de Moissac-le-Chastel, qui réclamait contre le seigneur de Mardogne, abbé de la Chaise-Dieu , et le prieur de la Voûte, au sujet des dîmes qu'il avait achetées pendant la minorité de Marie de Leotoing, sa mère.

Les Etats de la Haute-Auvergne ayant été réunis, Guillaume prétendit à la préséance, et voulut être nommé le premier au ban et a l'arrière-ban. Cela donna lieu aux grands seigneurs du pays de s'assembler et de présenter, en 1207, cette question devant Philippe-Auguste. Les prétentions rivales n'ayant pu alors être conciliées, cette discussion d'étiquette fut renouvelée en 1288 et terminée seulement en 1569, par ordonnance rendue à Issoire, au conseil du duc de Berry. Il fut réglé que la première séance serait au baron de Pierrefort; la seconde au baron d'Apchon; la quatrième à l'évêque de Clermont comme baron d'Alleuze; la troisième lut laissée indécise entre le baron de Mercœur comme baron de Ruines, seigneur d'Allanche, de Maillargues, de Sistrières, etc., et le vicomte de Murat, qui ne put pas prouver que la baronnie de Pierrefort relevât en fief de Murat; il fut même déclaré vassal du baron de Pierrefort, à cause du château de Turlande pour lequel il lui devait l'Haubert. La même sentence ordonna que le cri de guerre des seigneurs du haut-pays serait Pierrefort, Apchon. Pierrefort. Cet acte fait mention des seigneurs qui se croisèrent contre les Albigeois en 1187 et 1209, ainsi que de ceux qui prétendirent à la préséance de leurs fiefs.

L'abbé Teillard fait observer que ce titre, enregistré en 1369, est suspect, attendu que les vicomtes de Murat n'ont jamais prétendu que la baronnie de Pierrefort fût un de leurs fiefs; ils ne réclamaient, à ce titre, que ce que le baron de Pierrefort possédait entre les rivières de Brezons et de Siniq, ce qui est constaté par un acte de 1285. D'ailleurs, la terre de Turlande n'était pas encore unie à la vicomté de Murat en 1207 ni en 1286, et pas plus en 1369; elle ne le fut qu'en 1405, Raymond de Murat ayant acheté à cette époque la partie de cette seigneurie dont il n'était pas encore propriétaire.

Guillaume laissa trois fils : Pierre qui fut son successeur; Guillaume de Murat, évèque du Puy en 1248, et Astorg, vicomte et seigneur d'Albepierre, qui donna, en 1269, à Durand de Gorse, son gendre, partie d'un bois près de ce village, avec le droit d'usage et de chauffage dans les forêts de la seigneurie. Il y mit la condition qu'il serait libre, ainsi que les successeurs des vicomtes de Murat, de faire leur résidence dans le château. Cette donation fut confirmée, en 1283, par le vicomte Guillaume, son neveu; celui-ci affranchit, en 1508, les terres de Jean de Gorse, fils de Durand.

1240. Pierre III se qualifiait de vicomte de Murat par la grâce de Dieu dans la donation qu'il fit cette année-la a Guillaume de Lespinasse, prieur de Bredon (voir 3' liv , p. 287 de cet ouvrage). Il prit sous sa protection et garde spéciale le commandeur et les frères de l’infirmerie de St-Gal ru Peutcberg, auxquels il donna, en 1251, les amendes jusqu'à 7 sols pour les dommages commis dans leurs possessions. C'est de son temps que Saint-Louis fit construire le fort de Beccoire (voir même livraison, p. 289). Pierre transigea avec Beraud VIII, baron de Mercœur, et reconnut tenir de lui en foi et hommage les châteaux de Murat et de Cussol; il reçut pour cela 150 liv. que Beraud lui compta, et son fils Astorg 30 liv.

Le vicomte Pierre laissa, de Gaillarde de la Tour, sa femme, une fille qui fut, ainsi que Pierre de Murat et Géraud, son fils, substituée aux biens de la maison de la Tour.

1260. Pierre IV succéda cette année-là dans la vicomté de Murat à son père. Il épousa Marquèze de Peyre ; il est le premier vicomte qui ait donné des privilèges aux habitants de Murat. Les principales conventions faites dans cet acte sont:

Permission aux habitants de Murat de s'ériger en commune , d'élire trois consuls , et de prendre des droits d'octroi sur toutes les denrées et marchandises qui seraient pesées au poids de la commune.

Décharge pour les habitants des corvées et de la taille à volonté, des usages (usatgia) et autres droits.

Il réduit les quatre cas, réglés à 1,000 sols tournois pour chacun d'eux.

Il accorde le droit de pacage dans les communaux et le droit d'usage dans les bois du seigneur, moyennant 100 liv. de rente, et, en accordant le droit de pacage, il se réserve les montagnes qu'il était dans l'usage d'affermer.

Il se réserve que tout homme qui en aura frappé un autre avec un couteau et aura occasionné une effusion de sang ou la mort, sera à la discrétion du seigneur ou de sa cour; celui qui aura tiré son couteau contre quelqu'un, paiera 60 sols du Puy au seigneur ; celui qui aura frappé quelqu'un avec le poing, paiera 7 sols du Puy, et si le coup a occasionné une effusion de sang, il paiera 15 sols du Puy.

L'homme ou la femme surpris en adultère sera fustigé autour de la ville , à moins qu'il n'ait obtenu du seigneur grâce de la fustigation.

Le voleur de porreaux, foin ou herbe, de légumes, fruits des arbres, haies, et autres choses semblables, paiera 3 sols du Puy, et si le vol a été commis de nuit, 7 sols de plus ; il devra restituer la chose volée ou le montant.

Celui qui se sert d'une fausse mesure, est tenu de payer au seigneur 7 sols du Puy; celui qui se sert d'un faux poids ou d'une aune fausse, doit au seigneur 60 sols du Puy.

Celui qui aura homicidié, incendié, volé ou tué un animal furtivement pendant la nuit, sera à la discrétion du seigneur ou de sa cour, et il devra restituer le prix de la chose volée.

Celui qui rend une plainte contre un autre, doit 3 sols et 1 denier au seigneur, et pour chaque cause agitée (venlilatam) devant le seigneur ou sa cour, et lui doit la dixième partie du procès (litis).

Il fut convenu que si le vicomte veut édifier, réédifier ou réparer les murs, les tours ou les portails de la forteresse (castri), chaque feu doit fournir une manœuvre une fois donnée , et non plus; et, dans le cas où le seigneur voudrait monter au château (ascendere castrum) les hommes de la forteresse de Murat sont tenus de l'y accompagner, de lui faire corvée (manobram), et d'y résider jusqu'à ce que le seigneur puisse se défendre de ses ennemis; sont exceptés les chevaliers ou soldats (mititibus) et les sergents [servientibus).

Le seigneur déclare qu'il n'a pas le droit de prendre la leyde du blé et autres denrées qui se vendent au-dessous du château (le Planhol), et se réserve seulement celle des bestiaux vendus le jeudi, le vendredi et le samedi.

Ces privilèges furent accordés avec le consentement de Pierre, son père; d'Astorg, son oncle; de Gaillarde, sa mère, et d'Astorg de Peyre, son beau-père. Avaient souscrit dans ce titre : Bernard du Vernet, archiprêtre de St-Flour; Albert de Peyre, clerc; Armand de Peyre, damoiseau; Bernard Bayle, chapelain de l'hôpital de Murat, et Bobert de Quintiniac, damoiseau. Dans le cas où le vicomte n aurait pas le droit d'accorder cette charte de franchise, il s'engage à la faire ratifier et sceller par le comte de Rodez, et il ajoute qu'il ne pourra y être contraint qu'après qu'il aura fait la paix avec lui. Enfin, pour plus grande garantie de cette transaction, elle fut scellée du sceau du pape, de celui de l'évêque de Clermont; revêtue du sceau du roi, le.24 octobre 1266, sur la requête qui lui fut présentée par le vicomte Pierre et par Géraud de Chazelles, consul de Murat.

1265. Guillaume, comptour, seigneur d'Apchon, s'étant mis à la tête des habitants du Falgoux, ravagea plusieurs terres de la vicomté (voir 13° livraison, page 292 de cet ouyrage). Pierre le combattit et le fit prisonnier.

Pierre rendit hommage à l'évêque de Clermont pour les châteaux et terres du Chaylar et de Broccou , dont le premier était tenu en fief par Armand, seigneur de Dienne. Cette terre, depuis un demi-siècle, avait été portée dans cette maison par Arsende de Murat, et Armand, son mari, en avait rendu le fief au vicomte. La postérité de cette Arsende, dame du Chaylar, est inconnue, ainsi que celle d'Amblard de Murat, qui vivait en 1215, et d'Armand de Murat, seigneur de Cheylanne , qui testa en 1275. L'origine de plusieurs autres branches cadettes sorties de la maison de Murat n'est pas moins inconnue.

1274. Marquèze de Peyre, vicomtesse de Murat, rendit, après la mort de son mari, à Henri, comte de Rodez, l'hommage des châteaux de Murat, de Vigouroux, d'Albepierre et de la Bastide, en qualité de tutrice de ses enfants, en présence d'Astorg de Peyre, leur aïeul, comme vicomte de Carlat.

1283. Guillaume III succéda a Pierre. Il ratifia les privilèges donnés par son père et les augmenta. Il concéda aux habitants de Murat le droit d'usage dans la forêt de cette ville; le prieur de St-Etienne, du château de Bonnevie, signa cette transaction; il fit un don, en 1265, à l'église de St-Flour, et un échange avec Pons de Villesale, prieur de Bredon. Le sceau de ces actes représentait trois fasces crénelées.

Le différend qui existait entre les comtes de Rodez et les vicomtes de Murat, mr le fief de cette vicomté et la manière de le rendre, fut réglé le 1" lundi de juin 1285. Il fut, à cet effet, tenu à St-Flour une assemblée de quarante gentilshommes ou ecclésiastiques. La décision fut remise à Béraud, seigneur ds Mercœur, Astorg d'Aurillac et Gilbert de Pierrefort, médiateurs, à la sentence desquels les parties s'étaient soumises sous peine d'une amende de mille marcs d'argent; furent cautions de cette somme, pour le comte de Rodez, Henri de Bénévent, Gilbert de Marcenat, Guy de Teyssières, Pierre Brun et Géraud d'Apchon; pour le vicomte de Murat, Ithier de Brezons, Aimery de Montal, Amblard de Oienne ct Guillaume de Châteauneuf. Guillaume reconnut tenir en fief:

Du roi, les châteaux de Beccoire, de Chambeuil et de Maucheix;

De l'évêque de Clermont, les châteaux du Chaylar et de Broccou;

Du comte de Rodez, les châteaux de Murat, d'Aubepeyre, de la Bastide et de Vigouroux, avec les montagnes de Fonnostre et du Cantal;

Et du baron de Mercœur, les châteaux de Cussol, Muratel, Lafon, Ussel, Mons et Roffiac.

Cette sentence donne aussi le détail des directes, fiefs et arrière-fiefs de la vicomte de Murat. Nous le produirons plus loin. Elle semble même indiquer qu'à cette époque la vicomté de Carlat ne dépendait plus des rois d'Aragon.

De son côté, le comte de Rodez céda aux vicomtes tous les fiefs qu'il avait entre les rivières de Brezons et de Siniq, à la réserve des fiefs des prieurs de Thérondel et de Laussaç, et des villages de Jonques et de Quenques. Dans le cas où Henri de Bénévent ne voudrait pas reconnaître la seigneurie du vicomte de Murat sur Voscarles, le comte devait donner le double ailleurs; et enfin, si le baron de Pierrefort en faisait autant pour ce qu'il avait entre les deux rivières, Guillaume devait recevoir ailleurs un fief de même valeur. Quant au fief prétendu par le vicomte de Murat sur Carlat, il lui fut accordé 200 livres pour son désistement.

Souscrivirent a cet acte : Guérilin de la Garde, doyen de Brioude; Guillaume de Mercœur, chanoine de Mendes; Rolland Sarrazin et Pons de Donzat, chanoines de Brioude; Raymond de Folholes, Bernard et Guillaume de Bénévent, Armand de Chambeuil, Berenger de Sailhans, Bertrand de Brossadols. Bérald de Corbières, Guillaume de Verdezun, chevaliers; Henri, Bernard et Guillaume de Verdezun, Binonin, Pierre l'Hom, Astorg de Dienne, Heraïl de Miremont, Vivian de Cedaïl, Guillaume de Turlande, Bertrand de Broccadel, Guillaume de Verdezun, Vivian de Cardail, Pierre Bompar de Lastic, Rigal de Durban, Guillaume de Colombier, Giraud de Texières, Pierre, Guillaume et Amblard Gascou, Giraud de Naucase, Guillaume Laveyssière, écuyers; Boscelnet, juge de Mercœur; Bertrand de Varnès, clerc; Pierre Fahel, notaire public.

1287. Guillaume accorda aux habitants de Lesbros (Chastel) le droit d'usage dans les forêts de la vicomté. Eléonore de Caumont, son épouse, est prise pour témoin dans cet acte; ce qui est fort rare.

1289. Le vicomte traita avec Pons de Villevialle, prieur de Bredon, et ils firent les échanges suivants : il donna au prieur les droits et renies qu'il avait à Virargues, Bragheac, Molèdes et au territoire do Muratel, près de la VilleVieille, se réservant la haute justice. Il reçut par contre trois champs, un ley au Peschier, et deux autres au terroir de Lascombe, tout ce que le prieur avait à Faufouilhoux, à Auxillat, Fonrose, Maniargues et la Chapelle. Le prieur prn»:> J t faire une chaussée sous le pont de Bredon, nommé le Pont dt-Crot, pour conduire l'eau au moulin que Guillaume se proposait de faire construira sur la rivière d'Ail gnon. (Voir 12' livraison, page 138 )

12ç2. Cette année les habitants d'Albepierre obtinrent les mêmes privilèges dans les forêts que ceux accordés aux habitants de Lesbros et de Murat.

1295. Guillaume souscrivit à une quittance faite par Bernard de Latour a Henri II, comte de Rodez, ainsi que Géraud de Murat, Amblard de Dienne, Raymond d'Estaing, Astorg d'Aurillac et Etienne de Latour.

1303. Des différends étant encore surgis entre le vicomte et Bertrand de Montagnac, alors prieur de Bredon, ils furent remis en arbitrage. (Voir p. 298.)

Guillaume fut présent avec Géraud de Murat, seigneur de Vernines, et beaucoup d'autres principaux seigneurs du pays, au mariage de Bernard de Latour avec Béatrix de Rodez, fille d'Henri II, dernier comte de la maison de Carlat.

1314. Guillaume était mort cette année. Il laissa d'Eléonore de Caumont cinq enfants : Bégon, qui lui succéda; Pierre, qui fut moine; Gaillarde, Danphine et Guillaume. Ce dernier fut père de Pierre et de Renaud, 1er du nom, qui eut pour légitime les terres de Barrés, de Montpeyroux, et la châtellenie de Fonrose.

Bégon 1er avait épousé, en 1304, Blaide de Caylus, fille de Dodien, seigneur de Privezac, qui lui donna, tant pour elle que pour les enfants qui naîtraient de leur mariage, les biens que son père lui avait concédés en l'émancipant.

Bégon eut de grands démêlés avec les vicomtes de Carlat, auxquels il refusait de rendre le fief. Ils en vinrent aux armes, et après plusieurs actes d'hostilité de pari et d'autre, Eustache Fabry, bailli des montagnes, l'assiégea dans le château de Murat et le fit prisonnier. Cette affaire ayant été terminée par la médiation de leurs amis communs, Bégon prétendit que les habitants de Murat étaient obligés à lui payer 50 livres pour la taille due par suite de son emprisonnement. Jean Vergne, juge de Murat, par sentence de 1320, déchargea les habitants de payer ladite somme, attendu que Bégon n'avait pas été fait prisonnier par les ennemis de l'Etat, mais parce que Bégon avait refusé de faire ratifier les privilèges de Murat par le vicomte de Carlat, prétendant que sa vicomté ne relevait d'aucun seigneur. Jean Vergne déchargea en même temps Bégon de cette ratification.

Le vicomte soutenait encore qu'il avait le droit d'exiger que chaque habitant de Murat ayant des bêtes de somme lui fournit une fois l'an une de ces bêtes pour aller chercher ses provisions dans le lieu où il voudrait les prendre. Les habitants répondaient que l'on ne pouvait exiger qu'un service d'un jour seulement. La solution de ce différend fut remise à Bertrand Vérufier, clerc, dont la sentence donna gain de cause aux habitants, sur tous les points.

1320. Après ces diverses sentences, Bégon ratifia les privilèges concédés par son père et son aïeul, et les augmenta. Il acheta de noble Irai de Ferrière le droit de leyde qu'il avait sur le marché de Murat, ainsi que certains cens et rentes qu'il possédait dans la vicomté.

Il transigea sur partage avec ses frères, et ils ratifièrent tous les trois la substitution que le vicomte Guillaume, leur père, leur avait faite de la vicomte de Murat, l'un au défaut de l'autre, dans l'ordre de primogéniture, a l'exclusion des filles. Il accompagna le roi Philippe-le-Long dans la guerre contre les Flamands. Il désigna, en 1326, le nommé Deltrieux pour administrer l'hospice ou léproserie de Murat.

1327. Bégon fit faire l'étang Doudet (le réservoir du moulin au-dessus des abattoirs actuels), et, comme son eau en refluant inondait un pré de la censive de Guillaume de Massebeau, sous le cens de 5 sols, ce cens fut reporté sur d'autres héritages situés entre Mural et Massebeau, qui furent affranchis, et en outre, en 1327, il lui donna des cens sur certaines maisons de Murat.

1539. Il fit hommage à Jeanne, comtesse d'Auvergne et de Boulogne.

1349. Le 2 avril, Jean, duc de Berry et comte d'Auvergne, considérant les services nombreux que Bégon avait rendus au roi Jean, son père, dans les guerres qu'il avait soutenues, lui accorda le privilège de n'avoir que deux sergents royaux qui pussent à l'avenir instrumenter dans la vicomté de Murat.

1357. Bégon n'avait eu qu'une fille nommée Hélis, mariée en 1529 avec Bertrand de Cardaillac. Les confrères de Notre-Dame-de-Murat ayant obtenu, le 2 août, la permission de l'ériger en chapitre, il leur fit une donation, pour augmenter la dot de leur église, des dînes de Mazières et de Lignar, paroisses de Chalinargues et de Virargues; les novales qu'il recevait dans toute l'étendue de la terre de Murat, à la charge que si leur établissement réussissait, il aurait le droit de sépulture dans une des principales chapelles qui y serait construite, ainsi que les vicomtes ses successeurs qui seraient de sa lignée. Les chanoines devaient encore célébrer chaque jour quatre messes pour le repos de son âme, de Blayde de Caylus, sa femme; de Guillaume, son père, et d'Eléonore, sa mère.

1351. Les différends que Bégon avait avec les vicomtes de Carlat furent terminés définitivement cette année-là par une transaction entre le sire de Pons, qui en était titulaire, et lui ; il reconnut tenir en fief, relevant de Carlat, sa vicomté de Murat, ses membres et dépendances. Il reçut, en indemnité, du sieur de Pons plusieurs fiefs et hommages, entr'autres sur les villages de Bressanges, de Pratherou et Sauvage, dans la paroisse de Paulhac, que Pierre du Chambon, seigneur d'Anteroche, avait tenu en fief des vicomtes de Carlat, et qu'il promit faire tenir dorénavant des vicomtes de Murat. Celte transaction fut passée par la médiation de Hugues de Chavagnac et d'Etienne Polou.

1355. Un frère de Bégon, nommé Hugues, décéda. Il avait donné ta maison de Mural à la confrérie de Notre-Dame. Il mourut sans enfants.

1357. Bégon fit un traité avec les habitants de Murat, portant règlement sur les ravages et incendies par eux essuyés de la part des Anglais, et, pour s'en indemniser, ils furent autorisés à affermer les secondes herbes de leurs prés, et à engager certaines parties de leurs communaux.

La même année, Bégon accorda des privilèges aux habitants de la Boissonière et de Fonnostre Bégon et Guillaume de Cardaillac, qui furent successivement prieurs de Breilon, Pierre et Léon du Chambon, père et fils, seigneurs d'Anteroche, souscrivirent à ces privilèges.

1358. Cette année, les Anglais et pillards qui occupaient la ville de Brioude Tinrent saccager celle de Murat et la pillèrent. Bégon donna, la même année, au chaîne de Notre-Dame-de-Murat, de nouvelles dîmes a Chalinargues, et affranchit les maisons qu'ils avaient achetées pour bâtir leur église sur leur emplacement.

1359 fut l'année du décès de Bégon. Il avait servi sous les rois Philippe et Jean. Plusieurs gratifications furent données alors aux habitants, de Murat par lo duc de Berry, en considération de Bégon, et parce que leur ville avait été récemment prise, pillée et brûlée par les Anglais.

Bégon étant mort sans enfants mâles, le cas prévu dans la sentence arbitrale de 1341 arriva. Pierre et Reynaud Murat, fils de Guillaume, réclamèrent l'exécution du testament de leur aïeul; mais déjà Guillaume de Cardaillac,fils de Bertrand et d'Hélis, s'était emparé de la vicomte et en jouissait. Pierre et Reynaud lui intentèrent un procès, dont le jugement fut rendu plusieurs années après.

1361. Guillaume de Cardaillac devint donc vicomte de Murat par la force. Il ratifia les privilèges de Murat; il fit réparer les murailles et fortifications de la ville que les Anglais avaient détruites; il permit, à cet effet, aux consuls de Murat de lever sur les marchandises certains droits qui seraient affectés à cette dépense. Il en résulta un procès entre les habitants et lui sur la manière de construire ces fortifications.

1562. Pour se venger de Pierre et de Reynaud, il fit venir les Anglais de Brioude pour ravager leurs terres. Ils saccagèrent Vigouroux, abattirent les châteaux de Fonrose, de Fonnostre et d'Albepierre. II força plusieurs habitants de Murat à le suivre pour piller les terres du grand prieur d'Auvergne et du commandeur de Celles; il fut maltraité dans la dernière excursion.

1565. Guillaume de Cardaillac obtint cette année-là du duc de Berry des lettres de grâces par lesquelles il est dit : qu'il a eu des intelligences avec les Anglais; qu'il a pillé, avec leur aide, les terres des évêques de Clermont et de St-Flour, du grand prieur d'Auvergne, du seigneur de Brezons, et même celles de la vicomté, entre autres Cheylanne, Chavagnac, Celles, Lescure, Rosière, Aubepeyre, Fonnostre et autres lieux, et qu'il avait tué le sergent Cassan.

1366. Les habitants, pillés par Guillaume, portèrent leur plainte au roi, qui le condamna a les indemniser, ainsi que ceux de Celles, par sentence d'avril. Au mois de juillet, ce monarque confirma les diverses franchises.

1367. Pierre et Reynaud de Murat obtinrent un arrêt du parlement, en date du 14 juin, par lequel Guillaume fut condamné, à raison de ses violences, crimes et dommages, à payer dix mille livres aux puinés de Murat, au bannissement et à la confiscation de ses biens. Il intervint encore dans cette affaire plusieurs arrêts que nous relaterons en leur lieu. 11 parait par ces arrêts, qu'en outre des dévastations rapportées, l'église de Paulhac avait été prise et pillée.

1368. Louis, fils de France, germain du roi Charles V, et son lieutenant général dans la province de Languedoc, remit à Guillaume de Cardaillac la somme de deux mille livres pour le droit de paix qu'il devait au roi, à cause des terres qu'il possédait dans le Rouergue, par considération des services que ses auteurs et lui avaient rendus à la monarchie.

1371. Le sire de Pons, qui avait abandonné le parti des Anglais, imposa un florin par feu dans la vicomté de Murat pour subvenir aux affaires publiques.

1372. Guillaume de Cardaillac mourut cette année-là. Il avait épousé Anne ,de Gourdon, dont il eut deux fils : Pons, qui lui succéda, et François, religieux

de l'ordre des Franciscains, dont il sortit pour devenir évêque de Cavaillon, et plus tard de Caliors. Il y mourut en odeur de sainteté. Il avait deux frères, Bégon et Bertrand de Cardaillac. Bégon eut deux fils du nom de Guillaume, qui furent successivement prieurs de Bredon.

Pons de Cardaillac succéda à Guillaume, son père, en 1572, dans la vicomté de Murat; il épousa Eminarde d'Estaing.

1373. Il transigea, le 15 février, avec les consuls de Murat, au sujet du guet, de la garde du château, de la ville et de ses fortifications, parce que l'on craignait une nouvelle invasion des Anglais, qui occupaient encore Carlat. (Ce traité, qui est en patois, a été donné à l'article Langage , page 142,, 7° livraison. ) Enfin, on acheva les fossés et les murailles de la ville. On remarque dans ce traité qu'il y en avait un autre précédemment, relatif aussi aux fortifications, entre son frère et les consuls de Murat, qui s'étaient engagés à payer certains cens à ce sujet. Pons fit remise des arrérages. Les villages de Delmas et des Ols-de-Beaux jouissaient "des mêmes franchises que la ville.

Le quartier du Barry était encore hors des murs, et les fortifications de cette partie n'étaient pas encore complètes, puisque, pour les terminer, on ordonnait la démolition de quelques maisons, la conservation de quelques antres, et la construction d'un portail avec des palissades. Le seigneur permettait de couper dans sa forêt de Chamboirol les bois nécessaires pour les fortifications, sans rien exiger de leur prix.

Le même acte réglait le service des hommes de garde, tant de jour que de nuit, à fournir par les habitants du Barry, des Ols-de-Beaux, de Delmas, et des autres franchises hors de l'enceinte des murs.

Mais antérieurement au traité du frère de Pons, il en existait un primitif, dont nous avons indiqué la substance ci-dessus, et relatif à l'enceinte et aux fortifications. Pour réunir ces divers actes de même nature, nous avons renvoyé ici le premier acte qui servit de base à tous les autres.

Dans le traité passé en 1263 entre Pierre IV, vicomte, et les habitants de Murat, on indique dans cet acte l'état des lieux. Murat était une ville fortifiée ; elle est désignée: Castrum apud castrum de Murato , forteresse adossée au château. Ce traité est passé in Planho apud ecclesiam sancti Martini, sur le Planhol, auprès de l'église de saint Martin; ils existent encore. Il ressort de cet acte que les fortifications étaient antérieures, et quant à la signification du mot latin castrum, on lit dans la Dissertation sur les antiquités de France, par Audibert (article de La Tour de Beaugency), que cette qualification voulait dire, au XI° siècle et suivants : ville fortifiée.

Puis, dans un acte de 1283, passé le 23 juin par Guillaume, successeur de Pierre IV, toute incertitude à cet égard est levée par son contenu ; car il y est dit plusieurs fois : castrum et villa. Cet acte étant important, nous en donnerons un résumé succinct.

Guillaume concéda aux habitants castri et villœ un droit sur de nouveaux pacages dans les communaux de la vicomté que, ni lui ni ses successeurs, seigneurs de la ville de Mural ne pourront reprendre ni en aligner une partie, si ce n'est pour construire une maison. Les confins indiqués sont : le mont de Lavernhe, jusqu'au ruisseau du Peschier; du ruisseau du Peschier, nommé Mardant, au mont d'Etable; de celui-ci, a la rivière de l'Allagnon, et de là, à Lavernhe.

Il renouvelle et spécifie les services que les habitants devront aux vicomtes, s'ils veulent construire ou refaire les murailles de celte forteresse, des tours, des portails, ou refaire un nouveau château. (L'un et l'autre existaient donc simultanément.) Ces clauses étaient pour lui et ses successeurs.

Nous voyons donc qu'a cette époque la ville était divisée en deux parties distinctes : castrum, la forteresse, et villa, la cité. Or, il y a cinquante ans, on reconnaissait encore l'enceinte de la forteresse. Elle comprenait l'esplanade ou le Planhol, Lavernhe, l'église St-Martin et les maisons qui l'entouraient, l'emplacement de l'ancien hôpital et les maisons adjacentes. Elle était fermée par les portes de Laverghe, du Comeyroux, du St-Esprit et de Pelaton. Le quartier du Barry était encore hors des mur-, et nous venons de voir que Pons de Cardaillac en ordonna la clôture en 1573, et ce fut en 1480 qu'une nouvelle enceinte et les fossés vers les jardins du Vallat furent construits.

Voici quelques autres dispositions de cet acte que nous n'avons pas voulu en séparer. Il est parlé dans un article des droits que le vicomte percevait sur le pain, le sel et les bestiaux; il y est dit que ces droits ne seront perçus que certains jours, savoir : le vendredi, jour de marché de la villa, et le jeudi, le vendredi et le samedi pour les bestiaux.

Il est concédé aux habitants sujets à la banalité des moulins du vicomte, de faire moudre leur grain ailleurs quand on les fera attendre plus de 24 heures. Or, ce privilège de faire moudre son grain ailleurs qu'au moulin seigneurial n'est pas concédé à toute la ville, mais seulement aux habitants de la forteresse demeurant dans la partie où se trouvent le four et l'église, commorantes tantutn in loco ubi furnus nunc est positut versus ecclesiam. Enfin, il est accordé aux habitants castri el villœ de Murato d'avoir des consuls, lesquels, après leur élection, seront tenus de jurer fidélité aux vicomtes el à la communauté de la ville, et pourront s'assembler pour traiter du ses affaires.

Quant à la confirmation faite en 1320 par le vicomte Bégori des concessions de 1285 et les autres précédentes, il y est dit formellement qu'il ne les confirme qu'à la demande des consuls porteurs de la procuration des habitants de la ville de Murat, en faveur des prédécesseurs desquels ces concessions avaient été faites. Procuralores communilatis villae prœdictœ et universorum et singulorum habitantium in dicta villa confirmamus, etc.

Reprenons la suite de l'histoire de Pons de Cardaillac.

1575. Pons s'engagea à payer au chapitre la somme de 30 écus d'or qu'Anne de Gourdon, sa mère, lui avait donnée pour la fondation d'une messe basse tous les samedis. Ce qui fut accepté par le chapitre, en considération de ce qu'il était le fondateur de leur église.

La même année, on bâtit le clocher de l'église de St-Martin, el le guet y fut établi.

1377. Nous avons vu que vers 1360 Pierre et Reynaud de Murat avaient intenté un procès à Guillaume de Cardaillac, qui s'était emparé de la vicomté de Murat par sentence rendue en 1577 par Eymar de Jorry, seigneur d'Almeyrac, et Etienne Joserand, bachelier ; il fut réglé que Reynaud aurait les terres de Barrés et de Montpeyroux, plus une certaine somme d'argent. Les terres de Murat, d'Aubepeyre, de la Bastide, de Fonrose, de Fonnostre et de Vigouroux furent adjugées à Pons.

1380. Pons, avec le consentement des consuls de Murat, unit au chapitre nouvellement créé l'hôpital et ses revenus; pour lors, l'église collégiale fut bâtie sur l'emplacement des bâtiments de cet Hôtel-Dieu; il l'affranchit de tout cens et justice; il donna aussi aux chanoines les dimes de la Boissonnière et celles de Fonnostre.

1384. Le 21 avril il y eut un compromis entre Reynand et Pons de Cardaillac, pour terminer le procès qu'ils avaient au parlement, à raison de leurs prétentions réciproques sur la vicomte de Murat. Les arbitres de Pons furent : les seigneurs de Castelnau, de Landon, le marquis de Canilhac et le seigneur de Précornel ; et pour Reynaud : le seigneur de Consan, le vicomte de Polignac, le seigneur d'Apchon et le baron de Pierrefort. Cet arbitrage n'eut pas d'effet, et la sentence resta au parlement.

1389. Il intervint un nouvel arrêt confirmatif de la sentence de 1377, déclarant que la vicomte de Murat appartenait à Reynaud; mais Pons ne voulut pas y souscrire, et ces différends se prolongèrent encore plusieurs années.

1393. Le 18 novembre, Pons souscrivit la procuration donnée par Bernard d'Armagnac, comte de Rodez, au marquis de Canilhac, seigneur de la Mothe, et à Guillaume de Solages, ses procureurs constitués, pour épouser en son nom, dans la ville de Riom, Bonne de Berry, veuve du comte de Savoie, fille de Jean de France, duc de Berry et d'Auvergne.

1399. Le parlement rendit un arrêt en faveur de Reynaud, auquel Pons de Cardaillac n'obéit pas plus qu'aux précédents.

1400. Pons affranchit de tout cens et justice la maison du nouvel hôpital donnée par Guillaume Chastang, et dans laquelle, à l'avenir, les pauvres devaient être logés. La même année Pons fut fait chevalier,.

1402. Pons maria sa fille, baronne de Cardaillac, à Durand de Montai; et, à l'occasion de ce mariage, il fit payer deux fois la taille aux quatre cas à tous les habitants de la vicomté, cette taille était, pour chaque cas, de 50 liv. par châtellenie.

1403. Par arrêt du 10 avril, confirmatif des précédents, le parlement déclara que la vicomté de Murat et ses dépendances appartenaient à Reynaud, condamna les Cardaillac à la flétrissure, à rendre la vicomté, à payer une somme de 10,000 liv. pour les jouissances, plus une de 8.000 pour frais et dommages, au bannissement et à la confiscation, pour cause de désobéissance, d'alliance avec les ennemis de l'Etat et d'excès commis dans la vicomté. On voit, en effet, dans un arrêt de 1395, que Pons, dans ses hostilités, ayant fait prisonniers deux frères naturels de Reynaud, leur fit crever les yeux.

1404. Reynaud 1er devint donc définitivement vicomte de Murat en vertu des arrêts qu'il avait obtenus; mais il ne jouit pas longtemps de la vicomte, étant décédé peu après sa mise en possession.

Renaud II succéda a son père; mais il fut plusieurs années sans pouvoir entrer en jouissance de la vicomte. Pons et Guillaume de Cardaillac avaient mis opposition à l'arrêt du parlement, et avaient cherché à intimider les commissaires que le roi avait envoyés pour le mettre a exécution.

1405. Pour faire cesser cette désobéissance envers la justice, Renaud II obtint, le 25 juin de cette année, une commission adressée au sénéchal de Beaucaire et au bailli du Velay, pour en informer de nouveau, et pour sommer Pons et Guillaume de comparaître à jour fixe pour rendre compte des motifs de leur conduite, sous peine de bannissement et de confiscation. Sur quoi les Cardaillac ayant délégué en Cour un procureur pour les représenter, ils s'excusèrent de ne pouvoir comparaître en personne, sur la nécessité dans laquelle ils se trouvaient de garder avec vigilance les châteaux qu'ils avaient dans le Rouergue et dans l'Albigeois, crainte qu'ils ne tombassent dans les mains des ennemis de l'Etat. Ils alléguèrent, en outre, qu'ils ne pouvaient pas se dessaisir de la vicomte de Murat tant qu'ils ne seraient pas payés des droits légitimaires et dotaux de Blayde de Caylus, leur bisaïeule , et d'Hélis de Murat, leur aïeule , plus, ce qu'ils avaient dépensé en améliorations, réparations pour lu garde des châteaux et terres de la vicomté; ils consentirent cependant à ce qu'elle fût mise en séquestre entre les mains d'un honnête homme, et avec le moins de frais possible, jusqu'à ce qu'ils eussent été payés des sommes qu'ils réclamaient. Comme les deux parties ne pouvaient se mettre d'accord sur l'estimation de ces droits, la Cour ordonna au sénéchal de Beaucaire et au bailli du Velay de mettre la vicomté en séquestre jusqu'aux Grands-Jours de Vernandois, où leurs prétentions réciproques seraient réglées.

Les commissaires voulurent alors se saisir du château de Murat; mais les Cardaillac s'y opposèrent encore et y firent entrer une forte garnison. Sur quoi, ayant été plusieurs fois ajournés à comparaître en personne devant la Cour, et n'ayant jamais obéi aux sommations, le procureur-général demanda qu'il fût fait un exemple; il requit contre les Cardaillac père et fils qu'ils fussent obligés à faire amende honorable dans la salle du palais, au milieu de la place de Murat et de celle de St-Flour, un jour de marché et en présence des personnes désignées par Reynand, afin de lui demander pardon, à la justice et au public; ils devaient être à genoux, la tête nue, sans épée et sans ceinturon. Le procureur-général demandait, en outre, que leur procès leur fût fait ensuite, qu'on les condamnât à payer une somme de 20,000 liv. à Reynaud et une amende de 40,000 Iiv. pour lui, procureur-général; enfin, s'ils pouvaient être saisis, qu'ils fussent bannis du royaume, leurs biens confisqués, s'ils ne paraissaient pas en personne après avoir reçu quatre nouvelles sommations.

1406. Par un nouvel arrêt, le parlement débouta les Cardaillac de ce qu'ils pourraient dire sur les faits allégués contre eux; il les condamna à payer à Reynaud 8,000 liv. de dommages et intérêts, déclara le reste de leurs biens confisqués, el prononça leur bannissement à perpétuité. L'arrêt principal qui adjugeait la vicomté a Reynaud, quoiqu'il fût décédé, fut maintenu, et ordonna qu'il serait exécuté par la force des amies, avec droit d'appel au peuple, pour prêter main-forte, le cas échéant.

L'exécution de cet arrêt fut remise à Guillaume de Rully, président au parlement de Paris; il se rendit en Auvergne cette année-là, et mit, à main armée, Reynaud en possession des châteaux et lieux qui dépendaient de la vicomte. Pendant onze mois, il assiégea le château de Murat avec une forte armée, n'ayant pu, avant ce temps, faire sortir la garnison.

1406. On voit dans le compte rendu de ce siége, par les consuls de St-Flour, qu'il commença le 1er juillet; que des vivres furent envoyés au sieur de Rully, à Bredon, le 4 du même mois, et que les sieurs Jouvenroux et Antoine Duprat vinrent solliciter que les gens de St-Flour fussent dispensés d'y venir en armes. Guillaume de Rully et le sieur de Marle s'accordèrent avec eux moyennant 100 écus, faisant alors 122 liv. 10 sols, pour être dispensés du siége. Le 17 novembre, cependant, les habitants de St-Flour envoyèrent à Murat vingt hommes, avec seize muids de vin et des vivres pour six jours, sur le bruit qui s'était répandu que les Anglais venaient pour faire lever le siége.

1407. Le 16 janvier, le bailli Chatard de Rochedagoux vint à St-Flour pour exempter son guet de se rendre à Murat. Enfin, au mois de mars, on ramena dans cette ville les engins et bombardes, après que la garnison eut évacué le château. Ce siége coûta 25,000 liv., somme considérable pour ce temps-là.

Il se commit pendant ce siége une foule de crimes, de meurtres et vexations; il y eut plusieurs femmes et filles violées, plusieurs habitants pillés et massacrés. On trouve dans les archives de la chambre des comptes de Paris, que la ville fut assiégée par bombardes, canons et autres engins. Après l'évacuation du château, la ville offrit au vicomte Reynaud une somme de 15,000 liv.; mais il la refusa, promettant de tout oublier. Toutefois, il demanda dix habitants de la ville, à son choix, ce qui lui fut refusé.

Or, comme Reynaud ne pouvait leur pardonner d'avoir soutenu les Cardaillac contre lui, il continua envers eux ses actes d'hostilité et de barbarie. On lui imputa d'avoir fait brûler Michel Gazard , d'avoir mis dans un instrument nommé coissard les enfants de Guillaume Delmas, et d'avoir voulu les précipiter du haut du rocher, ce dont il fut empêché. Un jour, ayant fait venir au château Jean Deslandys, il le tua de sa main ; il fit asseoir Pierre Vissade sur une tuile chaude; il fit brûler les cuisses et les fesses de Pierre Faucillon. Un jour de Pâques, il fit tirer sur le peuple les canons et bombardes du château; il fut même un jour jusqu'à faire jeter sur la ville des solives enflammées et du feu grégeois pour l'incendier.

Les différends entre les Cardaillac et les puinés de Murat durèrent quarante-quatre ans. Pendant ce temps-là, les revenus et la justice de la vicomte furent mis sous la main du roi, régis par un sergent d'armes , originaire de Langeac, nommé Durieu; en 1400, par Bertrand de Celles, et enfin, pendant deux ans, par Jean de Neuvéglise, capitaine du château de Murat.

La même année 1407, Reynaud institua des rentes en faveur du sieur de Rully, à cause des sommes dont il lui était redevable pour sa mise en possession du château.

Quoique le vicomte Reynaud fut en jouissance de la vicomté, il n'en fut pas pour cela paisible possesseur. Tons et ses enfants, aidés par Guillaume de Cardaillac, prieur de Bredon , leur cousin, descendu comme eux d'Hélis de Murat, restèrent longtemps retirés dans le prieuré et s'emparèrent même du fort de Beccoire; mais Reynaud le reprit immédiatement et y établit une garnison pour surveiller le prieur. Pons, alors, s'empara du fort de la Bastide. (Voir l'article Bredon, p. 288.)

1409. Cette année-là, les renies constituées en faveur du sieur de Rully n'ayant pas été suffisantes pour l'indemniser, Reynaud en créa d'autres.

Reynaud II épousa cette même année Blanche d'Apchier, fille de Raymond, seigneur d'Apchier, sire de Nogaret, de Cornusson et de St-Alban. C'est de là que ces terres vinrent dans la maison de Murat.

Reynaud, outre ces terres, unit encore à la vicomté de Murat celles de Mallet, de Châteauneuf, d'Anglards et de Turlande; il y réunit aussi lus châtellenies de Fonrose, de Montpeyroux et de Barrés, qui en avaient été démembrées pour l'apanage do Guillaume de Murat, son aïeul. La moitié de la terre de Turlande avait été achetée auparavant par Reynaud I", son père, de Pierre de Turlande, le 21 avril 1391.

Il y avait des châteaux dans chaque châtellenie ou mandement; ils furent démolis au temps des guerres civiles. On voyait dans le cartulaire de Saint-Flour qu'en 1280, noble homme Germain de Châteauneuf était seigneur d'Apchier. Ces trois premières châtellenies furent apportées en dot par Jeanne de Châteauneuf à Reynaud I», son mari. Par son testament daté du 1" juillet 1598, elle fit héritier son fils Reynaud , et, de la sorte , lesdits mandements de Châteanneut, Mallet et Anglards échurent en propriété aux vicomtes de Murat.

Bernard d'Armagnac était devenu , en 1409, par suite de son mariage avec Bonne de Berry et par donation de Jean, son beau-père, vicomte de Carlat. Ce prince était opposé à Reynaud, qui appartenait au parti du duc de Bourgogne. Il fit sommer Reynaud d'avoir à lui rendre foi et hommage pour la vicomté de Murat, ce qu'il refusa sur les mêmes raisons que ses prédécesseurs. Ce refus amena une guerre cruelle entre ces deux seigneurs.

Les habitants de Murat, qui haïssaient Reynaud à cause de ses cruautés envers ses sujets, voulurent s'en venger et aidèrent le comte d'Armagnac à se saisir de la ville. Alors Reynaud, qui était bailli des montagnes , s'associa avec les seigneurs de Rochebaron et de Montanroux, assembla tout ce qu'il put de gens de guerre et les mit sous les ordres du capitaine Ferraboc. Sous le prétexte d'aller chasser les pillards qui occupaient le château de Carlat et les criminels réfugiés dans les châteaux voisins, il se mit à la tête des troupes, enseignes déployées et avec armés apparentes. Il s'empara des châteaux de Murat-de-Barrès, de Messillac, de Montamat, de Puy-Mandès et de Polminhac; il ravagea les terres du comte d'Estaing de Dienne , des seigneurs de Combrclle , Valuéjols , Brezons et Cheylanne; il enleva dans le Carladès neuf ou dix mille têtes de bétail, et, profitant de l'absence du comte Bernard, occupé alors à faire la guerre au comte de Foix, son ennemi particulier, il assiégea Carlat et fut sur le point de le prendre 'par surprise.

