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Voir un document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5.

Marchastel.

— Cette commune dépend du canton de Marcenat et de l'arrondissement de Murat. Elle est en forme très-allongée du nord-ouest au sud est.

Elle est confinée au nord par la rivière de Graule et le ruisseau de Meneyrol, qui la séparent de St-Amandin ; au sud, par les communes de St-Hippolyte et de Cheylade; à l'est, par Lugarde, et à l'ouest, par la rivière de Rue, qui la limite avec les communes de Riom et d'Apchon. Son territoire occupe une surface de 2,300 hectares, dont 500 hect. en terres cultivées; 1,350 bect. en prairies et pacages, sans vacheries; 300 hect. en bois de futaie, essence de chêne et de hêtre, ou bois taillis, quelques rochers; il y a peu de fruits.

Elle est arrosée par les rivières de Rue et de Graule, les ruisseaux de Meneyrol, de Rouzière, etc.

La population est de 1,278 habitants, répartis dans 17 villages, 13 hameaux ct 229 maisons.

Le chef-lieu. Mai chaste], est à 1 myr. 1 kil. de Marcenat et à 2 myr. 8 kil. de Murat. C'est un petit bourg à l'exposition du nord, et adossé à une montagne boisée, sur la rivière de Graule, qui prend sa source dans la montagne de ce nom.

Suivant M. Déribier, Marchastel ( Marcastrum) tirerait son origine d'un château qui devait exister dans les temps reculés, quoique aucun titre n'en fasse mention. La famille de Peyre aurait possédé cette seigneurie dans une antiquité très-reculée, et comme le prénom de Marc était porté communément par ses membres, le nom de Marchastel (château de Marc) serait provenu de son fondateur. Toutefois, les souvenirs qui se rattachent à cette légende sont totalement effacés. Aldebert de Peyre, évêque de Mende en 1441, était seigneur de Marchastel. Antoine de Grolière, comte de Peyre, qui en était seigneur en 1565, était capitaine sous M. de Duras. A la tête des protestants, il fit la tentative de s'emparer d'Aurillac. Cette terre, en 1123, appartenait à Philippe d'Estaing, comte de Saillans, et en 1787, à Charles-Philibert de Lévi de Mirepoix, par suite de son mariage avec Marie de Montboissier, dame de Cheylade, à laquelle le fief appartenait.

Noble Antoine Pélissier, seigneur de Beaupré, trompette du roi, résidait à Marchastel en 1693.

L'église de Marchastel est placée sous l'invocation de saint Julien. Sa construction parait très-ancienne, mais n'offre aucun caractère distinctif d'architecture. Antoine Mathieu fut curé de Marchastel en 1661 ; Jacques de Douhet, en 1674; Guillaume de la Porte, en 1768.

Dans la déclaration faite en 1728 à M. l'intendant d'Auvergne, les revenus et charges de la cure de Marchastel étaient constitués ainsi qu'il suit;

Pierre Keynaud était titulaire; Messieurs du chapitre cathédral, Dominateurs.

Revenus Affermés. — Il n'y en a point.

Revenus non affermés.

Dîmes des grains, abonnement                                                                          180 liv.

Vingt chars de foin du pré de la cure, à 4 liv. 50 s. l'un                                      90

Fondations                                                                                                               45

Casuel                                                                                                                      50

Total des revenus.. .                                                                                              345

CHARGES

 

Frais de levée du foin                                                                                              20 liv.

Entretien de la sacristie, du presbytère                                                                 30

Reste net                                                                                                                 295 liv.

 

On trouve dans les archives de l'évêché de Clermont, qu'en 1536 Bertrand de Croux rendit hommage à l'évêque pour sa terre de Marchastel. Nous n'avons rien trouvé de plus sur cette famille qui ne figure point au nobiliaire.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

 

Auliac, village sur une élévation, au nord du bourg.

