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Lorcières. — La- commune de Lorcières est comprise dans le canton de Ruines et dans l'arrondissement de St-Flour. Elle est bornée au nord par celle de Clavières; au sud, par le département de la Lozère (Chaulbac) ; â l'est, par le département de la Haute-Loire (Jaliauge), et à l'ouest, par la commune de Chaliers. Son étendue territoriale est de 2,200 hectares, dont 950 hect. en terres labourées; 550 hect. en prés et pacages; 250 hect. en bois de toute essence, et 500 hect. en bruyères et terres vaines.

Elle est arrosée par les ruisseaux de la Fage, de Challeilles, de Répontou, du Rieuvert, de Lorcières, de Balas, des Planchettes, etc.

Sa population est de 720 habitants, répartis dans 9 villages, 4 hameaux, 12 moulins sur ses nombreux cours d'eau, et 161 maisons.

Lorcières, le chef-lieu, est à 9 kil. de Ruines et à 2 myr. 5. kil de St-Flour. Il est situé dans un vallon, au confluent de deux ruisseaux. Il peut avoir une trentaine de maisons. L'église est sous l'invocation de saint Sébastien. Elle est très-ancienne, et il en est fait mention sous la date de 1315. L'abbé de Pébrac possédait ce prieuré et avait près de l'église une maison où il venait résider quelquefois. Mais elle était déjà détruite en 1540.

Lorcières était une prévôté ecclésiastique.

Sa seigneurie était comprise dans le duché de Mercœur. Bertrand de Ligonnès en était possesseur en 1530 pour une partie. Les seigneurs de Pompignac et Falcon de Longevialle le furent pour d'autres parties.

Bête féroce du Gévaudan.

 Cet animal vorace, qu'il ne faut pas confondre avec le lynx tué au Pont-des-Ternes, suivant le Grand d'Aussi, et que nous verrons en son lieu, avait répandu, il y a 80 ans environ, une terreur profonde et générale dans l'esprit des habitants des communes riveraines de la Truyère. Tantôt sur les appartenances du Gévaudan, son séjour habituel, tantôt sur les limites auvergnates, ses dévastations étaient incessantes, et malgré toutes les mesures prises par l'administration, elles durèrent près de deux ans. Pendant ce laps de temps, cette bête féroce dévora 66 personnes et en blessa 71. On comprend tous les récits émouvants qui trouvaient leur place dans les rares veillées; toutes les légendes mensongères ou exagérées répandues au loin et colportées par les voyageurs. Aussi, l'histoire sinistre de cette bête a souvent occupé les écrivains; sa légende a figuré sous les couleurs du roman, et fourni la matière de feuilleton dans plusieurs journaux.

La commune de Lorcières ayant été le théâtre principal de ses ravages dans l'arrondissement de St-Flour, nous allons rétablir ce qui la concerne dans sa vérité historique. Ce récit est pris dans les rapports officiels adressés alors à MM. les ministres et les intendants. Ils nous ont été communiqués par M. Cohendy, archiviste de la préfecture du Puy-de-Dôme, et les personnes qui voudraient entrer dans des détails plus circonstanciés, les trouveront déposés dans la partie comprenant les archives de l'ancienne intendance.

Description de l’animal

 Nous allons en donner les trois principales, les rapports envoyés de différents points aux autorités supérieures contenant chacun des détails particuliers.

Cette description était accompagnée d'un portrait au lavis.

Cet animal est de la taille d'un taureau d'un an. Il a les pattes aussi fortes que celles d'un ours, avec six griffes à chacune de la longueur d'un doigt. La gueule est extrêmement large; le poitrail aussi fort que celui d'un cheval ; le corps aussi long que celui d'un léopard; la queue grosse comme le bras et au moins de quatre pieds de long; le poil de la tête noirâtre; les yeux de la grosseur de ceux d'un veau et étincelants; les oreilles droites et courtes comme celles d'un loup ; le poil du ventre blanchâtre, celui du corps rouge avec une raie noire large de quatre doigts depuis le cou jusqu'à la naissance de la queue.

Deuxième description

 L'animal avait le corps allongé, deux fois plus long que celui d'un loup ordinaire et beaucoup plus haut; ses pattes étaient fortes, extrêmement larges et années de griffes fort redoutables; sa tête était très-grosse, le front large et allait en diminuant jusqu'au museau; la gueule énorme, toujours ouverte, armée de dents larges et tranchantes, coupant comme des rasoirs, aussi séparait-elle une tête humaine en un instant ; les oreilles étaient très-courtes et relevées; les yeux étincelants; le poitrail large comme celui d'un cheval; les jambes de derrière plus hautes que celles de devant, sans griffes; la couleur du poil du dos était brun-varié et noirâtre, les côtés du corps fort rougeâtres, le dessous du ventre blanc; la queue longue, fournie et retroussée; sa peau était dure.'

Le portrait qu'avait fait faire de cette bête M. d'Enoeval. et qui était très-ressemblant, fut envoyé à la Cour. Il en existe une copie à la préfecture de Clermont.