La comtesse d'Armagnac, en l'absence de son mari, avait assemblé les nobles du Rouergue et du Carladès pour s'opposer à ces ravages. Le capitaine Ferraboc fut défait et désarmé par les gens de la princesse.

1410. Le pape Jean XXII, successeur d'Alexandre V, fit droit à la supplique que le roi Charles VI avait envoyée contre le prieur de Bredon. Par bref du 23 mai do cette année, il commit l'abbé de la Chaise-Dieu. (Voir l'article Bredon. p. 280.)

1413. Le comte d'Armagnac ayant connu les actes criminels commis par Reynaud contre lui et sa vicomté de Carlat pendant qu'il était en Gascogne, résolut de le châtier. Pour éviter que les habitants de Mural lui donnassent des secours, il s'avisa de déclarer confisqués tous les biens de ceux qui prendraient les armes contre lui en faveur de Reynaud, et il les donna au corps commun de la ville. Ceci fut fait par lettres données au château de Gages, le 14 août 1413, et, dans le même château, le 15 janvier 1414, il ratifia les franchises et privilèges de la ville. Il permit aux consuls, dont il a, dit-il, éprouvé la fidélité, da garder les clés de la ville, après avoir prêté serment en ses mains ou dans celles de ses officiers ; cependant, en cas de danger, ils ne pouvaient se refuser de les remettre aux officiers du vicomte sur leur demande. Il leur donnait encore la permission de chasser les sangliers, les cerfs, les chevreuils qui dévastaient les récoltes, et de se les approprier, en réservant pour le seigneur ou ses officiers la part qu'il est d'usage de leur donner.

1414. La paix d'Arras avait mis fin à la guerre contre le duc de Bourgogne. Le comte, à son retour en Rouergue, donna six mille hommes de troupes réglées au comte de Lomagne, son fils, avec Bégon, vicomte d'Estaing et de Cheylanne. Il se saisit de toutes les places et châteaux de la vicomté ; mais il ne put prendre celui de Murat. Il fallut en venir à un siége régulier; car ce n'était pas une petite entreprise que de soumettre un château si fort, si avantageusement situé sur un rocher tant élevé et escarpé. Avec cela, Reynaud, son frère et ses autres parents s'étaient enfermés dans la place, résolus à s'y défendre à outrance, dans l'espoir qu'ils pourraient obtenir quelques secours du duc de Bourgogne. La petite armée qui devait entreprendre le siége, en s'y rendant, campa devant Fonnostro. (Voir ce nom, 13e liv., p. 182 de cet ouvrage.)

Le vicomte Reynaud se défendit vaillamment; le vicomte d'Estaing ne prit le château qu'à force de gens. Sans la coopération des habitants du pays, il n'y aurait pas réussi; mais ils étaient lassés par tout le mal que Reynaud leur avait fait lorsqu'il avait lui-même assiégé les Cargaillac. S'étant rangés du côté des plus forts, ils contribuèrent à le faire prendre, avec le comte d'Apchier, son beau-père. Reynaud fut conduit prisonnier à Carlat et y resta dix-huit mois. Le connétable d'Armagnac donna au vicomte d'Estaing le village de Prades, ainsi que plusieurs autres, pour le dédommager des frais du siége ; déjà il lui avait donné la maison de Jean Brunenchon, procureur-général de Reynaud, dont les biens furent confisqués.

Ce siége est mentionné dans Juvénal des Ursins.

1415. La chronique sans nom dit que cette place fut prise par composition; que Reynaud se rendit prisonnier ; mais qu'ayant, au bout de dix-huit mois, trouvé le moyen de s'évader de sa prison, il se rendit auprès du duc de Bourgogne. Ce prince obtint sa délivrance par le traité qu'il passa en 1415, par lequel il rendit la liberté au sire de Bétizy, sous la condition que Reynaud de Murat et les autres prisonniers faits avec lui seraient relâchés.

Reynaud, après avoir servi quelque temps sons les ordres du duc de Bourgogne, rentra dans les bonnes grâces du roi Charles VII, qui lui donna des lettres d'abolition. Il entra à son service, fut fait capitaine de 100 hommes d'armes, son chambellan, et reçut le gouvernement du Languedoc, où il possédait les terres de Cornusson, de Saint-Alban et de Grand-Rieux, qui lui venaient du chef de Blanche, sa femme. Ce vicomte vécut jusqu'en 1460.

Il paraîtrait, d'après le dénombrement que fait Chapelain dans sa Puecelle d'Orléans, VI° livre, vers 362 et suivants, de l'armée de Charles VII, que Murat aurait fourni son contingent à ce monarque.

Pour ne pas interrompre le cours de l'histoire d-es vicomtes de Murat, nous allons réunir ici tonte la suite des procès qui s'élevèrent encore entre les d'Armagnac, les Murat et les Cardaillac, jusqu'à l'arrangement définitif et l'arrêt rendu, en 1468, par le parlement de Toulouse.

Quoique Reynaud eût été mis eu possession de la vicomte de Murat, il ne fut pas payé par les Cardaillac des sommes auxquelles ils avaient été condamnés envers lui; il eut encore longtemps à plaider avec eux.

Il eut aussi de longs démêlés avec Bernard d'Armagnac, comte de Pardiac, lils du connétable, sur ses droits à la vicomté de Murat et sur la confiscation rendue contre lui pour n'avoir pas prêté foi et hommage. On voyait dans les écritures de Reynaud contre les d'Armagnac, que ce seigneur se plaignait du connétable, leur père à ses enfants, sur ce qu'il avait donné des secours aux Cardaillac contre lui, nonobstant l'arrêt du parlement; il alléguait l'ignorance où il se trouvait d'avoir à rendre hommage pour la vicomté de Murat, dont il s'était emparé par la force des armes. A l'égard du siége qu'il avait mis devant Carlat, ce n'était point pour insulter le comte d'Armagnac, mais pour en chasser les pillards et les criminels qui s'en étaient emparés , entre autres Tendonnet et Géraud de Péronenc, Jean d'Orlois, le nommé Capon et le bâtard d'Arpajon. C'était d'après les mêmes motifs qu'il avait été dans les autres places du Cailadès, ce qui était son devoir comme bailli. Enfin, il n'avait fait alliance avec les seigneurs de Rochebaron et de Montauroux que pour se prêter un mutuel appui. Il ne se reconnaissait donc coupable d'aucun des faits qui lui étaient imputés. Cette affaire fut terminée à Clermont, le 16 juin 1444, par transaction devant Martin Gouge, évêque de cette ville, et Guillaume de Montmorin, évêque d'Agde.

Reynaud vendit les droits qu'il avait sur les châtellenies de Châteauneuf, Mallet, Anglards et Cussac, pour le prix de 5,000 écus d'or, avec réserve toutefois des droits de ses frères et sœurs; il céda encore tous ses droits sur la vicomté de Murat, Muratel, la Bastide , Aubepeyre , Maucheix, Vigouroux et Turlande, moyennant 4,600 écus d'or, et toutes ces terres restèrent réunies à la vicomte. Après la mort de Reynaud, Marguerite de Murat, sa fille, dame de Cornusson et de St-Alhan , conjointement avec Louis Louet, son époux, et Guillaume Louet, son fils, seigneur de Marcillac et du Verger, ratifia les ventes que son père avait consenties à Jacques d'Armagnac, duc de Nemours, moyennant 6,440 livres. Marguerite et son époux terminèrent aussi les affaires qu'ils avaient avec la famille de Cardaillac, renonçant aux 43 mille livres qui leur étaient dues, pour la somme de 2,350 livres que Pons de Cardaillac, seigneur de Valadi, leur paya. De son côté aussi, Pons les tint quittes des sommes que réclamait son père pour les droits légitimaires de Blayde de Caylus, son aïeule, et d'Hélis de Murat, sa bisaïeule. Ainsi furent terminés ces grands procès pendant au parlement de Toulouse.

Nous avons dit que Reynaud s'était retiré auprès du duc de Bourgogne. Ce prince dut donner un établissement à cet infortuné vicomte dépouille de toutes ses terres. Quelques écrivains ont cru à tort que sa postérité subsiste encore en Dauphiné. Le marquis de l'Etang, seigneur de Vincy, n'est point descendant de cette famille, quoiqu'il porte les armes des anciens vicomtes de Murat, qui sont à 5 fasces émaillées d'or et qu'il ne faut pas confondre avec celles de la vicomté de Murat, qui sont écartelées au 1er et 4e d'azur, à 3 fasces muraillées et crénelées d'argent, la 1rede 5 créneaux, la 2° de 4 et la dernière de 3; celle-ci ouverte en porte ronde au milieu; Telles sont les anciennes armoiries de Murat. Après la prise de la possession de la vicomté par les d'Armagnac, on les modifia ainsi : au 2° et 3° de gueule, au lion léopardé d'or, qui est de Carlat:

La fille que Reynaud laissa de son mariage avec Blanche d'Apchier épousa Louis de Louet, chambellan du roi Charles VI.

Il y avait encore quelques branches cadettes sorties de la maison de Murat. Les vicomtes de Cheylanne portaient jadis le nom de Murat. Marguerite, fille unique d'Armand, porta cette terre dans la maison de Peyre, par son mariage avec Astorg. Leur fille unique, Eminarde, leur héritière, fut mariée, en 1319, au comte d'Estaing, dans la maison duquel cette terre resta jusqu'en 1500.

Les seigneurs de Faveyrolle étaient aussi descendus des vicomtes de Murat. Armand y résidait et vendit une rente sur la maison Chabrier, en 1379, à Pierre-Julien, seigneur de Chambeuil. Il vivait encore en 1389.

Armand de Murat et Bertrand de Valheilhes, damoiseaux, souscrivirent, en 1320, la donation de Bégon et de Blayde de Caylus, son épouse.

Armand et Amblard de Murat firent hommage au seigneur d'Apchon, en 1347, pour Rochevielle, que leur père avait acquis de Guillaume Loubeyre.

Nous ignorons ce que ces branches sont devenues; on ne les trouve plus dans l'histoire.

Ainsi finit à Murat cette race antique et chevaleresque, qui aurait donné son nom à la ville, mais plus probablement l'avait reçu d'elle; race déjà puissante lorsqu'elle nous apparaît aux temps historiques qui créa sa vicomté, la rendit grande et prospère, et qui la perdit fatalement par un ostracisme d'étiquette, au moment où elle était parvenue à son apogée.

La maison des anciens vicomtes de Murat, dit M. Laine, a subsisté avec éclat dans le comté d'Auvergne pendant 400 ans. L'opinion de cette province est qu'elle tirait son origine des vicomtes de Carladès. Ce qu'il y a de certain, c'est que Murat était dans le principe un fief mouvant du château de Carlat, comme le prouve une suite d'hommages rendus par les vicomtes de Murat. Ce n'était donc originairement qu'une viguerie, et le titre de vicomté qu'elle a dû prendre à l'époque de son démembrement, lui vint sans doute de la qualité générique de son premier possesseur. Ajoutons à ces considérations que les noms de Gilbert et de Géraud ont été communs dans les deux maisons de Carlat et de Murat.

Nous allons reprendre maintenant l'histoire des vicomtes.

Bernard, comte de Rodez, Fézensac, etc., connétable de France, conserva jusqu'à sa mort la vicomte de Murat, dont il était devenu possesseur par confiscation Pendant qu'il était détenu prisonnier, il fit don au chapitre de Hurat d'une rente de 8 septiers de blé pour célébrer, chaque lundi, une messe chantée pour le repos de son âme. Il fut massacré à coups de maillet, le 18 juin 1418, et Bonne de Berry, sa femme, fit délivrer cette rente au chapitre par ses lettres du 18 octobre de la même année. Elle mourut au château de Carlat, assistée d'Anne d'Armagnac, sa fille, et d'Eléonore de Léotoing; elle lit héritier Bernard, son fils.

On trouvait dans les archives de Murat une requête en patois présentée par le chapitre à Bonne de Berry. Les chanoines réclamaient les largesses de cette puissante dame pour l'agrandissement de leur église devenue trop petite. Dans cette requête, les chanoines déclaraient avoir reçu plusieurs libéralités du connétable, son mari, du duc de Berry, son père, et des comtes d'Armagnac, ses enfants. Ils promettaient de dire pour elle, à perpétuité, une messe haute le jour de St-Michel. Bonne accéda à leur demande

1419. Jean d'Armagnac, fils du connétable, lui succéda. Il ratifia, le 6 mai de cette année, les donations que son père avait faites aux habitants de Muni des biens confisques sur les partisans du vicomte Reynaud. Deux jours après, il ratifia les privilèges de la ville, reçut l'hommage des consuls, auxquels il permit d'avoir un sceau. C'est depuis cette époque que le corps commun de la ville prit sur ses armes, azur au lion d'or léopardé, comme nous venons de le dire.

1423. Bernard, second fils du connétable d'Armagnac, qui avait été constitué héritier par Bonne de Berry, sa mère, transigea avec Jean, son frère aîné, à Lille-en-Jourdain, le 23 mars, sur ses droits paternels. Jean se démit de la vicomte de Murat, laquelle, dans leur partage, revint à Bernard.

1425. Ce comte reçut, dans le château de Carlat, l'hommage du vicomte de Murat; il ratifia les privilèges de la ville, à la charge par les consuls de la garder ainsi que son château, et de lui signaler les trahisons qui pourraient être tramées contre lui.

1428. Il ratifia de nouveau la donation faite par son père au corps commun de Murat, des biens confisqués sur les partisans de Reynaud.

1429. Le comte Bernard épousa Eléonore de Bourbon, fille unique de Jacques, comte de la Marche et do Castres. Il eut d'elle deux fils : Jacques d'Armagnac et Jean, évêque de Castres et abbé d'Aurillac, qui décéda vers l'an 1490, après avoir été tuteur des enfants de son frère et rendu de grands services au chapitre de Murat, dont il fut médiateur dans toutes ses affaires.

1430 Bernard fit bâtir la grosse tour du château. La même année, il fonda et fit bâtir le couvent des Frères mineurs de l'observance de Notre-Dame-de-Paix-de-Murat, dans la chapelle de l'infirmerie de St-Gal.

1432. Reynaud de Murat et le Sr de Rochebaron cherchèrent à s'emparer de St-Flour.

1433. Nous avons vu (13° livraison, page 219), les sommes votées par les Etats de la prévôté de St-Flour, entre autres, 100 livres à la comtesse de Pardiac ; 20 écus à Gaspard de Neuvéglise, son serviteur, et 7 livres au Sr de Chazelles.

1435. Traité ci-dessus mentionné entre Bernard d'Armagnac et Reynaud.

1444. Abandon par Reynaud de ses prétentions sur le château et la vicomté.

1432. Jacques d'Armagnac, vicomte de Murat, fut si bien dans les bonnes grâces de Louis XI, qu'il se maria cette année avec Louise d'Anjou, sa filleule.

1456. Jacques succéda à son père. Il affranchit, le 14 juin, en faveur des chanoines de Murat, de toute directe et censive, une maison acquise du Sr Besson, pour agrandir son église. Se trouvant à Murat à cette époque, il reçut le serment de fidélité des consuls et ratifia les privilèges de la ville.

1459. Le comte Jean, qui avait cédé la vicomté de Murat a Jacques, son frère, mourut cette année-là. Il n'avait eu qu'un fils, Jean V, mort sans postérité, dans lequel s'éteignit la branche aînée des d'Armagnac.

1464. Jacques fut assez mal inspiré pour entrer dans la ligue du Bien-Public, ce qui irrita fort Louis XI contre lui, car il manqua ainsi à la parole qu'il avait donnée au roi, au siége de Riom. Pour se remettre en ses bonnes grâces, Jacques se rendit à Paris et jura, sur des reliques, d'être bon et fidèle sujet. Entre autres places, il donna en garantie celle de Murat.

1469. Malgré cet accommodement, le procureur général lit des poursuites contre lui. Il fut, en conséquence, passé à St-Flour, le 7 janvier, un traité entre Autoine de Chabanne, comte de Dammartin, et Jacques de Nemours, par lequel le maréchal lui pardonna au nom du roi. Le duc promit de faire prêter serment de fidélité à Louis. XI par tous ses sujets et vassaux. En exécution de ce traité, le roi ordonna, le 17 février, à Draguinet de Lastic de Valheilhes, grand-maître d'hôtel de la reine, de se rendre à Murat. (Voir Breilon, page 290 )

1471. Jacques d'Armagnac fonda dans l'église collégiale de Murat une messe basse qui devait se dire à perpétuité et chaque jour, savoir : la 1" et la 2e, au grand autel, après avoir été sonnée par sept coups de la grande cloche, eu l'honneur des sept joies de la sainte Vierge. Il donna pour cela 20 livres de revenu en assiette de rentes à prendre sur les villages de Mazières et d'Auxillat. Ce revenu fut assis dans cette fondation, savoir : 11 livres 3 sols en argent, et pour les 8 livres 17 sols restants, on donna 27 septiers en froment, seigle ou avoine. On y voit que le septier de froment fut évalué à 8 sols, celui de seigle, à 7 sols, et celui d'avoine, à 4 sols. Il y avait en outre 3 livres 4 onces et 1/3 de cire, à 3 sols la livre. Il prit même rengagement de faire bâtir et décorer une chapelle dans cette église; mais les poursuites exercées contre lui l'en empêchèrent. Cette fondation fut faite le 20 janvier, en présence du chapitre.

1472. Anne de France, duchesse de Bourbon, chargea Pierre Sobrier de lever cette rente, et, pour ce motif, elle fut appelée la Messe de Madame.

1473. Jacques de Nemours ratifia les privilèges de Murat.

1475. Le 9 mai, il permit de nommer les nouveaux consuls le lendemain de Noël, au lieu du lendemain de Pâques. Dans ce temps-là l'année commençait le jour de cette féte. Il accorda aussi aux consuls le pouvoir de prélever certains droits par charge de vin qui entrerait dans la ville, à condition que le produit

de cette taxe serait employé aux réparations et constructions nouvelles des murailles de la ville. En effet, cinq ans après fut faite la dernière enceinte partant de la porte près la tour carrée de la caserne, suivant le Vallat, retournant aux bâtiments de la vicomté jusqu'à la porte du Molinier, montant au-dessus de la maison Deslandys et sur la rue moderne qui descend à la route de l’Allagnon, et se prolongeant jusqu'à la porte des Coumeyroux ou d'Allanche, près de la maison qui appartient aujourd'hui à M. de Brives. Par cette troisième enceinte, la ville reçut son agrandissement fortifié définitif.

1477. Malgré le pardon que Louis XI avait accordé au duc de Nemours, il n'en avait pas moins conservé dans son cœur la volonté de le punir de sa conduite lors de la ligue du Bien-Public. Il envoya à l'improviste Pierre de Bourbon Beaujen, son gendre, à la tête de 6,ooo hommes de troupes réglées pour l'assiéger et le prendre dans son château de Carlat. Comme il n'en serait pas venu à bout par la force, le duc de Bourbon usa de ruse envers Jacques, lui fit dire que le roi ne demandait de lui qu'une soumission, et lui fit certifier qu'il se chargerait de sa justification auprès de Louis. Sur quoi le duc se rendit, et ayant été conduit à Lyon où le roi se trouvait, il fut enfermé dans Pierre-Encise et de là transféré à la Bastille, où, après sept ou huit mois de prison, on lui fit son procès; il fut condamné à mort le 4 août 1477 et exécuté aux halles de Paris. Les faits de cette exécution sont hors des bornes de notre notice. Louise, sa femme, en ce temps-là accoucha à Carlat et mourut avant l'exécution de son mari, de chagrin de ces poursuites. Elle laissa six enfants.

Les biens du duc de Nemours furent confisqués par le même arrêt. Louis donna le comté de la Marche, le pays de Combrailles et de franc aleu au duc de Bourbon et à sa femme; la vicomté de Murat, son château qui ne fut pas démoli, comme quelques écrivains l'ont avancé, et la terre de Vigouroux à Jean Dumas, seigneur de Lille. Le reste de ses terres fut rendu à ses enfants.

1483. Joan Dumas, seigneur de Lille-en-Jourdain, grand-maître des eaux et forêts. chambellan du roi et créancier du duc de Nemours, prit possession de la vicomte de Murat et de Vigouroux, en vertu du don qui lui en avait été fait, moyennant une certaine somme. Mais le roi Louis XI étant mort, à la prière des états généraux du pays, Charles VIII remit la vicomté de Murat à Jean d'Armagnac, fils de Jacques, à la charge de désintéresser le concessionnaire qui en avait joui jusqu'à cette année. Jean Dumas avait deux enfants. Jacqueline épousa le duc de Lévis; Robert, Jeanne de Fontenay, dame de Rifardon, en Bourbonnais. Il eut un fils qui épousa Honorad de Castellane, héritière de la branche de Lomagne, de laquelle sont sortis les marquis de Lomagne, qui ont pris le nom de Castellane.

1484. Jean d'Armagnac, duc de Nemours, étant devenu ainsi vicomte de Mural, envoya François Foucault, gouverneur de Carlat, et Claude Sobrier, prieur de St-Clément, demander aux habitants de cette ville la taille qui s'était présentée pour trois cas. Le premier, était la prise du duc Jacques, son père ; le second, parce que le duc Jean avait été fait chevalier au sacre de Charles VIII, et le troisième, à cause du mariage de Catherine d'Armagnac, sa sœur, avec Charles, 2° du nom, duc de Bourbon, Sur cette demande, le corps commun de la ville consentit à lui payer 160 livres en reconnaissance des services qu'il en avait reçus ou qu'il espérait en recevoir. Le duc ayant été satisfait de la générosité des habitants, il y eut une transaction passée, d'après laquelle on s'engagea de part et d'autre à ne porter aucun préjudice à leurs droits réciproques et privilèges.

Le duc Jean consentit à ce que les consuls de Murat eussent un valet de ville à livrée verte et bleue, avec pouvoir d'exercer pour les affaires de la ville. Il permit aussi de prélever 2 sols par charge de vin qui entrerait dans la ville.

1486. Les Etats tenus à Riom, en cette année, ayant imposé diverses sommes sur les vicomtés de Carlat, de Murat, les prévotés d'Aurillac, de Maurs et de Mauriac, les habitants de la ville de Murat en furent déchargés. 1

1489 Jean d'Armagnac ne considérant pas la vicomté de Murat tomme assurée en ses mains, à cause de la félonie de son père et des droits concédés par suite sur elle à Jean Dumas, entra en arrangement avec le duc de Bourbon, tant sur Murat et Carlat, que sur leurs membres et dépendances, estimés cent mille livres. Le duc de Bourbon entra aussi en accommodement avec Jean Dumas. Le duc Jean reçut en échange le comté de Lille-en-Jourdain pour le prix de 40 mille livres; les terres de Bozol, Foy et Servissal, pour la somme de 35,333 livres; les terres d'Ayen et de Dalissac, en Limousin, pour celle de 25,250 livres, et pour parfaire la somme entière, celle de 1,417 livres en argent. Le duc de Bourbon et Anne de France, sa femme, se chargèrent de désintéresser le Sr Dumas, d'acquitter encore pour eux une somme de 4,000 liv., due à M. Jean Taquimenc, sur la terre de Vigouroux. Ce traité fut passé en présence du roi Charles VIII, qui ratifia le tout, se démit de tous ses droits et réclamations sur la vicomte de Murat, se réservant seulement le droit de supériorité. Le 13 juin 1-589, Jean d'Armagnac, duc de Nemours et de Castres, pair de France, donna pouvoir et procuration à M. François Foucault, écuyer, seigneur de Cros et de Chastellux, son chambellan , de mettre le duc de Bourbon en possession, avec ordre a Guillot, seigneur de Dienne, capitaine de Murat ; à Jean Maurin, capitaine de Mallet et d'Anglards; à Pons du Buisson, capitaine de Châteauneuf; à Jacques de Vixouse , capitaine de Turlande , et aux autres capitaines du Carladès , de mettre les places et châteaux des vicomtés de Carlat et de Murat entre les mains du duc de Bourbon. Le 9 juillet 1489, noble Philibert de la Platrières, seigneur de Bordes, chambellan du duc de Bourbon, prit possession des deux vicomtés, et fit assembler à Murat les habitants des châtellenies d'Aubepeyre , de Murat et de Lesbros, pour recevoir leur serment.

1490. Pierre de Bourbon, 2° du nom, duc d'Auvergne, comte de Clermont, de Bourbon-Lancy et de Combrailles, succéda aux d'Armagnac dans la vicomté de Murat. Il avait épousé Anne de France, fille aînée de Louis XI Ce prince, en qualité de duc d'Auvergne, établit à Murat le bailliage du duché des montagnes, nommé le bailliage d'Andelat, à la prière des justiciables dudit duché. Nous en parlerons plus loin.

1493. L'église collégiale de Murat fut brûlée par la foudre. Leduc de Bourbon, pat lettre du 24 septembre de cette année, donna 25 livres tous les ans au chapitre jusqu'à son entier rétablissement. En reconnaissance de ce don, ses armes furent mises sur la grande fenêtre qui regarde le midi.

1503. Ce prince mourut à Moulins, le 11 octobre. Anne, sa veuve, devint après lui vicomtesse de Murat, comme usufruitière et comme ayant la tutelle de Suzanne, sa fille.

1504. Charles de Bourbon, connétable de France, obtint une commission du parlement de Paris pour faire assigner Anne et l'inviter à justifier de ses titres à la possession de la vicomté. Pour mettre fin à ce procès, Anne maria sa fille au connétable, en 1505. Dans le contrat de Suzanne, il fut stipulé qu'au cas où le prince lui survivrait sans avoir d'enfants, les terres et seigneuries lui resteraient.

1509. Anne se fit rendre hommage par les habitants de la vicomté.

1513. Anne prétendit que les habitants de Murat devaient lui payer le droit de guet depuis 10 ans, à la date de la mort du duc. Sur quoi les consuls se pourvurent en justice. Cette affaire fut terminée le 13 septembre 1518, par transaction entre la duchesse et les consuls. Il fut réglé, qu'en temps de paix, la ville serait déchargée à l'avenir du guet, en payant annuellement au capitaine du château de Murat une somme de 20 livres ; qu'en temps de guerre ou de danger imminent, les habitants seraient tenus de faire le guet et de fournir une garde au château, ainsi qu'il était stipulé dans la transaction de 1373, avec Pons de Cardaillac.

1515 et 1516. 23 février, établissement d'un contrôle des droits d'octroi. La ville s'y opposa; mais par lettres du 26 février 1516, le roi ordonna que le compte de cet octroi, depuis vingt années, serait fait, et que le reliquat serait employé aux réparations des fours. Cette même année 1516, les consuls protestèrent contre le procureur-général de la duchesse de Bourbon, parce qu'il ne faisait pas punir plusieurs brigands qui avaient commis des désordres.

1521. Le 28 avril, Suzanne de Bourbon mourut avant sa mère, sans laisser d'enfants.

1522. Anne, sa mère, lui survécut peu, étant décédée le 4 novembre au château de Chantelle en Bourbonnais. Elle fut enterrée à Sauvigny, auprès du duc Pierre, son mari.

1523. Charles III de Bourbon, connétable de France, fut vicomte de Carlat et de Murat par suite de son mariage avec Suzanne, et succéda à Anne, sa belle-mère. Ce prince permit, par lettres données à la Chaussière, le 23 juin, aux habitants de Murat, de vendre pour 20 livres les secondes herbes du pré du Brcul et des communaux des côtes de la Vernhe. Il permit aussi de nommer les consuls à la St-Michel; autorisa la nomination de dix conseillers de ville, qui auraient les mêmes pouvoirs que tous les habitants assemblés, quand ils seraient tous réunis. Il accorda aussi aux consuls un secrétaire de ville pour rédiger leurs délibérations. Les attributions des conseillers étaient principalement de surveiller l'égalité de la répartition des tailles.

La vicomté de Murat va entrer dans une nouvelle phase; son existence féodale va être modifiée ; le temps des vieux seigneurs est passé; leur domination, si elle avait suscité parfois des guerres, des vexations, des désastres, n'avait pas été tans gloire et sans utilité, tant pour le pays, que pour ses franchises et libertés. Murat va entrer dans les appartenances de la couronne. Là, ses droits seront encore plus respectés, mieux définis, et quand après avoir été l'apanage de plusieurs princesses , il subira la transformation des terres engagées , l'œil et la justice du roi ne cesseront d'exercer une haute surveillance, jusqu'à son extinction dans les catastrophes révolutionnaires. Mais n'anticipons pas sur les événements.

Après le décès des duchesses Anne et Suzanne, Louise de Savoie , mère de François 1er, réclama leur héritage comme cousine-germaine de Suzanne, alléguant que les stipulations portées au contrat de mariage de cette princesse avec le connétable étaient nulles, et elle obtint une commission du parlement de Paris pour faire assigner le duc. Pendant cette contestation, le roi François I" intervint, et par lettres-patentes donna à sa mère la vicomte de Murat.

Le connétable ayant été dépossédé ainsi de la succession de son épouse, se révolta contre son souverain, passa en Italie, prit du service dans l'armée de l'empereur Charles-Quint, et périt d'un coup de canon eii escaladant les murs de Rome. Il fut enterré à Gaëte.

1525. Le 27 juillet, pour cause de rébellion, le connétable fut déclaré criminel de lèze-majesté, ses biens confisqués et réunis à la couronne.

1530. Jeanne de Savoie décéda le 22 septembre.

1531. Le roi François I'r, par édit du mois de janvier, ordonna que les terres de son apanage, dans lesquelles étaient comprises les vicomtes de Carlat et de Murat, seraient dorénavant unies et incorporées au domaine de la couronne. Cet édit porte:

1° Que toutes les justices et juridictions des terres incorporées seraient et demeureraient royales, pour être exercées sous et au nom du roi, et les nominations aux offices faites par lui;

2° Que les terres seraient régies par le receveur des domaines, et les revenus perçus par les trésoriers de France;

5° Enfin, la Chambre des comptes établie à Moulins pour les terres de la maison de Bourbon ayant été supprimées, que tous les titres et actes concernant lesdites vicomtés et les hommages rendus dans les différents temps, seraient apportés à Paris et réunis aux autres titres du domaine de la couronne.

1532. Par suite de tous ces faits et actes, la vicomté de Murat fut unie désormais à la couronne.

1533. Jacques de Sistrières, juge-prévôt royal de la ville et vicomté de Murat, reçut commission de François 1er, en date du 3 mars, de faire son terrier; il fut terminé en 1535.

1538-1559. Les hommages des vicomtés de Carlat et de Murat furent rendus à François Ier. Jean de Cébie, juge suzerain du Carladès, les reçut par commission du roi.

1540. Henri II, au mois de juin, accorda un affranchissement des tailles personnelles aux résidants des châtellenies de Murat; il donna aussi aux consuls la nomination au chapitre d'un canonicat perpétuel.

1541. Par édit du mois de septembre, il fut ordonné que le juge de la vicomté, étant lieutenant du bailli du duché des montagnes en la prévôté de St-Flour, ce bailli résiderait à Murat comme lieu emprunté.

1553. La montre du ban et de l'arrière-ban de la province se fit à Murat, pour les nobles des montagnes, par Antoine de Fontanges, qui en fut le commandant. Les officiers d'Aurillac y assistèrent.

1557. Le roi ayant créé dans le pays un droit de tabellion nage, les consuls réclamèrent, et, sur les remontrances du juge présidial et d'appeaux, ce monarque supprima cet établissement, par lettres du 23 décembre.

1575. Les Etats du haut-pays furent tenus à Murat pour imposer une somme de 80,000 liv. pour la subsistance des troupes employées contre les religionnaires.

1579. Les huguenots prirent le couvent de St-Gal et le brûlèrent.

1587. La reine Marguerite, qui avait été reléguée depuis un an au château de Carlat, se rendit à celui de Murat avant sa translation à celui d'Usson.

1589. La reine Isabelle douairière de France fut vicomtesse de Murat. Catherine de Médicis l'avait été avant elle. Cette vicomté entra plusieurs fois dans les apanages des reines douairières.

1592. Le gouvernement établit des magasins de vivres à Murat.

1593. Il fut imposé par les Etats du haut-pays une certaine somme sur le tiers état, pour l'abolition d'un subside de vin et le remboursement des frais faits pour prendre plusieurs châteaux, la morte-paie de Murat et pour les garnisons mises dans 11: pays.

Après Isabelle d’Autriche, les reines douairières qui eurent la vicomté de Murat en apanage sont : Louise de Vandémont, femme de Henri III, qui ne la conserva que cinq ans; Marguerite de Valois lui succéda.

1612. Par suite de l'édit de pacification, les habitants de Murat et des contrées environnantes qui professaient la religion prétendue réformée, obtinrent l'autorisation de construire un temple à la Gazelle, paroisse de Murat, et d'avoir un cimetière pour eux dans la ville.

1615. Le 6 novembre, le prince de Joinville, gouverneur d'Auvergne, passa à Murat, allant prendre le commandement des troupes qui se réunissaient à Bordeaux et destinées à accompagner le roi qui venait d'épouser la princesse d'Espagne.

1617. Le même prince passa de nouveau à Murat accompagné d'une noblesse nombreuse; il venait pacifier son gouvernement d'Auvergne.

1635. Le château de Murat fut démoli. (Voir plus loin.)

1635. Isaac Dufour, habitant de la ville de Murat, ayant voulu exiger les droits imposés aux bêtes au pied fourchu, fut la cause d'un soulèvement des paysans des montagnes. (Voir l'article Celles, p. 70 de cet ouvrage.)

1650. Murat et ses environs eurent une large part dans les dégâts, pillages et vexations commis en Auvergne par les régiments. Nous y reviendrons.

1697. Après la destruction du château de Murat, la vicomté resta un certain nombre d'années réunie à la couronne; elle fut engagée par le roi Louis XIV M. Jean-Antoine de Lastic, écuyer, abbé de Sieujac, seigneur prieur de Bredon et d'Allanche, conjointement avec son frère, François Ie r de Lastic; le prieur s en réserva la jouissance sa vie durant. Ils versèrent une somme de 65,000 livres et 6,500 liv pour les 2 sols par livre, et cela par quittances datées des 25 et 29 avril. Dans cette vente étaient compris les châtellenies d'Albepierre et Lesbros (Chastel-sur-Murat); le droit de justice, de greffes civil et criminel, greffe de présentation et d'affirmation; droit de geôle d'Andelat, Murat et St-Flour; droits de leyde, péages, pacages, fouis, moulins banaux ; 140 têtes d'herbages au Cantal et 40 à Rochegude; les Bruels, les prés de Madame, de Saigne-Noire et l'étang de Fonnostre, à la réserve du fief et hommage, et des forêts de hante futaie. Nous donnerons le détail de toutes les dépendances qui ont été comprises dans cette vicomté, dans son intégrité, et qui l'avaient rendue si puissante.

Ce fut le 5 juillet 1697 que M. de Chadefaux , en vertu de la procuration de l'abbé de Sieujac, prit possession de la vicomté de Murat. M. Louis Tassy, conseiller et avocat du roi à St-Flour, fut commis à cet effet par M. l'intendant, et assista à toutes les opérations. Nous avons retrouvé l'acte de cette mise en possession; nous en donnerons un extrait le plus succinct possible, parce qi^'il établit parfaitement la constitution de la partie de la vicomté engagée. Les opérations durèrent cinq jours; les commissaires se réunissaient a huit heures. M. René Teillard, procureur du roi aux gabelles du Languedoc, fut nommé assistant, et M. Gazard, notaire royal, praticien, écrivit.

M. Lefèvre d'Ormesson était intendant de la province d'Auvergne. D'après ses instructions, un état de tous les lieux et bâtiments dépendant de la partie engagée, savoir : Murat, Lesbros, Albepierre, devait être dressé. A cet effet, la réunion des commissaires nommés avait lieu chaque jour au logis de Guillaume Celeyroux, boste (aubergiste). Ils nommèrent Hugues Pichot, expert de Murat, pour procéder avec eux à la reconnaissance des lieux et à l'estimation des réparations à faire.

Le 4 juillet commencèrent les opérations; les commissaires se rendirent à Jieuf heures à l'église collégiale de Murat. M. Jean Denier, prêtre et chanoine, se trouva à la porte, étant averti de la prise de possession que M. de Chadefaux devait faire au nom et comme mandataire de M. de Lastic de Sieujac. Le procureur constitué était attendu à l'entrée, sur la porte; l'eau bénite lui fut offerte, et les cloches sonnant, il fut conduit au pied du maître-autel, où il se mit à genoux du côté de l'évangile. Après avoir fait une prière pendant la messe, à la sortie du sanctuaire, on le fit asseoir à la première stalle du chœur, du côté de J'épître; on sonna la clochette. Par l'entrée de l'église et les autres formalités observées ci-dessus, le sieur de Lastic ^ut mis, reçu et installé en la personne de son procureur constitué, en la possession du droit de patronage et présentation à un canonicat de ladite église, et aussi au droit de patronage et présentation de la chapellenie de St-Etienne-du-Château, alors desservie dans cette église; ensemble à tous les honneurs et droits honorifiques ci-devant dus à Sa Majesté.

Sortis de l’église, ils montèrent à cheval et se rendirent a l'endroit où était jadis le château et principal manoir du vicomte. Le sieur de Lastic fut mis, reçu et installé pareillement en la possession et jouissance réelle et actuelle des domaines et droits ayant appartenu à Sa Majesté, dans l'étendue de la vicomté de Murat, savoir : les châtellenies de Lesbros, d'Albepierre, leurs appartenances circonstances, dépendances et autres droits de haute justice, amendes, confiscations et autres généralement quelconques, en quoi qu'ils pussent consister.

Le terrain faisant l'enceinte du château, suivant l'arpentage qui en fut fait par le sieur Pichot, occupait en rondeur 1,800 toises. Il ne s'y trouvait plus aucun bâtiment; mais seulement en certains endroits paraissaient des fondements de murs de l'épaisseur d'une toise. Au sommet du rocher, on remarquait des fondements à rez-terre, de 6 toises en carré, qui étaient ceux d'une chapelle dédiée à saint Etienne , et desservie alors , comme il a été dit, dans l'église du chapitre. Le tout fut mis en possession par l'entrée et sortie du terrain.

Après cela, ils descendirent à Murat et se rendirent dans une maison vulgairement appelée du Roi, située en la rue Soutrane, autrement Borlie, dans laquelle, au 1er étage, en montant à main droite, se trouvait l'auditoire du prévôt royal de Murat et du bailliage d'Andelat. Us reçurent la clé de la principale porte , et ils installèrent le sieur de Lastic en la possession et jouissance de la maison ; ensemble des nominations des offices de la justice ordinaire de Murat, membres, châtellenies et dépendances, du prêt annuel, des officiers des siéges, droits de résignation et vacance des offices, des greffes civil et criminel, des présentations et affirmations des siéges de Murat et d'Andelat. Laquelle maison et sa toiture étaient en mauvais état : deux portes et une fenêtre seules pouvaient être fermées; les réparations furent évaluées à 5,000 liv.

On se rendit ensuite au four banal, situé rue du Barry, avec ses bâtiments et maisons dépendantes. Il fut établi que, pour le chauffage dudit four, l'usage était de couper le bois nécessaire dans la forêt de Sa Majesté, au moins dommageable, et que, sans cet usage, il serait presque impossible de fournir audit chauffage, à cause de l'éloignement et de la mauvaise qualité des autres bois. D'après l'expertise, les réparations à faire furent évaluées à 866 liv.

En sortant du four, on alla sur la place du Marché-au-Blé, où le sieur de Lastic fut mis en possession des droits de leyde perçus sur tous les grains qu'on y vendait.

Ensuite aux prisons royales, situées entre les deux portes, devant l'église de St-Martin, où étant entrés, on installa le sieur de Lastic dans le droit de geôle de cette prison, servant au juge-prévôt royal et au bailli d'Andelat.

On sortit de la ville par la porte St-Michel, à la sortie de laquelle et des autres de ladite ville par où on rentra, on installa le sieur de Lastic dans la possession des droits de péage accoutumés être perçus dans l'étendue de la vicomté, ensemble du droit de potaige sur tous les cabaretiers et marchands vendant du vin.

On fut au pré de Saigne-Noire, situé au-dessous du château, du côté de Massebeau ; au pré dit de Madame, dans l'enclos de la prairie appelé du Breul Les réparations des murs de clôture des deux prairies furent évaluées à 130 liv.

Le 5 juillet, les commissaires se rendirent à cheval à Albepierre ; l'on fit appeler les consuls, et l'on se rendit au cimetière, près de la chapelle du lieu, où était bâti jadis le château de la châtellenie. François de Comblat, écuyer, sieur de Gorce , confirma ce fait, et fut installé le sieur de Lastic dans les droits de Sa Majesté, consistant en cens, rentes, loz, droit d'échange, rachat, péage, potaige et autres droits et devoirs seigneuriaux, tant casuels que fixes.

Etant remontés à cheval, les commissaires se rendirent à la montagne du Cantal. Arrivés sur le Plomb, ils mirent le sieur de Lastic en jouissance de cette montagne; on redescendit à celle de Rochegude, où l'on refit les mêmes cérémonies; puis on rentra à Murat, d'où l'on se rendit au moulin de Laborie (visconital), et ensuite à la chapelle, où le curé fit sonner les cloches, ouvrit la porte de l'église, offrit l'eau bénite et conduisit le mandataire au sanctuaire, dans lequel il fit sa prière du côté de l'Evangile, et il fut installé.

De la chapelle, on se rendit à Virargues, où les mêmes cérémonies furent renouvelées. A Nozerolles, les commissaires furent conduits dans un petit pré dans lequel se trouvait un gros ormeau. Les habitants déclarèrent que, de toute ancienneté, on avait été dans l'usage d'élire sous cet ormeau les consuls de Lesbros; et là,. le sieur de Lastic fut installé possesseur de tous les droits de cette châtellenie, conformes, du reste, a ce que nous venons d'énoncer pour Albepierre.

Le sixième jour de juillet, les commissaires, à cheval, se rendirent au village de Chastel-sur-Murat, où ils furent introduits dans l'église, située sur un rocher élevé, près des ruines de l'ancien château ; le cérémonial ordinaire y fut observé. Puis on se rendit à l’étang de Fonnostre; la chaussée ayant été arpentée, fut reconnue avoir 80 toises de longueur sur A de largeur et 2 de hauteur ; la superficie de l'étang était de 70 septerées; les réparations à faire furent évaluées à 1,200 livres. On finit par Farges , où se trouvaient trois moulins relevant du seigneur.

Enfin, le 13 du même mois, le procureur fondé de M. de Lastic se rendit à Saint-Flour, et il fut mis en possession du droit de geôle de la conciergerie du bailliage.

Le 21 du même mois, M. de Sieujac arriva à Bredon. Les consuls de la ville avaient été au-devant de lui jusqu'au Pont-du-Vernet. Quelques personnes même se rendirent à Molompise.

Il y avait plus d'un siècle et demi que la ville de Murat n'avait pas reçu son vicomte dans son enceinte. Aussi l'arrivée de M. de Sieujac fut l'occasion de plusieurs fêtes. M. Teillard d'Ery a bien voulu nous en communiquer une relation laissée par M. Teillard de Chabrier, l'un de ses ancêtres, qui y assista et qui était alors procureur du roi aux gabelles du Languedoc. Plusieurs des faits rer lalés dans cette notice ont été extraits de ses mémoires.

Ce fut le 28 juillet, jour de dimanche, que M. l'abbé de Sieujac vint faire sa première entrée à Murat. Les consuls vinrent le prendre à Bredon, avec plus de quarante des principaux habitants, à cheval, le corps du chapitre, M. de Traverse, lieutenant-criminel, M. Teillard assesseur, et M. Danty conseiller du roi. Au pont, sur la rivière, se trouvait une garde d'honneur d'une vingtaine de personnes armées, et quatre suisses qui accompagnèrent le nouveau vicomte par toute la ville, deux en avant et deux derrière; les deux premiers tenaient les rênes de son cheval, et les deux autres la main sur la croupe.