Bugitet, village sur le ruisseau de Ronzaire. Il s'y trouve un moulin. C'était un fief avec une tour seigneuriale bâtie sur un rocher; il appartenait, en 1411, à N. Robert de Chany, seigneur de Rosiers, qui habitait la ville de Mauriac. Michel-le-Grand, Sr de Chayrols, fut aussi seigneur de Bagilet; il vivait au commencement du XVI° siècle. Armand-le-Grand étant mort sans enfants, en 1586, Jacques, Sr de la Beylie, devint son héritier. Ses trois fils donnèrent 200 livres à l'église de Riom-ès-Montagnes.

Le fief de Bagilet appartenait, en 1744, a Hubert de Bosredon-Combrailles, comte de Chalus. François Boyer, notaire à Coudat, en devint seigneur en 1778.

Le Beyre, moulin.

Bresioles, village sur la montagne, Yers St-Saturnin. N. Chapel de La Salle fut seigneur do Bressoles. Denys de Vauchaussade était titulaire de ce fief en 1675. et Michel de Beaupré en 1751. Il y faisait sa résidence. Un rapporte que les Anglais, en 1387, s'emparèrent de Bressoles, des Hallots et de Soubrevèze, et y restèrent quelque temps.

Le Cros, village entouré de bois de haute futaie.

Valgère, gros village au nord du bourg.

La Fayde , hameau habité, en 1758, par Antoine de Fontalard.

 8° Fouilheroux, hameau.

La Garde, village près du bois de la Rodde.

10° Gazonne, hameau.

11° Les Granges, hameau vers la montagne.

12° Les Hallots, village près de la Garde, vers Naîtrai.

13° Maison-Parra, hameau.

14° Le Mas, village près de ce dernier.

15° Maziniargues, village près du ruisseau de Marchastel. L'on y voit une jolie cascade.

16° La Molèdes. hameau. .

17° Moulin-de-Pouzols, hameau.

18° Moulin-de- la-Rodde, hameau avec un mauvais pont sur la rivière de Rue. Ce passage est très-fréquenté.

19° Moulin-de-Soubrevèze, hameau.

20° Nastral, village sur la plaine, avec un petit château. Ce fief fut érigé en comté en faveur de la famille de Rochemonteix. Il fut acquis, en 1773, par M. Jean Barbat du Closel, dont les descendants résident actuellement en Limagne.

21° Pouzols, village et ancienne baronnie avec un château, dont les ruines encore assez vastes sont distinctes dans le bois communal. Il avait été construit sur la saillie d'un rocher qui domine le vallon abrupte formé par le ruisseau de Pouzols lorsqu'il va se réunir à la Rue, vis-à-vis le village de la Rodde.

L'illustre famille de Guérin possédait Pouzols avant 1256. Guérin de Pouzols fut conseiller d'Etat en 1190, garde des sceaux et chancelier sous Philippe-Auguste et Louis VIII. Claude de Gime1 possédait en partie cette seigneurie en 1500. l.'ette baronnie passa peu après 1557 aux comtes d'Aubijoux. Louis d'Amboise en jouissait en 1561. Jean de Fontalard de la Bréqueuille habitait Pouzols en 1732. Audigier dit que « Pouzols a fourni les trompettes les plus célèbres du monde. Il en a donné à la maison royale et a nos généraux d'armée. Plusieurs se trouvant sur l'âge s'y sont retirés; ils ont bâti de petits pavillons qui rendent ce lieu très-agréable; ils y sont logés fort commodément. »

22° La Prune, village.

23° Puetch-Alfau ou Pechouzou, village sur la montagne.

21° La Quayrie, hameau sur la hauteur, près de Pouzols. On y remarque les ruines d'anciens bâtiments. La tradition rapporte que la Quayrie, qu'il ne faut pas confondre avec la Quayrie dépendant de la commune de St-Amandin, était jadis un village qui fut dépeuplé par la peste. On y fait encore une fête de dévotion en l'honneur de saint Roch.

25° Rajallet, hameau près du Caire. Il existait en 1352. La famille Commolet, qui avait succédé à celle de Guitard, y possède une jolie habitation. Jean Dufour de Pratd était seigneur de Rajallet en 1665.

