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Molompise. — Cette commune dépend du canton de Massiac et de l'arrondissement de St-Flour. Elle est bornée au nord par celle d'Auriac; au sud, par St-Mary-le-Cros; à l'est, par celle de Bonnac, et à l'ouest, par Charmensac.

Sa superficie est de 1,651 hectares, dont 656 h. en terres labourées; 445 h. en prairies et pacages ; 399 h. en bois, et 151 h. en terres vaines et bruyères.

Elle est arrosée par la rivière d'Allagnon, les ruisseaux de Condat, de Puy-Maigre, de Mazelière, de Bégoule ou de Coussergues, d'Aurouze, etc., qui vont tous verser leurs eaux dans l'Allagnon.

Sa population est de 1,075 habitants, dans 11 villages, 3 hameaux, et 255 maisons.

Molompise, le chef-lieu, à 4 kil. de Massiac et à 2 myr. 8 kil. de St-Flour, est un gros bourg d'une centaine de maisons, situé dans la vallée de l'Allagnon, très-resserrée en cet endroit. La route départementale de Murat à Massiac le traverse par le milieu, et elle est souvent très-étroite dans ce parcours. De là à Massiac elle a été tracée avec beaucoup d'art et de hardiesse dans des rochers à pic qui paraissaient inattaquables. La nature de ces rochers est basaltique. Dans leurs fissures croissent quelques ceps de vigne et des arbres fruitiers très productifs. La côte opposée de la vallée est couverte de bois. On voit dans le bourg quelques jolies maisons, et un moulin à sa sortie vers Murat.

L'église est de deux dates différentes. Le chevet est de style roman. Le reste de l'église parait appartenir au XVI° siècle. Elle a été restaurée extérieurement depuis peu d'années. Sainte Foye est sa patronne ; on y voit un beau bénitier.

On lit dans Audigier, que le lieu de Molompise [locus Molini pisimi) était déjà connu au commencement du IX° siècle. L'empereur Louis-le-Débonnaire ayant permis à l'église de Ste-Marie-de-Laon et $ l'abbaye de Conques, en Rouergues d'échanger diverses possessions, nomma Stabilis, évêque de Clermont, pour présider à cet échange, qui eut lieu en septembre 823. Bertrand, vassal du roi, fondé de pouvoirs de l'église de Laon, fit, en conséquence, à Anastase, abbé de Conques, cession de plusieurs mas ou villages situés à Molompise, et celui-ci, en retour, céda à l'église de Laon des vignes et quelques terres situées en Auvergne et dans le Lembron.

Molompise était un prieuré compris dans l'archiprêtré de Blesle; il dépendait de l'abbaye de Conche ; mais il était à la préseniation de l'abbesse de Blesle; le prieuré d'Ussely, qui lui avait été réuni, était à la nomination de l'abbé de Conche. Le prieur était décimateur du lieu et avait sous sa dépendance plusieurs cures à la portion congrue. La tradition fondée, dit-on, sur des titres de 1008, rapporte que sainte Foye, traversant l'Auvergne, fit plusieurs miracles à Molompise et au château d'Aurouze.

En sortant de Molompise, dans la direction de Massiac, on trouve une petite chapelle, restaurée à neuf, dédiée à Notre-Dame-de-Bon-Secours.

Jean de Latour, 1’abbé connu de Feniers, fut prieur de Molompise en 1190; autre Jean de Latour, en 1369; Guillaume de la Volpilière, en 1516; il passa ensuite abbé de St-André, de Clermont. En 1559, le doyen de l'abbaye de Conques fut prieur de Molompise; les évêques de St-Flour jouissaient de ce prieuré et en percevaient les revenus en 1665 ; Jean Truche en était alors curé, et il fonda, en 1696, la congrégation des Filles de la Croix, à laquelle il assigna des revenus. Joseph de Very, prélat romain, auditeur de rote, fut prieur de Ste-Foye en 1778; ce bénéfice rapportait alors 4,000 livres.

Les travaux exécutés pour l'ouverture de la route dans les environs de Molompise, dit M. Bouillet, sont une bonne fortune pour le minéralogiste, dont ils facilitent les recherches. La roche principale est un gneiss gris-foncé, traversé de fiions et d'amas de quartz souvent mêlé de mica noir à larges lames, et de quelques filons de granité à grains fins. Au printemps, ces roches sont couvertes de plantes fleuries.

Nous avons fait connaissance avec le trop célèbre Gaspard d'Espinchal, cet homme aussi intrépide dans les combats que dangereux pour les belles. En 1650, ayant assemblé sa compagnie pour aller servir en Guienne, il lui donna rendez-vous à St-Flour. La route ne suivait pas alors la même voie que celle d'aujourd'hui, qui n'existait pas encore, et l'on devait aller prendre plus haut, dans le vallon, celle qui aboutissait à cette ville. M. d'Espinchal fit partir de Massiac son cornette avec vingt maîtres pour aller loger a Molompise, qui relevait de sa seigneurie. Les habitants, voulant s'affranchir de ce logement, s'assemblèrent au nombre de 200 et se postèrent en embuscade dans un bois. Lorsque le cornette, sans défiance, se trouva à portée, il fut fait sur sa troupe une décharge d'une cinquantaine de coups de fusil qui blessèrent quelques cavaliers et quelques chevaux, ce qui fit qu'ils n'osèrent point passer outre. On en prévint M. d'Espinchal; avec les quatre maîtres qui étaient restés près de lui, il rejoignit ses soldats, chargea vivement ce rassemblement, le mit en fuite, le fit poursuivre le pistolet au poing, afin de faire quelques prisonniers et les remettre aux mains de la justice. Comme il aperçut un soldat qui commandait une dizaine de cavaliers, il les chargea avec ses quatre maîtres ; il lui fut tiré quelques coups de mousqueton; son cheval fut blessé et l'un de ses cavaliers tué. Il pénétra ensuite à main armée dans Molompise, qui paya chèrement cette agression déloyale envers son suzerain.