Le corps des récollets et les pénitents attendaient M. le vicomte devant l'hôpital (aujourd'hui la maison Teillard-Nozerolles), et qui alors était la première de la ville de ce côté, et lui adressèrent des compliments. Depuis l'hôpital, M. de Sieujac fut conduit sous un dais, porté du côté gauche par les deux consuls, et du côté droit par le lieutenant criminel et son assesseur. Sur la place, plus de deux cents personnes étaient sous les armes et formaient la haie. Il y avait à la suite du vicomte M. de Lastic de Sieujac, son frère; M. l'abbé de Bonneuil, prieur de Molompise; M. d'Anteroche et plusieurs autres gentilshommes. Quand il fut entré à l'église, on chanta un Te Deum , l'on y donna la bénédiction et l'on fit enfin le tour de la ville en procession. Le soir, l'on se rendit sur la place, où un feu de joie et un feu d'artifice avaient été préparés. M. le vicomte, M. de Lastic, les consuls, MM. de Traverse et Teillard mirent le feu aux artifices; et, lorsque le tout fut terminé, ils se rendirent chez M. Teillard, père du lieutenant criminel, chez lequel une collation avait été préparée. Pendant le repas, les quatre suisses se tinrent à la porte; la maréchaussée et la cavalerie passèrent devant la maison, marchant par quatre et faisant des décharges. Après le repas, M. le vicomte revint sur la place, d'où on le reconduisit très-satisfait des habitants de Murat, et dans le même ordre, jusqu'à Bredon.

Le lendemain, les tambours de la ville et les fifres qui avaient joué la veille furent à Bredon donner une aubade à M. l'abbé et à M. de Lastic, suivis des personnes les plus notables de la ville, o

Nous sommes aujourd'hui, sous le rapport artistique, bien loin de cette époque. Nous désirons constater le progrès; et, à cet égard, nous estimons que les détails d'une fête publique donnée alors dans nos montagnes pourra présenter quelque intérêt à bon nombre de nos lecteurs.

DESCRIPTION DES ORNEMENTS ET FEU D'ARTIFICE.

 

L'arceau de la porte du Molinier était tapissé de lierre; sur le sommet de cette porte, il y avait un grand cartouche également entouré de lierre, au bas duquel étaient peintes, à droite , les armes du vicomte avec leur couronne, et à gauche, les armes des prieurs de Bredon, couronnées de deux rameaux d'olivier entrelacés. Entre les deux écussons était écrit:

Dignus utrâque.
Au-dessus des écussons, ces quatre mots en deux lignes:
Fores patent.
Civet ardent.

Et dans le même cartouche, dominant le tout, étaient les armes de la maison de Lastic, avec tous leurs supports et ornements.

On avait dressé sur la place une pyramide fort élevée, avec un piédestal d'une toise et demi de haut. Sur les quatre faces du piédestal on avait peint:

1° Du côté de la porte du Molinier, les armoiries de la vicomté de Murat;

2° Du côté de la place au blé, celles de Bredon;

3° Du côté de la rue de la Grotte, celles du chapitre.

4» Du côté de l'église, celles de la ville.

Au bas de la pyramide, il y avait quatre devises:

La première , vers la face des armoiries de la vicomté, était une couronne de vicomte superposée aux armes de Lastic, de Bredon et celles d'AUanche, avec ces mots:

Te trinis aucta incrementis coronat.

Les habitants de la vicomte marquèrent par là que cette nouvelle couronne, quoique à trois fleurons en perles seulement, était la marque d'une dignité plus glorieuse pour son nouveau titulaire que tout ce que sa famille et ses deux prieurés offraient à l'estime des gens du monde.

Du coté de la face des armoiries de Bredon était un apollon, avec ces mots:

Hoc gaudent pastore greges.

Les habitants de Murat, comme paroissiens de Bredon, témoignèrent par là leur joie de la nouvelle qualité survenue à leur prieur qui, se trouvant souverain temporel comme il l'était spirituel, devait les rendre encore plus heureux.

Vers la face des armoiries du chapitre était peinte une colonne soutenant un édifice, avec ces mots:

Ornando sustinet.

Le chapitre exprimait le double avantage qu'il recevait : le vicomte étant en même temps son fondateur et son premier chanoine, devait être doublement son appui.

Enfin, vers la face des armoiries de la ville était représenté un hercule soutenant des murailles qui s'écroulaient, avec ces mots:

Et Muratensibus suus alcides.

La ville exprimait son espérance de voir la justice, le commerce, la paix, les sciences, les arts et l'abondance retrouver leur antique prospérité.

Vers le milieu de la pyramide et sur chacune de ses faces avaient été placées tes armoiries des Lastic; au-dessus, on avait écrit ces mots:

Du côté des armoiries de Bredon, Cœlo heret.

Du coté des armoiries de la vicomté, Terris tucet.

Du côté des armoiries de la ville, Culmen honorum.

Du côté des armoiries du chapitre, Utrumque tenet,

exprimant ainsi deux qualités dans le nouveau vicomte, qualités qui ne se trouvaient autrefois réunies que dans les rois d'Israël.

Plus haut, et aussi aux quatre faces, on avait placé une épée et un bâton pastoral en sautoir, surmontés d'une couronne de vicomte.

Tout le haut de la pyramide était parsemé d'L et de fleurs de lys entremêlés.

Enfin, le couronnement était un soleil en carton sur lequel on avait représenté, dans deux faces, les armes du roi, avec ces deux devises se déroulant sur des banderoles:

Nec pluribus impar,
Vincas et règnes.

La ville exprimait ainsi que le roi suffisait à tout, et que la résistance de ses ennemis ne servait qu'à rendre son règne plus glorieux.

An bas du piédestal, du côté de la porte du Molinier, était un autre cartouche entouré de lierre, contenant ces mots pour la dédicace de la pyramide:

Hoc publicœ laetitiœ monumenlo
Sui vice comitis adventum
Gratutalur sibi Muratensium civitas.

Celte pyramide et son piédestal étaient remplis de fusées, de pétards et autres artifices.

La porte de l'église était entièrement tapissée; au-dessus de l'entrée, on avait écrit, dans trois petits cartouches, les trois anagrammes suivants: Dans le plus élevé ,

Antonius de Lastic
Venisti à cœlo salui.

Dans celui de gauche,

Vice cornes Muratensis.

Et dans cul ni de droite,

Prior Bredomiensis
Pro Deo minister eris.

Ces anagrammes étaient peints et embrassés par un écriteau sur lequel on lisait:

Justicia et pax otculatœ sunt.

Et au bas de ces anagrammes était un autre grand cartouche dans lequel on avait écrit, comme expression des désirs de la ville:

Te nostris favet cum dederit votis.

Au-dessus de ces mots, et dans le même cartouche, étaient les armes de la maison de Lastic avec tous leurs supports.

Aussitôt après l'entrée de M. le vicomte dans l'église, où il fut conduit sous le poêle porté par MM. les officiers et les consuls, et qu'il eut été introduit dans le chœur, où il prit place sur une estrade disposée à cat effet, couverte d'une espèce de dais, on chanta en musique le motet suivant, composé pour la circonstance

Egredere de sede tua: quid latitas?

Vice comes magne;
Te luna clarior, prior amplissime,
Multo splendidior aurorae radiis,
Sole micantior : in ortu tuo
Laetentur populi, exultet elivus
Dum fulget Joannes, Bredomii gloria;
Murati gaudium.
Laetendur populi, jam Joannes, venit
Familiae decus, gaudeant clerici,
Laetentur populi, Joannes oritur
Murati gaudiuui.

Le sieur Vergne, avocat, voulant aussi témoigner de sa joie particulière, mit au-dessus de sa porte d'entrée, dans un cartouche, les vers suivant:

i

Issu de la race des rois,

Ayez pitié de votre ville,

Son bonheur dépend de vos lois;

Je le dis avec plus de mille, (

Tous les habitants de ce lieu

Gomme moi bénissent leur Dieu.

 

Tels sont les détails conservés sur cette fête.

Le 1er août, M. le vicomte et l'abbé de Bonneuil vinrent rendre leurs visites a Murat. La première fut chez les consuls; la seconde, chez M. Béral de Cardeyrat, chanoine et baile du chapitre; la troisième, chez M. de Sargès; la quatrième, chez M. de la Sajette ; la cinquième, chez M. Teillard, procureur du roi; la sixième, chez M. de Traverse, lieutenant-criminel; la septième, chez le père du procureur du roi, et la huitième, chez M. Antoine Teillard, receveur des gabelles. M. le vicomte se rendit ensuite à la maison du roi (aujourd'hui la prison); il en fit le tour, et, après avoir visité les religieuses , il se rendit chez M. de Massebeau.

Du prieur de Bredon, la vicomté de Murat passa dans la maison de Lastic de Parentignat, qui l'a conservée jusqu'à la révolution. Elle fut supprimée sur M. François III de Lastic, lieutenant-général des armées du roi, commandeur de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

En vertu de l'article 23 de l'édit concernant l'évaluation des offices, et en conformité avec l'édit du mois d'août 1708, le seigneur engagiste fut taxé à la somme de 12,000 livres et les 2 pour cent en sus au rôle de modération du 5 juin 1714, savoir : 2,000 livres pour jouir de 125 livres de gage, et 10,000 livres pour être, lui et ses successeurs ou ayants cause, confirmés à perpétuité en la possession et jouissance du domaine de Murat, Lesbros et Albepierre. Ces sommes furent payées au trésor le 1 1 mai 1718.

Par le contrat d'engagement de ce domaine, le seigneur engagiste n'était tenu au paiement d'aucune des charges, telles que fondations et aumônes, ni à l'entretien des enfants trouvés. Le roi en aliénant son domaine n'avait pas voulu asservir l'engagiste à ces charges, à raison des réserves considérables qu'il s'était faites.

Les administrateurs de l'hospice de Murat devaient fournir la nourriture et l'entretien des enfants trouvés. Les revenus de cet hospice étaient considérés comme suffisants pour remplir cet objet et y recevoir les malades. En 1766, le procureur du roi éleva des difficultés et prétendit que tous les frais relatifs à ces enfants devaient être à la charge de l'engagiste. Il intervint une sentence qui condamna vicomte.

Le roi retira à son profit, par l'édit de février 1771, les droits de lods et de rente. Le sieur Teillard, à qui les greffes avaient été affermés en 1769 pour uit années, moyennant 200 liv. par an, leva en charge et aux parties casuelles; il fit connaître au seigneur engagiste qu'à compter de juillet 1773, il ne paierait plus le montant de sa ferme. Le marquis de Lastic adressa alors au garde des sceaux une demande par laquelle il réclamait:

D'être rétabli dans les droits, profits et émoluments des greffes de Murat et d'Andelat, pour eri jouir ainsi que ses prédécesseurs l'avaient fait.

2° Ses pères n'ayant jamais joui des 125 livres de gage accordées par l'édit du 5 juin 1714, il suppliait aussi, pour être indemnisé de cette non jouissance, de le faire décharger à tout jamais de l'entretien et de la nourriture des enfants trouvés.

3° Enfin, les seigneurs engagistes du domaine de Murat ayant joui sans interruption , depuis leur mise en possession , du droit de présenter les officiers qui composent la justice de la vicomté et du baillage d'Andelat, le marquis de Lastic sollicitait M. le garde des sceaux de vouloir bien lui confirmer cette présentation, et que l'on ajoutât dans les provisions qui seraient accordées à l'avenir pour ceux qui lui seraient présentés: pour le temps qu'il nous plaira, ainsi qu'il est d'usage dans les provisions de justices seigneuriales. Il ne paraît pas qu'il ait été fait droit à ces demandes.

Telle était l'assiette de la vicomté lors de la suppression.

 

LA VICOMTE.

 

La vicomté de Murat était très-considérable; on la voit déjà puissante lorsque son existence historique, a été constatée. Au temps de Bégon, vers 1300, elle s'étendait déjà à plus de trente paroisses. Nous avons vu que Reynaud l'avait portée à son apogée par la réunion des seigneuries de Châteauneuf, de Mallet, d'Anglards et de Turlande. Nous consignons le détail qui nous est parvenu.

La vicomté, avant son démembrement, comprenait dix mandements, savoir:

1° Murat; 2° Albepierre; 3° Lesbros; 4° Châteauneuf; 5° Mallet; 6° Anglards; 7° le Barrés ; 8° Vigouroux; 9° Turlande; 10° Vedrines-St-Loup.

Nous donnerons ci-après le mandement de Murat. Nous avons donné à l'article de Bredon (3° liv., page 298) la composition de celui d'Albepierre, et à celui de Chastel-sur-Murat (12* liv., p. 138), le mandement de Lesbros. Nous allons résumer les autres.

Le mandement de Châteauneuf comprenait les paroisses de Lavastrie, Alleuze, Neuvéglise, Villedieu, les Ternes et Tanavelle; le chef-lieu était à Lavastrie.

La terre de Mallet était assise sur les paroisses de Mallet, Faverolles, Sarrus, Maurines et St-Martial.

Anglards s'étendait sur la paroisse de ce nom, St-Georges et plusieurs autres.

Les paroisses dépendant de la seigneurie de Turlande étaient St-Saturnin de Paulhenc, dans la circonscription de laquelle se trouvaient les chapelles de Notre-Dame de Turlande et Ste-Marie.

Vigouroux comprenait les seigneuries de Lescure, de Brezons en partie, de la Volpilière, du Meynial, de Lobejal, do la Dascol, de la Gache et de Solières; le prieuré de Paulhenc, le curé et prêtres de St-Martin , les prêtres du Mur-de-Barrès, les prêtres de Narnhac.

Le mandement de Barrés (la Capelle), les rentes des paroisses de Malbo, de Narohac, de la Capelle-Barrès. Vedrines-St-Loup était situé vers le Bas-Auvergne, du côté de Brioude. Dans leur ensemble, ces mandements renfermaient les fiefs suivants:

Le prieuré de St-Etienne de Murat.

Le chapitre collégial de Murat.

Le prieuré de Bredon.

Le château d'Anteroche.

Le château de Chambeuil.

Le château de Combrelle.

Le château de Bressange.

Le Lapsou, village.

Le château de Massebeau.

Le château de Gorses.

Cresponnet, alors village.

Laumur, village.

Courbines, château.

Des Chaps, village.

Del Box, village.

Chabrier, village.

St-Loup, village.

Stalapos, château.

La Péchaud, village.

La Graille, village.

Le Jarrousset, château.

Beinac, château.

La Chaumette, village.

Maucheix, château.

Ceillols, village.

Nozières, village.

Pratérou, village.

Loudier, village.

Les Chazeaux, village.

Pradelauge, village.

St-Maurice, village.

OIs-de-Beaux, village.

Brughalem, village.

Galuse, village.

Brocou, village.

St-Martin-sous-Vigouroux, village.
Pissarelle, village.
Chaylet, village.
Betgus, château.
Lodières, village.
Montaigu, village.

D'Onzeyre, village.

Roche-Jean, village.

Le Chassan, village.

Chalinargues, château. ,

Beaumontcl, mas.

Ribbes, mas.

Le Chambon, château.

Puech-Béral, mas.

La Garde, château.

OEillette, château.

Jarry, château.

Le Fer, village.

La Peyre, village.

La Sallesse, village.

Nozaires, village.

Loudier, village.

Chacoigne, village.

La Vaissenet, village.

Broccou, baronnie, château.

Chambon, village.

Le chapitre de N.-D. de Villedieu.

Le chapitre de Lavastrie.

St-Georges, village.

Rochemur, château.

Fontanne, château.

Feydol, village.

Delmontel, village.

De Larochette, château.

Rochebrune, château.

Champagnac, village.

La Volpilière (en partie), château

Lobregeal, village.

Ladescol, village.

Buzers, village.

Chavagnac, château.

Deflférou, village.

Copiac, village.

La Veissière, village.

Le Meynial, château.

Lcscure, château.
La Vergnette, village.
Le Bousquet, village.
Sarrus, mas.
La Gacke, village.
Solière, village.
Pompignac, château.
Laval, village.
Montjugé, village.
Montchanson, château,
f'ussol, château.
Les Andes, village.
Fontbonne, château.
Flammergues, mas.
Pierrefort, pour ses propriétés à St-
Martin.
Brezons, pour les terres sur la rive
droite du ruisseau.
Le Prieur de St-Saturnin de Paulhenc.

Les prêtres de la communauté de St-Saturnin.
Les prêtres de la communauté d'Oradour.
Les prêtres de la communauté de St-Martin.
Le chapitre collégial de St-Flour.

 

Telle était à peu prés la composition de cette vicomte lorsque le roi jugea a propos de la démembrer et de l'aliéner à titre de terre engagée.

Vigouroux, Barrés et Turlande entrèrent, en 1643, dans l'apanage du prince de Monaco.

Murat. composé comme il a été dit des trois mandements de Murat, Lesbro» et Albepierre, conserva le titre de vicomté quoique engagé, en 1697 , à M. de Sieujac.

La terre de Châteauneuf fut donnée à titre d'engagement à M. de la Faige.

Le mandement de Mallet fut engagé à M. de Pegueyrolle, président à mortier du parlement de Toulouse.

Anglards était possédé au même titre par M••" de Podevigne de Granval.

Vedrines-Saint-Loup fit partie de l'acquisition faite par Pierre de Bourbon et Anne, sa femme.

Dans les contrats d'engagement, le roi s'était réservé les bois de haute futailla justice des châtcllenics de Châteauneuf, de Mallet et d'Anglards, laquelle resta rendue par le juge-prévôt royal de Murat. Un lieutenant résidait sur les lieux. Les provisions du juge de Murat étaient données par le roi dans tout le ressort de la vicomte.

CHATEAUX FORTS.

 

 

RESUME.

10 mandements.
25 châteaux forts
29 châteaux.
59 villages ou mas.
110 fiefs.


LE CHÂTEAU DE MURAT.

Le château de Murat se nommait Bonnevie, probablement à cause du bon air que l'on y respirait. Ce château, dit M. Lainé, séjour ordinaire des vicomtes, dominait la ville de ce nom. On juge par l'étendue et la force de ses ouvrages que cette place servait, non seulement à couvrir la ville, mais encore à protéger et défendre tout le pays environnant.

Il serait difficile de dire en quel temps il fut bâti; mais suivant la fondation du prieuré de Bredon, faite en 1050, on peut dire qu'il existait longtemps avant, puisque Bernard d'Henry déclare tenir Bredon en fief du vicomte, à cause de son château de Murat, preuve que la vicomté et le château existaient avant l'an mille. Ce manoir féodal était entouré d'une triple enceinte avec fossés, pont-levis et remparts crénelés. Les vicomtes avaient aussi une maison seigneuriale dans la ville.

L'entrée du château était vers l'occident. La première porte était flanquée de deux tours. On arrivait à une première cour qui servait de place d'armes, où la garnison pouvait se réunir et recevoir l'instruction et les ordres de son chef. En montant encore, on trouvait une deuxième enceinte avec une citerne. Là étaient les écuries faites en forme d'apentif, avec divers bâtiments pour loger les gens de service. On continuait à monter : à main gauche, on entrait par une troisième porte sur une terrasse élevée sur la partie la plus escarpée du rocher et dominant la ville; elle conduisait au château composé de deux corps de logis et de trois grosses tours, nommées dans les anciens temps le rai blanc, le rat gris et le rat noir. Nous avons acquis la certitude, auprès des propriétaires de la vieille histoire imprimée, que ces trois noms y étaient consignés. La chapelle du château était sur le point culminant et était dédiée à saint Etienne. (Nous y reviendrons aux monuments religieux.) Il y avait deux fausses portes ou poternes, l'une du coté du Barry, l'autre vers Lavernhe. Le rocher était très-escarpé et taillé en falaise autour des murailles.

La situation de ce château le rendait extrêmement fort. Tl fut assiégé plusieurs fois. S'il fut pris vers l'an 1380 par le bailli des montagnes, au tems de Bégon, c'est parce que ce seigneur avait été fait prisonnier hors du château, ayant été surpris en rase campagne avec ses soldats, ses vassaux et ses sujets, et qu'ayant été forcé d'en venir aux mains avec les troupes du vicomte de Carlat et du bailli des montagnes, il ne restait plus au château que des domestiques.

Vers l'an 1387 les Anglais tentèrent vainement de le prendre, et s'ils s'en étaient emparés, ils eussent été maîtres de tout le pays, car ils occupaient Carlat, Bredon, Albepierre, la Bastide, Rochevieille, Maisons, Alleuze, Mallet, Châteauvieux, Anglards, Monjou, Turlande, Saillans, le Cheylar, Mardogne, Chalinargues, et autres places dans ces quartiers.

Quant à la prise faite de ce château par le comte d'Estaing, par ordre du connétable d’Armagnac, en 1414, sans l'appui qu'il reçut des habitants qui se rangèrent du côté du plus fort et qui détestaient le vicomte Baynaud a cause de ses cruautés, il ne s'en serait pas emparé, et encore il fallut faire venir six mille hommes de troupes réglées, et tout ce qu'on put réunir de gens dans le Rouergue et le Carladès.

Louis XIII donna l'ordre de détruire ce château ; on commença le 16 novembre 1633, et l'on employa six quintaux de poudre â sa destruction ; les éclats de la mine endommagèrent plusieurs maisons. La grosse tour tomba le 14 janvier 1634; le rasement complet était effectué le 14 mai suivant. Il reste à peine aujourd'hui quelques vestiges des constructions.

M. Segui, expert à Murat, a bien voulu nous communiquer le procès-verbal de ce rasement. Nous allons le ropier.

 

ADJUDICATION DU RASEMENT DU CHÂTEAU DE MURAT.

 

En sa personne, Gabriel Saigne, marchand-tailleur de pierres de la ville de Blesle, lequel au nom et comme adjudicataire du rasement du château de Murat, par bail à estrousse (adjudication publique) à lui fait par Mgr d'Argenson, conseiller du roi en son conseil d'Etat et privé, maître des requêtes ordinaires de son hôtel, intendant de la justice, police et finances en Auvergne et provinces circonvoisines, et par M. Antoine de Murat-Sistrières, conseiller en ladite maîtrise, en son dict conseil, et lieutenant général en la sénéehaussée d'Auvergne et siége présidial, commissaires députés par S. M. pour faire procéder au rasement du château de Murat et autres places mentionnées en ladicte commission, en date du douzième jour de juin dernier; par bail d'estrousse et d'adjudication â lui faits par lesdits commissaires, en date du 27 du présent mois d'octobre,

« De son gré, a subrogé et subroge par les présentes messire Jacques de Giou, chevalier, sieur dudit lieu, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et de la fauconnerie; maître Jean Vaissière, conseiller et esleu par le roi en l'élection de St-Flour, résidant audit Murat; M. Hugues de Laurent, marchand-apothicaire en ladicte ville de Murat; M. Julien Andrieu, bourgeois de Murat, et M. Isaac Dufour, marchand, résidant à présent audict Murat; à ce présents lesdicts sieurs Vaissière, de Laurent, Andrieu et Dufour, avec le notaire recevant. Et lesdits sieurs Laurent et Andrieu prennent en main pour le sieur de Giou, auquel ils ont promis de faire agréer ces présentes, ce à son lieu et place à lui fait et bail dudit rasement et démolition du château de Murat, à la charge, toutefois, que lesdicts de Giou, Vaissière et autres susnommés seront tenus de satisfaire à tout ce que le Sr Saigne est tenu de faire par le bail d'estrousse et contrat ci-relaté, e t en garantiront et indemniseront ledict Saigne, attestant ensemble de tous dépends, dommaiges; et à ce ils ont voulu être contraints.

Et en conséquence de la présente subrogation, la somme de 16,750 livres, pour laquelle somme l'estrousse et adjudication a été faite, demeurera entièrement propre aux sieurs de Giou, Vaissière et autres subrogés, en satisfaisant par eux à ce que ledict Saigne, caution et attestants sont obligés de faire par ledict contrat.

Fait et passé à Riom, le 28 octobre 1633. Signé Vaissière, Dufour, Andrieu. de Laurent, Jordin, Bonnet et Adgranger, notaires royaux. »

 

ACTE DE SOUS-ADJUDICATION.

 

« Furent présents, etc., lesquels de leur bon gré, solidairement l'un pour l'antre et un seul pour le tout, tenant au bénéfice de Dunois et Disenois, ont promis et promettent par ces présentes à M. Jacques de Giou, les sieurs du Laurent et Andrieu, à savoir:

« De bien et duement faire le rasement du château de Murat, conformément au bail d'estrousse et adjudication qui en a été ci-devant fait par Mgr d'Argenson et par M. de Murat, commissaires à ce députés par S. M., le 27 du mois d'octobre. Ont promis et se sont obligés de faire suivant ledict bail, et se sont rendus certains de ce qu'il y a à faire pour ledict rasement et démolition; de commencer dans demain sans discontinuation, jusqu'à ce qu'ils auront parachevé de faire ledit rasement, conformément au bail et prix fait. Ce qu'ils ont promis de faire, et ce dans huit mois prochains venant, à peine de tous dépends, dommaiges et intérêts, et ce moyennant la somme de 8,600 livres, laquelle somme lesdits sieurs Vaissière, de Laurent, Audrieu et Dufour ont promis de payer audit entrepreneur pour chacun leur part et pour trois, et ce à mesure qu'ils travailleront audict rasement et ^démolition. Les deniers du présent prix-fait seront reçus par les entrepreneurs, et tous deux par ensemblement.

Et pour le paiement et entretainement des présentes, ont lesdictes parties obligé leurs personnes et leurs biens, et ont voulu être contraints comme pour les propres deniers et affaires de S. M. Et ont lesdicts sieurs Laurent et Andrieu, pour le Sr de Giou, eslu son domicile irrévocable en ladite ville de Murat, en la maison dudict Andrieu, auquel domicile ils ont voulu que tout ce qui y sera fait pour l'exécution des présentes, soit aussi bon et valable que si cela avait été fait à sa personne et en son domicile.

Fait et passé le 28 octobre 1633, après midy. L'original est scellé.

Les vicomtes avaient toujours un capitaine dévoué pour la garde de leur château et commander la garnison. Les noms de quelques-uns d'eux ont été conservés. Les habitants des châtellenies de Murat, de Lesbros et d'Albepierre faisaient le guet et rondes, conformément aux transactions passées avec les vicomtes. Ils en furent déchargés en 1635 par arrêt, après que le château eut été rasé.

Le plus ancien des capitaines dont on ait connaissance, est Robert de Quintiniac, damoiseau, qui l'était sous Pierre II, vers l'an 1250.

Bertrand Gasc, chevalier, seigneur de Lescure sous Guillaume, vers l'an 1290.

Jean de Gorse, damoiseau, sous Bégon, vers 1300.

 

Pierre du Chambon, seigneur d'Anteroche et de Bressanges, l'était en 1340.
Jean de Morthon, damoiseau, sous Guillaume de Cardaillac, en 1365.
Jean de Neuvéglise, en 1400.
Jean Brunenchon, bourgeois de Murat, procureur général et gouverneur pour Reynaud, en 1409.

Pierre de Veyrière, damoiseau sous le connétable d'Armagnac, en 1416.

Bertrand de la Vaissière, sous Jean d'Armagnac, en 1421.

Guillaume Macasson, gentilhomme écossais, vers l'an 1456 ; il fit l'église collégiale son héritière.

Pierre de Balsac, seigneur d'Entraigues, sous Bernard, comte de Pardiac, en 1448.

Jacques de Balsac, sous le duc de Nemours, en 1462.

Bonnet de Salle d'Oradour, en 1468.

Guillaume de Clusel, seigneur de Gorse et maître des eaux et forêts, en 1475.

Jacques de Conan, damoiseau, après la confiscation, en 1478.

Jean de Traverse, écuyer, docteur en médecine, seigneur d'Anteroche, pour Louis et Jean d'Armagnac, en 1484.

Guillot de Dienne, seigneur de Cheylar, pour les mêmes et pour le duc de Bourbon-Beaujeu, en 1489.

Philibert de la Platrière, chambellan du duc de Bourbon, remplaça Guillot de Dienne en 1490.

Pierre de Balsac, seigneur d'Entraigues, de Dum et de Soubeirou, sous le même, en 1504.

Louis de Peschin, seigneur de Balenne et de Corbet, sous le même, en 1310. Jean de Bevauzun, maître d'hôtel du duc et maître des eaux et forêts, en 1520. Antoine de Sarlan, en 1542.

Louis de Gorse, chevalier de l'ordre du roi, maître d'hôtel de Marie de Médicis, fut capitaine pour le roi, dans le temps des huguenots, en 1561. Antoine de Cabanne, en 1570. Antoine de Buisson, en 1572.

Jacques de Brezons, seigneur de Laroque-Massebeau, Paulhac, Balsac, en 1580.

Charles de Brezons, seigneur de Brezons, Montréal et Valeugheol, en 1592.

François de Brezons obtint le brevet du roi en 1602.

Jean de Faucillon, dit Laroque, fut capitaine, de 1608 à 1624.

Le Sr de Gazon fut capitaine en 1624.

Le Sr de Laroche, en 1630.

Jean d'Espinchal, marquis des Ternes, lieutenant-général ez-armées navales et galères de France, fut, en 1632, le dernier capitaine de Murat. Il donna les moulins de Laborie, qu'il tenait en engagement du roi , aux sieurs Laurent et Andrieu , bourgeois de Murat, et le domaine de Clavières au sieur Recodère.

Quant aux capitaines des autres châteaux de la vicomté, ils étaient lieutenants du capitaine de Murat- On ne retrouve les noms que de Jean Maurin, capitaine de Mallet et d'Anglards; Pons de Buisson, capitaine de Châteauneuf, et Jacques de Vixouse, capitaine de Turlande ; ils l'étaient en 1489.

Après la suppression de la charge de capitaine, le roi institua celle de gouverneur pour représenter son autorité. Nous en ferons mention plus loin.

Après cette même suppression, les consuls de Murat restèrent chargés de la garde des clefs de la ville ; mais une double clef des portes était remise au gouverneur.

 

RÉSUMÉ DES SITUATIONS DES CHÂTEAUX. — ÉPOQUE DE LEUR DESTRUCTION.

 

Le château d'Anglards était bâti sur un rocher dominant la vallée de la Truyère et dans les environs de la ville de Chaudesaigues. Il fut démoli fendant les guerres civiles. Il appartenait au mandement de Châteauneuf.

Le château d'Aubepeyre était situé sur l'endroit où se trouve le cimetière; il fut souvent la résidence des vicomtes. Les Anglais le détruisirent en 1362.

Beccoire fut construit en 1258 par saint Louis, pour en faire le chef-lieu de la suzeraineté royale. Il était sur le petit mamelon qui domine l'église de Bredon, et sur la partie la plus escarpée du rocher. On voit encore quelques traces de son enceinte. Il fut rasé à l'époque des hostilités entre les d'Armagnac et Reynaud de Murat.

Barrés, appelé aussi Murat-de-Barris, était sur un rocher près de la Capelle. Ce château dut être détruit vers 1560, à l'époque des guerres des Anglais.

Broccou était dans la paroisse de Paulhac, en Planôze. C'était un fief de la vicomté de Murat tenu par le chapitre de St-Flour depuis l'année 1558. Il fut rasé par les Anglais.

Châteauneuf était construit près d'Anglards, sur la rivière de Truyère. Il avait été porté en dot, le 1er juillet 1398, à Reynaud de Murat, et rasé dans les guerres civiles.

Le Cheylar est le seul des châteaux de la vicomté dont les ruines subsistent encore. Il est construit sur un rocher, vers le sommet du coteau et sur la rive gauche de l'Allagnon, en face de la commanderie de Celles. Auprès coule un ruisseau formant une cascade. Ce château remontait à une haute antiquité et fut démantelé à l'époque des guerrci civiles. Il avait été donné en dot à Arsende de Murat et soumis à Notre-Dame-de-Clermont, en 1095.

Fonnostre était sur un rocher qui domine l'étang de ce nom. Ce château avait été compris dans la substitution faite en 1314, par Bégon Ier, à Guillaume, son second fils. Il fut détruit par les Anglais, que Guillaume, en 1362, fit venir de Brioude.

Fonrose était situé sur une petite éminence, au -dessous et près de la route actuelle de l'Allàgnon. On distingue encore l'enceinte de son fossé. Il fut détruit par les Anglais

Muratel se trouvait au-dessus de Jarrousset, vis-à-vis du château de la Bastide, et sur un rocher qui domine le bois. Il fut, en 1361, rasé par les Anglais.

La Bastide était sur l'extrémité est d'un monticule, entre la Chapelle d'Allagnon et le village de Ceillols. On l'appelait aussi la Tour des Moines', à cause de» mauvais traitements que le vicomte Reynaud, en 1408, exerça contre les moines de Bredon qui s'y trouvaient. Il avait appartenu à Bertrand Raymond et à Mondol de Latour, seigneur de Rochebrune de Farges. Il fut rasé dans les guerres civiles.

Lesbros, qui donna son nom à la châtellenie, était assis sur un rocher, dans la paroisse de Chastel, qui domine celui de Murat. Il ne reste plus sur ce rocher que l'église paroissiale qui était anclavée dans son enceinta. Il fut détruit par lac Anglais.

Mallet était entre Anglards et Châteauneuf, sur le ruisseau du Bas, près de son confluent avec la Truyère. H fut uni a la*vicomté par Reynaud et détruit par les Anglais.

Turlande avait, été construit sur une élévation qui domine sur la vallée de la Truyère. Il était entouré d'une double enceinte et environné de forêts. Les Anglais s'en emparèrent. Il fut démoli pendant les guerres civiles. Tedrines en dépendait.

Le château de Vigouroux, bâti à l'extrémité d'un rocher basaltique à pic qui l'entourait de trois côtés, dominait la vallée de Brezons. Les Anglais s'en étaient emparés après une attaque meurtrière et le détruisirent par le feu, à ce qu'il parait.

Les autres châteaux de la vicomté étaient moins importants, et sont à peine mentionnés dans l'histoire.

Les ruines des forteresses de la vicomté sont depuis longtemps ensevelies sous le gazon qui recouvre les rochers ardus qu'elles dominaient; la cime de ces pics est découronnée, et l'auréole de donjons aux panonceaux émaillés d'or et d'azur n'entoure plus Murat la suzeraine. Las souvenirs de ces âges sont effacés ; à peine trouve-t-on encore quelques hommes pouvant indiquer les points sur lesquels les tours crénelées ont existé. On ne pense guère à la tour des moines, aux apparitions nocturnes de ces religieux surpris avant l'heure, égorgés et venant réclamer des prières 1

Une seule chose a survécu, c'est le mot qui exprime l'organisation sociale de cette époque, le mot féodalité : coutumes incomprises, législation calomniée, car la France leur a du sa grandeur! Certes, la féodalité comme toutes les institutions humaines eut ses imperfections, ses vices, favorisa même parfois des crimes; mais elle fit des héros! Les hobereaux à la tête ardente, a la main prompte, au bras de fer, avaient le cœur français. Dans ce temps désastreux où l'étranger inondait la France, le lion de Murat resta toujours dressé contre le léopard dévastateur. Alors l'Anglais put pénétrer dans nos montagnes, les dévaster; mais il n'y régna jamais!

DEUXIÈME PARTIE.

 

La ville, ses édifices religieux, ses dévotions, ses couvents, ses établissements de charité, sa Juridiction civile, sa division administrative, judiciaire, ses familles principales, son organisation moderne.

LA VILLE

 

Murat, comme il a été dit, est situé à mi-coteau, dans un joli vallon, et s'étend en triangle sur la base du rocher de Bonnevie. Ce rocher, curieux par ses étages de colonnes prismatiques de 2 mètres jusqu'à 16 mètres de longueur, sur cinq et huit faces, s’élève majestueusement derrière la ville.

Murat est peu considérable ; aperçu des hauteurs de la route de St-Flour, avant de commencer la descente vers le vallon, il forme un point de vue très piquant pour les personnes étrangères aux montagnes. Lorsque son château couronnait le rocher, et que ceux qui l'environnaient, visibles en grand nombre de ce point, subsistaient encore, cet ensemble devait être remarquable.

La ville, quoique située dans un emplacement peu favorable à son développement et dominée à pic par l'énorme rocher qui la couvre à l'ouest, tend à s'augmenter, et l'ouverture du chemin de fer du Grand-Central qui doit y passer, favorisera encore cet agrandissement. Ses rues sont étroites et tortueuses comme celles de toutes les anciennes villes; mais ses maisons sont assez bien bâties. Son faubourg, situé dans la partie la moins en pente, est traversé par la route impériale, et la nouvelle route départementale de Murat à Massiac, qui suit le cours de l'Allagnon, vient s'embrancher avec elle dans ce faubourg.

Cette place, protégée par son château, citadelle inexpugnable, passait pour forte. Elle était enfermée dans une enceinte flanquée de tours dans les parties les plus faibles, et entourée de fossés surtout dans la partie encore nommée le Tallal (fossé). La ville n'ayant pas acquis toute son importance dans ses premiers temps, dût être fortifiée à trois époques différentes, suivant les besoins de sa population. Son enceinte première, telle que nous la trouvons au temps de Bégon, partait de la porte de Lavernhe, sur la route de Dienne, flanquée de plusieurs tours. Elle venait se lier à la porte de Font-Noël ou du Comeyrou sur la vieille route d'Allanche; de là elle atteignait, presque à angle droit, la porto du StEsprit, aujourd'hui au chevet de l'église. Quelques fragments de ces murs existent encore, et quelques parties viennent d'être démolies depuis peu. De là l'enceinte suivait les murs de l'ancien hôpital sur lesquels est l'église actuelle, unissait le St-Esprit à la porte Pelatou, et cette dernière à la porte de Notre-Dame-de-la-Garde, touchant et enfermant l'église St-Martin. Entre ces deux portes, comme nous l'avons dit, et en face de l'église, étaient les prisons. L'enceinte se prolongeait ensuite jusqu'au rocher de Bonnevie.

La deuxième enceinte fut celle qui comprit le Barry ( nom du faubourg). Pour elle on construisit la porte de Notre-Dame des-Victoires, séparée de la porte de la Garde par la caserne. Elle fut prolongée jusqu'à l'extrémité de la rue du Barry, vers la roche de Prune, et finit par un portail nommé de Mastebeau ou St-Michel. Le mur ensuite allait joindre le rocher.

La troisième enceinte, plus moderne, construite en 1355, était devenue nécessaire par l'accroissement de la ville. C'est son premier noyau -que nous trouvons désigné : vilta opud castrum. Elle comprit la place, les rues adjacentes, et, par son adjonction aux fortifications, la cité fut presque doublée. Cette enceinte partit de la porte de Couieirou, suivit le quartier de Fontillou, près de l'ancien cimetière, tourna à angle droit sur une tour dont il reste encore quelques traces, descendit en droite ligne à la porte Soutrane, plus connue sous le nom du Mlinier, venait enfermer la maison de la vicomte et remontait ensuite jusqu'à la caserne. Toute cette partie, qui était la plus faible, avait un chemin de ronde, dont un fragment existe encore dans la maison de M. Rousselot, communique avec la caserne, et pour accroître sa défense, un large fossé s'y trouvait.

Plusieurs de ces portes devinrent intérieures et fermèrent l'enceinte du castrum. C'étaient les portes de la Garde, de Pelatou et du St-Esprit. Quelques-unes étaient surmontées de chapelles dédiées à des saints particuliers et dans lesquelles on disait la messe le jour de leur fête. C'étaient la porte du Molinier, dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours; la porte de Notre-dame-des-Victoires, la porte de St-Michel et la porte du St-Esprit dans l'intérieur, et celle de Notre-Dame-de-Ia-Garde. Ces dernières n'ont été détruites que depuis la révolution.

Les consuls durent souvent faire rebâtir certaines parties des murs de ville, surtout du côté de la porte du St-Esprit, en 1687. Il était dit, dans un rapport qui leur était adressé, t qu'il y avait un danger imminent à passer sous cette porte, dont la muraille s'abattait tous les jours insensiblement, en sorte qu'à tout moment il y avait péril d'être enseveli sous ses ruines ; d'autant plus que ce passage était nécessaire et le plus fréquenté de la ville, principalement les jours de marché. Outre lequel danger, est-il dit, il y en a un autre qui est que ladite muraille de la porte du St-Esprit répond au couvert de l'église du chapitre et du côté du maître-autel, où il y a un retable tout doré qui, chaque jour, est endommagé par les eaux des pluies qui descendent de ladite muraille, qui sera dans peu de temps abattu par l'écoulement, s'il n'y est promptement pourvu. »

M. d'Anteroche, ancien capitaine au régiment du roi-dragons, avait acheté, le 30 janvier 1723, la charge de gouverneur pour le roi de la ville de Murat. Il eut, peu après sa prise de possession de cette charge, des difficultés avec les autorités civiles sur les droits qu'il pouvait exercer à l'égard des tours et des murs de la ville.

Le gouverneur estimait qu'il avait la charge d'empêcher de percer des ouvertures dans les murailles, d'obliger ceux qui en avaient fait à réparer ces murs, ainsi que toute autre dégradation quelconque, et qu'il était encore dans son droit de commander des hommes de garde pour la tranquillité et la police de la ville; il prétendait, enfin, que les murailles appartenaient au roi et nullement à la ville.

Les officiers de la prévôté royale de Murat répondaient qu'ils étaient seuls en droit d'exercer ces parties importantes de la justice, de faire afficher des ordonnances générales de police , et qu'ils étaient en possession de ce droit depuis un temps immémorial, ce dont leurs registres faisaient foi ; que plusieurs sentences concernant l'administration avaient même été rendues sur la dénonciation des consuls ; que c'était donc à tort que M. d'Anteroche avait fait des ordonnances de police les 15 et 29 mai 1723.

Bien plus, les officiers de Murat ayant fait afficher une ordonnance de cette nature, le 24 juin suivant, avec un sergent de ville pour la garder , cette affiche fut enlevée par ordre de M. d'Anteroche, et le sergent maltraité en paroles.

M. le marquis de Lastic, vicomte engagiste, s'opposa aux prétentions du gouverneur.

En ce qui concernait les murs de ville, les officiers de la prévôté répondirent encore que ces murs avaient été faits parles habitants du consentement du seigneur vicomte, pour se mettre à couvert des excursions des pillards, ce dont le château se défendait parfaitement par sa position qui commandait tout le voisinage; en sorte que les murs appartenaient à la ville, ce que du reste les titres établissaient.

Et, au sujet des ouvertures faites dans les murs par un grand nombre de propriétaires , elles étaient toutes permises ou tolérées, à la charge de les boucher dans toutes les occasions de guerre ou de contagion, ce qui fut fait en 1721, par ordre du juge de la prévôté , qui ordonna d'élever des barrières pour mettre, pendant l'épidémie , la ville hors de toute communication. D'ailleurs, ces concessions avaient produit un bon effet; car elles entretenaient et réparaient les murs qui tombaient en ruine partout où ils se trouvaient sans union. Les officiers rapportaient des actes authentiques de 1493-1688.

En 1706 et 1707 eut lieu la reconstruction de l'hôtel de ville et des prisons.

ÉDIFICES RELIGIEUX,

 

L'église la plus anciennement connue était celle de St-Martin ; on faisait remonter sa construction au VIII° ou IX° siècle. Elle fut donnée peu après l'an 1074 par Etienne d'Henry, fils de Bernard, et par Florence, sa mère, à Durand, abbé de Moissac, pour être réunie au prieuré de Bredon. Ce fut par suite de cette donation que la paroisse de Murat fut transférée dans l'église de l'abbaye. Il n'y avait alors dans la ville que cette seule église.