26° Soubrevèze, village sur un monticule qui domine le ruisseau de Marchand, vers St-Saturnin. Il y existait un château qui fut pris par les Anglais et qu'ils conservèrent un certain temps pour leur servir de repaire. Giraud de la Roche, damoiseau, fut seigneur de Soubrevèze vers la fin du XIV° siècle; il avait épousé Catherine de Sartiges de Lavandez. N'ayant eu qu'une fille, Soubrevèze fut porté par mariage, en 1419, à N. Bidau ou Vidal de Rochedagoux. Jean, leur fils, rendit hommage, en 1474, pour cette seigneurie, au doyen de Mauriac. En 1508, Jean d'Anglards, seigneur de St-Victour, devint seigneur de Soubrevèze. N'ayant eu encore qu'une fille, elle fut mariée à Louis de la Volpilière , seigneur de la Batisse et de Chalusset, et il lui donna une chaîne d'or de 600 liv. en sus de sa dot. Jacques de Sennectaire, seigneur de Grolière, posséda ensuite Soubreyèz. Après lui, Gilbert do Boucherat, en 1585, en prit possession et habitait le château. Louis de la Borde était possesseur de cette seigneurie en 1592. Michel de Suint Julien, baron de Flapt. l'était en 1681. Hubert de Bosredon de Comhrailles, Sr de Bagilet. le devint en f749. Quelques années plus tard, cette terre fut vendue par cette famille aux sieurs Serre et Monteil de la Griffe.

27° Teyiav, village sur le ruisseau de Marchastel, où l'on voit un petit château avec une tour ronde; il tomba aussi au pouvoir des Anglais. Il a été longtemps habité par la famille Rodde, qui, de père en fils, a fourni des trompette» à la maison du roi. Un des beaux-frères, Gratian Clislavide, devint célèbre dans son temps. Voici comment Audigier rapporte ce qui le concerne. « Gratian-Clislavide. trompette du roi, fut envoyé à Bruxelles en 1635 par le roi Louis XIII, pour déclarer la guerre à la maison d'Autriche. Il avait avec lui Jean Gratioïe . autre Auvergnat, héraut d'armes, du titre d'Alençon. La cour de Ferdinand d'Autriche, infant d'Espagne et cardinal, était alors à Bruxelles. Le héraut était couvert d'une côte violette, ornée au devant et au derrière des armes de France et de Navarre, et semée d'un parterre de fleurs de lys d'or. Il avait en tête une toque de velours noir, et en main un bâton azur aussi semé de fleurs de lys d'or, surmonté à l'un des bouts par une couronne d'or fermée. Le trompette était recouvert de la casaque ordinaire des trompettes du roi. C'est dans ce costume qu'ils s'acquittèrent de leur mission. On ne doit pas passer sous silence l'illustration qu'avait acquise cet homme célèbre dans son art. » 

Gratian fll bâtir le château que l'on voit aujourd'hui; il n'eut pas de postérité. Pierre Redon, son neveu, lui succéda et habitait Teyrou. Il fut doyen des trompettes du roi; il mourut en 1646. Son héritière, Jeanne Rodde, épousa N. Fiisquet, aussi trompette du roi, qui obtint sa retraite en 1670 et fut habiter Champagnac. Jean Rodde, trompette du roi, jouissait du Teyrou en 1357. Cette propriété a passé par alliance à un nommé Vernegheol ; ses descendants en ont joui jusqu'à ce jour.

28° Va!, village au-dessus du bourg et sur la rivière. On trouve dans ses environs des ruines d'habitations appartenant, dit-on, à l'ancien Marchastel. Le château aurait pu, dans ce cas, exister sur le mamelon qui y touche.

29° Véjallet, hameau.

30° Vialle, hameau.

Le sol de cette commune, mi-partie granitique et basaltique, est sujet à être raviné; les prés et pacages sont de qualité médiocre. Le vallon de Teyrou est le seul qui donne quelques fruits.

Chabrol dit que Marchastel fait partie, non de la seigneurie de Cheylade comme le dit Prohet, mais de celles de Falsimagne, Nastrac, Pierce-Berse et autres.

Le bailliage d'Aurillac prétend le ressort sur deux village qu'il dit être de la justice d'Apchon; mais le procès-verbal Vony attribue à Riom l'intégrité de cette paroisse

Marchastel fut imposé à 1,700 livres dans la répartition de 1696.

P. C.

 

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