On distingue encore les ruines du château de Molompise; elles sont attenantes à l'église. On a depuis peu construit un presbytère et une école.

Molompise était habité, vers 1380, par la famille de Brandon. Gilbert de Fressineau y résidait en 1450; Antoine de La Geneste, en 1610; Claude La Vernède, seigneur de Mouret, seigneur en partie de Molompise, y demeurait en 1689.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Aurouze, gros village dans la vallée de l'Allagnon et traversé par la route départementale ; il est dominé par les ruines d'un château à mi-coteau, qui sont assez conservées pour que l'on distingue encore son enceinte. C'était le chef-lieu d'une terre très-considérable et qu'il ne faut pas confondre avec un autre Aurouze près de Paulhaguet, qui appartenait à la maison de Langeac.

Le premier château bâti à Aurouze aurait eu une vénérable antiquité si la légende qui veut que sainte Foye, qui fut martyrisée à Rome sous Dioclétien, y ait opéré des miracles. Passons à ce qui est certain. La famille de Rochefort a possédé cette seigneurie très-anciennement, Léon de Rochefort se croisa en 1181; Bertrand de Rochefort fut convaincu, en 1307, de forfaiture, de guerre civile, de pillage, condamné par le roi à 1,000 liv. d'amende et son château à être rasé; ce qui fut exécuté. Mais le château fut reconstruit peu de temps après, ce qui nous donne la date de celui dont nous voyons les ruines. Pons d'Aurouze, savant distingué de son siècle, fut, en 1373, abbé d'Aurillac, puis évêque de St-Flour. La famille de Rochefort d'Aurouze s'éteignit en 1380.

Jean de Courcelles, seigneur du Breuil, devint seigneur d'Aurouze et en rendit hommage à la duchesse de Berry .en 1405. Il fut père d’Amaury, connétable d'Auvergne. Louis d'Aurouze n'ayant pas eu d'enfants, donna cette seigneurie, par testament, & Isabeau de Langeac, sa femme, qui, par un second mariage, la porta à Jean Durfé, en 1501. Jean de Bouillier de Chariol devint seigneur d'Aurouze en 1528, par son mariage avec Anne Durfé. Lucrèce de Bouiller étant devenue héritière de sa branche, porta Aurouze, en 1623, à Joseph de La Vernède. Après 1689, Aurouze entra dans la famille de Sévérac, par mariage, et postérieurement, par la même raison, dans celle de Simiane. Enfin, elle fut vendue au seigneur de Montagnanet, de St-Flour.

Auzalaret, village.

Barraque (la), hameau.

4°Bastide (la), village.

Bégoule, village avec un ancien château qui avait donné son nom à une famille éteinte depuis longtemps. Jean de Bégoule vivait en 1364. Anne de Chambaud, dame de Bégoule, épousa Philippe de la Vernède. Marie de la Vernède, héritière de Bégoule, le porta, en 1680, à Gabriel de Lautoing de Charmensat. La famille Molen de la Vernède habitait Bégoule en 1717.

Fromental, hameau.

Grèze, hameau.

Mazelaire. village.

Ouze, hameau.

10° Peyroneyre, village.

11° Roclie-Gros (la), village.

12° Solignac, village.

13° Trémoulet, village..

14° Veauclair, village et moulin avec une chapelle restaurée récemment. On voit au-dessus les vestiges d'un vieux château. C'était anciennement un riche prieuré à la collation du chapitre cathédral de St-Flour, dont les dépendances confinaient, en 1397, avec celles du mandement de Coussergues et la terre d'Aurouze. Cette dévotion à la Reine des cieux est très-ancienne, et cette chapelle était une des principales dédiées à Marie, dans la Haute-Auvergne.

Cette chapelle est bâtie sur le bord de la rivière d'Allagnon. Son orientation est du levant à l'ouest, et son pignon occidental faisant face à la route, se distingue par une porte à boudins multiples, surmontée d'une rosace dont les ornements indiqueraient le xvi* siècle. L'image de la sainte Vierge est noire comme celles de Murat et de Bredon, et annoncerait une même origine. Elle aurait donc probablement été portée de la Palestine dans ces lieux. La statue représente la mère de Dieu assise sur une chaise, tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux. Son autel, en 1646, avait de l'élégance. Elle était visitée par une grande affluence de fidèles, soit en particulier, soit en procession, surtout le jour de Notre-Dame-de Septembre, jour de sa fête. Le père Jacques Branche, dans son histoire des saints d'Auvergne, relate quelques-uns de ses miracles.

Cette dévotion avait subi la pression de l'époque révolutionnaire. Grâce à la sollicitude de M. Vergue, curé de Molompise, la chapelle de N.-D.-de-Veauclair a été rendue à sa première destination. En 1838, les habitants de cette paroisse et ceux des communes voisines ont vu cette église rouverte au culte avec une vive satisfaction, et la fête de la Nativité de Marie est célébrée, comme par le passé, avec une grande solennité.

Le presbytère et la maison d'école de Molompise, construits récemment, occupent l'emplacement de l'ancien prieuré.

Molompise suivait la coutume de Massiac.

Les terres de cette commune sont peu productives et sujettes à être ravinées. La culture de la vigne ne va pas au-delà de son territoire.

P. DE C.

 

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