St-Martin ayant été renversé on ne sait comment, fut reconstruit en 1303. Son principal clocher, ouvert sur l'une de ses faces, fut bâti avec les fonds des habitants, pour y établir le guet et la garde de la ville. Le blé à cette époque valait 9 sols le septier, et chaque pierre des encoignures était payée 6 deniers. Le reste du bâtiment fut donné à prix fait. On fondit alors une petite cloche pour sonner les assemblées de la ville. Son inscription était : clara vox; son millésime, Hccclxv. Les consuls de Murat, pour l'année 1699, adressèrent à M. d'Ormesson, intendant de la province d'Auvergne, une demande pour être autorisés à faire les réparations urgentes, disant que depuis longtemps le clocher de StMartin menaçait ruines, que son couvert était en partie abattu, et l'autre toute percée à jour et sur le point de s'écrouler sur le couvert de ladite église, qui serait par là ruinée, aussi bien que la muraille de la ville qui répond au clocher et à deux rues publiques, dans lesquelles avec raison on appréhende de passer et de repasser. Les consuls furent autorisés à procéder au bail judiciaire et au rabais des réparations de ce clocher. Le montant fut porté sur les deniers patrimoniaux des comptes de la ville. Deux nouvelles cloches furent fondues en 1628, et avaient les armes du prieur Anglade. L'horloge de la ville était autrefois dans cette église. Son timbre était placé dans un clocher surmonté d'un dôme ; elle en fut retirée par les consuls en 1642 et transportée sur le clocher de l'église collégiale. Ils la firent réparer moyennant 100 livres.

Depuis l'union de l'église St-Martin avec celle du prieuré, les habitants de Murat étaient obligés d'aller faire leurs Pâques à Bredon. A cause de l'éloignement, ils obtinrent que les fonctions curiales, les offices et les processions ordinaires auraient lieu à St-Martin, et les prêtres payaient pour cela cinq livres au prieur. Il en fut ainsi depuis l'année 1074 jusqu'en 1394. Do cette année jusqu'en 1575, les offices ne furent plus célébrés dans l'église St-Martin qu'à des jours exceptionnels, et comme son entretien avait été négligé, les prêtres de Bredon vinrent, en 1300, le jour de la St-Luc, y dire la grand'messe. 11 y eut procès, ot par deux sentences du bailliage d'Aurillac, des mois d'avril et mai 1503, il y eut défense aux prêtres de Bredon d'y venir exercer aucune fonction.

Il y avait autrefois trois chapellenies fondées dans cette église.

La première, par Pierre de Palhers, en 1531. Cet ecclésiastique constitua une rente annuelle de 5 septiers de blé et 40 sols en argent à prendre sur la moitié des dîmes du Bornan, sises au terroir de la Chevade, paroisse de Chaste!, et comme cette portion de dîmes n'était pas suffisante, Guillaume Gely et Pierre, son frère, héritiers du fondateur, avec le consentement de leur tuteur, la complétèrent.

La deuxième chapelle dut sa fondation à Raymond Boux, sous la rente annuelle de 4 septiers de blé et de 50 sols d'argent. C'était vers la même époque.

La troisième fut fondée en 1451 par Amblard Roux, avec la même rente de 4 septiers de blé et de 50 sols en argent.

Ces divers fondateurs s'étaient réservés le droit de patronage- ainsi qu'à leurs héritiers. Ces chapellenies furent plus tard transférées à la collégiale.

Or, comme les confrères de Notre-Dame s'érigèrent vers cette époque en chanoines et que l'hôpital leur fut donné, Beynaml Boux, héritier d'Amblard, consentit, le 15 novembre 1487, à ce que la chapelle fondée par son oncle fût desservi^ par les chanoines, se démettant du droit de patronage, et comme Amblard Roux avait donné en outre aux confrères 8 florins pour son obit, un lit garni à l'hôpital de Murat et 8 florins pour la construction de sa chapelle, Beynaud, en se démettant du droit de patronage, s'obligea à payer aux chanoines 40 florins d'or provenant dès legs faits soit à eux, soit à l'hôpital, ou pour les arrérages dus depuis l'an 1351.

Or, les biens de Reynaud et d'Amblard Roux ayant été mis à la criée par Bertrand de Veyrac, chevalier, seigneur de Merle, Guillaume Roux s'y opposa, et il fut rendu une sentence à Aurillac, le 17 décembre 1493, portant que les chanoines, à cause du droit de patronage qu'ils avaient eu sur les chapelles, recevraient 8 septiers de blé et 5 livres en argent.

Les chanoines ayant aussi fait démettre les héritiers de Pierre de Palhers de leur patronage, et obtenu la démission de Jean Besson, chapelain des trois chapelles, obtinrent leur réunion d'Hugues, évêque de St-Flour, et le pape Benoit XIII la confirma par bulle du 6 des nones de juillet 1406, adressée à l'abbé de la Chaise-Dieu, qui les réunit à la mense du chapitre.

Quant au service porté dans le titre de fondation des trois chapelles, il n'en paraît rien; mais il est constant qu'anciennement le chapitre disait tous les dimanches, à St-Martin, une messe haute, et le lundi, une messe basse, ce qui dura jusqu'en 1575, qu'ils en furent empêchés par les huguenots, et le service fut transféré à l'autel de Notre-Dame-des-Grâces, à la collégiale.

Lors des guerres de religion, St-Martin fut profané plusieurs fois, et notamment en 1599. Un capitaine huguenot y établit son corps de garde. Après la cessation des hostilités, les prêtres de Murat la firent consacrer de nouveau.

Après l'érection de l'église collégiale, ot lorsque les fonctions curiales y eurent été transférées, les pénitents obtinrent, en 1600, la concession de l'église de St-Martin, et elle fut parfaitement entretenue par cette congrégation jusqu'à la révolution.

La confrérie des Dames du la Miséricorde y était aussi établie.

Cette église fut mutilée, en partie détruite et vendue à divers particuliers, à la révolution. La nef sert aujourd'hui de halle au blé.

LA COLLEGIALE

 

iL y avait dans le XII° siècle à Murat une congrégation de prêtres, connue d'abord sous le nom de Notre-Dame. La piété des habitants avait,attiré plusieurs ecclésiastiques qui, suivant l'usage du temps, réunirent leur casuel, rentes et dîmes, pour en former une masse, s'unirent ainsi en communauté et firent leurs exercices dans l'église de St-Martin. Malgré la proximité du monastère des Bénédictins de Bredon, quoique les habitants de la ville fussent attirés vers eux par leurs prédications, leur sainteté et leur grand savoir, cette communauté prospéra, ses revenus s'accrurent, et elle résolut de s'ériger en chapitre. Ils présentèrent une requête à cet effet à Dieudonné de Canillac, évoque de St-Flour. Ce prélat, par ses lettres données le 2 août 1350 au château d'Anterrieux, permit à cette confrérie de s'ériger en communauté, d'avoir des archives et de recevoir les legs des fidèles. Ils achetèrent, en 1355, une maison pour leur confrérie. Le pape Innocent IV confirma leur établissement, et, par bulle du 7 novembre 1557, fulminée par Mgr Destaing, successeur de Dieudonné de Canillac, au siége de St-Flour, ils furent autorisés à construire une église Le nombre des chanoines fut fixé à dix, plus dix choriers, sous la condition que la présentation et la collation de trois canonicats seraient, à perpétuité, à l'évêque de St-Flour, et les sept autres au chapitre. Ce prélat leur permit en outre d'avoir un cimetière pour la sépulture des chanoines, des serviteurs de leur église et de ceux qui voudraient y être inhumés. Il chargea aussi les chanoines de lui faire un obit à perpétuité.

La maison que les confrères avaient acquise, en 1355, de Hugues de Murat, fut abattue pour la construction des murs de ville et des fossés du côté des jardins du Vallat. Les chanoines ne purent par suite construire leur église que vers 1580. A cette époque, Pons de Cardaillac, les consuls et les habitants donnèrent au chapitre les bâtiments de l'ancien hôpital, et des secours pour sa construction. Le vicomte affranchit ces maisons de tous cens, redevance et juridiction, à la charge par les chanoines de nourrir les pauvres, de les loger ailleurs.

Le chapitre étant constitué, il y eut un procès entre les chanoines et les choristes sur la perception des revenus; il fut terminé, le 6 juillet 1425, par Jean Deschamps, juge de Murat.

Les mêmes choristes ayant eu de nouvelles difficultés avec les chanoine, furent abolis ; on ne conserva que les quatre serviteurs qui étaient en sus, et le nombre des chanoines fut porté à quinze. Ces modifications eurent lieu le 11 juin 1429, du consentement de Pierre Bonniol, vicaire général; de Jacques le Loup, évêque de St-Flour; de Guillaume de Cardaillac, prieur de Bredon; de Bernard d'Armagnac, vicomte de Murat; des consuls de la ville et du chapitre. Du consentement des parties intéressées, la présentation de deux canonicals fut concédée au seigneur vicomte; la collation et institution de six prébendes, an seigneur évêque de St-Flour; la collation de quatre, au chapitre; la présentation d'une prébende, au prieur do Bredon, -et les deux autres aux consuls de Murat.

Le nombre des chanoines ainsi augmenté, il en fut retranché un pour le préceptorat de la ville, conformément aux édits du roi et aux décrets des conciles. Guillaume Vasseur, chanoine, étant décédé en juin 1574, la ville, qui plaidait alors avec le chapitre sur cet objet, voyant que le roi avait nommé à cette place vacante Paul Déjuel, chantre de la chapelle de la reine, prit des arrangement' avec lui, et sur ce qu'il n'était pas originaire de Murat, et pour éteindre cette prébende, ils lui donnèrent en échange de sa démission la chapelle de la Madeleine, sise au faubourg, du patronage des consuls, et lui garantirent 50 livres de revenu, tous frais prélevés. Les consuls présentèrent au roi, pour le remplacer, Antoine Peschaud, lequel ayant été pourvu de la place, transigea avec eux et le chapitre. Il fut convenu qu'après sa mort son canonicat serait définitivement éteint et ses revenus attribués à la ville. La mort de Peschaud arriva l'année suivante. Il fut tué par les huguenots, qui, le même jour, firent plusieurs habitants de la ville prisonniers. Le chapitre traita du revenu de cette prébende moyennant 70 livres, et la transaction en fut passée avec les consuls le 4 décembre de l'année 1627.

La confrérie du St-Sacrement fut établie dans la collégiale en 1627.

Le 5 octobre de cette année, Claude Ruel, Jean Magadon, François Lanusse, Jean Arribal, Jean de Laroque, Jean Vergne et Annet de Traverse, chanoines de l'église collégiale de Murat, considérant la dévotion, zèle et piété avec lesquels les habitants se rendaient dans leur église pendant l'octave du St-Sacrement, résolurent de faire une fondation pour cette fête et pour quatre sermons qui seraient préchés pendant son octave. Chacun d'eux y contribua pour sa part, et à l'aide des revenus qu'ils économisèrent sur leur casuel, ils constituèrent une rente a perpétuité de 62 livres 10 sols payable par avance à l'époque de la Toussaint, au capital de 1,000 livres. Ils prirent pour fondés do pouvoirs MM. François de Sistrière, conseiller du roi, juge ordinaire et royal de la prévôté, et Jacques de Traverse, procureur du roi en la ville et vicomte. Honorable homme Charles do Traverse, Sr de Peyrebesse, bourgeois et habitant de Murat, accepta la fondation ct donna en garantie hypothèque et assurance du capital, comme du paiement de la rente, une maison du haut en bas, couverte en tuiles, sise et située dans la présente ville et contre la porte du St-Esprit, laquelle maison, appelée de Peyrebesse, a deux entrées, est composée de cave, cuisine, boutique, salles, chambres et greniers, avec une tour en pierre qui confronte à la maison d'honorable homme Pierre de Traverse, bourgeois, à la maison de Jean Tinel et aux rues publiques de l'entrée de la Charreyre Soubrane. Il donna encore un domaine dit de Peyrebesse, situé à l'Héritier.

Les rentes que possédait le chapitre provenaient en partie de la réunion de l'ancien hôpital, de l'infirmerie de St-Gal, des chapelles de St-Martin, des cures de Chastel, de Chalinargues, de Virargues. Elles vinrent aussi des dons et acquisitions des familles d'Anteroche, de Massebau, de Bayle, de Durand, deConneyres, de la Chapelle, de Raymond de Clavières, de Mercier, de Dutrieux, de Brunenchou, de Traverse, de Rancilhac de Chazelles, de Verninc, de Laroque Massebeau, etc. Plusieurs de ces rentes furent aliénées, entre autres celle de Chabrier, de Nozière, du Monteil, paroisse de Ségur, etc.

Le chapitre avait plusieurs privilèges, savoir:

Que quatre de ses membres étaient exemptés d'assister aux sinodes, sans encourir aucune excommunication de la part de l'évêque de St-Flour, ni être condamnés à une amende pécuniaire pour le fait de leur absence. Les chanoines obtinrent cette permission expresse de Pierre de Vissac, le 17 mai 1387, ratifiée par son chapitre et confirmée par une bulle du pape Benoit un, l'an XI° de son pontificat, et adressée à l'abbé de la Chaise-Dieu, qui la mit à exécution le 23 novembre 1405;

Le même Pierre de Vissac voyant la pauvreté de ce chapitre lui accorda, le samedi après l'Epiphanie de l'an 1391, de n'avoir à payer que 32 gros d'argent au .lieu de 120, auxquels étaient imposées les collégiales, toutes les fois qu'elles étaient visitées par l'évêque, et ce pour tout droit de visite et de procuration. Le gros était évalué à 16 deniers tournois: Cette concession fut encore ratifiée par le chapitre et par le pape Benoit, par bulle de 1406.

Les chanoines avaient le droit d'être appelés à toutes les assemblées du clergé du diocèse, et avaient la quinzième séance.

Ils avaient le droit de faire les processions extraordinaires dans la ville, d'enlever les corps des décédés, même en présence du curé de Bredon, ce qui avait été réglé par transactions du 7 avril 1394 et 10 mai 1429, avec Guillaume de Cardaillac, et renouvelé en 1453 par le prieur Jean de Roquemaurel.

Le chapitre avait des armoiries : son scel consistait en un champ d'azur avec un cierge en pal, à l'épée d'argent posée en fasce, formant avec le cierge une croix ou sautoir; l'écu était surmonté d'une couronne de comte, ayant pour cimier un clocheton.

Le costume consistait en un camail noir en hiver, avec un cordon de soie verte, en été l'aumuce d'écureuil. La différence entre les chanoines et les choristes était que l'aumuce de ces derniers était ronde, mais celle des chanoines carrée. Les choristes ne portaient pas le cordon vert. Ces statuts réglementaires avaient été faits en 1426, par Bernard de Cadéna.

D'après un usage fort ancien, le jour de la Nativité de Notre-Dame, les chanoines, pour la célébration de cette fête, nommaient l'un d'entre eux leur évêque, selon le rang de réception, et toujours le dernier admis. Cet évêque d'un jour était revêtu de la crosse, de la mitre et des habits épiscopaux. Le chapitre en corps allait le prendre chez lui, le conduisait à l'église, le ramenait ensuite chez lui avec le même cérémonial. L'élu assistait ainsi aux vêpres du 7 septembre, veille de la Nativité, et le lendemain, à l'office, à la procession et à la grand'messe. Il devait donner un repas a ses confrères.

Mgr de la Mothe-Odancour, évêque de St-Flour, avait supprimé cette cérémonie, sur la demande de Pierre Pichot, médecin de Murat. Son fils venait d'être nommé chanoine, et quoique borgne, boiteux et bossu, il devait figurer à son tour avec tous les ornements, ce qui aurait jeté du ridicule sur les cérémonies; mais en 1693, après la mort de Mgr de la Mothe, pendant la vacance du siége, les chanoines se hâtèrent de rétablir leur ancienne coutume, et nommèrent leur évêque, pour cette année, Mathieu de Traverse, qui officia comme avant la suppression, qui ne dura au reste que l'espace de cinq années.

Par le titre de l'union de l'hôpital à la manse du chapitre, nul ne peut être nommé chanoine s'il n'est pus natif de la ville de Murat. Cette transaction, faite avec les consuls le 14 mai 1419, fut confirmée en 1426 par un arrêt obtenu par eux contre Guillaume Fourgon, étranger à Murat, qui avait été pourvu d'un canonicat par Mgr de Noailles, et par un nouvel arrêt de 1518 contre Jean Teillard, prêtre, né à Dienne, et comme Mgr de la Beaume avait voulu en faire autant a son égard, il en fut aussi débouté.

Les chanoines étaient prieurs (curés) de Chastel, de Chavagnac, de Narnhac, de Chalinargues, de Landeyrat, de Virargues et de St-Clément. Parmi ces cures, celles de Chavagnac, de Landeyrat et de St-Clément furent toujours desservies par des vicaires perpétuels. Les cures de Chastel, de Chalinargues, de Narnhac et de Virargues le furent, depuis leur union, par des vicaires amovibles. Le corps nommait un des chanoines titulaires pendant leur vie, et ces chanoines curés prenaient tous les ans des lettres de non résidence, n'allant dans leurs bénéfices qu'aux principales fêtes. Mais cette constitution vicieuse fut attaquée en cour de Rome en 1680, et le dérangement causé par la perte de ce procès causa la ruine du chapitre, dont les chanoines auparavant n'avaient pas moins de revenu que ceux do St-Flour.

La portion congrue des vicaires perpétuels lit abandonner par le chapitre, en 1563, les revenus de la cure de Landeyrat au curé du lieu, et, en 1698, ceux de la cure de Virargues à Antoine do Lastic, prieur de Bredon.

il fallait faire partie du chapitre de Murat pour être nommé chapelain de Notre-Dame-de-Pitié. Les chanoines nommaient aussi aux deux chapellenies de St-Claude, sur la présentation de M. d'Anteroche.

CONSTRUCTION DE L’EGLISE COLLEGIALE

L'église collégiale de Notre-Dame de Murat fut bâtie à la fin de 1380, après, que l'hôpital eut été donné au chapitre, à la charge d'y construire cet édifice. Elle fut consacrée par Etienne, évêque de Venise, du consentement de celui de St-Flour, et il reçut pour ses honoraires une somme de 12 livres, ainsi que l'établit sa quittance du 31 mai 1383; elle était d'abord fort petite, mais elle fut agrandie successivement par les secours et les aumônes des fidèles. Ils y étaient excités par les indulgences que les papes Clément VII et Benoit XIII donnèrent, en 1384 et 1404, à tous ceux qui y contribueraient par leurs dons.

Le clocher fut bâti en 1430, et l'église agrandie en 1453. Bonne de Berry et Bernard de Pardiac, son fils, firent des dons considérables pour ces constructions, et ce fut à cause de cela que les armes de la maison d'Armagnac (effacées depuis peu pour restaurer une croisée) furent placées sur ce clocher. La maison de Jean Brisson, bourgeois de St-Flour, fut achetée pour ces agrandissements.

Pour en acquitter le montant ou pour subvenir aux frais de l'union des cures de Virargues et de Landeyrat, le chapitre aliéna, le 12 avril 1436, à la famille Ruines de Murat, une partie des fonds qui provenaient de l'infirmerie de St-Gal; il vendit aussi à celle de Pattriers les prairies de l'hôpital ou de l'Espinlou, et à Pierre Blady celle de l’hôpital, dans les Bruels. Une requête avait été présentée peu après l'année 1450, pour la prier de venir en aide au chapitre et réclamer ses libéralités.

Plusieurs chapelles furent fondées successivement dans cette église par ses principaux habitants ou par diverses confréries.

Celle de St-Jacques fut construite, en 1458, par la confrérie de ce saint.

Celle de Ste-Aune, en partie par le chapitre, et, pour le surplus, par les confréries de Ste-Anne et de Ste-Marguerite.

La chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, le 7 mars de l'an 1440, par Hugues ChauIhaguet, chirurgien du roi, qui lui assigna 5 sols de rente et 5 septiers de blé à prendre sur la rente de Gorse, à Mazières et à Fraissinet. La présentation de cette chapelle était aux consuls et la collation au chapitre.

Les chapelles de St-Claude furent érigées, en 1470, par noble Guillaume de Traverse , médecin du roi , seigneur de Farges, et par Jean, son fils, seigneur d'Anteroches ; ils donnèrent pour cette fondation, au chapitre, les dîmes qu'ils avaient a Chastel, à la charge par les chanoines de donner annuellement 8 septiers de blé à chacun des deux chapelains, dont ils se réservaient la présentation.

La famille de Béral construisit la chapelle de St-Jean.

Celle de St-Féréol, faite par les seigneurs de Cardaillac, fut entretenue dans la suite par la confrérie de St-Jean-l'Evangéliste. Furent fondées à diverses époques:

La chapelle de St-Antoine, par la famille de Traverse et les tailleurs.

La chapelle de St-Georges, par les confréries de ce nom, de St-Eloi, les Andrieu et les d'Agumontel.

La chapelle de St-Sébastien, par la ville et les cordonniers.

Enfin, la chapelle de Notre-Dame-de-Grâces, par la famille de Larbre. Chaque confrérie avait fondé dans cette chapelle des messes hautes et basses.

La collégiale ayant été incendiée par la foudre, en 1493, Charles de Joyeuse, évêque de St-Flour, accorda une indulgence de quarante jours a tous ceux qui, par leurs aumônes, aideraient à sa reconstruction. Le duc Pierre de Bourbon, par lettres du 24 septembre de cette année, lui donna 2o livres tous les ans jusqu'à son entier rétablissement. Marie de Caissac, dame d'Anteroche, lui fit aussi pour cela le don de 300 écus d'or.

Anne de France, épouse du duc de Bourbon, lui donna un ornement tout parsemé de fleurs de lys d'or.

Cette église fut consacrée de nouveau, le 16 mai 1494, par Bernard, évêque d'Hyppone, avec l'autorisation de celui de St-Flour, qui accorda quatre-vingts jours d'indulgence à ceux qui la visiteraient.

Le clocher fut couvert en plomb, en 1556; on y employa 80 quintaux 62 livres. Ce plomb fut acheté en partie au Mur-de-Barrès, qui en avait une mine en exploitation ; il coûta 4 livres le quintal. On employa aussi 55 livres d'étain, à 3 sols 6 deniers la livre, pour faire l'ornement ou la coquille du haut du clocher. Le coq et la croix coûtèrent 7 livres 13 sols. L'ouvrier plombier eut 70 livres pour son salaire, et le charpentier 28 livres.

Il a été dit qu'en 1394 le service de la paroisse fut transféré de l'église de St-Martin dans celle de la collégiale. Les habitants de Murat et le chapitre firent pendant longtemps tous leurs efforts pour être affranchis de la juridiction Spirituelle des prieurs, mais en vain. En 1449, on accorda à la ville des fonts-baptismaux ; les enfants, jusque-là, avaient dû être portés à l'église de Bredon. Cette dépendance de Murat à l'église de l'abbaye, concédée trop facilement par les vicomtes, occasionna plusieurs procès toujours terminés contre la ville, parce que les prieurs étaient presque toujours parents des vicomtes et soutenus par eux. ,

En 1662, le prieur fit cession de ses droits pour favoriser l'érection d'une paroisse à Murat, ce qui ne put encore avoir lieu. Enfin, en 1732, de nouvelles démarches furent tentées; la ville obtint l'indépendance de sa paroisse après 700 ans de soumission.

Il existe encore dans un manuscrit de M. de Sistrières quelques lambeaux du nécrologe du chapitre. Nous allons en extraire quelques noms pour faire connaître les familles anciennes; nous les donnons par lettre alphabétique, avec la date de leur décès, et un seul nom pour chacun.

Bareire 1421

Astier, Pierre , 1419.

Agut, Guillaume, clerc, 1266.

Astruc, Aldebert 1318.

Ardil, Pierre, notaire 1585.

D'Agumontel, Jean 1483.

Andrieu, Louis 1476.

Armandias, choriste 1470.

Aymeri, Pierre 1419.

Avidal, Guillaume 1520.

Delarbre, curé de Bredon. . . 15...

Berthou, Pierre . 1389.

Barthélémy, prieur 1485.

Béral, Hugues et Guillaume. . 1460

Boulaigue, notaire 1433.

Bohier, Hugues, clerc . . . . 1297.

Bonnet, Jacques 1457.

Borel, Durand, notaire. ... 1361.

Dubois, prieur de St-Etienne . 1451

Boutoute, bachelier 1471

Broh, Guillaume, chantre. . . 1477.

Broquin, Jean, notaire. . . 1391.

Brunenchon, procureur généal de la vicomté, bailli sous Reynaud , frère du dernier prieur de St-Gal
Caceron, notaire. 1409.

Chabrol, procureur général de la vicomté 1460.

Deschamp, damoiseau .... 1385.

Charrade 1379.

Chazelles (de), 1er consul. , . 1266.

Chazelles (de),Guillanme, arbitre dans l'échange de Bredon. 1290.

Chastang, Guillaume 1400.

Chareyre, Pierre 1592.

Chastel, médecin 1535.

Chabaribeyre 1501.

Cbaulhaguet 1446.

Chavagnac, curé de Landeyrat. 1407.

Chaumeil, clerc 1407.

Delcher, clerc . . 1321.

Claviéres, prieur de Genillou.. 1470.

Colomb, licencié 1594.

Costc, père du prévôt de Montsalvy 1430.

Coutal, notaire 1130.

Delanche, notaire 1489.

Danty, apothicaire. . . . . . 1516.

Doucou 1554.

Dol, notaire 1547.

Davidal, notaire 1513.

Dumas, notaire 1526.

Durant, juge de Murat. . . . 1324.

Noble Decoqneyre 1381.

Ebral, chanoine 1501.

Fabry, qui unit la cure de Chastel 1429.

Falguière, secrétaire du chapitre 1632.

Faucilhon, greffier de Murat.. 1470.

Fournier, bachelier 1475.

Gazard, médecin 1583.

Geneste, clerc 1320.

Grand, chanoine 1470.

Grenier, curé de Saint-Martin-sous-Vigouroux 1429.

Grégoire. . . . 1465.

Henry, Bernardin 1559.

Hôpital (de 1'), Hugues.. . . 1470.

Jabren, notaire 1484.

Joutel, chanoine à St-Flour.. 1487.

Julien, prieur d'Estaing. . . 1380.

Joserand, bachelier 1236.

Jarrousset (de), Antoinette. . 1599.

Landis (de), Hugues 1485.

Landeyrat, curé de Chalinargues 1483.

Lanusse, curé de Valheujol. . 1575.

Laroque, fondateur de la confrérie du Saint-Sacrement.. 1631.

Laurent, qui unit la cure de Virargues 1439.

Levasseur, procureur du roi.. 1517.

Lolm (de), receveur de la vicomté  1470.

Magon, prieur de Landeyrat. 1601.

Malassagne, marchand. . . . 1472.

Martin, chanoine 1472.

Marsal de Brughalène 1427.

Masson, notaire 1429.

Maurin, sacristain de la Chaise-Dieu 1419.
Massebeau, Guillaume. . . . 1290.

Meynade, clerc 1290.

Mercier, bachelier 1473.

Meyniel, curé près de Toulouse. 1440.

Michel, dernier directeur de

l'hospice. . 1401.

 

On comprend que le même nécrologe contient une infinité d'autres noms, et nous avons laissé sous silence tous ceux qui dépassaient l'année 1600.

CONFRÉRIE DU SAINT-SACREMENT

 

Les chanoines fondateurs réglèrent ainsi la répartition de la rente, avec l'autorisation de l'évêque de St-Flour:

« 1° Le St-Sacrement sera exposé, pendant tout l'octave de la Fête-Dieu, sur le grand autel, avec le plus d'honneur et décence qu'il sera possible, par les membres du chapitre; et, pour ce sujet, le premier jour avant de l'exposer, ils le porteront professionnellement intrà muros ecclesiae , et, le dernier jour dans les principales rues de la ville, Item seront tenus MM. du chapitre et leurs successeurs de célébrer tous les jours de l'Octave une messe haute avec diacre et sous-diacre , officiée par deux choriers , lesquels seront obligés de ce faire avec celte charge que la première et la dernière seront officiées avec la musique. et sera chanté : Tu Rex gloriœ en faux bourdon; et le soir, avant de remettre le corps précieux du Fils de Dieu dans le saint ciboire, l'hebdomadier du jour donnera la bénédiction au peuple, afin qu'il y ait une plus grande dévotion Les diacre, sous-diacre et musiciens seront tenus d'y assister. Pour cet effet sera baillé du susdit revenu : au prêtre 5 sols, aux diacre et sous-diacre 2 sols ½, et MM. les chanoines, choriers et serviteurs qui n'auront pas assisté aux bénédictions sans cause légitime, seront privés de leurs droits.

En résumé, il était accordé 4 livres pour les officiants, pareille somme pour MM. les assistants, celle de 5 livres aux musiciens, 3 livres 4 sols pour le luminaire. Après l'érection de la confrérie, cette somme de 3 livres 4 sols fut attribuée aux saluts faits aux quatre principales fêtes de la Vierge; et, quant aux sonneurs et serviteurs, une somme de 40 sols leur fut affectée.

2° Le 14 septembre, jour de la fête de l'Exaltation de la Ste-Croix. MM. les chanoines célébreront une messe de jour avec diacre et sous-diacre, à l'évangile de laquelle sera faite la prédication par un des récollets de St-Gal. Seront données les mûmes rétributions que dessus : 40 sols aux prédicateurs, 10 sols aux musiciens; en tout 3 livres.

5° Les mêmes cérémonies auront lieu le 1er ou le 2 octobre en l'honneur de l'Ange gardien, et sera donné du même revenu la même somme de 3 livres.

4° Le deuxième jour de novembre, un de MM. les chanoines célébrera une messe de Requiem avec diacre et sous-diacre; et, pendant icelle, deux chantés se feront, l'un au degré le plus proche du chœur, l'autre au milieu, très-près de la porte. Le sermon aura lieu, les cloches seront sonnées, et les chanoines, après leurs vêpres, diront celles des trépassés ; et sera donné pour le tout 3 livres.

5° Le vendredi avant Dominica in Passione, les mêmes cérémonies auront lieu, et la rétribution de 3 livres sera aussi accordée.

6° La même rétribution de 3 Iivres et les mêmes exercices auront lieu le jour de St Joseph.

7° Un de MM. les chanoines devra dire une messe de la Vierge tous les samedis de l'année avec diacre et sous-diacre. Il en sera de même aux quatre principales fêles de la Vierge, savoir: la Conception, l'Assomption, l'Annonciation et la Nativité. Il sera aussi célébré une messe de la Passion le mardi de la semaine sainte, et il sera donné la même rétribution, ce qui la porte, pour l'année, à 25 livres 10 sols.

8° Les quatre principales fêtes, l'hebdomadier, le diacre et le sous-diacre seront appelés au chœur au son du carillon; ils chanteront un salut au grand autel, à l’Ave Maria du soir; et, lorsque les 3 livres 4 sols du luminaire seront rentrées, on chantera ce salut en musique, et, à cet effet, sera donné 12 deniers à chaque musicien. Lorsque les chanoines, les choristes et serviteurs y assisteront, ils recevront chaque fois 10 sols, donnant quelque chose aux serviteurs du clocher, ce qui s'élève à 52 sols, et le tout réuni à la somme de 62 livres 10 sols, montant du revenu de ladite somme de 1,000 livres de ladite fondation et de sa rente.

Enfin, le même acte contient les stipulations relatives au remboursement de la rente, au nouveau placement, au prédicateur; et, en cas de modifications dans les intentions des fondateurs, ils donnent ladite rente aux pauvres de l'hôtel-Dieu de Murat, avec pouvoir aux syndics de cet hôpital de prendre, eux et leurs successeurs, le revenu de la présente fondation des mains du dépositaire, pour être employé à la nourriture, entretien, profit et utilité des pauvres. »

Fait en l'étude de Falguières, notaire royal.

NOTRE-DAME-DES-OLIVIERS.

 

C'est dans l'église collégiale qu'avait été établie fort anciennement une dévotion particulière à la Vierge. Son origine est inconnue ; mais sa statue aurait été apportée par le roi Saint-Louis à son retour de la Palestine. On la croit de bois de cèdre; il est plus probable qu'elle est en bois d'olivier, d'où lui viendrait son nom. Elle est l'objet d'un culte particulier de la part des habitants.

D'après la tradition, cette image de la Vierge fut conservée seule de tout ce que contenait l'église lorsqu'elle fut brûlée par le tonnerre; elle porte encore les traces du feu. « Comme cette Reine des cieux, dit l'auteur des Saints d'Auvergne, est appelée l'Olive des Champs, elle est appelée Notre-Dame-des-Oliviers, » et les lampes qui brûlent devant elle dans le chœur doivent être remplies d'huile d'olive ; elle est la patronne de la ville. On a recours à elle dans les infirmités, les grossesses. De nombreux miracles ont été opérés par son intercession ; aussi voit-on auprès d'elle beaucoup d'ex-voto en cire. Plusieurs jeunes personnes de la ville lui ont fait, en vêtements, des dons précieux. Le plus utile serait de renfermer la statue dans une enveloppe en argent; car son bois, qui est inconnu, commence à éprouver les effets du temps.

Depuis l'incendie de la collégiale, le tonnerre n'est plus tombé dans l'enceinte de Murat. Une tradition rapporte qu'une promesse a été faite en révélation par N.-D.-des-Oliviers que, dorénavant, elle en préserverait la ville. Cette pieuse croyance rassure parfaitement les habitants dans les fréquents orages auxquels ce pays est exposé. On étend même au loin cette protection, et, lorsqu'un enfant du pays s'en éloigne, sa mère ne manque jamais de lui remettre, à son départ, une oraison de Notre-Dame-des-Oliviers pour lui servir de sauvegarde.

LE PRIEURÉ DE SAINT-ETIENNE.

 

Les vicomtes avaient érigé la chapelle du château en prieuré, lui avaient assigné des dîmes et des revenus particuliers. Son local, comme nous l'avons dit, se trouvait sur le point culminant du rocher. Le prieur faisait les fonctions de curé pour le château, les habitants du faubourg nommé de la Vernhe, Massebeau, les Ols-de-Beaux, les villages de Chazelles et de l'Héritier, avoisinant le château. Les rentes qu'il percevait étaient dépendantes en fief de la vicomté, et l'hommage en était rendu aux vicomtes qui avaient le droit de présentation.

D'après le testament de Claude de Béral, chanoine ès-églises collégiale de Murat et cathédrale de St-Flour, pièce datée du 16 juillet 1667, et qui m'a été communiquée par M. E. de Brives, receveur des finances de Murat, elle nous apprend qu'à l'époque du rasement du château, le prieuré de St-Etienne, ainsi que la statue du saint, furent transférés dans la chapelle du St-Sépulcre, dans l'église collégiale qui appartenait à sa famille, et dans laquelle il veut être enterré au tombeau où est enseveli Guillaume Teillard, son aïeul maternel, vivant juge d'appeaux.

Ledit chanoine titulaire du prieuré fait une fondation de 5 livres de rente au chapitre , a la charge de célébrer tous les ans, le 5 août, fête de l'Invitation de St-Etienne une grand'messe en musique avec diacre et sous-diacre, de faire une procession sur la place; plus une messe de mort la veille de ladite fête, à son intention et celle de tous les prieurs; le tout dans1 la chapelle du St-Sépulcre où l'image du saint est déposée.

Ce prieuré de St-Etienne du château fut supprimé par lettres-patentes du roi, données à Compiègne au mois de juin 1753, enregistrées au parlement. Il est dit dans cet acte:

« Que, sur la requête du doyen et des chanoines du chapitre de l'église collégiale de Murat, après une enquête de commodo et incommodo et le consentement du sieur de la Volpilière, titulaire de ce prieuré;

Considérant la modicité du revenu dudit chapitre, qui est de 2,951 livres, non compris plusieurs fondations et autres distributions quotidiennes pour les messes qu'ils sont obligés d'acquitter, et les charges, montant à 1,959 liv. 10 sols;

Que ledit prieuré est devenu inutile par suite du rasement du château.

Le seigneur roi éteint et supprime le titre de prieuré simple de St-Etienne de Murat; ordonne, en conséquence, que les titres du prieuré seront remis, après le décès du sieur de la Volpilière , audit chapitre , représenté par le sieur Rancilhac de Chazelles, son doyen et fondé de pouvoirs, par son fermier et autres dépositaires, ainsi que ses revenus qui s'élèvent à 157 livres, sur quoi il y a à déduire les messes à acquitter et les décimes faisant 35 livres. »

Lorsque la vicomté de Murat eut été engagée, le seigneur engagiste eut le droit de patronage et, de présentation de la chapellenie de St-Etienne, transférée à la collégiale, comme représentant des anciens vicomtes.

L'église collégiale dans laquelle est établie encore la paroisse est vaste, irrégulière; mais la nef unique n'étant point voûtée, son plafond en bois est souvent détérioré par les eaux provenant surtout de la fonte des neiges. Elle a été assez bien restaurée dans son intérieur par ses derniers curés; car elle avait été dégradée au temps de la révolution et avait servi de dépôt aux prisonniers. M. Delcusy , curé actuel à Aurillac, fit faire le retable , remarquable en ce que son entrepreneur n'avait jamais appris le dessin; aussi les personnages sont ils à chaque instant en faute avec cet art. Passons sous silence la vaste descente de croix qui en occupe le milieu. Quant aux dorures, comme nos ouvrages actuels, elles vont en s'effaçant. M. Pomara, chanoine à St-Flour actuellement, a restauré plusieurs chapelles, et les a dotées de beaux autels en marbre et d'un bénitier au fond de la nef.

L'extérieur, à son chevet et au pignon, est obstrué par des maisons particulières. Toute sa construction est irrégulière et sans grâce; les croisées ne sont point pareilles.

La couverture en plomb du clocher avait été enlevée avec les cloches au moment de la Terreur ; la flèche a été rétablie le plus disgracieusement possible, en zinc d'abord sous la Restauration, et depuis quelques années en ardoises.

On ne trouve aucun tableau de quelque mérite dans cette église, pas même celui concernant la croisade prêchée à Clermont, donné par le gouvernement de Louis-Philippe par l'entremise de M. Teillard, député; mais dans la sacristie il s'en trouve un très-remarquable , surtout par la légende qu'il représente ; il est de l'école espagnole. 1

Dans tous les temps, la Haute-Auvergne, et la ville de Murat comme les autres localités, fut en grandes relations commerciales avec l'Espagne. Il a toujours été dans l'usage de nos émigrants , lorsque la fortune leur était favorable, de rapporter une offrande à leur église paroissiale. La sacristie de Murat doit à cet usage un tableau qui lui fut donné par un sieur Malassagne, marchand dict dreitou. L'inscription mise au bas ne porte ni le millésime ni la signature de l'artiste; mais l'on trouve dans le compte rendu en 1630, par les consuls, la dépense d'un office funèbre pour un sieur Malassagne. Il est probable que cet honneur, conforme à celui que l'on rendait aux consuls qui décédaient dans l'exercice de leurs fonctions, lui fut accordé en reconnaissance du don du tableau.

La tradition a conservé qu'il fut peint et rapporté d'Espagne, et sa contexture ne laisse aucun doute à cet égard. Sans doute, l'auteur du don fit connaître à cette époque la légende qu'il représente; mais le souvenir en est aujourd'hui totalement effacé dans le pays. Cette chronique est trop singulière pour ne pas la consigner ici. Celui qui écrit ces lignes l'a recueillie à sa source même, et il a vu ce qu'il rapporte. Des ecclésiastiques de cette province, réfugies à Clermont en 1840, ont confirmé tous les faits que nous allons mentionner; nous ne nous prononçons pas, nous racontons. Mais, nous devons dire que c'est à l'occasion de cette légende qu'une ville de Castille a modifié son nom, et qu'une fondation , établie a cette époque est encore servie à la sacristie de son église.

C'est un incident de la vie de saint Domingue qui est retracé , saint particulièrement honoré en Espagne, qui lui dut l'institution des Frères prêcheurs, dits Dominicains.

Le voyageur qui entre dans l'église de la Calzada est surpris de voir des coqs et des poules en liberté dans son enceinte. Je fus de ce nombre; je m'adressai à un ecclésiastique qui s'y trouvait; j'appris que ces volailles avaient une origine miraculeuse et étaient en grande vénération dans la contrée. Voici comment:

Saint Domingue, dès sa plus landre enfance, avait vécu dans une haute piété. A peine sorti de l'adolescence, il voulut aller en pèlerinage à St-Jacques-de-Compostelle. La ville de la Calzada étant sur son chemin, il y coucha. La dame du logis où il reçut l'hospitalité fut touchée des grâces et de la beauté du nouveau Joseph, et des propositions coupables auxquelles il sut résister lui furent adressées.

Furieuse de se voir méprisée, cette femme prit la résolution de se venger. Elle connaissait son Ecriture sainte et l'histoire de Joseph. A son exemple, elle cacha une pièce d'argenterie dans ses effets, et quand il fut parti, ellie courut le dénoncer comme voleur. Les magistrats envoyèrent à sa poursuite, et le nouveau Benjamin fut arrêté trouvé nanti de l'objet réclamé, condamne et pendu.

Cependant, plusieurs mois s'étaient écoulés; le père de Domingue était sans nouvelles et adressait au ciel de ferventes prières pour connaître la destinée de son fils. Il eut une révélation par laquelle il apprit que celui qu'il réclamait avait été injustement supplicié à la Calzada; il lui fut dit de se rendre dans cette ville pour faire connaître aux magistrats l'injustice qu'ils avaient commise, réclamer son fils qui lui reviendrait vivant et bien portant, et que Dieu manifesterait pour lui sa puissance.

Plein de foi, le père de Domingue se met en route; il arrive à la Calzada un jour de réjouissances publiques; toutes les autorités étaient réunies dans un banquet. Il demande à être introduit dans la salle du festin ; il éprouve un refus de la part des serviteurs ; il insiste, se dit porteur de communications importantes. On cède à ses instances; il est introduit. Alors il expose aux magistrats l'objet de son voyage; il les somme de réparer leur faute : Dieu a fait un miracle en faveur de mon fils, dit il, il est encore vivant, allons au gibet auquel il est toujours suspendu, et rendons grâces à Dieu pour sa puissance.

En entendant cette déclaration, les autorités se prirent à rire. Bonhomme, s'écrièrent-elles, votre fils est mort depuis plusieurs mois, et vous voulez qu'il soit vivant! Allons, cessez de troubler nos réjouissances, retirez-vous, ou que l'on mette ce fou à la porte! Non, je ne suis pas un fou, répartit le vieillard, et il est aussi vrai que mon fils est vivant que ce coq qui est là rôti sur ce plat, l'est aussi! A ces mots le coq ressuscite, reprend ses plumes, se dresse sur le plat, chante et s'envole de la table.

Le fait était trop surnaturel pour ne pas dessiller les yeux des convives. La salle du banquet est abandonnée, les cloches sonnent, on organise une procession et l'on se rend aux fourches. En effet, Domingue est retrouvé vivant et bien portant; il est descendu du gibet, reconduit en ville en triomphe, comblé d'honneurs et de présents; en expiation, la ville de la Calzada adjoignit à son nom celui de Domingo, et les autorités firent une fondation pour entretenir à perpétuité dans l'église paroissiale un certain nombre de coqs et de poules descendant de celui qui fut miraculeusement rappelé a la vie. Or, depuis 118ij à 1190, la ville s'appelle Sancto Domingo de la Calzada, et la fondation a été exactement servie jusqu'à nos jours.

Les principaux faits de cette légende sont retracés dans des cartouches, dans différentes parties du fond du tableau. Dans l'un est l'arrestation du coupable; un autre représente le banquet et la résurrection du coq : un voyageur est introduit, un coq est droit sur un plat, les figures et les gestes des convives expriment leur étonnement. Dans un troisième, on a retracé les fourches et un pendu consolé par un ange. Ces accessoires ne peuvent laisser aucun doute sur les intentions du peintre. C'est bien notre légende, dont la reproduction n'a rien de bien remarquable.

Puisque nous sommes dans la sacristie de Murat, nous dirons un mot sur deux reliquaires en argent qui s'y trouvent, donnés jadis par la famille d'Anteroche à leur chapelle de St-Gal, et qui se trouvent maintenant à la paroisse. Nous en perlerons aussi à l'article de cet hospice. Nous dirons, en parlant de celui connu sous la dénomination de la Sainte-Epine , que lors de l'incendie de St-Gal, il n'a été sauvé du feu qu'un petit sac de papiers dans lequel j'ai retrouvé l'authentique dont nous allons donner le contenu. Ces deux reliquaires sont en argent, en forme d'ostensoir, d'un beau travail, et le plus grand, qui renfermait la sainte épine , orné de pierres précieuses. Il renferme en outre un petit fragment de la vraie Croix.

« Sont présents : en sa personne puissant seigneur Marie-Claude d'Anteroche, seigneur dudit lieu, Combrelles, Bressanges et autres places, résidant en son château d'Anteroche, lequel a de son bon gré et volonté, et par un pur zèle de la gloire de Dieu, mu de dévotion, et pour autres justes causes et considérations, a fait don à présent au monastère des révérends pères recollets de St-Gal, d'un reliquaire d'argent dans lequel est enclos une sainte épine de la couronne dont Jésus-Christ fut couronné dans sa passion, et d'un petit fragment en échantillon du bois de la sainte Croix, conservés depuis un temps immémorial dans la chapelle dudit château d'Anteroche. Ayant appris que semblable épine ayant été donnée aux religieuses du Val-de-Grâce par un seigneur du voisinage de Paris, a fait plusieurs miracles depuis qu'elle a été transférée audit monastère, et afin que lesdites reliques soient aussi conservées dans ledit couvent de St-Gal en plus grand« vénération, à condition néanmoins que lesdites reliques ne pourront, pour quelque sujet que ce soit, être transférées en autre couvent ni lieu, et qu'icelles soient et mises dans la chapelle de Saint-Bonaventure, de laquelle ledit seigneur est fondateur; lequel don a présent le révérend père Adrian Dufour, gardien dudit couvent de St-Gal, et au nom de tous les autres religieux qui y sont de présent et y seront à l'avenir, et honorable homme Hugues Béral, bourgeois de la ville de Murat, leur syndic, ont accepté aux charges et conditions susdites, auxquelles ils ont promis, au nom que dessus, de ne contrevenir, et ont très-humblement remercié ledit seigneur, ensemble d'autres grands dons et bienfaits qu'il départ journellement et continuellement audit couvent et religieux, à l'occasion desquels ils s'obligent de continuer, par les religieux qui y sont et seront, d'offrir leurs prières et sacrifices à Dieu pour la conservation et prospérité dudit seigneur et des siens. Et ainsi l'ont voulu, promis, juré et obligé. Fait et passé audit couvent, avant midi, ce dimanche sixième jour d'avril 1659. Et à l'instant ledit reliquaire et reliques ont été mis et posés dans le piédestal de l'image de saint Bonaventure dans ladite chapelle, en présence du Sr d'Anteroche, de frère Adrien Dufour, gardien dudit couvent; Béral, syndic; Dumas, Charbonnel, présents; Davidat, notaire royal, (L'original est dans l'étude de M. Achalme, notaire.)

- Nous avons vu nous-mêmes cette sainte épine il y a moins de dix ans. Après avoir retrouvé l'authentique, nous avons voulu la revoir : nous le dirons avec regret, l'épine a été égarée. Espérons qu'un objet aussi précieux sera retrouvé.

FÊTE DE LA SAINT-PIERRE.

 

La St-Pierre, de temps immémorial, a été consacrée à la fête patronale de Murat. Nous ne remonterons pas au-delà de 1663; mais à partir de cette époque, elle va se présenter à nous sous deux phases différentes.

Dans la première, les réjouissances publiques ont dégénéré en désordres. Devenues en 1665 intolérables, les consuls renvoyèrent, cette année, à la fête de Notre-Dame d'août, les danses et divertissements qui avaient lieu ordinairement a la St-Pierre. Avis en fut donné au baile des garçons; ils y consentirent après s'être réunis, à la condition qu'il n'y aurait pas de gens de guerre et que la ville donnerait une indemnité pour payer les violons déjà commandés â Riom.

Les désordres continuaient : en 1735, MM. Pierre de Rancilhac de Chazelles, lieutenant particulier; Pierre Danty, procureur du roi ; le curé de Bredon, les consuls Teillard-Latérisse, Teissèdre et autres notables de la ville, adressèrent à M. Rossignol, intendant de la province d'Auvergne, une supplique pour lui demander la suppression de la fêle baladoire que l'on célébrait de toute ancienneté le jour de la St-Pierre. Cette demande était basée sur les édits du roi et les ordonnances de l'église qui proscrivent ces fêtes comme ne servant qu'à entretenir les désordres et le libertinage. La supplique disait qu'à cette fête les jeunes gens sont dans l'usage de désigner par animosité ou par dérision, comme baile ou roi de la fête, un jeune homme de la ville, lequel pendant tout le temps de sa durée, souvent de plusieurs jours, doit payer tous les frais des amusements et les violons. Pour indemniser le baile, les jeunes garçons avaient l'habitude d'imposer aux nouveaux mariés de l'année une taxe qu'ils fixaient arbitralement et qu'ils prélevaient eux-mêmes sans aucune considération.

Il se commettait dans ces fêtes toutes sortes d'excès et de débauches; il y avait des querelles, des combats ct parfois des meurtres. Nul ne pouvait mettre de l'ordre dans les danses et les courses. Après avoir pris l'avis de M. Teillard, subdélégué, M. l'intendant, par décision du 27 décembre 1735, fit droit à la requête. La fête fut supprimée, sous peine d'une amende de 100 livres pour chaque jeune homme contrevenant, et de faire en outre partie de la milice pendant six ans. Il était en outre défendu aux garçons de la ville et des environs de s'assembler pour nommer un baile, et de recevoir aucune rétribution sur les nouveaux mariés. Un sacrilège commis dans la nuit du 28 au 29 juin de la même année, la fit transformer en fête religieuse. C'est la seconde phase.

On doit à ce sacrilège l'origine d'une procession célèbre dans le pays , et ce jour d'expiation où plusieurs évêques de St-Flour ont officié, a remplacé les scènes tumultueuses par des cérémonies expiatoires qui inspirent le recueillement. Voici un extrait de la relation conservée:

« La veille de la St-Pierre de 1735 un scélérat se glissa sur le soir dans l'église de St-Martin. Vers les onze heures de la nuit, M. le comte d'Anteroche passa dans la rue où est située cette église. Il aperçut une vive lueur; mais il ne s'arrêta pas, présumant que c'était celle de la lampe du St-Sacrement. Vers minuit, une femme en passant vit un bâton de pénitent appuyé contre le mur; la frayeur la saisit, elle se traîna chez elle et s'évanouit.

De grand matin, deux pénitents se rendirent à l'église pour sonner les cloches pour l'office; ils virent une fenêtre ouverte et une échelle auprès d'elle; ils craignirent quelque malheur, fouillèrent dans tous les coins, mais cependant ne trouvèrent rien d'endommagé.

Le bruit s'en répandit dans la ville. Bientôt MM. les abbés de Massebeau et de Montreuil arrivèrent, visitèrent le tabernacle, et reconnurent qu'il manquait un ciboire contenant un grand nombre d'espèces eucharistiques. Ces deux ministres se prosternèrent fondant en larmes ; la foule arrive, tout le monde gémit et élève des voix plaintives vers le ciel; rien ne saurait exprimer la consternation de la ville, le zèle du clergé et celui des magistrats.

Des ordres sont aussitôt donnés pour chercher le profanateur; les citoyens eux-mêmes se pressent à sa poursuite; vingt-neuf pénitents sont désignés pour parcourir les hameaux, les bourgs, les montagnes; huit jours s'écoulent dans cette recherche.

Deux jeunes gens de Dienne entrèrent dans le bourg de Mandailles; leur conversation roulait sur le vol sacrilège fait à Murat. Un mendiant vint leur demander la charité. Ces jeunes gens fixent cet homme, et sur une espèce de signalement répandu dans les paroisses voisines, ils croient reconnaître le profanateur. Le plus hardi le saisit au collet et l'interroge; le mendiant ne sait que répondre, son silence confirme les soupçons. M. Armandias, curé de la paroisse, est appelé; on lie, on fouille le prévenu, et l'on trouve sur lui quatre petits cadres, une bourse en cuir, des morceaux de pain et de la viande mêlés avec les saintes espèces; enfin, on trouve le ciboire dont le pied était séparé de la coupe encore à moitié pleine d'hosties. Le curé transporte dans son église les précieux restes des espèces consacrées, et tout ce qui avait été en contact avec elles.

La nouvelle ne tarda pas à venir à Murat. On s'occupa immédiatement des moyens de réparer ce sacrilège. Une députation du chapitre fut envoyée à St-Flour à l'évêque. Par son ordre, six chanoines de la collégiale durent se rendre à Mandailles pour recueillir les divines espèces. Les autres prêtres du chapitre et de la paroisse se rendirent le lendemain en procession au-devant des six chanoines et les accompagnèrent jusqu'à l'église profanée. Mgr Joachim-Joseph d'Estaing, alors évêque, ordonna une amende honorable et une procession solennelle dans toute la ville devant être faite à perpétuité, à pareil jour du sacrilège commis. Le célébrant officie les pieds nus, la corde au cou, ainsi que le diacre et le sous-diacre; les curés et prêtres des paroisses environnantes sont invités à se joindre à cette procession pour lui donner plus de solennité.

Les chanoines députés se rendirent à pied a Mandailles, avec le St-Sacrement. Les pénitents, tant vieux que jeunes, se rendirent pieds nus à une lieue et demie de la ville. Les révérends pères récollets de St-Gal, le curé de Bredon avec sa communauté, tous les prêtres de Murat et le reste du chapitre marchèrent processionnellement jusqu'à une demi-lieue; le son des cloches du voisinage, l'empressement du peuple qui accourait de toutes parts, formaient le spectacle le plus attendrissant. A l'arrivée du St-Sacrement, la ville devint déserte, les malades se faisaient porter, les vieillards se traînaient sur un bâton, les chemins étaient couverts d'adorateurs prosternés ; jamais la foi des habitants des montagnes ne fut plus sensible et plus éclatante.

Le St-Sacrement entra dans la ville, suivi des citoyens, des étrangers, et porté dans un silence respectueux dans l'église de St-Martin. »

Avant la révolution, le jour de St-Pierre, le chapitre se rendait à l'église St-Martin pour y chanter la messe devant le St-Sacrement exposé à la vénération des fidèles. Le soir, les mêmes chanoines se rendaient à la même église pour la procession.

Aujourd'hui encore les cérémonies ont lieu avec l'ancienne pompe. Le célébrant, ses acolytes et les pénitents sont les pieds nus et la corde au cou. Il n'y a point de musique; on parcourt la ville en chantant le Parce Domine et les psaumes de David; les cloches sonnent l'agonie jusqu'à la rentée de la procession. La cérémonie est terminée par une bénédiction et le chant du Te Deum. La fête est précédée d'un octave où l'on fait chaque soir une amende honorable, pendant laquelle le célébrant et ses acolytes ont la corde au cou et restent prosternés au pied de l'autel.

Outre les chapelles qui étaient au-dessus des portes, il y en avait aussi d'autres dans la ville. Celle de la Trinité, à l'extrémité du Barry, en dehors de la porte St-Michel, existe encore; les pénitents s'y réunissent et l'entretiennent convenablement.

En 1574, il y avait dans le faubourg une chapelle sous l'invocation de la Madeleine. Tout ce que nous en savons, c'est que son revenu fut donné en indemnité à Claude Déjuel, par suite du désistement de son canonicat. Elle n'existe plus.

COUVENT DE SAINT-GAL.

 

Le couvent de St-Gal ou de St-Geal était au XI° siècle un ermitage appelé Puetch-Brun, et dans d'autres titres, Puetch-Bert. Cet ermitage aurait servi de retraite à saint Gal, évêque de Clermont, et ce serait en mémoire de lui que le nom de ce lieu aurait été changé. Une chapelle y fut construite au commencement du XIII° siècle et donnée aux templiers de la maison d'Orbiers, à Montferrand; ils établirent, en 1256, une maladrerie pour les pèlerins et croisés qui revenaient de la terre sainte, et celle qui était à Murat fut supprimée. Après la suppression des templiers, en 1312, elle fut d'abord unie au chapitre, régie par des frères hospitaliers, puis par des prieurs, et enfin donnée aux chevaliers de St-Jean-de-Jérusalem. On voyait dans un ancien titre que Jean de la Forêt, damoiseau, commandeur de l'ordre de St-Jean, qui venait de succéder aux templiers, à Orbiers, prévint le vicomte Bégon qu'il avait été pourvu à l'office de gardien de la maladrerie de St-4al. En 1355 vivait en ce couvent, avec la réputation de saint homme, un reclus ou gardien nommé Pierre Portette, qui fit plusieurs fondations pour la maison. En 1388, Jean Seysset, chanoine de l'église cathédrale de St-Flour, en fut prieur.

En 1449, Bernard d'Armagnac, fils du connétable, vicomte de Murat, voulant' fonder dans cette ville un couvent d'hommes, présenta une requête au pape Martin V pour obtenir l'autorisation de faire cet établissement. L'exécution de la bulle d'érection, datée du 8 juin 1430, fut adressée au prévôt de Montsalvy, de l'ordre de St-Augustin, qui se rendit a cet effet à Murat. Une enquête y fut faite le 31 octobre. On choisit la maladrerie de St-Gal, peu éloignée de la ville, dans ses appartenances au terroir de la Malandia, dans une position agréable, sur les bords de la rivière d'Allagnon, et située aujourd'hui sur la route impériale qui conduit à Aurillac. D'après une inscription qui se trouve sur un tableau dont nous parlerons plus loin, il parait que le comte d'Armagnac indemnisa l'ordre de St-Jean.

Ce bel établissement a péri par le feu dans la nuit du 24 janvier 1855. Tout y a été consumé généralement. Mais comme depuis longtemps j'avais pris une copie des actes historiques qui s'y trouvaient, les lecteurs voudront bien m'excuser si j'entre dans des détails plus circonstanciés, car ces pièces seraient désormais perdues pour son histoire.

Ce que nous allons rapporter est copié sur un ancien titre existant alors.

Comme cet établissement était un prieuré annexé depuis peu de temps à la

mense capitulaire de l'église de N.-D.-de-Murat, et qu'il dépendait aussi du prieur de Bredon, pour les désintéresser et obtenir le consentement de messire Guillaume Brunenchon. prieur dudit prieuré, vivant alors, et celui de Guillaume de Cardaillac, prieur de Bredon, Bernard leur donna à chacun une rente de 4 septiers de blé à prendre sur les moulins de la Chapelle-d'Allagnon. Ces deux prieurs se démirent de tons leurs droits sur ce prieuré et concédèrent les rentes qu'ils y percevaient, s'élevant à 8 sols tournois. Ce traité fut ratifié par Bérengarius, successeur de Guillaume de Cardaillac, ensuite par l'abbé de Moissac et tous les religieux capitulaires assemblés, par actes du mois d'avril i iô4, et 28 mai 1435. Pour plus ample garantie, le comte d'Armagnac s'adressa au pape Martin V, et ensuite à son successeur Eugène IV, qui approuva et confirma le tout par bulles de juin 1455. L'église fut consacrée, le 21 septembre suivant, par Guillaume de Monte-Gaudo, évêque de Brives, avec le consentement de celui de St-Flour, et dédiée à Notre-Dame-de-Paix, a saint François et à saint Gai.

Toutes ces difficultés étant aplanies, le comte Bernard donna cet établissement aux cordeliers de l'Observance, qui le possédèrent plus d'un siècle et demi.

En 1437, Guillelmus Ascalis, donna commission aux Custods de la Custodie, du Rouergue, province d'Aquitaine, et de celle d'Auvergne, province de Bourgogne, et au père Jean Pouget, religieux du couvent de l'Observance d'Aurillac, d'assigner et déterminer les paroisses dans lesquelles les religieux de ce couvent iraient prêcher et faire les quêtes nécessaires à sa subsistance et à son entretien.

Il y eut défense expresse, sous peine d'excommunication, à tous les religieux des autres ordres, d'aller auxdites paroisses faire des quêtes ou d'apporter des empêchements au privilège accordé. L'ordonnance de Jean Pouget fut confirmée par le pape Eugène IV, le 8 juin 1 445.

Les religieux de St-Gal ayant été troublés postérieurement dans cette concession par ceux du couvent d'Aurillac et de Brioude, ils eurent recours à l'évêque de St-Flour, qui fit défense à tous les curés et prêtres des paroisses qui leur étaient assignées et spécifiées dans son ordonnance, d'y recevoir aucun religieux d'une autre maison de l'ordre pour y faire des quêtes. Voici le nom de ces paroisses mentionné dans l'ordonnance du 8 mars 1514. Quelques-unes d'elles étaient situées' dans la circonscription de l'évêché de Clermont, ce qui porte a présumer que les deux prélats s'étaient concertés à cet égard.

Parochiœ sequentes expressutœ etl assignatœ fuerunt specialiter. scilicet : parochia Bredonis usque ad montes Cetivos et ab aqua illà diffluens a dicto ounle discurrit interr parrochias Brezonis et Sancti-Martini. Bredon jusqu'au Cantal, et le long du ruisseau qui coule dans les paroisses de Brezon et de St-Martin. Paroquia capellœ Castricellarum . la chapelle de Celles; Veisseneti, la Veissenet; Usselli, Ussel; Valeudi,Valheugeol; Sancti-Maurici, Saint-Maurice; Pauliaci, Paulhac; Cusaci, Cussac; Cezeni, Cezens; oralorii sanctœ Mariœ, Oradour; Panlini, Paulhenc; Petrefortis. Pierrefort; Gordujœ , Gourdiége; Brezonnis , Brezons; Diana, Dienne; Securis. Segur; Sancti-Saturnini, Saint-Saturnin; Lugardœ , Lugarde; Sancti-Molompizini . Molompise; Massiaci cum ejus annecxa de Chaleix, Massiac avec son annexe Chaleix, de Graneris, Grenier; Sancti-Boneti, St-Bonnet ; Sanctœ-Mandinœ, St-Amandin, jadis Sainte-Mandine: Maricastri, Marchastel; Sancti-Hipolyti, St-Hippolyte; Chelados, Cheylade; Colandrœ, Colandre; Capellœ-d'Allagnon. la Chapelle-d'Allagnon ; Sancti-Victoris, St-Victor; Auriaci, Auriac; Blaziliœ, Blesle; Chavaniaci, Chavagnac; Chalinargui, Chalinargues; Sanctœ-Anastasiœ, Ste-Anastasie; Petrussiœ, Peyrusse; Charmensati, Charmensac; Forcassi, Joursac; Moyssaci, Moissac; Talizaci, Talizac; Cultinarum, Coltines; Torciaci, Torciac; Chamberonis, Chambernon; Sancti-Gerwsi, St-Gervais; Segusaci, Segouzat; Mauriaci, Mauriat; Auliaci, Auliac; De Chalucio, Chalus; de Madriacho, Madriat; Soliniaco , Soliniat; beatœ Mariœ de Rougeriis , Rougier; cum told Vodabula de Meliaux, Vodable et Méliaux; de Chidriaco, Chidriac; de Sancto-Sivicio, St-Cirgues; de Marcenaco, Marcenat; de Landeyraco, Landeyrat; de Allanchid, cum sud annexa de Vemols, Allanche avec son annexe de Vernols; de Virargas, de Virargues. Dans la même sentence sont comprises celles de Marieugheol, Autoing et St-Germain-Lembron.

Le 3 décembre 1540 ce couvent fut brûlé par accident. M. de Sistrière dressa le procès-verbal de cet incendie.

En 1552 le chapitre provincial de l'ordre y fut assemblé le jour de la Pentecôte. 174 religieux y assistèrent.

Ce couvent fut brûlé par les huguenots venus de Combrelle, en 1579. 11 fut alors rétabli tel qu'on le voyait récemment.

Les cordeliers, à l'époque du premier établissement en France des récollets, leur cédèrent ce couvent en 1583. Le roi Henri IV leur permit, en 1599. de s'y réunir. Maître René Chopin, dans les notes qu'il fit à la marge, nombre II, titre III, livre 1er, du Droit des Religieux, fait mention du couvent de St-Gal. Les récollets y mirent 25 ou 30 religieux et leurs écoles de philosophie et de théologie; ils y avaient des archives et une bibliothèque précieuse dilapidée à la révolution.

Après leur installation à St- Gal, les récollets rétablirent les bâtiments ruinés par le feu. Ils tirent l'enceinte du grand jardin, celle du verger, et y employèrent une somme de 1,000 livres donnée aux religieux pour ces restaurations, par M. de Brezons, capitaine du château de Murat. Ils agrandirent leur église et firent construire leurs chapelles.

Les récollets furent dotés par la ville et les vicomtes de Murat d'une somme annuelle, pour venir prêcher l'Avent et le Carême dans l'église collégiale. Plus tard, ce fut le boucher qui obtenait de vendre du la viande en carême qui était chargé de donner 300 livres au couvent pour le prédicateur.

En 1635, le 27 octobre, le chapitre provincial de l'ordre fut de nouveau assemblé à St-Gal. On y reçut le bref de division de cette province avec celle de la Conception, présenté par le révérend frère Ignace le Gaud , commissaire apostolique et président de ce chapitre. Par le bref de Sa Sainteté, le révérend prêtre Sylvestre Grandis, religieux d'un haut mérite, fut reconnu pour provincial de tous les vocaux.

Le 19 octobre 1664, le révérendissime père Ildefonse de Salizani, général de tout l'ordre, passa au couvent de St-Gal et vint y coucher. Il fut reçu par le père Francois Boyer, gardien du couvent, qui l'accompagna à Aurillac chez les pères de l'Observance.

Ce couvent ayant servi d'hospice pour les pèlerins revenant de la Palestine, possédait un grand nombre de reliques précieuses dont quelques-unes s'y trouvaient encore lors de l'incendie récent, et les antres avaient été cachées d'abord par des personnes pieuses au moment de la révolution , et remises ensuite à l'église paroissiale. Elles consistaient princincipalement en un reliquaire d'argent fait en forme de chemise, contenant, croyait-on, des reliques de la sainte Vierge. Un bras d'argent contenant un bras de saint Timothée, disciple de saint Paul; un autre bras d'argent, reliques de saint Antoine; un coffre d'argent, avec des reliques de saint Pierre; entre autres, un os de son crâne; un reliquaire aussi d’argent, avec des ossements de saint Biaise. Une châsse d'argent contenant du bois de la colonne où Notre-Seigneur fut flagellé; un reliquaire d'argent, avec des reliques de saint Benoît; un reliquaire contenant une«pine dela couronne; des reliques de saint Jean-Baptiste, de saint Barthélemy, de la tête de saint Martin, sainte Luce, saint Georges, saint Féréol et plusieurs autres martyrs et confesseurs; un vase de verre où se trouve du foin de la crèche de notre Seigneur; un reliquaire en laiton , avec des reliques de sainte Madeleine; un bras en bois renfermant des reliques de saint Sébastien; une grande croix d'argent donnée par le doyen de Montpezat, prieur de Bredon, contenant diverses reliques; autre croix d'argent de moyenne grandeur contenant aussi des reliques. (Extrait du manuscrit de M. de Sistrières.)

Dans la chapelle de saint Bonaventure se trouvaient deux reliquaires en argent, l'un avec une inscription latine qui peut se traduire ainsi : Reliques du docteur séraphique saint Bonaventure, nuises en reliques au mois de juillet 1840. L'autre relique de saint Gai, évêque de Clermont, enfermée aussi en 1647.

Dans la chapelle du St-Crucifix, des ossements de saint Jacques, apôtre.

Dans la chapelle do St-François, des ossements des onze mille vierges et des ossements de saint Raymond, le tout enfermé dans un coffre.

Dans la sacristie, un coffre entouré de bandes d'argent, couvert de satin bleu et blanc, parsemé de fleurs de lys d'or, portant les armes de Jérusalem en broderie, et celles des princes d'Armagnac, fondateurs du couvent. Il était divisé au-dedans par paquets en forme de reliquaire, lesquelles reliques, selon les vieux écriteaux et inventaires des ans 1463—1545 et autres plus récents, sont les reliques suivantes : un os de saint Jacques-!e-Majeur ; os de saint André et bois de sa croix; os de saint Martial, apôtre de la Guienne; os du doigt de saint Front, martyr et apôtre de Guienne; os et habits de saint Etienne, protomartyr; os de saint Geneix ; os de sainte Hippolyle, vierge; os de sainte Marguerite, vierge el martyre; os de saint Léon, pape; os de saint Clair, abbé; os de saint Mercure, martyr; os présumé d'un doigt de saint Maurice ; os d'un doigt enchâssé dans de l'argent doré où il y a gravé : Ptena gratia, ce qui fait présumer que cette relique est de sainte Anne, les inventaires faisant mention de reliques de cette sainte, os enchâssé dans un petit triangle d'or; une dent de saint Biaise; fragment d'une côte de saint Polieucte, martyr; une fiole d'argent doré contenant, à ce que l'on croit, du lait de la sainte Vierge; du bois de la sainte croix, de celui de la crèche, de la palme venue du jardin des oliviers lorsque Jésus y fut arrêté; de la table sur laquelle Jésus lit la scène; du lieu où il naquit; de la myrrhe et encens présentés par les mages; terre du désert où Jésus jeûna; du lieu où il composa l'oraison dominicale ; du mont de Sion, du calvaire et des oliviers ; du lieu où la sainte croix fut retrouvée; du lieu où les apôtres reçurent le St-Esprit; pierre de la maison de sainte Marthe, de celle de la Madeleine et du saint sépulcre; pierre du sépulcre de la sainte Vierge, du sépulcre de sainte Catherine, vierge et martyre; du lieu où saint Georges fut décollé; du lieu où saint Jean l'évangéliste dit la messe, où saint Jean-Baptiste naquit.

Dans la chapelle de Notre-Dame sont deux reliques de saint Jacques-le- Majeur, de saint Front; deux petites images de la Vierge avec des reliques; reliques de sainte Agathe, vierge et martyre.

Dans la sacristie de Murat il y a deux reliquaires en argent, dont l'un contient une épine de la couronne de notre Seigneur et du bois de sa croix, avec cette inscription : Don fait par le seigneur d'Anteroche, fondateur de la chapelle de Saint-Bonaventure et bienfaiteur du couvent; l'autre relique, de la sainte Vierge, de saint Clair, de sainte Victoire, vierge et martyre (1665). Cet inventaire existait à St-Gal avant l'incendie.

Un petit nombre de ces reliques a été rapporté, après la révolution, à St-Gal ou remis à la paroisse de Murat. Le surplus doit exister encore chez de pieuses femmes qui ignorent leur origine et leur valeur.

Il existait dans cette église une ancienne dévotion à Notre-Dame-de-la-Paix, en commémoration de la bataille d'Arras gagnée par le connétable d'Armagnac, père du fondateur du couvent.

Dans la chapelle de Saint-Bonaventure, à main droite en entrant, on trouvait un tableau conservé heureusement dans le dernier incendie, qui représente un miracle fait sous l'invocation du saint de ce nom. Sa hauteur est de 3 mètres, sa largeur de 2, et il est signé Francise Toucherol, anno 1639. Ce tableau a du mérite; l'encadrement a souffert par suite de la précipitation que l'on a mise à le détacher du cadre ; mais le fond et les personnages n'ont éprouvé aucune avarie fâcheuse.

Suivant la tradition,une dame d'Anteroche (probablement Isabeau de Latour du Gouvernet, mariée avec le sieur d'Anteroche, le 20 octobre 1630, avait six filles et un seul garçon encore en nourrice. Cet enfant mourut; un des pères qui portait le nom de St-Bonaventure , en grande odeur de sainteté , fut appelé; le pauvre enfant est étendu sur un lit entouré de toute sa famille en larmes; le père le bénit et le ressuscite. Sur ce tableau sont les armoiries suivantes : les armes des d'Anteroche écartelées de trois têtes de nègres au-dessus d'une tour d'argent, et un aigle noir aux ailes déployées pour cimier.

Les seigneurs d'Anteroche avaient obtenu la concession de la chapelle qu'ils avaient construite pour eux et leurs successeurs, avec le droit de sépulture dans icelle. En reconnaissance de cette concession, M. d'Anteroche avait donné une aumône de 500 livres pour être employée aux réparations du couvent, et les deux reliquaires.

Dans la troisième chapelle, du même côté, était un tableau représentant la fondation du monastère; il a été aussi préservé. On y voit Notre-Seigneur, la sainte Vierge et saint Gai donnant aux dominicains prosternés à leurs pieds cet établissement. L'église et les bàtimonts étaient encore récemment comme le peintre les avait représentés sur un cartouche. On lit au bas du tableau : Christus, Maria, Gallus, francisco donant domum. oedern et eremum. Bernardus armoniacus anno M.D.IV. Conventum condidit. C. Halcan faciebal, anno M. D. V. Une banderole contient la légende suivante : Vade franscisce, repara domum meam.

La chapelle du Saint-Crucifix ou de Bonne-Mort appartenait au sieur Louis Andriac (probablement Andrieu), qui l'avait fait bâtir et y avait construit un caveau. On y inhuma plus tard les religieux, entre autres le révérend père de Brives, le dernier des religieux morts avant la suppression du couvent. Ce caveau fut ouvert pendant la mairie de M. Mayenobe; le père de Brives y fut trouvé entier, quoique couvert de chaux vive; lorsque l'on toucha ses membres, ils tombèrent en poussière.

Les armes de la maison de Dienne étaient sur une des croisées de la troisième chapelle, celle qui renfermait le tableau de la fondation.

Les chapelles a l'entrée du couvent furent bâties, meublées et ornées de tableaux par M. Isaac Dufour, baron de Villondrefuel et de Vannes, syndic général de cette province du St-Sacrement, qui portait un vif intérêt à cet établissement; il en fit rétablir la porte d'entrée, les marches de l'église, donna plusieurs livres à la bibliothèque, et, dans son testament, 500 livres pour les autres réparations.

En 1682 et 1683, le frère sixte de Montmaur, gardien du couvent, fit renouveler la charpente, le plancher et la partie surhaussée des chambres du grand corps de logis, depuis la fenêtre qui donne sur le verger jusqu'à celle qui regarde Bredon; il fit élever le corps de logis de la bibliothèque, construire les deux chambres attenantes et réparer toutes les autres du couvent qui étaient fort délabrées.

La chapelle de Notre-Dame-des Anges fut construire en 1758, et bénie le 2 août 1759 par l'abbé de Rascoupet, ancien oratorien. On refit en même temps le clocher et le choeur qu'il renfermait.

Les principaux bienfaiteurs de ce couvent furent:

D'abord Bernard d'Armagnac, son fondateur, qui lui constitua une rente de 20 septiers de blé el 5 livres en argent, à prélever sur la vicomte de Murat; les fondateurs des chapelles, le seigneur de Brezons et le comte de Brancas.

Noble sieur de Seveyrac, qui donna le tabernacle du grand autel, plusieurs ouvrages à la bibliothèque, et fit beaucoup d'autres libéralités, entre autres, dans son testament, un annuel de 100 livres et pareille somme pour les réparations.

Le sieur de Castelards donna Baronnius , les œuvres de saint Augustin et celles de saint Bonaventure de Syracuse.

Mme Isabeau de Latour du Gouvernet, mariée en premières noces avec le comte d'Anteroche, et en secondes noces avec le comte de Vernières de Montgon, donna 100 livres dans son testament et une robe de soie pour faire un ornement.

Le sieur Rancilhac de Chazelles donna 2 septiers de blé chaque année depuis qu'il était à Murat.

M. Hugues Béial, bourgeois de Murat et syndic du couvent, fonda avec son frère les sermons de l'Octave du St-Sacrement ; il donna aussi une rente annuelle de 40 livres pour la lampe allumée devant le St Sacrement et le vin des messes.

Demoiselle Blanche de Teisseyre , femme de M. Teillard , conseiller du roi et lieutenant des aides à Saint-Flour , fonda un annuel de quatre-vingts messes au montant de 100 livres, pour avoir part aux prières dites le 25 août, jour de son décès.

Le sieur Boutoute, par testament, donna 100 livres.

M. de la Bastide de Dienne donna 40 écus pour que les religieux priassent pour son ame, et que l'on dit 360 messes à son intention. Parmi ses revenus, le couvent avait:

Une aumône du roi de 87 livres, payée par MM. les fermiers.

Une aumône de la ville, de 50 livres, payée par MM. les consuls pour une barrique de vin, et autres 10 livres au père provincial ou pour le commissaire au temps de leur visite.

M. le prieur de Bredon donnait une barrique de vin chaque année; il donnait en outre ordinairement 2 septiers do blé seigle.

a La recette de St-Flour payait annuellement une aumône de 10 livres 11 sols et 1 denier, sur laquelle le couvent devait dire vingt-six messes basses et trois chantées. Mgr de Ribeyre , évêque de St-Flour, réduisit ces messes à treize, savoir : trois chantées à 1 livre 4 sols chaque, et dix messes basses.

A l'époque de la révolution, les récollets de St-Gal subirent le sort des autres religieux; le couvent fut vendu nationalement, et la ville de Murat en fit l'acquisition pour y transférer son hôpital. Le bâtiment qui servait d'hospice dans le faubourg fut vendu à cet effet, et acheté par M. Teillard-Nozerolles. Les archives et la bibliothèque furent en partie délapidées, en partie transportées dans nne salle de la municipalité, où elles ont continué à être détériorées.

Cet établissement, par sa belle position et la vaste étendue de ses bâtiments et de son enclos, formait l'un des plus beaux hospices du département; il était parfaitement entretenu et sa vaste église restaurée à neuf lorsque, dans la nuit du 24 au 25 janvier 1855 le feu est venu le détruire pour la troisième fois. L'incendie a été le résultat d'un accident et aurait pris par la foyère d'une cheminée. Les toitures et les planchers ont été en peu d'instants la proie des flammes, et lorsque les secours sont arrivés de Murat, on ne pouvait plus le maîtriser. Un pauvre, qui était rentré dans son dortoir pour retirer son petit pécule, a péri. Peu de choses ont été sauvées de l'église qui n'était que lambrissée en planches; les tableaux de la donation et l’ex-voto d'Anteroche n'ont dû leur conservation qu'à ce que les chapelles où ils se trouvaient étaient voûtées.

Une partie de St-Gal était affectée aux pauvres, et l'autre partie aux dames religieuses de l'ordre de St-Joseph pendant longtemps , et récemment donné aux dames de St-Vincent-de-Paul. Ces dames y tenaient une école peu nombreuse pour les jeunes filles du voisinage.

Nous allons donner un précis de la situation de l'hôpital au moment de sa destruction:

Revenu annuel 4,427 f. 82 c

Salle pour hommes 1

Salle pour femmes 1

Malades (hommes) reçus annuellement 4

Malades (femmes ou enfants) 4

Pauvres placés à vie 26

Lits pour hommes 17

Lits pour femmes 15

Consommation en pain blanc 750 kilog.

— en pain bis 7,300 kilog.

— en vin 6 hectol.

— en viande 480 kilog.

— en bois 30 stères.

— en charbon de bois 23 hectol.

(Il n'y avait point de consommation de charbon de terre.)

 

Lingerie.

Draps (non compris ceux des religieuses et des domestiques) 217

Le surplus de la lingerie était en parfait état et en rapport avec les besoins en tout ce qui la concerne. Il en était de même pour les ustensiles de cuisine et meubles meublant.

Tout a péri. La ville était assurée et recevra une indemnité de 55,000 fr. environ; mais cette somme sera très-loin de suffire aux frais d'un rétablissement. Que deviendront les bâtiments de St-Gal!

SALLE D'ASILE.

 

La ville de Murat venait heureusement de terminer les grosses constructions d'une salle d'asile lorsque l'incendie de son hôpital a eu lieu. Cet établissement a reçu provisoirement les pauvres et tout le personnel de l'hospice.

LE COUVENT DE FEMMES.

 

Les dames réformées de Sienne possédaient un couvent à Murat. Les pièces dont nous allons extraire cette relation sont déposées à la sacristie de la paroisse.

L'acte de leur fondation est du 8 décembre 1634. Les consuls Jacques Danty. Martial Falguières et Jean Andrieu exposèrent aux conseillers du corps et conseil de la ville, composé d'honorable homme Jacques de Traverse, procureur du roi, Rainaud de la Roque, Guillaume Teillard, Jean Veissière, Hugues Caurerude, Joseph Vidal, Antoine de Traverse, Tristan Danty, Pierre Pichot, Jacques Recodore , Jacques Teillard , Louis de Massebeau , Durand Ilecodère , François de Boyer, François de Traverse, Tristan Vidal, Guillaume Deslandys et Antoine Malassagne , que , par l'entremise et bonne volonté de M. de Laroque-Massebeau, sieur d'Anteroche, les religieuses de Ste-Catherine de Sieune étaient disposées à venir s'établir dans la ville; qu'elles instruisaient les jeunes filles à pratiquer la vertu et la religion; qu'au reste, ces vertueuses dames avaient assez de rentes et de revenus, non seulement pour vivre, mais encore pour faire face aux constructions des bâtiments qui leur étaient nécessaires, en sorte qu'il n'en coûterait rien pour cela ni à la ville ni aux particuliers. En conséquence, les consuls demandèrent au conseil d'autoriser ces dames à se loger au faubourg et dans le lieu qui leur paraîtrait le plus convenable, à la charge rie payer le montant des acquisitions de terrain nécessaire à la construction de l'église et du monastère, et d'obtenir l’autorisation de Mgr de Vailles alors évêque de St-Flour. Le conseil, non seulement accorda cette demande, mais chargea en outre les consuls de remercier ces dames et M. de Laroque-Massebeau.

En conséquence de cette délibération du conseil , M. d'Anteroche, tant en son propre et privé nom qu'en celui de dévotes dames religieuses Anne St-Joseph et Marguerite de Latour du Gouverne!, ses belles-sœurs, religieuses de St-Dominique sous le titre de Ste-Catherine-de-Sienne-du-Rhône-les-Unis, présenta une requête à Mgr de Nouilles pour qu'il voulût bien permettre l'érection du monastère et autoriser Mme Marguerite de Latour à y transférer sa dot, constituée à 4,000 liv., ainsi qu'elle s'en était réservée la faculté par le contrat de sa profession au monastère de Brives, au cas où elle se sentirait inspirée de fonder ailleurs un nouvel établissement de son ordre. Le sieur d'Anteroche s'engagea, en outre, à donner 500 livres de perception annuelle, pour entretenir une autre religieuse du mémo ordre. Mgr de Noailles par ordonnance du 16 octobre 1636, adhéra à cette requête, mais à la condition que l'on ne pourrait recevoir aucune fille de chœur sans qu'elle n'apportât une dot et constitution au moins de 1,800 livres, tant pour le vestiaire et meubles que pour autres choses , et 1,700 liv. ou 100 livres de revenu pour leur nourriture; enfin, de ne recevoir que le nombre de filles nécessaire pour le bien et utilité du couvent. Tous les droits de juridiction de l'évêque furent en outre conservés.

Ces formules réglées, les dames Joseph et Marguerite du Gouverne!, et la mère Jeanne-Baptiste Roux, religieuses au couvent du Rhône, se rendirent à Murat sous la conduite du révérend père Denis de St-Laurent, docteur en théologie et provincial de Provence, et l'acte de leur installation fut passé à St-Flour, le 26 septembre 1638.

Le 5 septembre 1704, en exécution d'un arrêté du parlement, Jean Gourlat, seigneur de la Veyrine, conseiller du roi et lieutenant au bailliage d'Auvergne au siége présidial d'Aurillac, fit une information sur le couvent. Il fut constaté que l'établissement des dames religieuses était un grand avantage pour la ville et les lieux circonvoisins, tant à cause de leurs vertus exemplaires que de l'éducation qu'elles donnaient aux jeunes filles, leur apprenant à travailler, à faire de la dentelle, a gagner leur vie, cela aux moindres frais possibles et même gratuitement; que leurs revenus étaient suffisants, vivant dans une grande austérité et une abstinence perpétuelle; et qu'elles faisaient même des économies qui leur avaient permis récemment de construire de nouveaux bâtiments d'une valeur de 10,000 livres.

Par suite de ces informations, les consuls de la ville: Pierre Chaumeil, Guillaume Deslandys et Jérême Andrieu assemblèrent le conseil, et, par délibération dudit jour 5 septembre 1704, donnèrent leur consentement à la conservation du couvent des religieuses.

Dans la nuit du 26 septembre 1771, une grande partie des bâtiments du couvent fut détruite par un incendie causé par l'imprudence d'une religieuse qui s'était rendue avec de la lumière dans le vestiaire placé dans un grenier. En cherchant des vêtements, elle laissa tomber du feu. Le couvent aurait été complètement brûlé si des cultivateurs du hameau de Cresponet n'avaient, vers minuit, aperçu l'embrasement; ils se rendirent à Murat en toute hâte, brisèrent les portes du couvent à coups de hache, et firent sortir de force les religieuses qui craignaient d'enfreindre la règle de leur clôture. Par suite de l'incendie, ces bâtiments furent reconstruits tels qu'on les voit aujourd'hui.

Le 22 novembre 1790, le maire Roux, les officiers municipaux René Ruynes, Antoine Pichot, Pierre Tournay, Antoine Gazard, et Pierre Estieu , procureur de la commune, assistés de Gibert Chibret, secrétaire-greffier, en vertu du décret de l'Assemblée nationale du 18 novembre 1789, se transportèrent au couvent pour y dresser un inventaire de son mobilier et de toutes les propriétés tant mobilières qu'immobilières. Outre un certain nombre de prés et de champs, cet établissement possédait 60 têtes d'herbages dans une montagne appelée de Merpoux, au suc de la Micholle, commune de Ségur, et 40 têtes à celle appelée Chagravou, commune de Dienne. Le montant général de leur avoir, tant en biens fonds qu'en rentes, obligations et contrats, fut évalué alors à la somme de 90,000 liv., et le revenu à celle de 5,672 livres. On y comprenait l'entretien d'une pensionnaire à nourrir et élever à perpétuité , par suite d'une fondation de 5,000 livres faite par M. de la Volpilière, curé d'Allanche, en faveur des descendants de ses frères.

Le couvent se composait alors de 26 religieuses professes et 2 converses,

Savoir:

Sœur Angélique Chardon, supérieure 49 ans.

Marguerite, sœur Thérèse Chaumeil, sous-supérieure 70

Fleurie Aimée de Jésus Pagès, vicaire 57

Gabrielle da la Purification Vallacher, procureuse 44

Elisabeth de St-Dominique Vidal 49

Madeleine de l'Incarnation de Luc 50

Madeleine de St-Auguste Sauvage 54

Marie de la Présentation Couderc 36

Marguerite Agnès Rouchés 43

Marguerite St-Jean-Baptiste Tournier 33

Marguerite de Ste-Agathe Champrouse. 32

Olympe de St-Reine Roux  . . . 37

Marie de Ste-Dorotée Ganilh 33

Marianne des Séraphins Chapveyre 33

Antoinette de Ste-Catherine Tallandier-Lespinasse 34

Jeanne de St-Vincent de Rancilhac 29

Marie de St-Joseph Andrieu 28

Anne Ste-Alexis Meyniel 40

Marie de tous les Saints Roux 50

Marie-Françoise de St-Luce Teillard 27

Jeanne de Ste-Ursule Mouis 25

Agnès de St-Louis Veysserre. . . . 31

Marguerite-Marie de la Croix Salvage 25

Jeanne de St-Hyacinthe Teissèdre 25

Marianne de Ste-Pie Pagès 28

Elisabeth de St-Raymond de Raucilhac (morte la dernière) ... 20

Louise du Rosaire Breuil, converse 73

Françoise de Ste-Rose Combe, converse 7°

Toutes ces religieuses déclarèrent, tant celles du chœur que les converses, qu'aucune d'elles ne voulait sortir du couvent, et qu'elles désiraient y passer le reste de leurs jours pour y vivre dans la règle de leur institut, conformément à leur ordre.

Les dignités du couvent étaient : celle de prieure, occupée alors par sœur Angélique de Chardon, qui fut remplacée, peu de temps après, par sœur Jeanne de St-Vincent de Rancillac, morte il y a une dizaine d'années; la charge de sousprieure, exercée par sœur Thérèse Chaumeil; de procureuse, par sœur Gabrielle de la Visitation Vallarché, et celle de vicaire, par sœur Fleurie Aimée de Jésus-Pagès.

Quand ces vénérables religieuses furent expulsées de leur maison, malgré les services qu'elles avaient rendus aux familles du pays, et leur vertu reconnue, on usa à leur égard de vexations que l'histoire doit oublier et qui ne peuvent trouver leur excuse dans les passions révolutionnaires. Toutes ces religieuses renouvelèrent leur déclaration, tant celles de chœur que les converses , qu'aucune d'elles ne voulait sortir du couvent, qu'elles désiraient y passer le reste de leurs jours et y vivre dans les règles de leur institut, conformément à leur ordre.

Aujourd'hui, leur couvent renferme la majeure partie des établissements publics de Murat. L'église, le chœur et leurs dépendances sont occupés par le tribunal, la salle du conseil et le greffe. Une autre partie des bâtiments est consacrée à l'hôtel-de-ville; la gendarmerie y est logée. Quant au restant, il a été donné aux frères des écoles chrétiennes.

L'ancien couvent de religieuses est maintenant remplacé par un établissement fondé, depuis un certain nombre d'années, par les dames de St-Joseph de Clermont, autrement le Bon-Pasteur. Leur maison, dans la rue de Lavernhe , composée des anciennes maisons Dubois et Danty, est vaste et fort bien appropriée à sa destination. La chapelle est très-bien ornée. Ces dames instruisent les jeunes filles de la ville, et ont quelques pensionnaires des environs.

Indépendamment des religieuses, Murat possédait et possède encore des sœurs du tiers-ordre; elles y furent introduites pour la première fois en 1632. Il en existe quatre ordres différents, sous l'invocation de saint Dominique, de saint François, de sainte Thérèse et de sainte Agnès. Presque toutes les cuisinières et femmes de chambres appartiennent à ces confréries. Elles sont d'une régularité et d'une probité incontestées, soumises à réciter chaque jour, pendant leur travail, certaines prières; elles ont des assemblées hebdomadaires, nomment tous les cinq ans leur supérieure et un conseil chargé de maintenir la discipline. Du reste, elles peuvent vaquer à tous les travaux de leur condition.

Les sœurs qui résident dans la campagne se rattachent à celles de la ville. La supérieure de chaque ordre désigne des vice-supérieures pour les diriger, et quatre assemblées générales, auxquelles assiste l'autorité ecclésiastique, ont lieu à Murat chaque année.

La confrérie des pénitents blancs et des pénitents noirs fut introduite à Murat en 1584, avec le consentement des principaux officiers de la ville, du curé de Bredon et du chapitre; leurs statuts vinrent du Puy. L'évêque de St-FIour permit leur l'institution le 25 mars 1585, dans l'église collégiale, où ils faisaient leurs assemblées dans la tribune du fond de l'église. Ils furent approuvés par le pape Clément, par bulle du 8 mars 1596. Cette congrégation, en 1600, fut transportée, avec le consentement du chapitre, de l'église collégiale dans celle de St-Martin, où elle est restée jusqu'à la révolution, époque où cette église fut vendue et dépecée. Les pénitents sont maintenant dans la petite église de la Trinité du Barry. Cette institution tend à s'affaiblir progressivement. Jadis , tous les bourgeois de la ville en faisaient partie; quelques-uns d'eux assistaient toujours en costume aux messes paroissiales et aux cérémonies religieuses extérieures. Aujourd'hui encore, ils se rendent à pied et eu corps à Notre-Dame-de-Lescure, et assistent à sa fête et procession.

Outre les pénitents, chaque état, suivant l'esprit des XVI° et XVII° siècles, avait sa confrérie; les principales étaient celles de St-Jacques, de Ste-Anne , de Ste-Marguerite, de St-Jean-l'Evangéliste, de St-Georges, de St-Eloi, de St-Michel, de Bonne-Mort et du Mont-Carmel. Chacune de ces confréries avait sa chapelle attitrée et ses jours de féte.

Murat n'a pas de collège communal proprement dit; mais, depuis quelques années, un établissement où sont enseignés les éléments des langues latine et grecque, etc. Cette institution, bien tenue, mérite sous tous les rapports la confiance des pères de famille.

ÉTABLISSEMENTS DE CHARITÉ.

 

ANCIEN HÔPITAL.

 

Cet édifice occupait l'emplacement sur lequel est aujourd'hui l'église paroissiale; il avait été doté et fondé par les anciens vicomtes de Mural, ses patrons. Bernard Bayle en était le chapelain en 1263, et souscrivit aux privilèges donnés à la ville par Pierre. Le vicomte se démit, en 1320, en faveur des consuls, de la direction et du patronage qui lui appartenaient, à la charge de lui présenter, ainsi qu'aux vicomtes ses successeurs, le chapelain qui en recevrait la direction. Il leur concéda le pouvoir d'acenser les; revenus, d'accepter des legs; mais il se réserva la haute justice.

Ainsi, depuis ce temps, les consuls eurent la direction supérieure de l'hôpital jusqu'en 1520, que Pons de Cardaillac, conjointement avec eux et le corps commun de la ville , le donnèrent avec ses droits et ses revenus au chapitre , à la charge que personne no pourrait être reçu dans leur corps s'il n'était pas né dans la ville de Murat, et d'économer les biens des pauvres. Comme les bâtiments alors existants devaient être consacrés à la construction de l'église collégiale, ils devaient donner ailleurs une maison pour les loger. Cette union fut approuvée le 6 octobre par l'évêque de St-Flour, et alors Jean Michel, prêtre administrateur de cet hospice, se démit de ses fonctions en faveur du chapitre , et l'un des chanoines lui succéda dans le soin des pauvres.

A cette époque, les revenus de l'hôpital consistaient en une rente ou directe sise dans la ville et ses appartenances. Plusieurs propriétés lui appartenaient aussi, comme le pré de l'Asillou , au terroir de Fonfrède. Ce pré fut aliéné, en 1436, par le chapitre en faveur de Pierre et Hugues Pattriers, qui payèrent aussi une certaine somme pour le droit d'entrée ou nouvelle investiture, plus un cens annuel. La même année, les chanoines payèrent 20 écus d'or pour l'amortissement dû aux vicomtes. C'est de là quo les prés et champs de l'Espinlou étaient de la directe du chapitre. L'autre pré de l'hôpital était aux Bruels de Murat, confrontant au pré du seigneur de Chambeuil, aux prés de la vicomté, de Dagumontel, de Pons Michel et au chemin public allant à St-Gal. Ce pré fut encore aliéné, franc et allodial, à Pierre Blady, au cens de 2 sols et à la nouvelle entrée de 55 écus d'or, évalués 22 sols 6 deniers. Il y avait une grange au-dessus du pré, transformé aujourd'hui en jardins sous le Boitai. Cette aliénation fut faite le 16 août 1439 pour subvenir aux frais de l'union des cures de Landeyrat, de Virargues, et pour payer la partie de la maison de Jean Besson, acquise pour l'agrandissement de la collégiale. Le chapitre jouit jusqu'à la révolution des autres possessions de l'hôpital et des rentes assises sur la ville.

Comme les chanoines devaient fournir une maison pour loger les pauvres, Guillaume Chastang leur donna à cet effet la sienne, située au faubourg de la ville, avec le pâtus qui était autour, mais uniquement pour les pauvres et non pour d'autres usages. Les syndics du chapitre et les consuls ayant communiqué cette donation à Pons de Cardaillac, ce seigneur, dans le même acte, affranchit de tout cens et redevance ladite maison et les chanoines, comme administrateurs de l'hôpital. Il se désista de toute sorte de justice et de juridiction, avec le droit de louer et d'investir; mais à la condition que les chanoines, en cette qualité, ne pourraient convertir cette maison en église ni en maison sacrée, et que l'hôpital ne serait que comme celles qui ne sont ni bénies ni consacrées. Ce traité fut passé le 11 octobre 1400.

Le 6 août 1602, Jean Andrieu, marchand, donna par son testament plusieurs sommes aux administrateurs , à la charge de faire construire une chambre, d'y placer ses armes à une fenêtre, et d'employer leur revenu à l'entretien des pauvres et surtout de ceux de son nom.

HÔTEL-DIEU DE BREZONS.

M. François de Brezons, seigneur de Valheugeol, de Lescure, de Montréal, n'ayant pas d'enfants de dame Marie Berthou de Crillon, son épouse, la fit son héritière universelle dans son testament reçu Danty, le 12 décembre 1622, à la charge de faire bâtir et fournir du mobilier nécessaire une chapelle et un corps de logis contre le vieil hôpital, et de le doter pour y entretenir quelques malades. Il y eut un traité passé entre cette dame et les consuls ; elle s'engagea à payer 1,500 livres pour la construction de la chapelle, et 360 livres de revenu pour l'entretien des malades. Sur cette somme, le chapelain devait recevoir 40 liv. pour dire quatre messes par semaine. Le médecin et le chirurgien do l'hopital chacun 20 livres, et le surplus être affecté aux remèdes et aux malades.

Les consuls ayant appelé de cette répartition arbitrale rendue à Riom, une nouvelle transaction eut lieu à Avignon le 12 juin 1627. La dame de Berthou donna 500 livres de revenu à l'hôpital, affectées sur la terre de Lescure, et prit l'engagement de faire bâtir la chapelle et le corps de logis. Cette rente de 500 livres fut depuis reversée sur la ville de St-Flour.

Comme cette sentence fui longtemps sans exécution, haute et puissante dame Françoise de Brancas , duchesse d'Harcourt, héritière de Mme de Berthou, sa tante, transigea avec le corps municipal en 1699. Elle fut déchargée de bâtir et ameubler la chapelle et le corps de logis, et elle donna une rente de 300 livres à prendre sur la terre de Valheugheol pour l'entretien de trois sœurs de la charité de la congrégation de Nevers, chargées de prendre soin des pauvres de l'hôpital et d'en administrer les revenus sous la direction des consuls; elles devaient aussi instruire les jeunes filles de la ville dans une maison qui devait leur être fournie à cet effet, et sans qu'elles eussent droit à une rétribution pour leur entretien, soit sur les revenus de l'hospice, soit de (a part des parents dont elles instruiraient les enfants. La duchesse promit encore de faire payer par la ville et le corps commun de St-Flour la somme de 3,500 livres due en arrérages de la rente de 500 livres; enfin elle s'obligea, avec le consentement des consuls de Murat, à employer cette somme aux constructions et ameublement de l'hôpital, suivant le plan et devis qu'en fit Jacques Teillard, curé de Virargues (auteur des manuscrits sur l'Histoire d'Auvergne.

Par suite de cette transaction, en passant à Riom en 1699, la princesse d'Harcourt donna procuration à M. Pierre Chomette, avocat de Murat et juge de ses terres, et à M. l'abbé Teillard, pour faire adjuger au rabais ces constructions, et comme personne ne se présenta à l'adjudication pour les soumissionner, le curé de Virargues s'en chargea moyennant 3,000 livres et 200 corvées pour porter les matériaux.

La pierre angulaire et les fondements de la chapelle furent bénis par Jean-Baptiste de Béral, chanoine, en mars 1700. Le Sr Chomette et la sœur Marceline, supérieure des sœurs de la charité, venue à Murat pour fonder l'établissement de ses religieuses, furent le parrain et la marraine.

Ce fut en 1736 que les consuls firent enregistrer ces titres au parlement, et par l'arrêt il fut dit que l'hôpital serait régi conformément à l'édit de 1695.

Le roi, par les arrêts de son conseil, du 24 août 1720 et 15 décembre 1722, ayant ordonné que toutes les villes et communautés chargées de rentes n'en paieraient les arrérages que sur le pied du denier 50 de leur capital, les habitants de St-Flour se crurent autorisés, par cet arrêt, à s'affranchir de leur redevance de 500 livres. Les consuls et administrateurs de l'hospice de Murat attaquèrent en garantie Annet-Marie-Joseph de Lorraine, comme héritier substitué de la dame de Brezons.

Le prince d'Harcourt obtint un arrêt du conseil d'Etat, le 18 août 1732, qui condamna les consuls et habitants de St-Flour, les receveurs ou trésoriers chargés de payer les dettes de la ville, d'acquitter annuellement les 500 liv. à l'hôpital de Murat, sans aucune réduction d'arrérages, pour ne pas porter atteinte à la fondation d'un hôpital, marque illustre de la piété des ancêtres de ce prince.

Tous les actes qui concernent cette affaire existent encore et m'ont été communiqués. Malgré ce jugement, l'Administration de St-Flour profita de la révolution pour s'affranchir de cette charge.

Les administrateurs de l'hôpital de Murat dont nous avons trouvé les noms, sont:

1691. Délibération des consuls et du corps commun de la ville, portant nominations de M. Pierre Teillard de Chabrier et Henri de Laroque comme administrateurs.

1693. Délibération id. qui prie les mêmes de vouloir bien charitablement continuer leurs fonctions, ce qu'ils acceptent par amour pour les pauvres. 1737. Pierre Teillard et Laroque renommés administrateurs. 1750. Pierre Rancilhac de Chazelles et Hugues Teillard nommés administrateurs.

Revenus de l'hôpital vers 135.

Rente de la ville de Saint-Flour de M. de Brezons 500 1. » s.

Bail emphytéotique du domaine de la Péchaud 150

Rente fondée par M. de Sévérac 120

Autre rente fondée par M. de Sévérac 50

Rente fondée par M. d'Anteroche 50 R

Rente fondée par Mlle' Marguerite de Béral 30

Rente fondée par Pierre de Laroque 5

Rente fondée par Jean Buche 10

Rente fondée par Guillaume de Traverse 15

Rente cédée à la ville par M. de la Volpilière 40 »

Rente fondée par Davidat 5

Rente fondée par Gaspard Gazard 1 03

Rente fondée par Geneviève Bonnault 5

Rente fondée par Jean, vicaire de St-Saturnin 22 10

Rente fondée par Annet Cornet, de Chalinargues. . : . . . 20

Rente fondée par le roi pour les gages du receveur des deniers. 18.

Rente fondée par René Teillard 50

Location d'une maison rue Soubrane appartenant à l'hôpital. 18

Rente fondée par Hugues Julien, Sr du Jarrousset 100

Rente fondée par François Raymond 30 10

Autre rente fondée par le même Raymond 15

Rente fondée par Mathieu Benoid 25

Rente fondée par le comte de Laroche-Canillac 150

Rente fondée par le comte de Chavagnac 150

Rente fondée par Pierre d'Arpheuille 35

Autre rente fondée par le même 34

Rente fondée par Denys Gazard 35 D

Rente fondée par Jean Delfraisse 30

Rente fondée par Mathieu Benoid 23

Total de l'actif. 1,730 03

Plus une rente de 50 livres de beurre.

L'hôpital resta dans cet établissement jusqu'à l'acquisition du couvent des Récollets.

La destruction de cet édifice a été pour la ville une perte immense ; il était assuré pour une somme minime , et l'indemnité accordée n'est pas suffisante pour son rétablissement. Le seul inconvénient qu'il avait, était la distance où il se trouvait de la ville, ce qui rendait le service plus difficile. Auprès, se trouvaient un pré et des communaux qui permettaient d'entretenir quelques vaches pour le laitage de la maison.

ÉTABLISSEMENTS JUDICIAIRES.

 

11 serait difficile d'établir comment était rendue la justice dans la vicomté de Murat avant que les vicomtes s'en fussent emparés. 11 est probable qu'elle le fut d'abord au nom du roi, et que, par des empiétements progressifs, ils Unirent par rendre leur charge héréditaire. Les vicomtes étendirent même leurs droits si loin que, bien qu'elles fussent enclavées dans le haut-pays d'Auvergne, leurs possessions formèrent une circonscription séparée non justiciable du haut-pays ni du duché d'Auvergne.

Les vicomtes de Murat ayant, en 1150, soumis leurs possessions aux vicomtes de Carlat et les ayant reconnus comme seigneurs suzerains, les vassaux de leur vicomté devinrent du ressort de cet Etat particulier dans la province- On créa un bailliage en 1112, auquel fut donné le titre de Cour d'appeaux, juridiction supérieure qui siégea d'abord à Carlat et plus tard à Vie. Les justiciables de la vicomté de Murat ressortissaient donc des juges du Carladès, immédiatement et médiatement du parlement de Paris.

Jusqu'à la mort de Jacques d'Armagnac, la justice de la vicomté et de sa comprise était rendue par un juge unique.

En 1490, le bailliage du duché des montagnes, dit le bailliage d'Andelat, et qui jusqu'alors n'avait pas été sédentaire, fut établi à Murat par Pierre II de Bourbon, duc d’Auvergne, sur la demande des justiciables de ce duché. Les habitants de Murat y consentirent, le 4 août, sous la réserve qu'ils ne seraient pas sujets du duché, ressort ni justice de ce siége, et qu'il ne serait dans leur ville que comme place empruntée. Philibert de la Platrière, chargé de la procuration du prince , Guillaume de la Queuille, seigneur de Château-Gay, bailli des montagnes pour le duc, Pierre Bornan , lieutenant général du siége, en firent l'établissement le 14 octobre, en présence des officiers et consuls de la ville qui firent plusieurs protestations.

En 1510, le roi ayant délégué le sieur Duprat, président au parlement de Paris, et plusieurs autres commissaires chargés de rédiger la Coutume d'Auvergne, la duchesse de Bourbon adressa dans les termes suivants une opposition, tant en son nom qu'en celui de ses sujets: « Dit Mme Anne de France, duchesse d'Auvergne, vicomtesse de Carlat et de Murat, que, quoique le Carladès et la vicomté de Murat soient enclavés dans le haut-pays d'Auvergne, ils sont fin et limite d'icelui; toutefois, lesdites vicomtés ne sont du haut-pays, mais sont de pays à part, séparés, non sujets à la duchée, ni aussi au bailliage de Montferrand ni d'Aurillac, appartenant au roi; que le pays de Carladès est ressortissant des juges du ladite dame, sans moyen à la Cour de Paris, et la vicomté de Murat devant les juges du Carladès, médiatement et immédiatement en la Cour dudit parlement, sans qu'ils soient en rien compris ni sujets aux commissions générales du pays d'Auvergne, ni tenus d'obéir à icelles, s'il n'est fait une expresse mention desdites vicomtes for en impositions des deniers royaux, et que la comparescence faite par elle devant lesdits commissaires fait mention qu'ils se sont présentés comme juges délégués par le roi, non autrement; fait opposition. » Cette protestation fut approuvée par les Etats de la province sans aucune contradiction ni opposition.

Voici le dénombrement des principales justices relevant du bailliage de Mural:

 

Il y avait alors à Murat une prévôté royale. Le prévôt prenait le titre de président et juge. Il y avait, de plus, un lieutenant civil particulier, un juge criminel et un procureur du roi. Cette justice lui était étrangère.

Ce ne fut qu'après l'édit de réunion de la vicomté à la couronne, en 153t, qu'il y eut confusion ; la justice et la juridiction devinrent alors royales, furent exercées au nom du roi, et les nominations aux offices faites par lui seul.

En 1541 , le roi ordonna que le siége du lieutenant du bailli des montagnes serait à Murat. Lorsque le bailliage d'Andelat, qui avait eu une grande étendue avant l'établissement de celui de St-Flour fut réduit, le juge-prévôt royal obtint du roi François I" une décision par laquelle le lieutenant du bailli des montagnes, quoique séant à Murat, ne pouvait prétendre à aucun rang ni préséance sur le juge et officiers de la vicomté. Les appels de ses sentences ressortissaient de Riom comme siége du duché d'Auvergne, tandis que ceux de la juridiction de la vicomté continuaient à ressortir de Vic comme cour d'appeaux. Donnons un précis de cette juridiction.

Il y avait quatre prévôtés royales dans le ressort de Vie : la première, celle de Vic même; la deuxième, celle de Murat; la troisième, celle de Boisset, et la quatrième, du Mur-de-Barrès, pour la partie située en Auvergne. Le chef de cette justice portait le titre de chef présidial d'appeaux. Il y eut deux règlements solennels entre le prévôt de Vie et le siége d'appeaux.

- Le premier est du 12 octobre 1540, rendu par la Cour des grands jours de Moulins. La connaissance de l'entérinement des lettres de rémission fut attribuée au juge présidial d'appeaux, conformément à l'édit de Crémieu, et il leur fut enjoint d'observer cet édit. 11 résulte de l'exposé de cet arrêt que le juge présidial et d'appeaux rendait la justice où il se trouvait, à l'instar des baillis, sénéchaux des provinces. Dans le mémo arrêt, le juge d'appeaux est qualifié en plusieurs endroits de juge présidial, ressortissant sans moyen du parlement.

Le deuxième arrêt fut rendu par le parlement, le 24 avril 1660. Il ordonna l'exécution des règlements faits à l'égard des baillis, sénéchaux et juges-prévôts, et que les officiers du siége présidial d'appeaux et de la prévôté royale se conformeraient à l'arrêt de règlement de 1624.

La compétence du juge présidial et d'appeaux fut ainsi réglée:

1° Le partage des biens, tant entre nobles qu'entre roturiers, pour les successions universelles , lorsqu'il s'agit de biens situés en diverses juridictions ressortissant au siége d'appeaux, ensemble les causes des nobles.

2° Lorsqu'il s'agit de la propriété, qualité et quotité des domaines et droit des fiefs, possessoire, foi, hommage, souffrance et aveux, dénombrement, réception par main souveraine ou autrement, en retrait féodal.

3° La police générale devant être faite deux fois l'année, et devant fixer le prix des vivres et denrées, le juge-prévôt exécutait cette police sans pouvoir rien augmenter ou diminuer et sans l'avis du juge d'appeaux.

4° Les marchés à faire par les consuls avec les deniers publics.

5° La connaissance des affaires des églises qui ont des lettres de garde gardienne des possessions des biens, fiefs et dîmes inféodés, lorsqu'il s'agit du fonds du domaine du roi, et que M. le substitut du procureur général est partie nécessaire; lorsqu'il s'agit aussi des droits d'aubaine, de déshérence, de bâtardise, de ban et arrière-ban, de la vérification des chartes, foires, marchés et de ce qui en dépend.

6° Le juge présidial d'appeaux a encore le droit de tenir des assises deux fois dans l'année, et de faire durer les assises pendant trois jours; de visiter et de juger, pendant ledit temps,'les procès pendants aux siéges ordinaires.

7° Il doit recevoir les notaires, sergents et autres officiers ayant titre ou emploi, à la charge de faire enregistrer les actes de leur réception au siége ordinaire de leur exercice.

8° Il connaît pareillement et primitivement aux juges-prévôts des crimes de lèse-majesté divine et humaine, blasphèmes, sacriléges, fausse-monnaie, assemblées illicites avec port d'armes, infraction de sauve-garde ou assurances données par le roi aux seigneurs, séditions et émotions populaires, force publique, lettres de réunion, rapt de mineurs, violences et séductions.

Le 16 juillet 1659, il y eut un autre arrêt de règlement entre le lieutenant général d'Estampe et le juge-prévôt, en explication des précédents , et, le 5 janvier 1662, il fut fait défense au juge-prévôt de Vie de contrevenir auxdits règlements, sous peine de 500 livres d'amende. Cet arrêt fut publié en l'audience du juge d'appeaux, les plaids tenant, le vendredi 27 janvier 1662. (Extrait du manuscrit de M. Jean de Sistrières, conseiller du roi, son juge présidial et d'appeaux en 1666, lieutenant général civil et criminel, commissaire examinateur et garde des sceaux au bailliage de Vie.)

Les habitants de Murat firent des démarches inutiles, de 1585 à 1615, pour sortir de cette constitution subordonnée. Cet état de choses fut continué jusqu'en 1671, où Louis XIV supprima une partie de la prévôté et la réunit au bailliage et siége d'appeaux.

Lorsque les terres de la vicomté furent engagées par le roi, en 1697, les seigneurs engagistes maintinrent cette organisation judiciaire, et ils jouirent du droit de présenter à la nomination du roi les officiers qui composaient la justice et le bailliage de la vicomté.

En 1728, le roi, informé de la constitution vicieuse et trop multipliée de l'organisation judiciaire, du préjudice qu'en éprouvaient les justiciables, comme du manque d'instruction des petits magistrats subalternes, voulut apporter une réforme à une assiette aussi défectueuse- A cet effet, il prescrivit la réunion d'un grand nombre de certaines justices.

Pour arriver a l'exécution de cette mesure, M. le chancelier d'Aguesseau écrivit à M. de la Grandville, intendant de la province d'Auvergne, le 20 octobre de cette année, pour l'instruire des vues qu'avait le roi de réunir, non seulement les prévôtés royales aux bailliages et sénéchaussées qui ont leur siége dans la même ville , mais aussi les petites justices royales aux prévôtés royales les plus proches, dans le nombre de celles qui ne seraient pas supprimées; il lui demandait les éclaircissements nécessaires, et les ouvertures qu'il pourrait donner sur les moyens les plus convenables et les plus faciles de parvenir a ces réunions. « Vous me ferez votre rapport, dit-il, après que vous aurez pris sur les lieux une exacte connaissance de tous les faits et de toutes les circonstances qui pourront vous mettre en état de répondre a ce que le roi peut attendre, en cette occasion, de votre zèle pour le bien de la justice et pour le soulagement de ses sujets. Ci-joint un mémoire sur l'application, pour lequel je réclame toute l'exactitude que demande un objet si utile et aussi important, afin que l'on puisse savoir à quoi s'en tenir. » »

La réponse portait en tète: « Observations et avis de M. l'intendant sur la suppression du bailliage d'Andelat, siégeant à Murat. Ce bailliage est un de ces siéges inutiles et onéreux aux justiciables, puisqu'il ne sert qu'à multiplier les degrés de juridiction, étant même soumis au ressort de la sénéchaussée de Riom et, ce qu'il y a même de singulier, c'est que ce siége est établi dans la ville de Murat sans y exercer aucune juridiction sur ses habitants qui dépendent de sa prévôté , juridiction qui ne relève point de ce bailliage, non plus que de la sénéchaussée de Riom, mais de la Cour d'appeaux de Vie, et, pour les cas de l'édit, du présidial d'Aurillac; de manière qu'on peut dire en quelque façon que les officiers du bailliage d'Andelat exercent la justice sur un territoire qui leur est étranger. Quoi qu'il en soit, il est manifeste qu'il convient également au bien et à l'honneur de la justice de ne plus laisser subsister un bailliage dans les conditions où celui-ci se trouve. »

M. l'intendant joignit à cette lettre un état des officiers du bailliage des montagnes d'Auvergne, siége établi dans la ville de Murat et de la prévôté, qu'il adressa à M. de Brugier de Rochebrune, subdélégué a Saint-Flour. Cet état portait:

Siège du bailliage des montagnes.

René Teillard de Chabrier, lieutenant civil et criminel. Pierre Rancilhac de Chazelles, lieutenant particulier audit bailliage, reçu sur la présentation du marquis de Lastic, seigneur engagiste de la vicomté. Jean Danty, procureur du roi.

La charge de conseiller et d'avocat du roi est vacante depuis le décès de M. de La u mur.

Etat des officiers de la prévôté royale.

Guillaume Danty, juge-prévôt, reçu sur la présentation du marquis de Lastic. Pierre de Rancilhac de Chazelles, lieutenant particlier, reçu également sur la présentation du marquis de Lastic.

Jean Danty, procureur du roi sur la résignation du sieur Recodère. Charges vacantes:

Celle de lieutenant en ladite prévôté, par la mort de M. de Traverse , qui venait de succéder à M. de Chazelles, nommé trésorier général à Riom.

Celle d'assesseur civil et crimmel, par la mort de M. Antoine Teillard qui, par testament, a donné cette charge à son fils Pierre Teillard, agréé par le vicomte

Celle de conseiller et d'avocat du roi en ladite prévôté, par la mort de Pierre Teillard.

Celle de conservateur des privilèges de la vicomté, donnée aussi à son fils par Antoine Teillard.

On ne sait pas les finances des offices de ces deux juridictions.

Vous remarquerez que, par le contrat de vente de la vicomté, tous les offices y ont été vendus, même le greffe des deux siéges, et que l'engagiste reçoit le prêt et l'annuel de ces offices vendus par le contrat.

Il parait qu'antérieurement au travail que nous venons de rapporter , il y en avait eu un autre d'analogue; car nous trouvons aux mêmes archives de l'intendance, en date de 1689, l'état suivant:

Siège royal de Mural.

Guillaume de Traverse, lieutenant criminel par résignation de Hugues de Sistiières, juge ordinaire de ladite ville et vicomté. Finance de la charge. 6,000liv. Jacques Recodère, procureur du roi. Idem.. . . 2,800

Antoine Teillard, lieutenant assesseur civil et criminel. Idem.. . . 1,000 Plus, pour les 2 sols pour livre et le marc d'or. Idem . . . 135

M. de Brugier, subdélégué, fit la réponse suivante a M. l'intendant, au mémoire qu'il avait reçu sur les réunions projetées; elle portait en titre:

MÉMOIRE TOUCHANT LA REUNION.

 

Des juridictions royales de Murat, où l'on verra qu'elles sont ces juridictions, comme quoi elles sont composées, avec la valeur des charges, la manière la plus facile de les réunir; de quelques autres projets de réunion plus conformes aux vues du Roi, par les avantages que le pays en retirerait, (Intendance, livre 71.)

Murat est une petite ville dépendant de la paroisse de Bredon, élection de St-Flour, qui porte le titre de vicomté, et a de sa comprise trois châtellenies appelées Anglards, Mallet et Châteauneuf, lesquelles furent réunies à la couronne après la mort de Jacques d'Armagnac qui en était seigneur, et qui avait un juge pour toute la vicomté, lequel après la réunion prit le titre de prévôt royal, et ses appellations vont au bailliage de Vic-en-Carladès. Cette juridiction est encore exercée maintenant.

La deuxième juridiction qui s'y trouve s'appelle le bailliage d'Andelat. Anciennement, les ducs d'Auvergne, pour les sujets qu'ils avaient dans le haut-pays de cette province, y avaient deux bailliages, l'un pour ce qu'ils avaient on deçà des monts, c'est celui d'Andelat; l'autre pour leurs possessions au-delà, c'est celui de Salers, relevant l'un et l'autre de la sénéchaussée de Riom.

Comme le ressort du bailliage d'Andelat était fort petit, et que les officiers qui eu remplissaient les charges se trouvaient habitants de la ville de Murat, ils transférèrent la juridiction qui, primitivement, était dans le bourg d'Andelat, à une demi-lieue de la ville de St-Flour, dans celle de Murat.

Après avoir rapporté la composition des charges telle qu'elle est donnée ci-dessus, M. le subdélégué ajoute : A l'égard du greffe qui appartient au sieur de Lastic, quoique ce seigneur n'ait point paru pour réclamer une indemnité, nous croyons cependant que, comme le greffe de St-Flour se trouve aliéné à un particulier , il ne serait pas juste que ce particulier profitât du produit de ce greffe sans indemniser le sieur engagiste de la vicomté, d'autant plus qu'en conservant ses droits, ce serait conserver réellement ceux du domaine du roi.

Pour fixer le produit de ce greffe, nous n'avons pu découvrir de baux ; ainsi, nous avons cru devoir les régler à la moitié du produit des émoluments du juge, et nous avons fixé cette indemnité à une rente perpétuelle de 25 liv. par année, attendu que le greffe d'Andelat appartient au sieur engagiste.

Tous les offices tombent aux parties casuelles de M. le marquis de Sieujac.

Quant aux trois autres châtellenies dépendant de la vicomté, elles ont été engagées à trois différents particuliers; et, quoique par le contrat d'engagement chacun ait sa liberté de présenter au roi des juges pour leur châtellenie, ils n'ont point usé de ce droit et ont toujours laissé rendre la justice par le juge de Murat, comme cela était anciennement.

Manière la plus aisée de réunir ces deux juridictions

Comme les difficultés proviennent des désintéressements qui seraient dus tant aux officiers supprimés qu'à ceux qui se trouvent lésés par la suppression des charges réunies aux autres, il est question d'examiner dans la suppression celle qui présentera le moins de désintéressement. Il n'y a pas de doute qu'il y a moins de difficulté à réunir le bailliage d'Andelat à la prévôté, que la prévôté au bailliage.

Parce qu'il y aurait moins d'offices à supprimer, puisqu'il n'y aura que la charge de lieutenant général à réunir a celle de juge.

2° Par la petitesse du ressort du bailliage, qui ne consiste qu'en un très-petit nombre de villages,-tandis que la juridiction de la vicomté a dix fois plus d'étendue, ce qui fait qu'à l'égard du casuel, celui du lieutenant général est très peu de chose, et. qu'au contraire, si on réunissait la prévôté au bailliage, il faudrait créer la même quantité d'officiers qu'il s'en trouve dans la vicomté; il y aurait alors le même nombre de juges, et cette opération deviendrait inutile, leur nombre n'étant pas diminué. Si on diminue, le désintéressement des supprimés deviendra plus considérable, les charges de la vicomté étant en plus grand nombre et d'une finance plus élevée que celle du bailliage, d'où il résulte évidemment que la réunion du bailliage à la vicomté est plus aisée et plus facile que celle de la vicomté au bailliage.

Du reste, elle se trouve presque faite, puisque les mêmes officiers exercent les fonctions de l'une et l'autre juridiction. Néanmoins, de cette réunion il n'adviendra aucun avantage au public de ceux qu'on voudrait lui procurer; il y aura le même nombre déjuges, le même nombre de degrés de juridictions, même irrégularité dans les ressorts qui ne seront ni contigus ni de proche en proche, et ce n'est que par une autre union de ces juridictions que tous les avantages qui ont donné lieu à ce projet, et proposé au roi dans l'intérêt public, vont se trouver, comme on va le démontrer, dans les modes suivants.

Antre projet de réunion de ces deux Juridictions, plus conforme aux désirs du Roi par les avantages que le pays en recevrait.

Cette réunion, très-utile au pays, très-conforme à l'objet du projet, où il y aurait} peu de difficultés qu'où ne pourrait facilement lever, serait la réunion de ces deux juridictions au bailliage de St-Flour. Il n'y aurait point de pays dans tout le royaume qui en ressentît plus les avantages que la plus grande partie de l'élection de St-FIour.

Cette ville se trouve située au milieu du ressort de la vicomté de Murat, et il faut que les habitants des châtellenies de Mallet et d'Anglards passent par elle pour se rendre au chef-lieu. Ceux de Châteauneuf n'en passent pas à trois-quarts de lieue, et le petit nombre des villages qui composent le bailliage d'Andelat en est encore plus près.

Par cette réunion, la justice se rendrait de proche en proche, le nombre des juges serait diminué, celui des degrés de juridiction le serait aussi, et les sujets du roi poursuivraient leurs affaires avec fort peu de dépense, puisqu'ils ne seraient obligés qu'A un seul voyage pour tout ce qu'ils auraient à traiter au bailliage, à l'élection, à l'officialité et aux recettes ; la plupart n'en feraient aucune, pouvant très-facilement venir le matin et s'en retourner le soir coucher chez eux.

Ces avantages, pour les sujets du roi, ont été reconnus si certains et si intéressants pour eux, qu'ils procurèrent la création du bailliage de St-Flour, auquel le roi donna pour ressort toute l'étendue de la prévôté, la ville étant au milieu. C'est aussi en conséquence des titres des créations des bailliages que les officiers sont au conseil pour en demander l'exécution contre MM. de Riom et de Vie, ce qu'on ne peut leur refuser, leurs titres ne pouvant être plus authentiques, ni la nécessité de ce bailliage pour le bien des sujets du roi qui habitent le pays plus évidente.

Le désintéressement qu'il y aurait à faire aux officiers supprimés et au seigneur engagiste, est aisé comme on va le voir.

Moyens de Désintéressement.

Les personnes a désintéresser sont les officiers supprimés et le seigneur engagiste; car, pour ceux du bailliage de Vie, ayant par l'autorité de leur seigneur évité l'exécution des déclarations du roi créant le bailliage de St-Flour, et au mépris de ces titres si respectables toujours connu des appellations des jugements rendus par les officiers de la vicomté, les officiers du bailliage de St-Flour n'ont pas été en état de faire valoir la légitimité de leurs titres, par conséquent ils ne peuvent prétendre au désintéressement.

t.'eux de Riom sont dans le même cas et, de plus, leur intérêt est de si petite importance qu'il ne vaut pas la peine d'en parler.

Quant aux officiers supprimés, ils peuvent être parfaitement désintéressés au moyeu de quatre charges du bailliage de St-Flour qui se trouvent vacantes aux parties casuelles, savoir : celles de deux conseillers, celle d'avocat du roi et celle die receveur des consignations. On pourrait donner au juge de la vicomté de Mu rat celle de premier conseiller, avec celle de receveur des consignations, tant du ressort du bailliage que des juridictions supprimées, au moyen de quoi il serait rempli, ces deux charges étant plus considérables par leur valeur que celle de juge.

Au lieutenant particulier, celle de deuxième conseiller à St-Flour, ce qui remplirait plus que la sienne.

Au procureur du roi, on lui donnerait celle d'avocat du roi à St-Flour,'avec le droit de faire, sa vie durant, les fonctions de procureur du roi pour toutes les affaires de la vicomté.

Et comme ces deux derniers officiers se trouvent plus que remplis de leur désintéressement, on pourrait ordonner à chacun une petite contribution pour augmenter le désintéressement du juge, quelques personnes prétendant que les charges de conseiller et de receveur des consignations ne sont pas suffisantes pour l'indemniser.

Pour le lieutenant criminel, le receveur des consignations, les procureurs, les huissiers et le greffier, point de désintéressement, attendu que ces charges sont vacantes.

A l'égard du seigneur engagiste, il sera suffisamment désintéressé en lui donnant les charges de ces offices aux parties casuelles, auxquelles il présenterait pour être nommé par le roi, et pour ce qui regarde le greffe pour plusieurs endroits, il ne pourra souffrir aucun dommage.

1° Il peut convenir avec le greffier du bailliage, comme avec celui qu'il a maintenant.

2° Si la convention ne se faisait point et que le greffier du bailliage ne voulût pas en donner raison, il pourrait tenir un commis pour les affaires de la vicomté, si mieux n'aimait le greffier du bailliage lui en payer la finance réglée sur le prix de ses baux à, ferme.

Le lieutenant général d'Andelat pourrait être désintéressé au moyen d'une troisième charge de conseiller au bailliage de St-Flour, que l'on dit être vacante aux parties casuelles; étant rempli, cela procurerait un autre avantage au roi, qui est que les compétences pour les maréchaussées pourraient y être jugées comme elles le sont dans plusieurs autres bailliages, ce qui épargnerait au roi plus de 3,000 livres du fonds de son domaine, suivant la vérification que M. l'intendant peut en faire sur ses registres. 1

Objections sur cette réunion.

On dira peut-être qu'il n'est pas naturel de laisser une ville sans justice, ce qui lui occasionnerait tous les inconvénients que l'on pourrait s'imaginer, tant au civil qu'au criminel, et surtout pour la police, à l'égard de laquelle les inconvénients seraient infinis.

Réponse. — Quant à ce qui regarde le civil, le lieu de Murat n'est pas d'un éloignement assez considérable de la ville de St-Flour pour qu'il pût arriver aucun inconvénient, hormis un peu plus de peine à ceux qui l'habitent, pour aller demander ce qu'ils ont dans leur lieu même, de laquelle peine ils se trouveraient très-amplement dédommagés par les avantages qu'ils auraient d'avoir un degré de juridiction supprimé ; et si, par proportion, il y en a cent dans le cas de cette peine, il s'en trouvera deux mille à qui elle sera très-diminuée par la proximité de la ville de St-Flour.

Il y a même fort peu d'habitants à Murat auxquels cela causerait de la dépense, puisque tous ont des affaires à St-Flour ou à l'élection, ou à l'officialité, ou aux recettes, ou pour le commerce, et en faisant celles-là, ils feraient aussi celles du bailliage.

Pour ce qui regarde le criminel, les habitants de Murat trouveraient plus de justice qu'à leur juridiction, les officiers étant parents ou alliés à toute la ville, ce qui rend les délits souvent impunis.

De plus, il y a des bourgs bien considérables qui sont à une distance plus éloignée des lieux où ils sont obligés d'aller demander justice, que Murat ne l'est de St-Flour.

En ce qui regarde la police, comme le remède doit être prompt, on pourrait la donner par provision aux consuls, sauf l'appel au bailliage de St-Flour. Il y a plusieurs villes où les consuls l'exercent, et ils pourraient la faire à Murat avec toute l'autorité nécessaire, puisqu'il y a une brigade de maréchaussée établie, qui leur prêterait main forte au besoin.

Autre projet de réunion. Si par quelque raison qu'on ne prévoit pas, la réunion ci-dessus ne pouvait avoir lieu, il y en aurait une autre à faire moins avantageuse que celle-là, mais aui ne laisserait pas de procurer des avantages très-utiles au pays, ce serait la réunion des trois châtellenies de la dépendance de la vicomté de Murat, savoir: Châteauneuf, Mallet et Anglards au bailliage de St-Flour, à cause de leur situation à la porte de la ville par où même elles sont obligées de passer pour aller à Murat, dont elles sont éloignées de 4, 5 et 6 lieues. Ce ne serait point une nouvelle division de cette vicomté, puisqu'elle est déjà faite par les contrats d'engagements que le roi a passés et par lesquels il a donné la liberté à chacun des trois engagistes de présenter au roi des sujets pour être nommés juges de leurs châtellenies; et s'ils n'ont pas usé de leur droit, c'est qu'ils n'ont eu pour objet que leurs intérêts, les revenus de ces châtellenies, et nullement l'avantage des emphytéotes de pouvoir obtenir justice dans leur endroit, même par l'octroi d'un juge, ainsi qu'ils en avaient la liberté. Ils auraient à St-Flour cette justice. Cette réunion faite, ils en seraient tout près et sans leur occasionner de dépense, puisqu'il n'y a pas de semaine qu'ils ne soient obligés d'y aller pour toutes leurs autres affaires.

Cette réunion se trouverait encore, en quelque manière, dans le cas du mémoire envoyé par M. l'intendant, au quatrième article duquel il est dit, que s'il y a de petites justices royales dont le territoire se trouve très-petit, MM. les intendants se feront donner un dénombrement de ces sortes de justices royales, et examineront s'il ne serait pas mieux de les réunir aux prévôtés les plus proches. Or, comme les engagistes n'usent pas de leur droit d'y mettre des juges, il n'y aurait point de désintéressement, et s'ils en exigeaient, on pourrait leur donner ceux des charges du bailliage vacantes aux parties casuelles, pour y être présenté par chacun d'eux alternativement, et la division de ces trois châtellenies, suivant l'esprit de l'article 4 du susdit mémoire, ne peut être faite qu'au bailliage de St-Flour qui en est tout près.

Autre Projet de réunion.

Si par d'autres raisons imprévues cette seconde réunion ne pouvait pas réussir, il y en aurait une troisième à faire, moins utile que les précédentes, mais qui procurerait aussi des avantages au public, ce serait la réunion du bailliage d'Andelat à celui de St-Flour.

Quoiqu'on ait donné l'idée au commencement de ce mémoire de réunir ce bailliage à la vicomté de Murat, cela n'a été fait que pour exécuter ce qui avait été prescrit par M. l'intendant, mais nullement dans ta vue que cette réunion pût se faire, puisqu'elle ne procurerait aucun avantage au public. Il n'y aurait tout au plus que la diminution d'un juge. On en a parlé, et l'on ne répète pas ce qui a été dit sur son inutilité.

Mais cette réunion étant faite au bailliage de St-Flour, elle procurerait toujours à ce petit nombre de villages qui composent le ressort du bailliage d'Andelat, les avantages que l'on se propose. Cette réunion serait toute naturelle et en sa place , puisque le siége de cette juridiction s'exerce à Murat au lieu d'Andelat, dont elle porte le nom et qui n'est qu'à une demi-lieue de St-Flour. Les villages qui composent ce ressort n'en sont guère plus éloignés, et ce n'est que pour la commodité des officiers de ce siége que cette juridiction s'exerce à Murat; ce que l'on tolère pour le peu d'importance et le défaut de plainte de ceux que cela intéresse.

Il n'y a que deux officiers à désintéresser : le lieutenant général et le lieutenant particulier ce qui pourrait être fait par les charges vacantes à Saint-Flour.

Cependant, de toutes les réunions, celle des deux juridictions de Murat et de St-Flour est celle incontestablement qui serait la plus avantageuse au pays. La justice serait rendue de proche en proche; les degrés de juridiction et le nombre des juges seraient diminués; les sujets du roi qui habitent ce pays, par la même dépense, pourraient poursuivre à St-Flour toutes leurs affaires. Cette réunion corrigerait l'indécence et l'irrégularité inouïe qu'un juge royal relève du juge particulier d'un seigneur.

Les titres du bailliage de St-Flour, auxquels tous ces avantages donneraient lieu, seraient exercés, pour la plus grande partie, et se trouvent entièrement dans l'objet du projet proposé au roi, et la parfaite matière de l'avis que M. l'intendant doit donner à ce sujet.

L'attention que M. de la Grandville a de donner au pays tous les biens qui dépendent de lui, font espérer à cette partie de l'élection de St-Flour qu'il aura la bonté de lui procurer l'exécution du projet si avantageux et si nécessaire pour ceux qui l'habitent, et c'est ce dont il est très-humblement supplié.

Malgré l'habile plaidoirie adressée par M. le subdélégué, habitant de St-Flour, en faveur de cette ville, le roi comprit que les intérêts de la cité chef-lieu de sa vicomté, de son engagiste, et par suite le bien propre, étaient de ne point les priver d'une partie aussi essentielle de leurs établissements. Le bailliage d'Andelat fut réuni à la prévôté de Murat. (Voir l'article St-Flour, page 394.)

Il en fut ainsi jusqu'à l'établissement des tribunaux. A l'époque de leur création, Allanche voulut avoir le siége de cet établissement; mais ses prétentions ne furent point admises. Lors de l'assiette des tribunaux actuels, Allanche renouvela encore sa demande. Les habitants de Murat, pour s'opposer à leurs désirs, adressèrent une pétition aux citoyens composant le conseil d'Etat, section de la justice civile et criminelle, dans laquelle il est dit:

Que Murat ayant une population de 2,800 ames, est la troisième ville du département; qu'elle est sur la grand'route de Clermont à Aurillac par St-Flour, et qu'elle est là commune la plus centrale;

Qu'à raison de cette position centrale et de l'importance de ses relations commerciales, elle est en possession, depuis 1470, des établissements judiciaires du pays;

Qu'Allanche avait élevé la même prétention lors des premiers établissements des tribunaux, sans succès;

Que Murat possédait un beau prétoire, une maison d'arrêt convenable et des bâtiments pour toute sorte d'administration;

Qu'Allanche, au contraire, n'a aucun bâtiment, ni maison d'arrêt, ni grande route; que sa population n'est que de 1,800 âmes, y compris la foraine, et que ce bourg n'est nullement central, étant la dernière commune et la plus rapprochée de la partie montagneuse non habitée;

Qu'Allanche, enfin, a contre lui la force de la chose jugée, l'assemblée constituante ayant rejeté déjà ses prétentions.

D'après ces observations, les exposants sollicitaient pour Murat : 1° un tribunal de première instance; 2° le tribunal criminel du département, s'il était conservé et s'il devait être sédentaire.

Le conseil d'Etat n'accorda que la première partie de cette demande. Quant au ressort criminel, le siége en fut établi à St-Flour, ainsi que l'appel des jugements correctionnels rendus à Murat. (Voir les détails de cette organisation à la livraison, à laquelle nous les avons fournis. )

Les appels correctionnels viennent d'être transférés à Riom.

En 1810, le gouvernement eut l'intention de supprimer un certain nombre de tribunaux. Murat, craignant pour le sien, envoya en députation à Paris M< Rancilhac de Chazelles pour solliciter sa conservation. Il fut prouvé au ministère de la justice, dans un mémoire rédigé par M. Dubois de Niermont, lors président, que ce tribunal était l'un des plus occupés et des plus nécessaires par sa situation centrale dans les hautes montagnes; que l'arrondissement de Murat contenant 15,090 arpents de forêts nationales ou communales, il s'y commettait un grand nombre de délits; qu'éloigner le siége de la répression serait dangereux pour leur conservation. Mais des réclamations furent adressées de toute la France; la mesure que se proposait le gouvernement n'eut pas lieu, et Murat conserva son tribunal.

Murat est le siége d'une justice de paix.

Les Etats du pays ont été convoqués plusieurs fois dans cette ville, notamment en 1579, par le marquis de Canilhac, qui fit part à l'assemblée de l'édit de pacification, et, en 1588, par le comte de Randan, gouverneur de la province. Le prévôt Lacarrière et le Sr de Messeilhac lui firent de fortes remontrances au sujet des troubles.

En 12-96, Henri H, comte de Rodez, sur l'avis et conseil des nobles et vassaux de la vicomté, établit un sceau authentique. Après l'union de la vicomté a la couronne, le juge garde des sceaux devint juge et officiai royal, ce qui est établi dans l'édit de 1531 ; de là vient qu'ils ont toujours été nommés par le roi, la reine et les enfants de France. Depuis l'union des vicomtés de Carlat et de Murat à la couronne, le sceau des notaires a toujours porté sur son empreinte le nom du juge garde du sceau royal dans le Carladès, quoique régulièrement le sceau ne fût pas attributif de juridiction. Néanmoins, il l'a été de tous temps dans ce pays, parce qu'il fut établi ainsi par termes exprès.

Voici le nom de quelques-uns des juges gardes des sceaux et prévôts de la vicomté de Murat.

Armand de Véresme était juge, en 1314, sous les vicomtes Guillaume et Bégon, son fils.

Jean de Vernhe l'était en 1320.

Armand de Murat fut juge et bailli en 1326.

Guillaume Durand, en 1331.

Etienne de Véresme, qui fut aussi bailli de l'évêque de Clermont dans les montagnes, en 1339. Ces deux derniers étaient aussi garde des sceaux.

Pierre Ponton, baile et juge en 1 342.

Etienne de Vernines était juge en 1360, sous Guillaume de Cardaillac.
Gaspard de Vernhe, en 1389.
Guillaume! Andrieu, en 1398  fut juge de la vicomte, au nom du roi, pendant le procès entre les Murat et les mineurs de Cardaillac. Jean Brunenchon, sous Reynaud.

Foulques Ittier, en 1409, 60us Reynaud II. Jean Brunenchon était devenu procureur général.

Durand Dutrieu fut garde des sceaux, en 1413, sous le connétable Bernard d'Armagnac.

Pierre de Vernières, en 1417.

Durand Dutrieu redevint garde des sceaux, en 1418, avec Bonne de Berry, et, en 1420, avec Jean d'Armagnac.

Bertrand Veissière était juge en 1421 ; il y avait en outre un baile des sentences, duquel on appelait au juge.

Jean Deschamps fut juge en 1423.

Le même Durand Dutrieu fut garde des sceaux, de 1423 à 1434, sous Bernard,
comte de Pardiac.
Pierre Chaumeil, en 1434.
Hugues Chaumeil, en 1439.
Pons Bernard, en 1449.
Pierre Chaumeil, juge et garde des sceaux en 1450.
Pierre Teillard, fiscal en 1456.
Hugues Chaumeil, garde des sceaux en 1476.
François Chaumeil, de 1477 à 1482.
Bernard Boissou, en 1484. •

Jean Dutrieu, de 1486 à 1488.

Antoine Caldaguès, en 1490.

Jacques de Sis trières, de 1506 a 1519.

Jacques Dutrieu, garde des sceaux en 1525 et 1528.

Jacques de Sistrières le fut encore de 1531 à 1535.

Jean de Sistrières, de 1541 à 1552.

N. de Sistrières, en 1560.

Jean de Sistrières, en 1 564.

Pierre Chaumeil, en 1699.

M. Teillard-Nozerolle, prévôt, a été le dernier juge. La révolution éteignit en lui cette institution.

ADMINISTRATION CIVILE.

 

La ville de Murat avait très-anciennement obtenu le privilège d'administrer elle-même ses revenus, et des franchises municipales. Nous avons dit qu'en 1263 elle avait reçu du vicomte Pierre IV le droit d'élire trois consuls. A cette époque, toutes les affaires importantes étaient décidées par tous les habitants assemblés au son d'une cloche. Nous avons dit encore qu'en 1523, Charles III de Bourbon avait autorisé la nomination de dix conseillers pour remplacer les assemblées-générales dans l'expédition des affaires courantes, et qu'il avait permis de faire l'élection des consuls à la St-Michel. Pour rendre plus sensibles les effets de cette organisation, nous allons reproduire quelques actes de cette administration pris dans des temps difficiles, et nous prierons d'observer qu'il ressort du mode de reddition des comptes annuels, que les consuls avaient le droit préalable de faire les dépenses, sauf à les voir rejeter par l'assemblée générale de leurs

concitoyens.

DÉPENSES ET RECETTES DE 1620.

 

Payé a MM. du chapitre pour messes à Saint-Roch, à cause de là maladie... 101.12 s.

Honneurs funèbres à M. Chaste], savoir : pour la messe du St-Esprit et chants. 21 sols; pour quatre flambeaux, 24 sols, et 2 sols

à deux petits garçons qui portaient les armes de la ville. ... 2  07

Honneurs funèbres à M. Deslandys, consul 2 07

Honneurs funèbres à François Lanusse  1 03

Honneurs funèbres à Guillaume Mallassaigne, marchand. . . 1 03

Honneurs funèbres à Jacques Veissière 1 03

Honn eurs funèbres à Durand Teillard 2 07

Pour quatre flambeaux portés à la Fête-Dieu 1 03

Pour quatre flambeaux portés le jour de la procession des pénitents. 1 03

Pour quatre flambeaux pour accompagner le St-Sacrement chez M. le consul malade 1 04

Pour l'étape de M. de Noailles, gouverneur du pays. ... 70. Pour quatre flambeaux qui ont servi plusieurs fois pour aller rendre visite à MM. les trésoriers de France et présidents de la cour des aides passant et repassant.. 11 04

Pour six jambons à M. de Sistrière, qui s'est rendu à l'assiette. 7 10

Payé à M. Laroche, capitaine du château de Murat 24

Pour un voyage fait par le Sr de Traverse, pour assurer MM. De St-Flour de la bonne santé des habitants de Murat 1 10

Pour la garde qu'il a fallu faire au faubourg pendant huit jours. 2

Total des dépenses extraordinaires pour 1630.. . . 130 06

DÉPENSES ORDINAIBES DE 1646.

Coucher de trois officiers et trois soldats 21.06 s.

A M. de Peyrebesse (Teillard), pour deux hommes qui l'ont accompagné de nuit pour aller faire arrêter le régiment de Guienne, sur l'ordre de M. le commissaire, pour qu'il ne vint pas loger à Murat 1 07

A M. le baron de Noailles, venant de Brioude, pour sa couchée à Murat 3

Pour huit flambeaux employés pour le service de nuit de M. le baron, ou pour loger les soldats enrôlés à cause des troubles. . . 48

A reporter. ... 54 13

Report 54 13

Pour le logement de la compagnie de M. de Voussiez : au maréchal

des-logis, 3 pistoles 30

A Lafond, autre maréchal-des-logis de cette compagnie, pour monter à cheval et aller détourner cette compagnie de venir en ville. 10  Pour dix-sept journées de nuit pour la garde , bois et chandelle. 9 15 Pour frais des gardes ci-dessus, donné aux sergents des compagnies. 4 16

Donné à M. Dupuy 6 pistoles 60

A Lafon, maréchal-des-logis de M. le baron, 4 pistoles. ... 40

Pour la couchée de trente-cinq soldats, a raison de 5 sols pièce. 8 15 Pour la couchée de dix-huit soldats qui se trouvaient à loger à cause de la sédition faite à la maison de M. le premier consul.. . 4 10

Pour deux journées d'un cheval de louage pour porter l'homme de chambre de M. le baron, et deux hommes de pied pour suivre

ledit cheval 2

Pour deux bouteilles de vin de Cahors  09

Pour vin envoyé à M. de Salers allant et venant de St-Flour pour l'assiette 116

Pour la dépense des consuls qui se rendirent à Massiac pour obtenir de M. d'Espinchal d'être garanti du logement du régiment d'Humières, et lui porter un cadeau qui a été de 500 livres, ci. . 500. Donné à l'homme de chambre de M. d'Espinchal, pour avoir ses services auprès de son maître 50 s

Pour un goûter donné à M. d'Espinchal, à M. d'Humières et d'autres officiers 1 08

Envoyé un exprès à M. Dufour pour le prier d'intervenir auprès de M. d'Espinchal pour le départ des gens de guerre auxquels la ville fournissait des chevaux pour leurs voyages 1

Total de la dépense extraordinaire de 1646.. .. 784 02

Année 1652.

Nous n'entrerons pas dans le détail des comptes de cette année; en résumé:

Les recettes ordinaires s'élevèrent à 1,181 l

Les recettes extraordinaires à 3,616

Les dépenses ordinaires à  386

Les dépenses extraordinaires à 4,700

Déficit. . , . . 289

Dans la dépense extraordinaire, Jean d'Espinchal, baron des Ternes, maréchal des camps et armées du roi, donna quittance aux consuls d'une somme de 1,172 livres reçue d'eux comme complément de celle de 3,000 liv. que la ville a décidé lui donner, dont 1,651 pour ses soins et frais faits à la cour, et avoir poursuivi le délogement de ladite ville; l'avoir exemptée des quartiers d'hiver en 1648, 1649 et 1650. Trois cents personnes sont nommées dans l'emprunt fait à cet effet.


Compte Complet De 1669. (Ce serait aujourd'hui le budget. )

COMPTE DES DENIERS ROYAUX.

 

Recette.

Impositions sur les habitants de Murat 4,2401. s.

Pour les six deniers attribués à la commission.. . . ... 106

Plus, pour la confection des rôles. . . 6

Total de la recette. 4,552

Dépense.

Payé au receveur des tailles. 4,0001. v

Frais divers au receveur des tailles 12

Diverses reprises 292

Excédant.. 48

Compte Des Deniers Communaux et Patrimoniaux.

 

Recette 1,4151. s.

Prix du bail à ferme des droits de la ville 3

Rente due par les habitants de Chazelles 60

Rente payée par M. Teillard, baile du chapitre. ..... 20

Total de la recette. 1,498

 

DÉPENSE SUR LES DENIERS COMMUNAUX ET PATRIMONIAUX.

 

Pour faire sonner les cloches 1.08 s.

Pour le cierge de St-Roch 2 18

Restauration au clocher de St Martin.. ....... 1 10

Frais de voyage du premier consul se rendant avec un homme à pied auprès de M. l'intendant 51 06

Achat de perdrix en cadeau à M. l'intendant 3 10

Pour acquitter une dette de la ville 19 03

Visite des consuls à St-Flour à Mgr l'évêque pour le consulter. . 44

Au receveur des révérends pères récollets 253

Nettoyage de la place  12

Pour un pot de vin et faire ranger le peuple 1 07

Louage d'un cheval pour porter le prédicateur malade à Salers. 3 04

Rente due par la ville à M. de la Volpilière 84 s

Autre dépense approuvée 86 03

Pour raccommoder l'horloge 210

Pour le copiste du traité de M. de Béral avec la ville. ... 16

Pour acheter des cordes pour l'horloge 18


Pour le valet de ville qui a été dans les villages porter l'argent

de la taille. 07

Gages du valet 21

A un huissier pour porter des exploits aux commissaires des communes 1 03

Pour divers exploits concernant les affaires de la ville. ... 8 02

Pour le salaire de l'horloger 12

Pour nettoiement des canaux de la fontaine de Font-Noël. . 16

Pour le nettoiement du canal de la Font-Vielle pour deux hommes. 1 02

Pour réparations faites à l'école 52

Pour le logement des dragons 24

Pour aller trouver le comptable en Limagne 3 05

Pour aller visiter l'intendant avec M. Teillard de Peyrebesse . 30

Pour un guide pour ce voyage 2

Pour faire ouvrir et nettoyer les aisances de la prison. ... 1 10

Pour deux pierres de taille aux conduits de la boucherie. 3

Deux exprès envoyés à Clermont , . 6 10

Pour du vin envoyé à plusieurs 6 16.

Pour un guide fourni à M. l'intendant  10

Pour étrennes aux valets de M. l'intendant 5

Pour du poisson envoyé à M. l'intendant 5 04

Pour dépenses faites par MM. les consuls avec M. le procureur du roi de Traverse et M. de Sistrières, avocat, lorsqu'ils furent accompagner M. Le Camus, intendant, au Plomb-du-Cantal, quelques jours avant l'assiette, ladite dépense faite à Prat de-Bouc, où fut donnée l'avoine à cinq chevaux, et mangée une partie des truites qui avaient été achetées pour M. Le Camus, qui n'avait pas voulu les recevoir, et le soir pour le souper à Albepierre 6 10

Plus, pour ypocras fournie à M. l'intendant 2 10

Pour faire une arcade à demi-rond à la fontaine de la Chalcheyre. 15 10

Pour le salaire d'un maçon  10

Plus, pour diverses dépenses relatives au consulat 54

Pour frais de l'assiette 45

Pour de la poudre pour la fête de St-Roch 10

Louage d'un cheval pour aller vers M. l'intendant .... 2

Plus, passé pour diverses dépenses 81 02

Plus, pour un voyage fait en Limagne 10 17

Pour le service du vin . . 21 12

Pour voyages, présents et autres affaires de la ville 55 14

A un archer d'Aurillac, dépense de deux jours pour lever la taille. 3 12

Pour réparations faites au portail du St-Esprit 9 10

Rente payée par la ville aux dames religieuses 111

Pour réparations des murailles de la ville 6

Pour le logement d'un officier, 1 1. 10 s., et douze fantassins . 7 10

Pour les dames religieuses de Chaudesaigues 166 03

Pour les gages du secrétaire des consuls 61

Pour la levée des tailles et dépense de bouche faite par le consulat '. 18 05

Pour le loyer d'une cavale pour mener M. Teillard de Peyrebesse en Limagne 210

Pour frais du compte entre les consuls et le comptable. . 1 04

Pour fournitures et confections des rôles 21 12

Pour diverses aumônes faites aux pauvres de passage. ... 4

Pour bois et charbon donné au père prédicateur. .... 4 12

Pour flambeaux de l'octave du St-Sacrement et sépulture du Sr Tropinal 6 18

Pour la dépense du repas de St-Roch 2 13

Pour un mémoire de fournitures faites par les consuls pour passage de troupes 97 07

Vin envoyé à Mgr l'évêque de Mendes en passage .... 117

Pour réparations à la fontaine de Font-Noël  10

Pour un autre mémoire de frais faits par les consuls pour affaires du consulat 65 02

Total des dépenses du consulat. . 1,539 02 La recette étant de  1,498 14

Il y a un excédant de la recette sur la dépense de. ... 40 18

DÉPENSES EXTRAORDINAIRES.

 

Compte des deniers imposés pour les ustensiles, attaches et subsistance des chevaux de la compagnie de dragons, composée de 35 places avec l'état-major, logés en cette ville, par l'ordre de Sa Majesté, depuis le 24 juillet jusqu'au 25 octobre, à raison de 14 livres par jour.

CHAPITRE DES RECETTES DES DENIERS DE TROIS CONTRÔLES.

 

Frais de la confection de trois contrôles, l'un desquels est du dernier septembre, contenant la dépense des neuf premiers jours, pendant lesquels les dragons logèrent à discrétion chez certains hôtes, et s'élève à- . 3691.16 s.

Le deuxième, du 2 août, s'élevant, jusqu'au 1" septembre, à 500 07

Et le troisième, dudit jour 1" septembre jusqu'au 25 octobre. . 528 04 Plus, pour les ustensiles, subsistances, lits et attaches, du 1° au 25 octobre 440 .

Restitution faite par le Sr Maisonneuve, capitaine de la compagnie, par ordre de M. Le Camus 76.

Le tout, imposé mois par mois, monte en recette à. . 1,914 07


Premier Contrôle. — Dépense.

Payé à divers habitants qui avaient souffert du logement pendant les neuf premiers jours du 24 juillet au 2 août, à raison de 13 liv. 10 s. pour celui qui avait logé le commandant, et 9 liv. pour chacun des dragons '. . . 3101.10s.

Pour dépense de bouche faite par quatre dragons employés à lever ladite contribution .... 5

Plus, pour faux comptes faits dans la levée par les dragons. . . 17 18

Total de la dépense du premier contrôle. . 533 08

Deuxième Contrôle — Dépense et emploi.

Dépense des dragons pour le mois d'août 420 1.

Finalèment aux hôtes qui ont fourni les lits, attaches, etc., pendant le mois d'août. . 99

Total de la dépense portée au deuxième contrôle. . 519

Troisième Contrôle. — Dépense et emploi.

Dépense pendant le mois de septembre pour les dragons . . 420 s.

Finalement aux hôtes qui ont fourni, etc., comme ci-dessus.. . 99

Total de la dépense portée au troisième contrôle. . 519

Rôle Pour Le Mois D'octobre. (15 jours.)

Dépense du octobre au 25 dudit, par les dragons, comme ci-dessus 350 ). s.

Plus aux hôtes comme ci-dessus 82 10

Plus aux dragons employés à la levée des deniers .... 48 02

Plus a été payé au Sr de Maisonneuve, capitaine :34

Finalement pour la location de la chambre du capitaine - . 25 15

Total du mois d'octobre. . 540 07

Chapitre Général Des Reprises Des Trois Contrôles. Montent lesdites reprises a 1051.14s.

RÉSUMÉ.

 

Monte le total de la dépense mentionnée ci-dessus à . . 2,0831. 10 s.

Partant, doit la recette à la dépense 159 02

Compte Des Deniers De L'hôtel-dieu.

Recette de MM. les consuls de St-Flour 5001. s.

Dépense Payé suivant le mandat des commissaires. . . . . 356 05

Excédant de la recette. . 153 15

Plus, doit être augmentée la recette de la rente de la ville. . 120

Total du restant en caisse. . 273 15


DÉPENSE DE 1674.

Au régent de la grande école. . 90 1. s.

Gages du valet ordinaire des consuls 20

Aux pères récollets prédicateurs du carême 120

Aux mêmes, pour boîte de confitures le Vendredi-Saint, bois et chauffage 6

Plus aux récollets pour une charretée de vin, avoir prêché l'octave du Saint-Sacrement, et pour l'aumône de la visite du père provincial 70

Pour les deux sermons de la Pentecôte et de la Toussaint.. . 3

Plus pour avoir prêché l'Avent 60

Plus bois et charbon pour le prédicateur 3

Plus après avoir rendu en robe nos civilités à M. de Brives de Peyrusse, trésorier de France, lui avons envoyé deux bouteilles de vin de Cahors .... 1

Civilités à M. Audigier, deux bouteilles de vin.. ..... 1

Civilités à MM. les consuls de St-Flour présents à Murat, deux bouteilles 1

Civilités à M. Beyraud, lieutenant assesseur, deux bouteilles.1
Quatre pauvres pour l'enterrement de M. Deslandys, consul . 3
Te Deum pour la prise de Gray, bois ou flambeaux 3

Feu de joie pour la prise de la ville et citadelle do Besançon. . 25

Feu de joie pour la prise de Dôle 3

Pour faire sonner les cloches pour réunir les habitants pour délibérer 3

Visite en robe à Bredon à M. l'intendant, et quatre bouteilles de vin. 4 10 Civilités à M. Beyrand et Rouchès. Deux bouteilles de vin. . . 1

Le 15 juillet avons porté les délibérations à Bredon au seigneur, qui nous a fait espérer que la taxe serait très-modique, et l'ayant prié d'assister à la cérémonie du feu de joie pour la prise de Salins, nous a témoigné qu'il n'en aurait pas le loisir, et qu'il verrait de Bredon le feu que nous ferions. Dépensé en poudre, mèches, bois, flambeaux, mousqueterie et tambours 25.

Plus pour les menus offices du seigneur 3

Civilités à Mgr l'évêque présent à Murat, deux bouteilles. 1
Avoir été à St-Flour voir M. do Bouillon qui faisait la revue de
la noblesse 6

Mis soixante hommes à cheval pour aller au-devant de Mgr de Bouillon, fait tirer tous les mousquets et autres pièces, avec six bouteilles de vin. . 43

Accompagné son altesse au Plomb-du-Cantal, donné à dîner à six habitants. 13 15

Envoyé deux quintaux de fromage a M. de Campagne, à Aurillac. 36

Total des dépenses de 1074. . 536 05

DÉPENSES EXTRAORDINAIRES DE 1689.

 

1 ° Pour les messes votives en l'église de Notre-Dame, en l'honneur de M. St-Roch , et autres messes qu'on est accoutumé de faire dire à l'entrée et à la sortie des consuls, le jour et féte des Rois, les trois fêtes de Noël, ou pour les processions solennelles et votives, les jours des fêtes de St-Sébastien, St-Jacques, St-Roch, pour les cierges nécessaires desdites messes pendant l'année, les flambeaux pour l'octave du St-Sacrement et le sonneur des cloches. 30 1 s.

Plus aux pères récollets pour les prédicateurs de l'Avent, du Carême, de l'octave du St-Sacrement et autres fêtes solennelles de l'année, ou pour le bois et charbon pour le chauffage du père prédicateur 258 1

Entretien des fontaines, tuyaux, conduits et pavés de la ville. . 60

Pour le régent de l'école 80

Gages de l'horloger, huile, cordages, entretien de l'horloge. . 14
Gages du secrétaire du corps commuri de la ville. ..... 6

Valets des consuls, sonneurs de la cloche pour assembler le corps commun 22

Plus la somme passée annuellement aux consuls pour les dédommager des frais qu'ils souffrent, la levée des deniers royaux, les voyages pour porter les recettes, et les non-valeurs des rôles dont lesdits consuls sont chargés sur reprises 100

Pour la reddition des comptes des consuls 12

Présents extraordinaires de la ville en vin ou autres choses.. . 30.

Total des charges extraordinaires. . 612

DÉPENSES ORDINAIRES.

 

Renie annuelle constituée aux religieuses de Murat 100 1. s.

Rente aux dames religieuses de Chaudesaigues 150

Trois flambeaux pour l'enterrement des consuls qui meurent. . 3

Rente due a M. le comte de la Volpilière 40

Total des charges ordinaires. . 293 Plus les dépenses imprévues pour le logement des gens de guerre, les chevaux qu'il faut leur fournir, guides et autrement; pour les dégâts des orages, abondance de neige, ravines d'eau, etc., montant à 630

Ce qui porte le total des dépenses ordinaires de 1689 à. . 959

Et l'on ne parle pas des recettes passives de la ville qui vont à plus de 30,000 l., dont les créanciers, pour la misère d'icelle , ne sont payés ni en capital ni en intérêts.

Nous bornerons là nos citations des anciens budgets de Murat, quoique nous en ayons encore sous les yeux un très-grand nombre existant dans les archives

de M. Teillard, à Ery. Ceux que nous avons reproduits suffiront pour faire apprécier la nature des dépenses et l'étendue des pouvoirs des consuls, qui les faisaient sans autorisation préalable, sauf à les voir rejeter et mises à leur compte par les habitants assemblés, lors de leur reddition de comptes, si la nécessité de ces dépenses n'était pas démontrée. Toutefois, quelques notes diverses nous paraissent encore instructives; elles concernent une époque peu connu.

LOGEMENTS MILITAIRES.

1630. Le 2 janvier, le régiment dauphin-cavalerie vint loger à Murat.

1644. Le 16 avril, M. l'intendant de la province enjoint aux consuls et habitants de Murat de se préparer à recevoir, loger et nourrir les soldats de seize compagnies du régiment de M. le marquis de la Mothe, qui devaient se réunir dans ladite ville. Cet ordre prescrit la manière dont on doit traiter la troupe et la ration de vivres à laquelle a droit chaque militaire. La ration d'étape, par jour, était réglée à une livre de viande de bœuf, veau ou mouton; une livre et demie de pain, et une pinte de vin. Le capitaine devait prendre par jour pour six soldats, le lieutenant pour quatre, l'enseigne (sous-lieutenant) pour trois, les sergens pour deux, le chirurgien-major comme le capitaine et l'aide-major comme le lieutenant.

Les chevaux devaient recevoir par jour vingt livres de foin et quatre picotins d'avoine. Les, consuls pouvaient passer la revue de l'effectif avant l'ouverture des portes.

Les soldats devaient se contenter des ustentiles , feu et chandelle de leur hôte; mais il devait être fourni aux officiers de la chandelle et du bois selon leurs besoins.

En ce temps-là, les consuls désignaient, lors du passage des troupes, l'habitant qui devait loger et nourrir un certain nombre d'officiers ou de soldats. La dépense était ensuite réglée d'après le prix établi pour les étapiers ; les consuls en réglaient le compte et le communiquait à l'assemblée de la ville; on joignait à l'appui les certificats et états de logement délivrés par les officiers. Ces dépenses étaient prises en déduction de la taille due par la ville au receveur qui résidait à St-Flour.

1639. Les consuls écrivirent à M. l'intendant pour le prier de faire des remontrances à M. de Noailles pour la compagnie logée à Murat, au sujet de l'état de désordre où elle avait mis la ville, par suite du grand nombre do gens de guerre qu'elle avait à loger, quoiqu'elle eût payé pour éviter cette charge. Ils ne peuvent, disent-ils, empêcher le peuple de murmurer des souffrances qu'il éprouve; et, si l'espoir d'un soulagement ne retenait pas la populace, nos personnes seraient en danger, et même un rassemblement tumultueux s'est porté sur la maison du premier consul. » M. de Noailles ayant appris qu'un soldat avait eu des démêlés avec un habitant et que, par suite, on avait voulu sonner le tocsin pour détruire sa compagnie, avait écrit aux consuls qu'il allait envoyer des renforts pour empêcher leur mauvaise volonté et leur apprendre le respect qu'ils devaient aux troupes du foi. Quant au soldat coupable, il ne voulait pas qu'il reçût de mauvais traitements; il demandait un rapport et se chargeait de le punir lui-même.

La même année, le vicomte de Polignac, commandant en Auvergne, pour aider aux habitants à payer leurs frais de subsistance de trois compagnies du régiment de M. le comte d'Humières pendant vingt jours, prescrivit à un certain nombre de paroisses désignées dans cette ordonnance, d'avoir à fournir une somme de 3,000 livres qui devait être remise aux consuls, sauf par eux à en rendre compte.

1619. La ville de Murat fut imposée par avance à 3,910 livres 6 sols pour l'entretien des troupes dans leurs quartiers d’hiver, et à 68 livres pour les prisonniers espagnols alors on Auvergne.

1650. Les consuls demandent à ajourner le remboursement d'une somme de 10,000 livres que la ville et communauté de Murat ont dû emprunter pour cause des logements de guerre, et qu'ils ne peuvent payer parce qu'ils sont sans fonds.

1631. La compagnie d'ordonnance de Mgr le duc d'Orléans, commandée par M. le marquis de Montmoton , tint ses quartiers d'hiver dans la ville de Murat. Le sieur de Montmoton, ses officiers et ses cavaliers exercèrent tant de violences, d'exactions et de cruautés contre les habitants , les rançonnant et les faisant contribuer à des sommes si fortes que la plupart en furent ruinés. Il en coûta plus de 60,000 livres à la ville, et, à son départ, elle fut encore contrainte à emprunter 2,000 livres qu'exigea le commandant de cette compagnie.

1671. La compagnie des chevau-légers de M. le duc d'Orléans fut logée à Murat depuis le 21 janvier jusqu'au 28 février; elle était forte de cent hommes et d'autant de chevaux, que l'on nourrissait chaque jour à raison de 10 sols par homme et 14 sols par cheval. Cette compagnie se conduisit très-mal, et la ville eut à payer une somme de 28,000 livres.

1674. M. Dubois, capitaine-major du régiment de cavalerie du Saussaie fut logé avec sa compagnie en quartier d'hiver à Murat. Leur solde était fournie par les habitants en déduction de leurs impôts.

1679. La ville fui imposée par M. Demarle , intendant, à 3,430 livres pour le collège de St-Flour.

1699. Demandent les consuls l'autorisation de faire procéder au bail judiciaire et au rabais des réparations à faire au bassin de la fontaine du Griffou , qui est d'autant plus nécessaire que c'est la seule dans la ville qui puisse servir à abreuver les chevaux. Le prix sera porté sur les deniers patrimoniaux et devra être passé dans leur compte.

1693. Au mois de juillet, il y eut une maladie épidémique dans toute la Haute-Auvergne; la mortalité fut considérable à Murat; les cloches ne sonnaient plus pour les agonies et les enterrements, pour ne pas trop effrayer la cité; il y avait des malades presque dans toutes les maisons. Sur la demande des habitants, il fut lait, le 7 août, une procession générale dans laquelle on porta les statues de la Sainte-Vierge et de saint Michel; elles restèrent exposées pendant huit jours sur la balustrade du grand autel.

1767. Une nouvelle maladie épidémique régna sur divers points du Cantal; elle éclata a Murat dans le mois d'octobre et y causa une grande mortalité. Dans l'espace d'un mois, soixante dix habitants, non compris les enfants, succombèrent et la maladie continua; plusieurs villages étaient abandonnés. Les consuls des années 1767 et 1768 ne purent opérer les rentrées nécessaires au paiement de l'impôt, et, faute de pouvoir travailler les champs, la presque totalité de la récolte fut perdue.

Le subdélégué demanda pour ces localités des médecins et chirurgiens pour visiter les malades; que les médicaments fussent fournis aux pauvres gratuitement ; des distributions de viande et d« vivres pour les habitants sans ressources, faute de quoi ils seraient exposés à mourir de faim ; enfin, il réclama une déduction de 2,000 livres sur les impôts de chacune des deux années. Le tout fut accordé.

DROITS D'ENTRÉE VERS 1650.

 

Pour chaque quintal de fromage qui entre ou passe dans la ville, 1 sol, diminution proportion. Beurre, le même droit.

Pour la sortie de chaque charge de fromage, 8 sols.

Pour chaque charge de fromage que l'habitant porte hors la ville pour sa consommation, 2 sols.

Pour chaque charge d'huile, sel et fer, pour l'entrée, 6 sols.

Idem pour les autres denrées et marchandises; mais, si lesdites marchandises ne se- débitent pas dans la ville, il ne sera rien dû aux corretiers.

Pour chaque charge d'eau-de-vie, 8 sols.

Pour chaque charge do vin, 7 sols.

Pour la sortie de chaque quintal de suif fondu, 7 sols, et sortant en rame de la ville, 6 sols.

Pour la sortie de chaque charge de cuir en poil, 7 sols.

Pour l'entrée de chaque charretée de vin pour les cabarets et autres vendants, 18 sols.

Pour les marchands forains, 16 sols.

Pour l'entrée de chaque charge de châtaignes pelées, 6 sols.

Pour les fromages que les marchands forains du voisinage viennent acheter à Murat, au marché ou autrement, A sols par quintal, les diminutions a proportion.

Droit d'emballage, 1 sol par charge au corretier, à la charge de faire emballer.

Pour la sortie de chaque quintal de cire, 4 sols; fondue, 8 sols.

Et pour ce que les habitants font voiturer pour leur consommation ou pour leur commerce de détail, ils ne paieront aucun droit; mais lorsqu'ils revendront les denrées, ils paieront 1 sol par quintal pour droit de sortie.

Les détails variés que nous venons de donner suffiront à faire ressortir le mécanisme municipal de ce que l'on a nommé l'ancien régime. Nous pourrions encore reproduire un grand nombre de comptes annuels qui sont dans les archives d'Ery; mais on n'y trouverait rien de bien nouveau. Nous finirons donc cette revue par un état nominatif des consuls pendant un grand nombre d'années. Les habitants modernes aimeront à y retrouver leurs ancêtres. Mais, que de familles ensevelies depuis sous la poussière des âges!

Nous ajouterons quelques-uns des prix du seigle et du fromage à diverses époques. On pourra les comparer avec nos temps actuels.


 


 

Ces institutions féodales ont été renversées par plusieurs révolutions faites au nom de la liberté populaire. Elles ont été remplacées par un maire et des adjoints nommés par l'autorité administrative supérieure. Le conseil municipal ne peut être réuni sans son autorisation ; les assemblées générales pour discuter les affaires importantes n'ont plus lieu, et les nouveaux dispensateurs des droits de la cité n'ont pas celui de dépenser cinq centimes sans en avoir obtenu la permission préalable.


EAUX ET FORETS.

 

La vicomté étant fort riche en forêts, une maîtrise avait été très-anciennement établie à Murat. Philibert de la Platrière était maître, en 1490, sous Pierre II de Bourbon ; Guillaume du Cluzel, en 1475; Jean de Bevauzun, en 1520.

Mais, outre les forêts de la seigneurie, elle comprenait encore une grande quantité de bois patrimoniaux et communaux.

La vicomté proprement dite comprenait les bois des mandements de Murat, Albepierre, Mallet, Châteauneuf, Anglards, Vigouroux et Siniq. Le tout, avec les bois de toute nature et de toute provenance, formait un total de 13,090 arpents.

Les forêts viscomtales de Murat étaient situées sur trois vallons, et leur superficie de 4,500 arpents, parmi lesquels des hêtres rabougris et des coudriers occupaient quelques faibles parties. Le surplus, en sapins de balle venue, sur un bon fonds, quoiqu'au pied du Cantal, produisait des arbres d'une très-belle végétation. Ces bois exigeaient une surveillance continuelle sur une vaste étendue; aussi étaient-ils dans un grand état de dégradation.

Une cause de leur dévastation se trouvait encore dans les droits d'usage et de chauffage concédés aux riverains ou usurpés par eux. Le service des gardes en était devenu très-difficile, et leur nombre de trois insuffisant.

Pour apporter un remède à cet état défectueux, le roi rendit à St-Germain-en-Laie, en janvier 1678, un édit portant création d'un siége particulier de maîtrise à Murat. Il y est dit:

« Les bois et forêts que nous possédons dans l'étendue de la vicomté de Murat ayant été ci-devant exposés au pillage des riverains et mis dans une grande dégradation, nous nous sommes appliqués à les remettre en meilleur état par les soins que nous avons pris d'en faire la réformation par le Sr de Marle , conseiller départi dans la généralité de Riom, en sorte que nos dits bois et forêts deviennent en état de porter des coupes ordinaires et de produire un revenu de plus en plus considérable, ce qui ne peut se faire que par l'établissement des officiers nécessaires pour veiller à leur conservation. De l'avis de noire conseil, de notre certaine conscience, pleine puissance et autorité royale. (Suit le dispositif.) »

La maîtrise fut composée d'un maître particulier aux gages de 200 livres, et 40 livres pour le chauffage; un lieutenant aux gages de 148 liv., et 12 liv. pour le chauffage; un procureur du roi aux gages de 100 liv., et 20 liv. pour le chauffage; un greffier rétribué à 48 liv., et 12 liv. pour le chauffage; un garde-marteau à 100 liv. de gages, et 20 liv. pour le chauffage; un receveur particulier à 300 liv. ; quatre gardes à 100 liv. de gages chaque, et 50 liv. pour le chauffage, et devaient jouir lesdits officiers et gardes des mêmes droits, privilèges et juridiction accordés aux officiers des autres maîtrises du royaume. Ces officiers devaient résider dans la ville de Murat ou dans les environs; mais dans un rayon d'une lieue de distance au plus.

Un arrêt du conseil du roi, du 22 mars 1729, porta confirmation des réglements faits pour la réformation des forêts de Murat. Il fut stipulé que 1,500 arpents de bois effectifs seraient divisés en vingt parties égales de 75 arpents 75 perches chacune, dans lesquelles il serait vendu annuellement mille' pieds d'arbres, essence de sapin, au-dessus de 12 pouces de diamètre, et les adjudicataires des coupes ordinaires étaient tenus de fournir à M. de Lastic de Sieujeac, seigneur engagiste de la vicomté, chaque année 50 cordes de bois mort, copeaux et remanants pour le chauffage du four banal de Murat.

Que l'on affermerait les espaces vides de la forêt, ou sans espoir de reboisement, depuis le ruisseau de Borne jusqu'au ruisseau appelé de Pissejail, dans les triages de Borne, Coste-Longue, Rochejalive, la Bastide et le Trioule, dans la garde d'Albepierre; ceux depuis le pré de la Souleyre, allant au sommet du rocher de Rochegude, jusqu'à une des branches du ruisseau de l'Allagnon; le triage dit le Trieu-Bas, dans la garde de la Molède, et le vide du côté du pré de la Lascune dans la garde de Murat. Seront réservés toutefois les arbres de futaies existant dans ces espaces vides, lesquels seront vendus.

Défense était faite à tout propriétaire des héritages riverains, à une lieue de distance de la forêt, d'employer aucun arbre ni autre bois à la clôture des héritages. Défense aux habitants de la ville de Murat et à ceux des châtellenies de Lesbros, d'Albepierre, du village de la Molède, et au Sr d'Anteroche et de Gorse de Comblat, de couper et même d'ébrancher aucun arbre de la forêt, sans le prétexte du droit d'usage et de chauffage, leur permettant seulement de faire ramasser pour leur chauffage les bois morts et traînants.

Les habitants de Murat et le sieur d'Anteroche sont maintenus dans les droit et possession de faire pacager leurs porcs et bêtes aumailles dans toute la garde de Murat; ceux d'Albepierre et de la Molède, dans celle de la Molède, avec défense d'introduire dans la forêt aucun bouc , chèvre , mouton ou brebis , en aucun temps de l'année, sous peine de 3 livres d'amende par bête et de confiscation , et sous mêmes peines de conduire dans les bois plus de bêtes qu'ils n'en peuvent hiverner de leur foin et paille, et de faire pacager dans les coupes avant trois années révolues.

Le chauffage de 50 cordes de bois, dont chacune devait avoir 8 pieds de long et 4 pieds de haut, et les bûches de 3 pieds 1/2 de longueur, et affecté pour le four banal, devait être retiré en deux délivrances au plus, par le fermier ou préposé de l'engagiste.

Le moulin à scie du sieur d'Anteroche devait être détruit, avec défense de s'en servir pour faire des planches, et défense aussi à tous autres d'en faire construire dans une distance de 3,000 toises; défense d'allumer du feu ou d'en porter jusqu'à une distance d'un quart de lieue.

Enfin, le maître particulier ou son lieutenant devait, tous les trois mois, faire une inspection de la foret, garde par garde  triage par triage.

Telles sont les principales dispositions de cette ordonnance, contenues dans douze articles.

Après la réunion faite à la couronne, en 1531, de la vicomté de Murat, il intervint plusieurs édits et ordonnances pour régler les droits que les habitants des diverses localités devaient conserver dans les forêts qui en dépendaient; mais ces habitants prétendaient avoir obtenu de leurs anciens suzerains des concessions plus étendues que celles qui leur étaient maintenues, et se croyaient en droit de prendre tous les bois dont ils avaient besoin. Nous avons vu à l'article Bredon. p. 298, le procès qui eut lieu entre l'Administration, les villages d'Albepierre et de la Molède.

M. le comte de Lastic de Sieujeac, seigneur engagiste, fit aussi des réclamations sur la quotité de l'allocation faite aux fours banaux de Murat. 11 exposa qu'en lui engageant la vicomté, le 28 mars 1697, les fours banaux avaient été compris dans le contrat d'engagement, pour être jouis par lui comme ils l'avaient été par sa majesté ou ses fermiers; que puisque un des principaux revenus du domaine de Murat était celui de ses fours banaux, du moment où il faudrait acheter le bois de cuisson, ils cesseraient de fonctionner, et, du jour de la fermeture, le Sr engagiste serait dans le droit de réclamer des indemnités proportionnelles. Le Sr de Lastic représentait en outre que les intérêts des habitants n'y étaient pas moins engagés que les siens, attendu que tous, sans exception, se voyaient forcés, par les reconnaissances consenties au profit de sa majesté, de cuire leurs pains à ces fours, et comme il n'en existait pas d'autres, ils se verraient dans la nécessité d'en construire de particuliers ou d'avoir recours à des étrangers, au détriment des fours banaux. Le Sr engagiste réclamait donc la fixation d'une délivrance annuelle de bois proportionnée aux besoins des fours, et suivant les anciens droits, ce qui fut accordé.

Cette allocation eut lieu jusqu'à la révolution. En 1815, lorsque les biens non vendus furent rendus à leurs anciens propriétaires, le comte de Lastic de Parentignat réclama, en faveur de la ville de Murat, la restitution de ces droits de chauffage ; mais sa réclamation ne fut point admise par le gouvernement.

C'est une justice à rendre à St-Flour que ses habitants, dans tous les temps, se sont montrés bons patriotes pour les intérêts de leur ville. La négligence que MM. les officiers de Murat mirent à remplir leurs fonctions, fit que M. l'intendant de la province d'Auvergne, d'après leurs sollicitations, fit une demande au garde des sceaux, M. de Beaudy, pour obtenir la translation de la maîtrise de Murat dans leur cité. Aussi, le 7 janvier 1732, intervint un nouvel édit du roi accordant cette translation, sur cette considération que la ville de St-Flour étant plus considérable que celle de Murat, il était plus facile d'y trouver des sujets propres à remplir les charges; secondement que St-Flour se trouvait compris dans la même circonscription.

Il est dit, dans cet édit, que lors de l'érection, en 1689, d'une maîtrise à Riom pour toute la province d'Auvergne, il y eut exception du ressort de Murat, avec la faculté aux officiers pourvus des offices créés de pouvoir exercer un autre office royal de judicature ou de finance dérogatoire, pour ce regard seulement, à la disposition de l'ordonnance de 1689. Mais cet établissement, qui avait pour objet la conservation de nos forêts et le bon aménagement de celles des communautés et des particuliers, dans une contrée fertile en bois propres à la mâture des vaisseaux et à la charpente, n'ont pas eu le succès qu'on en devait attendre, puisque nos forêts se trouvent très-dégradées, quoiqu'on n'y ait fait aucune coupe pour notre compte depuis la création des maîtrises, en sorte que les bois des particuliers et des communautés, singulièrement ceux de sapins, sont exploités sans règle par négligence des officiers , ce qui pouvait provenir de ce que la maîtrise de Murat n'ayant pour ressort que la vicomte , se trouve réduite dans des bornes trop étroites; et qu'au contraire celle de Rjom est trop étendue. Sur ce, avons ordonné une nouvelle circonscription, dont le siége sera à- Saint-Flour, sauf à être pourvu à l'indemnité et au remboursement des charges supprimées à Murat. (Voir Saint-Flour,) Aujourd'hui Murat est la résidence d'un sous-inspecteur.

 

ADMINISTRATIONS MODERNES.

 

La constituante avait fait de Murat un chef-lieu de district. On trouvera à la X° livraison les faits et noms relatifs à cette institution. L'assemblée nationale voulut réformer ce que cette première assiette avait d'incorrect. Les nouvelles divisions territoriales administratives que l'assemblée nationale se proposait d'établir avaient éveillé toutes les ambitions, mis en mouvement tous les intérêts. Aurillac et Saint-Flour voulaient concentrer dans leur circonscription la plus grande partie de territoire possible, et cette dernière ville, indépendamment de son désir de devenir chef-lieu du département, réclamait encore l'adjonction de Murat et des cantons environnants à son siége. Murat avait à se défendre, non seulement contre Saint-Flour, mais encore contre Allanche, qui lui disputait la préférence administrative, et trouvait un puissant protecteur dans le duc de Larochefoucauld, possesseur de propriétés considérables dans ses environs.

Afin de surmonter ces divers obstacles, quatre-vingt-quatorze habitants notables se réunirent sous la présidence de M. de Montreuil-de-Charmanières, maire, le 10janvier 1790, et, dans cette séance, il fut arrêté qu'une pétition serait adressée à l'assemblée nationale, et que M. Dubois-de-Niermont, avocat au parlement, serait chargé de faire valoir les intérêts de la ville, sa patrie.

Les principaux considérants de cette pétition sont:

1° Cette ville, située au pied des montagnes de la Haute-Auvergne, sur le versant du nord au nord-ouest, est la troisième du haut-pays.

2° Située au centre de cette partie de la province, elle est importante par sa population; elle est le siége des affaires de tous les habitants do cette partie montagneuse, soit pour la vente de leurs denrées, soit pour leurs approvisionnements jle première nécessité et autres genres.

3° Son importance, sa situation et les ressources qu'elle offre à tous les environs et aux voyageurs avaient décidé l'assemblée d'élection de Saint-Flour à y faire un arrondissement ou district.

4° L'Assemblée nationale ayant décidé de rapprocher la justice des justiciables ne peut, sans contrevenir à ses décrets et s'éloigner de ses vues bienfaisantes, priver les habitants de Murat et sa contrée de l'établissement d'un district de justice et d'administration.

5° La privation d'un district dans cette ville assujettirait les habitants de la contrée à des dépenses considérables , par les déplacements continuels pour se rendre à St-Flour, éloigné de cinq lieues; et, de plus, les habitants de plusieurs paroisses, pour s'y rendre également, auraient neuf lieues à faire et devraient pour cela traverser Murat.

6° La nécessité de l'établissement d'un district dans cette ville et dans plusieurs du pays que le bien public sollite, est reconnue par tous les habitants de la Haute-Auvergne, â l'exception peut-être de ceux des villes de Saint-Flour et d'Aurillac qui, contre le vœu de l'assemblée et du haut-pays, voudraient réunir chez eux tous les établissements et y perpétuer une aristocratie dangereuse.

7° L'avantage de l'établissement d'un district de justice et d'administration est prouvé par sa population et le taux de ses contributions et impositions, qui s'élevait à la somme de 428,246 livres 18 sols 9 deniers sur celle de 1,800,199 liv. 19 sols 11 deniers, montant de la contribution générale et totale de l'élection de St-Flour, dont suit le détail:

Etat du montant de la contribution des paroisses composant le iistrict de Murat

en 1790,

(Les communes de Landeyrat et de St-Bonnet ne figurent pas dans cet état, parce qu'elles étaient de l'élection de Clermont, tandis que les autres étaient de celle de St-Flour.)

8° Enfin, si cette ville n'obtenait pas la fixation d'un district, sa contrée importante par sa population et ses contributions, se trouvant privée des ressources d'un pareil établissement, devrait décroître nécessairement et son importance diminuer, contrairement au bien public de ces contrées.

Sont donc nos seigneurs de l'assemblée nationale humblement suppliés de se faire rendre un compte particulier de la localité de celte contrée, et de prendre en considération les difficultés des transports, l'él oignement des justiciables, l'heureuse situation de cette ville; en conséquence, de lui accorder l'établissement d'un district comme point central de cette partie des montagnes.

Pour accomplir la mission importante qui lui était confiée, M. Dubois de Niermont adjoignit à la pétition des habitants notables de Murat un mémoire imprimé dans lequel on remarque les nouvelles considérations suivantes:

« 1° La Haute-Auvergne est trop étendue pour être divisée en trois districts seulement.

2° Les localités en exigent quatre, deux du côté de l'cst-sud et deux du côté du sud-ouest.

Toute la partie réclamée pour faire un quatrième district est trop éloignée de St-Flour , d'Aurillac et de Mauriac pour faire partie de l'un de ces trois dis. tricts; de plus , la partie de montagnes qui sépare ces trois chefs-lieux , placés presque aux trois extrémités de la province, est impraticable -une partie de l'année.

L'établissement de quatre districts est donc indiqué et tracé par la nature elle-même. »

Passant ensuite à la demande faite par les habitants d'Allanche pour obtenir la préférence, M. Dubois expose:

1° Qu'Allanche est une très-petite ville ou plutôt un gros bourg où les membres composant le district d'administration trouveraient difficilement à se loger, et où il n'existe pas assez de citoyens en état de remplir les offices de justice. Murat, au contraire, est, en comparaison d'Allanche, une grande ville; elle est la troisième du département par la population, et la seconde par les contributions.

2° Murat a une prévôté royale et un bailliage royal dont le ressort s'étend sur quarante paroisses, tandis qu'Allanche n'a qu'une très-petite justice seigneuriale.

3° Murat est le rendez-vous habituel et naturel de toute la partie qui doit former ce district, et surtout de la région des montagnes; c'est à Murat que ses habitants vendent leurs fromages, achètent le blé et le sel nécessaires à leur consommation, vendent leurs bestiaux et leurs denrées. Allanche, an contraire, n'est ni le rendez-vous habituel ni le naturel des populations de cette partie.

4° Murat est au centre, Allanche à l'une des extrémités.

5° Allanche offre peu de ressources; Mural, par sa population et son commerce, est une petite ville où tout abonde.

6° L'assemblée d'élection de St-Flour avait décidé de fixer à Murat un arrondissement ou district. On n'avait point imaginé d'en établir un à Allanche; au contraire, cette ville était comprise dans celui de Murat.

7° Cette décision de l'assemblée d'élection est conforme à celle de la province, en 1490, lorsque le bailliage d'Andelat fut transféré à Murat, sur la demande des habitants du haut-pays. La province elle-même a donc décidé deux fois que Mural devait être un chef-lieu, soit pour l’administration, soit pour la justice.

Ces motifs exposés par M. Dubois de Niermont, soit à M. le duc de la Rochefoucault, soit à l'assemblée nationale, triomphèrent des prétentions rivales, et Murat obtint l'établissement du chef-lieu du district.

Quant au désir de St-Flour de faire opérer une nouvelle division de la Haute-Auvergne, pour la séparation des districts de Mauriac et d'Aurillac d'avec le sien et celui de Murat, afin d'obtenir le chef-lieu d'un département pour lui, voici l'extrait d'une délibération de l'assemblée primaire de Murat, en date du 21 juillet 1793, déposée au greffe de la municipalité de cette ville, contre cette division du territoire.

Dans la séance du 8 juillet 1793, la société populaire de St-Flour, les membres présents, ainsi que cela a été dit, page 412, avaient exposé « que, depuis la formation des administrations départementales, faite par la première assemblée constituante , les administrés du département du Cantal n'avaient cessé de réclamer contre l'oppression qui résultait pour eux de cette première organisation;

« Que les montagnes du Cantal, divisant en deux parties égales la ci-devant Haute-Auvergne, il est aussi impossible aux districts d'Aurillac et de Mauriac, situés à l'occident, de communiquer pendant l'hiver avec ceux de Murat et de St-Flour, et réciproquement, pendant plusieurs mois, obstacles prévus dans l'ancien régime; car alors St-Flour et Aurillac, dépendant de la généralité d'Auvergne dont le siége était à Clermont, pouvaient y arriver par des routes différentes;

Considérant que la division du Cantal ne peut exister dans son état actuel,

Arrête qu'il sera envoyé un commissaire à chaque chef-lieu de canton des districts, et notamment à Murat, pour faire réclamer une nouvelle division. »

A la réunion de l'assemblée primaire de Murat, du 21 juillet 1793, le citoyen Rongier se présenta pour exposer sa mission et communiquer la délibération de l'assemblée populaire de St-Flour. Celle de Murat, après une longue discussion, « considérant que la correspondance n'éprouve pas l'interruption énoncée dans la délibération; qu'elle ne voit pas d'utilité publique à demander une nouvelle division du territoire du département, arrête, au contraire, qu'elle croit important, dans l'intérêt général des administrés, que le territoire tel qu'il est maintenant divisé soit maintenu ; charge son président de transmettre ce vœu au président de la convention nationale pour être soumis a cette assemblée, et aussi au citoyen Chabanon , membre du district, député à cette assemblée. Signé a la minute: Dubois, président. Roux, Teissèdre, Debrives, et J. Teillard, secrétaire. »

Ce refus des habitants de Murat de s'associer aux demandes de ceux de St-Flour dut être sensible à ces derniers, car leur mécompte s'exhala par la chanson suivante, dans laquelle le poête s'égaie sur les usages, habitudes et la position subordonnée de Murat vis-à-vis Bredon:

Couplets faits contre Murât.

 

A Murat quan bous coubidou ,
Bous metten sur un platou
Un paû de cabra pouirida,
Disen qua quo de boun moutou.

Si bous fatchias de lou chière,
Bous responden tout coulere:
Naùtres n'en mantzens tout l'an
A Murat dessous Bredon.

Si boules creba de reire,
A Murat bous cal ana.
Ne beires per las chareiras
Que borliès et qu'estroupias,
De boussuts per las chareiras
Commo paquetiers en feiria;
A Murat, dessous Bredon,
Un pied court et l'autre long.

A Murat quand on vous convie,
On met sur un petit plat
Un peu de chèvre pourrie,
Disant que c'est du bon mouton.

Si vous vous fichez de leur chère,
Us répondent tout en colère:
Nous en mangeons toute l'aonéc
A Murat dessous Bredon.

Si vous voulez pouffer de rire,
A Murat il faut aller.
Vous ne verrez dans les rues
Que des borgnes et des estropiés,
Des bossus dans les rues
Comme des porte-balles en foire;
A Murat, dessous Bredon,
Un pied court et l'autre long.

Murat ne demeura pas en reste et riposta par un couplet sur les prétentions d'une ville dont les ressources financières étaient minimes.

Couplet contre Saint-Flour.

A San-Flour la granda viala,
Boulen aber un presidiaü.
N'agnen nisorreni piarra (petitemonnaie),
Lour tchau bendre lou feiriaü,
Lou feiriaü et les Tsarceiras,
Nostra-Dama-de-Frideira
Et les ases de Rambaû
Per aber un presidiaü.

A Saint-Flour la grande ville,
Ils veulent avoir le présidial.
Comme ils n'ont ni sols ni deniers.
Il faut vendre leur foiral,
Le foirai et les Charceyres,
Notre-Dame-de-Frideyre
Et les ânes du moulin de Rambau
Pour avoir un présidial.

 

Heureux les habitants de cette cité si les choses s'étaient bornées à des couplets. Mais cette velléité de suprématie lui coûta cher; elle excita contre elle les passions d'Aurillac, et fut une des causes des persécutions et sévices exercés par Châteauneuf-Randon.

Toutes ces demandes et poursuites restèrent donc sans effet. St-Flour et Murat, dans la nouvelle répartition, eurent l'assiette d'un district; Allanche fut débouté de ses demandes.

Enfin, pour compléter cette organisation administrative, il nous reste à dire que Murat devint, à la suppression des districts, le siége d'une sous-préfecture. Le sous-préfet, ce magistrat supérieur de la cité, est nommé, comme le maire, par le Gouvernement. Telle est l'organisation qui a remplacé celle qui avait régi la ville pendant plusieurs siècles.

Les autres membres de l'Administration sont:

Un receveur particulier des finances, un receveur de l'enregistrement et des domaines, un entreposeur des tabacs receveur des contributions indirectes, un contrôleur des contributions directes, un vérificateur des poids et mesures, un directeur de la poste aux lettres et un lieutenant de gendarmerie.

Une imprimerie a été établie â Murat le 24 mai 1845.

Murat a un grand nombre de fontaines. Les plus anciennes mentionnées dans les actes des consuls sont celles de Fontillou, de la Vernhe, du Griffoul; la fontaine de Goudimerle, au Barry, qui sort en dessous du rocher, est renommée par la fraîcheur de ses eaux; la Font-Noël, près l'ancien portail de la route d'Allanche, a été remplacée par un château d'eau ; la fontaine du faubourg, attenante au tribunal, est insuffisante pour le service de cette partie de la ville; on vient de construire une nouvelle fontaine au Planhol, près de la petite porto de l'église: c'est celle dont l'architecture est la mieux ; les autres sont situées à la Place, à la rue St-Michel; celles de Barnadou, de Gagnadou, au fond du Barry, et celle de la Costoune, près le champ de foire.

Murat avait autrefois la juridiction des gabelles ou droits sur les sels. Nous renverrons à l'article Sel, nous ferons observer seulement que Murat, quoiqu'il eût une justice et siége des gabelles du Languedoc pour la prévôté de Saint-Flour, composés d'un juge et d'un procureur du roi, n'en fut pas moins affranchi de l'impôt jusqu'à la révolution.

 

QUELQUES ANCIENS USAGES.

 

Ce que nous allons rapporter était usité généralement au commencement du siècle présent, et quelques-uns de ces usages subsistent encore aujourd'hui.

Lorsqu'une personne notable faisait une visite, celle qui la recevait servait une collation consistant en pâtisseries sucrées, biscuits, fruits rares ou confits, des vins blancs d'entremets et liqueurs. C'était une impolitesse de ne pas en accepter.

Quand un mariage avait eu lieu, et que le jour des visites de noce chez toute la bourgeoisie avait été fixé, on en donnait connaissance à tous les intéressés auxquels on devait présenter les mariés. Une collation consistant en dragées, pralines et autres bonbons, était préparée dans chaque maison. Là, s'exécutait un pillage où la force corporelle triomphait habituellement, et qui quelquefois ne se passait pas sans quelques gourmades. La dame que l'on conduisait était abandonnée; grands et petits prenaient part à l'assaut, et il n'était pas rare que la collation eût été empochée avant l'entrée dans la salle du ménage auquel elle était destinée.

Nos montagnards ont été doués dans tous les temps d'un robuste estomac et leur tête d'une capacité spiritueuse surnaturelle. Il est vrai qu'ils trouvaient souvent l'occasion de les exercer. Quand dans une famille notable le baptême d'un garçon devait avoir lieu; nous disons un garçon, car les pauvres filles sont dans un rang inférieur; en eût-on dix, que si, dans le nombre de sa progéniture, il ne te trouve pas un membre du sexe masculin, on est sans enfants; alors, disons-nous, tous les jeunes gens se réunissaient à l'heure convenue; ils allaient prendre le parrain ; là une collation copieuse leur était servie; on escortait ensuite le parrain chez la marraine, où même hospitalité les attendait. Puis on se rendait chez l'accouchée, et là encore la table était dressée. Au retour de l'église le même cérémonial recommençait, et avec l'insistance obligée des amphitryons montagnards. On ne peut se faire une idée du point où parvenaient ces libations.

On rendait les derniers honneurs aux décédés avec une grande solennité. Chaque maison était pourvue de plusieurs manteaux d'étoffe de laine noire très légère. Les hommes s'enveloppaient de ces manteaux. A l'époque où ils portaient de longs cheveux, ils les laissaient flotter sur les épaules, et de larges chapeaux à bords rabattus recouvraient la tête des assistants. Les femmes encore aujourd'hui ont conservé leur ancien costume : un bonnet blanc à bords plats et un long voile noir fixé sur le haut do la tête enveloppe leur personne. Ces costumes lugubres rendaient les cérémonies très-imposantes.

On a aussi toujours observé les grands deuils très-rigoureusement. Le pâté et le boudin passaient pour des mets de grande réjouissance, aussi il était interdit d'en faire chez soi; mais il n'était pas défendu d'en manger. Les parents et amis n'oubliaient pas les pauvres empêchés, et une bonne part leur était toujours envoyée.

Nos pères faisaient leurs quatre repas. Les cafés n'existaient pas encore, et une auberge servait de lieu de réunion. Des saucisses, du vin blanc étaient le fond ordinaire de leurs goûters. Dans la saison des marrons, ils remplaçaient les saucisses , et le vin blanc bourru , le blanc ordinaire. Mais ce repas trouvait des délices encore plus attrayants lorsque quelque fête avait eu lieu d;ms la ville. Alors chacun se mettait en embuscade et cherchait à escamoter les pâtés, les pièces froides, volailles, gibiers, les vins d'entre-mets, les liqueurs. Il fallait une escorte pour garantir les plats venant de l'extérieur, et même parvenus an logis, ils n'étaient pas encore à l'abri, car les invités eux-mêmes faisaient souvent partie des maraudeurs. Tant pis pour la maîtresse du logis si son service était incomplet; le butin n'en allait pas moins à l'auberge, et chacun y contait ensuite ses prouesses.

On enlevait aussi les desserts d'un grand repas. Rafle générale sur tous les plats sucrés; c'était si reçu , que parfois la maîtresse de la maison faisait mettre une feuille de papier blanc dans l'assiette des convives lorsque le dessert était servi.

FAMILLES PRINCIPALES.

 

La ville de Murat a donné le jour à quelques personnages distingués. En première ligne, elle doit réclamer le chancelier de l'Hôpital, dont la famille l'habitait depuis longtemps lorsque Jean de l'Hôpital, médecin de la duchesse d'Auvergne et père du chancelier, devint, par sa générosité, seigneur de Laroche, près d'Aigueperse. Plusieurs membres de cette famille sont mentionnés dans le nécrologe du chapitre et autres actes.

L'origine de cette famille avant été écrite diversement, nous allons en quelques lignes exposer ce que nous pensons être la vérité.

On trouve dans l’Histoire manuscrite des grands hommes d'Auvergne , par M. l'abbé Micolou (de Guerines), vicaire général de Massillon et secrétaire perpétuel de l'académie de Clermont, que la famille du chancelier de l'Hôpital était originairement sortie du lieu appelé l'Hospitalet, près d'Allanche. Son père, Jean de l'Hôpital, fut, comme nous l'avons dit, attiré à Aigueperse par le connétable de Bourbon, et son fiis naquit en cette ville en 1503. M. Micolou dit que l'on pensait que cette famille avait pris son nom de celui de l'Hospitalet, mais que son véritable nom était celui de Puvergne. Nous avons parlé d'une sœur de Jean, mariée à St-Flour avec N. Coutel de Courtilles. Victor Teillard, substitut à Murat.

Audigier vient à l'appui de cette version; il dit dans son article sur l'origine de cette famille : « Quelques uns ont voulu croire que le père du chancelier de l'Hôpital appartenait à la famille d'Allanche. Ce qui est de sûr, c'est qu'il était originaire d'un petit village qui joint presque la ville d'Allanche, que l'on nomme l'Hôpital, dont peut-dire la famille du chancelier prit le nom. C'est la tradition de tout le pays. Les personnes d'un dge avancé en parlent comme d'une chose que l'on ne doit point révoquer en doute. La mémoire de ses ancêtres est encore toute récente à Allanche, à l'Hôpital et à St-Flour, où l'on trouve de ses parents. Un vieillard qui est encore vivant, qui est du petit lieu de l'Hôpital, montre encore l'endroit où était la maison qu'habitait la famille de l'Hôpital. C'est donc véritablement ce lieu qui a produit ce grand homme. »

Nous ajouterons que les parents du chancelier habitèrent encore Murat pendant près de deux siècles après lui, et qu'au village de l'Hospitalet s'est conservée la même tradition qu'au temps d'Audigier, et qu'ils indiquent aux étrangers la maison de leur domicile.

L'histoire du chancelier est trop connue pour nous en occuper ici.

Guillaume Martin, aumônier du roi en 1472, fit don au chapitre d'un beau missel, avec peintures et lettres dorées. Il avait coûté 50 pièces d'or.

La famille de Traverse remonte à l'an 1205.

Guillaume de Traverse était, en 1473, médecin de Louis XL II fut seigneur de Bressange et garde du sceau de la vicomté de Murat. Guillaume fut exempté du ban et de l'arrière-ban, à la sollicitation de Jacques d'Armagnac, pendant l'année 1475, par lettre adressée par Louis XI au bailli des montagnes. Il devint la souche de la maison d’Anteroche, son fils ayant acquis, en 1478, ce château.

La famille Teillard est l'une des plus anciennes, des plus marquantes de Murat, et a rempli à diverses époques des fonctions civiles, judiciaires et militaires importantes. Le plus anciennement connu est Pierre Teillard, qui fut choisi pour arbitre, en 1339, par François de Dienne.

Toutes les branches de cette famille descendaient de Pierre Teillard, 6° du nom, décédé en 1501, qui laissa deux fils, Astorg et Jean, de Jeanne Faucher, son épouse- Leurs descendants formèrent quatre branches : celle de Teillard d'Auzelle, conseiller a la cour des aides de Clermont. Il n'existe plus qu'une branche de cette famille, celle de Latérisse, dont le représentant était député il y a peu d'années. Ses autres rameaux se sont éteints dans la maison de Teillard de Beauveseix, et de là dans celle de Châteauneuf de la Batisse ; elle était anoblie; et dans la famille Daniel d'Allanche.

Les Teillard do Saunat descendaient de René Teillard, et par conséquent de la branche cadette. Ils ont fini dans les maisons Désaulnat, du Charobon et Soblon-Ducorail, à Riom.

La branche cadette, qui descendait de Jean, puîné de Pierre, souche commune, se divisa.

1° Dans la branche Teillard de Tissonnière, anoblie pour services militaires. Elle est représentée aujourd'hui par Mme la comtesse de la Beaume du Pluvinet, qui n'a pas eu de frères;

2° La branche Teillard de Chabriers, dont les descendants, par primo-géniture, sont fixés à Ery, en Limagne ; elle a été anoblie. Plusieurs antres branches de cette tige existent aussi à Murat;

3° La branche Teillard-Nozerolle existant encore;

4° La branche de Teillard de Bèinac, qui subsiste aussi.

Cette famille a fourni, en ecclésiastiques:

Jean, abbé de St-Ambroise en 1436; Jean, prêtre chorier, chanoine du chapitre de Murat en 1518; quoique nommé par l'évêque, il ne put prendre possession de son canonicat, parce qu'il était né a Dienne.

Autre Jean, chanoine chorier du chapitre de Murat en 1429.

Guillaume, prieur de Mons, théologal en 16....; Guillaume Recollet, en 1752; Germain, curé de St-Barthélemy, curé ensuite de Sr-Jean-deux-Jumeaux, et doyen de la Ferté-sous-Jouare.

Jacques, curé de Virargues, son frère, auteur des manuscrits sur l'Auvergne; il fut prieur de la chapelle d'Andelat, près Gannat.

Jean, chanoine de la cathédrale de St-Flour, vicaire général du diocèse.

Plus un nombre assez considérable de chanoines de Murat, et autres prêtres.

Dans la Magistrature et les Finances.

Nicolas Teillard, receveur général des finances en Auvergne, sons Louis XI.

Noble Antoine Teillard, seigneur du Cherceau, qui maria son fils, seigneur d'Auzelles, avec Eléonore du Buisson, fille de l'un des capitaines du château de Murat, père de Jean, conseiller du roi, trésorier général des finances, en 1641.

René Teillard, conseiller du roi et son procureur, en 1701.

Louis, consul de Murat, en 1570.

Guillaume, juge d'appeaux à Vie, en 1640.

Jean, procureur du roi à Vie vers la même époque.

Guillaume, deuxième du nom, lieutenant criminel, en 1641.

Jean, seigneur d'Auzelle, trésorier de France, en 1620.

Jean, Seigneur d'Auzelle et de Beauveseix, conseiller à la cour des aides de Clermont.

François, lieutenant général criminel à St-Flour, en 1680.

Guillaume, lieutenant général criminel au bailliage d'Andelat, en 1670.

René, procureur du roi aux gabelles de Languedoc, en 1661.

Antoine, seigneur de Tissonnière, lieutenant général au bailliage d'Andelat, assesseur.

Hugues, seigneur de Nozerolle, receveur alternatif du prêt annuel, contrôleur
des rentes de l'hôtel de ville de Paris.
Pierre Teillard de Chabriez, procureur du roi aux Gabelles, en 1696.
Hugues Philippe, conseiller du roi au présidial de Riom.
Ciryce Teillard de Chabriez, conseiller du roi, assesseur civil et criminel.
Pierre Teillard de Chabriez, secrétaire du roi du grand collége.
François-Bonaventure Teillard, prévôt de Murat et d'Andelat.

Officiers et Chevaliers de Saint-Louis.

Ils sont tous de la branche de Jean, par conséquent de la branche cadette.
Jean, seigneur de Tissonnière, officier général, chevalier de St-Louis.
René, 1" du nom, lieutenant d infanterie, en 16g3.
Charles, mort de ses blessures à Philisbourg, en 1689..
Germain, mort au service.
René, 2° du nom, brigadier des gens d'armes du roi, écuyer, chevalier de
St-Louis.
Jacques Teillard, lieutenant au régiment des cuirassiers du roi, chevalier de St-Louis.

Antoine Teillard , capitaine au régiment de colonel-général-infanterie, chevalier de St-Louis.

Autre Jacques, mort au service, en 1733, dans le régiment de Lévy-cavalerie.
René, 3' du nom, capitaine dans un régiment de cavalerie, chevalier de St-Louis.

Dans les Temps modernes.,

Ciryce Teillard, commissaire ordonnateur, chevalier de la Légion-d'Honneur, mort à Paris dans l'exercice de ses fonctions, au moment de l'occupation de la capitale par les alliés.

Victor Teillard d'Ery, capitaine au 5° régiment d'infanterie de la garde royale, chevalier de St-Ferdinand d'Espagne.

Etienne Teillard, son frère, lieutenant de chasseurs à cheval de Vaucluse.

Hippolyte Teillard de Beinac, capitaine instructeur de cuirassiers, chevalier de la Légion-d'Honneur.

N. Teillard, procureur impérial criminel à St-Flour, chevalier de la Légion-d'Honneur.

M. Félix Teillard de Nozerolle, député, chevalier de la Légion-d'Honneur, président du tribunal de Murat.

Teillard du Chambon, père et fils, successivement juges au tribunal de Murat.

Nous aurions encore bien d'autres membres de cette famille à citer, et principalement dans le nombre des consuls. Ils ont figuré dans cette notice

La famille de Sistrières appartenait aux plus anciennes de Murat- On la trouve, pendant plusieurs siècles, exerçant dans cette ville les diverses charges de magistrature. Barthélémy do Sistrières était garde du sceau de la vicomte en 1490. Jacques exerça la même charge en 1515. Plusieurs autres furent baillis d'Andelat et juges de la cour supérieure d'appeaux au siége de Vie. M. le comte de Sistrières, mort il y a peu d'années, était devenu, après de longs et brillants services, lieutenant général de cavalerie. Son fils, capitaine d'artillerie el ancien député, est fixé à Vie.

La famille de Béral, aujourd'hui celle de Sédaiges, a figuré souvent dans cette notice, et toujours l'une des plus considérées de Murat. Elle a été propriétaire du château de Massebeau. L'acquisition en fut faite par Jean Béral, chanoine de Murat, et ensuite de la cathédrale de St-Flour, mort en février 1669. Son père, habile chirurgien de son temps, avait guéri Henri IV d'une infirmité, et le roi Louis XIII l'anoblit en 1625. (Voir sur cette famille le Nobiliaire d'Auvergne.)

Don Jean de Boyer, visiteur général des chartreux, était né à Murat.

La famille d'Anteroche était fort ancienne. Elle portait aussi anciennement le nom de Chambon. Bertrand fit hommage à l'évêque de Clermont, en 1524, pour le Chambon, Jarry, et autres fiefs qu'il possédait dans la paroisse de Paulhac. Julianne de Chambon , sa fille unique, vendit Anteroche à Jean de Traverse, seigneur de Bressange et de Farges, fils du médecin de Louis XI.

Alexandre d’Anteroche, lieutenant général, se distingua à la bataille de Fontenoy. Il commandait la première ligne de l'infanterie française, et ce fut lui qui, en levant son chapeau en l'air, dit aux ennemis: « A vous, Messieurs, de tirer les premiers. » ce qui lui valut plusieurs blessures. On lui attribue aussi cette réponse à un officier qui qualifiait d'imprenables les fortifications de Maestricht: «  Monsieur, ce mot n'est pas français! » La branche aînée de cette famille s'est fondue dans celle de Larochclambert. La branche cadette existe encore à Allanche, et l'un de ses représentants est officier supérieur. (Voirie Nobiliaire d'Auvergne pour plus de détails. )

La famille de Massebeau occupait un rang important dsns le pays. Guyon Chaumeil, l'un des cent gentilshommes de la chambre du roi, en 1503, était seigneur de Massebeau. Tristan épousa, en 1528, Louise d'Espinchal. François fut tué au service du roi, en 1564. Sa fille unique porta cette propriété dans la maison de Brezons. De là elle vint à celle de Laroque, puis à celle de Sedaiges, et enfin, vers 1768, dans la famille de Teillard-Nozerolle, qui la possède actuellement.

Nous avons déjà mentionné la famille de Rancilhac, branche cadette de celle de Sévérac, à l'article Chalinargues. Nous avons dit qu'un de ses membre, qui était venu se fixer à Murat en se mariant avec une demoiselle Danty, avait acheté, en 1615, de Jacques de Brezons, son domaine de Chazelles franc et noble, dont il prit le nom. Nous avons eu plusieurs fois à citer cette famille dans cette notice. M. de Sistrières, en parlant d'elle dans son manuscrit, la cite au nombre des bienfaitrices de l'Hôtel-Dieu de Murat Pierre et Jean-Louis de Chazelles, son fils, furent successivement trésoriers de France à Riom, et cette charge fui éteinte en lui. Trois de ses fils émigrèrent. Jean Raymond, chevalier de St-Louis, fut maire de Murat en 1816, et membre du conseil général du Cantal de 1815 à 1830 La ville de Murat dut à son intervention et à sa persistance l'ouverture de la route de l'Allagnon, si importante pour le pays. François, son frère, aussi chevalier de St-Louis, fut maire de la ville de Sauxillanges, en Limagne, pendant tonte la restauration. La famille de Rancilhac de Chazelles s'éteint dans l'auteur de cette notice.

La famille Dubois, que nous retrouverons à Jarry, paroisse de Paulhac, occupe aussi à Murat un rang distingué. Elle tenait plusieurs fiefs de la vicomte de Murat dans les paroisses de St-Maurice, la Veyssenet, Bredon et Chastel.

Jean Dubois, écuyer, ainsi qualifié dans son acte de foi et hommagf au baron de Pierrefort pour la seigneurie de Jarry, servait en 1620 dans la compagnie des chevau-légers de la garde de Gaston, duc d'Orléans, frère unique du roi Louis XIII. Le duc de Lorraine, le 15 mai 1632, départit Dubois, commissaire ordinaire des guerres, pour faire la montre des chevau-légers.

Jean Dubois suivit naturellement le parti de Gaston. Nous avons déjà mentionné à l'article de St-Flour, xive livraison, page 356, ses démarches auprès des habitants de cette ville pour qu'ils se soumissent à ce prince révolté.

Après la bataille de Castelnaudary, Dubois fut l'objet de poursuites comme tous ceux qui avaient été dans cette prise d'armes. Sur plusieurs recommandations, et surtout celle de M. Delbeune, son capitaine, il fut admis, en décembre 1635, a rentrer en grâce. M. Delbeune lui donna l'ordre de rejoindre sa compagnie a l'armée de Bourgogne, commandée parle duc d'Orléans, le 24 mai 1636. Les chevaux, à ce qu'il parait, étaient alors rares et chers, car il est dit dans cette lettre : « Si, dans la traversée, vous rencontriez par hasard un cheval qui allât bien le pas, un peu fort et hardi, qui ne fût pas inquiet, veuillez me l'amener, car je n'en ai pas. Je ne le veux pas trop cher; mais jusqu'à 200 écus, et cent  pistoles, s'il était fin. »

Jean Dubois, quoique servant toujours dans les chevau-légers, était devenu gentilhomme ordinaire de la chambre de Monsieur. Antoine, son fils aîné, embrassa aussi la carrière militaire. Il était gendarme de Monsieur, frère du roi Louis XIV. Il servit avec distinction sous les maréchaux d'Humière, de Turenne et de Chumberg. Sa famille a conservé les honorables attestations qui lui furent données par ces généraux

Pierre Dubois, second fils de Jean, épousa N. Pichot de Murat, dont la mère, N. de Royer, était de famille noble. Il devint la souche de la branche actuellement existant à Murat; son représentant est président du tribunal de cette ville, et son fils aîné a été préfet de la Haute-Loire, et un autre de ses fils est actuellement procureur impérial à Cusset.

L'état indicatif des consuls de Murat et le nécrologe du chapitre feront connaître les noms des anciennes familles qui subsistent encore. Toutefois, pour terminer, nous devons faire mention des familles Traverse et Deslandys, comme étant encore de ce nombre. Nous trouverons la famille de Brives à Peyrussc.

La famille Tallandier-Lespinasse a fourni plusieurs maires à la ville. Nous citerons encore les familles Teissèdre, Tallandier, Duclaux et Marcombe.

A l'époque de nos saturnales républicaines, les habitants de Murat suivirent avec modération l'impulsion dévastatrice imprimée alors à toute la France. Aucun homme né dans son enceinte ne souilla son histoire d'une tache de sang. Il y eut bien, comme ailleurs, des ventes de biens nationaux, mais en petit nombre; les terres de la vicomté, du prieuré de Bredon et du couvent des religieuses en firent les frais en majeure partie. Il y eut aussi des suspects, une maison de réclusion, mais sans vexations particulières ; les églises furent fermées comme partout et les prêtres obligés de se cacher; mais en ne fit aucune recherche active pour les trouver. Enfin, dans ce temps où tant de personnes innocentes payèrent de leur tête leurs opinions, leur fidélité à leur religion et leur fortune, aucune victime n'eut lieu à Murat.

Murat fait un commerce d'entrepôt assez considérable. Jadis les difficultés des communications le rendait assez insignifiant. Tout était transporté à dos de mulets, grains, sel, Tins, étoffes. L'ouverture des routes impériale et départementale de l'Allagnon ont amélioré toutes ses industries.

Le commerce des bestiaux a toujours été l'une de ses principales ressources, et la vente des fromages le plus important revenu du pays. Toutes les autres branches d'importations ou d'exportations sont plus ou moins subordonnées à cette vente.

Il s'y fait aussi des ventes de mules. Indépendamment de celles qui sont nées dans le pays, l'on va en chercher dans le Poitou et elles sont dirigées sur le Midi.

L'établissement des foires et marchés à Murat remonte à une haute antiquité; ils existaient antérieurement au vicomte Guillaume, qui donna aux habitants, en 1583, les deniers d'octroi, qui étaient assignés sur les poids de la ville; il y avait déjà trois foires à cette époque. Elles ont été aujourd'hui portées à neuf, savoir : le 9 janvier, le 1° février, le 20 mars, le 10 avril, le 10 mai, le 4 juillet, le 18 octobre, le 12 novembre et le 21 décembre.

Les marchés ont lieu tous les vendredis; de la St-Martin à Pâques ils sont surtout fréquentés et sont de véritables foires.

Dans les XVII° et XVIII° siècles les femmes y fabriquaient des dentelles assez fines, en imitation de celles d'Angleterre; elles étaient une industrie utile dans le pays. Maintenant leur fabrication est presque nulle. Ce commerce a contribué puissamment à la destruction des archives de la ville, par la facilité que les femmes ont eue d'obtenir les parchemins entassés par la révolution dans une des salles de l'hôtel de ville, et sur lesquels les dessins des dentelles étaient piques.

Murat a vu plusieurs tanneries. Elles ont cessé insensiblement. Il ne reste plus aujourd'hui que deux maisons livrées à cette industrie.

Placée au centre de la France, munie par la nature de remparts inaccessibles.

Murat, jadis la cité guerrière, est restée pacifique au milieu des collisions qui, pendant vingt-cinq ans, ont ensanglanté notre patrie et l'Europe. Les échos de ses rochers ont oublié le son de la trompette et du clairon ; en perdant son donjon, elle a vu s'éteindre son ardeur martiale.

Ses habitants sont uniquement occupés de la surveillance de leurs propriétés, de la vente do leurs denrées, de leur commerce et de leur tribunal.

Ses enfants craignent de s'expatrier. Leur éducation terminée, c'est avec empressement qu'ils regagnent le toit paternel. Toute carrière qui ferait perdre de vue leur clocher n'excite point leur ambition; aussi, depuis un temps immémorial, malgré les bouleversements du dernier siècle, Murat n'a donné le jour à aucun homme connu dans les lettres, l'industrie, les sciences, la jurisprudence ou les armes. Ses citoyens vivent en eux ou pour eux; leurs pères en ont fait autant : en ont-ils été plus malheureux!

Murat était du droit écrit, excepté quant aux actes judiciaires.

DÉPENDANCES.

 

Les villages et hameaux qui font partie de la commune de Murat sont:

Anteroche, qui a donné son nom à l'une des familles les plus puissante de ces contrées, dont une branche cadette existe encore, mais dont la branche aînée s'est fondue, à la fin du siècle dernier, dans la famille de Larochelambert. Sa plus ancienne propriétaire était la maison du Chambon. Juliane du Chambon, comme il a été dit, porta ce château en mariage, en 1478, à Jean de Laire, dit de Sallazar, lequel vendit Anteroche à Jean de Traverse, qui en prit le nom. Enfin, M. le comte Auguste de Larochelambert le vendit, au commencement de ce siècle, à M. de Drives, receveur des finances à Murat, qui en est le possesseur actuel.

Ce château est dans une charmante position; entouré de rochers en hémicycles et de bois qui embellissaient sa résidence, beaucoup de travaux d'art et de plantations le rendaient un séjour très-agréable. Ses tourelles et son corps de logis crénelé, dominant la route impériale, attirent l'attention des voyageurs et sont d'un effet très-pittoresque.

Chazelles, jadis petit village, qui de la maison de Brezons est passé, en 1618, dans celle de Rancilhac, qui en a pris le nom et le possède encore. Cette dernière famille a acheté, un à un, tous les bâtiments qui s'y trouvaient; le village a disparu depuis longtemps; il n'y reste plus aujourd'hui d'autres constructions que celles nécessaires à l'exploitation de cette ferme.

Crespounet, aussi village anciennement, et détruit successivement comme le précédent. Il a appartenu à la famille Teillard, dont une branche en avait pris le nom. Il appartient aujourd'hui à la maison Teissèdre.

Giou, ferme.

Grange-Tuilée, hameau.

Grange (la), ferme sur le bord du béai du moulin jadis viscomtal. Il appartient à M. Teissèdre.

7" Héritier (l'), joli village entouré d'arbres, sur la route de Murat à Dienne. Il faisait partie anciennement, ainsi que Chazelles et Massebeau, de la paroisse de St-Etienne du château de Murat.

Massebeau, château dans la vallée de Bournantel. Il appartenait, en 1649, à Jacques de Brezons, d'où il arriva, par vente, à la maison de La Roque-Massebeau. Il passa ensuite dans la famille Béral de Sédaiges, qui le revendit, vers 1787, à N. Chastang. Sa fille unique le porta en mariage à M. Teillard-Nozerolle, dont les enfants le possèdent.

Olt-de-Beaux (les), hameau. La maison Tallandier y possède un beau domaine.

10° St-Gal, maintenant détruit par un incendie. Il en a été parlé.

L'ouverture de la route de Murat à Massiac, en suivant le cours de l'Allagnon, et de celle de Murat à Bort, ont rendu cette ville encore plus commerçante. Le chemin de fer dit le Grand-Central, qui doity passer, accroîtra encore sa prospérité.

Cette notice, fruit de longues recherches de ma part, est extraite surtout, 1° du manuscrit de l'abbé Teillard, sur Murat; 2° du manuscrit sur l'histoire d'Auvergne, par le même; 5° du manuscrit de M. de Sistrières; 4° manuscrit d'un autre Sis trières sur les vicomtés de Carlat et Murat; 5° manuscrit de M. Déribier; 6° archives de Parentignat; 7° archives d'Ery; 8° pièces authentiques existant à Murat ; 9° archives de M. Dubois; 10° souvenirs et traditions du pays.

P. DE CHAZELLES.

 

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