Troisième description donnée sur le rappart, par le Moniteur du 18 octobre 1854.

 L'animal fut tué le 10 septembre 1765. Mesuré après sa mort, on lui trouva 32 pouces de haut, 5 pieds 9 pouces 1/2 de long, 3 pieds de circonférence et 40 dents. Les loups ordinaires n'en ont que 25.- Sur l'ordre exprès de M. l'intendant, il fut embaumé et envoyé à Versailles.

Caractères et habitudes.

 Cette bête avait heureusement reçu de la nature une certaine lâcheté qui la portait à ne pas attaquer les hommes, et généralement toutes les personnes qu'elle supposait devoir lui opposer de la résistance. Elle se jetait donc par préférence sur les personnes du sexe, dont elle affectionnait les parties charnues , et sur les petites filles plutôt que sur les petits garçons.

Elle était fort rusée, d'une agilité surprenante et d'une extrême vitesse. Assise sur un point élevé, elle explorait la plaine, et quand elle avait choisi sa proie, elle s'en approchait le ventre à terre en rampant. Arrivée près d'elle sans avoir été aperçue ordinairement et sans bruit, elle se précipitait dessus en bondissant. Ordinairement elle coupait la tète de sa victime avec une grande dextérité et l'emportait au loin.

M. de St-Florentin était alors ministre-controleur général. Il donna l'ordre à M. de Ballainvilliers, intendant de la province d'Auvergne, de prescrire les mesures devant amener la destruction de la bête. En conséquence, M. l'intendant rendit un arrêté ordonnant des chasses, des battues. et de marcher sur la réquisition de MM. les subdélégués avec les armes que l'on pourrait avoir; de placer des hommes armés de fusil pour combattre la bête féroce, dans le cas où par suite de chasse elle viendrait se jeter sur leur village. Il prescrivait en outre de choisir un certain nombre de chasseurs bien armes pour battre la campagne et les bois. Enfin, M. l'intendant accordait, au nom du roi, une gratification de six mille livres à celui ou à ceux qui la détruiraient.

Ces mesures de précaution étaient la conséquence, nous dirons plus, nécessitées par les dégâts commis dès le commencement de 1764. En effet, à cette époque une fille de Labastide avait été dévorée le 15 janvier de cette année.

Ce fut le 22 janvier que l'animal carnassier fit son apparition dans la commune de Lorcières. II reparut encore le 2 février, mais sans commettre de meurtre, à cause de la quantité de neige qui couvrait le pays.

Passons au récit de ses attaques diverses et ravages pendant 1764.

Jeanne Delmas, Femme Barriol.

Le 15° jour de février, MM. Ollier, curé de Lorcières, quelques ecclésiastiques et plusieurs notables de la commune se transportèrent au lieu de Badavalle pour dresser un procès-verbal sur l'attaque subie par la nommée Jeanne Delmas. Elle déclara qu'étant allée sur les cinq heures du soir le long du béal de son moulin pour y diriger le ruisseau, elle fut attaquée par une bête féroce qui la mordit d'une manière cruelle ; elle se défendit énergiquement contre le monstre avec un fessou (pioche) qu'elle tenait à la main. Mais malgré sa résistance, cette bête la blessa dangereusement au bas de la joue droite et lui fit une plaie de trois doigts de longueur sur un de largeur, perçant d'outre en outre; elle avait encore été blessée et meurtrie à l'épine du dos, et son sein déchiré par les griffes. elle avait enfin tout autour du cou, à la jointure, un cordon rouge, comme si la bête avait voulu lui couper la tête, suivant son usage, quand elle attaquait une personne du sexe.

Marguerite Oustalier

Cette femme, âgée de 68 ans, fut attaquée par la bête au mois de juillet, près du bois de Broussoles, où elle gardait ses bestiaux. Elle fut saisie par derrière, jetée par terre et traînée, eut une joue déchirée et deux trous faits au cou près de la jugulaire. Mais au bruit des autres bergers, la bête se sauva. Les jours suivants elle reparut vers les villages de Chalelles, Pleaux, de Chabanolles, et enfin de la Fage.

 Marguerite Soulier.

Cette fille était âgée d'environ 27 ans. Ayant aperçu la bête de loin, elle fut au devant d'elle pour la mieux voir. Ayant été attaquée, elle fut secourue à temps par Etienne Migné qui fauchait près de là et qui mit l'animal en fuite avec sa faux.

Guillaume Lèbre, Etienne Crozatier.

Le premier était âgé de 18 ans, et l'autre de 16. Ils gardaient leurs bestiaux dans le communal de Marcillat et avaient chacun leur hallebarde, et l'un d'eux l'avait plantée en terre. Comme il faisait Irès-chaud, leurs habits avaient été quittés et déposés sur la hallebarde. L'animal féroce vint à eux par sauts et par bonds ; leurs bestiaux s'alarmèrent, se serrèrent autour d'eux comme pour les défendre, et les chiens poussaient des hurlements si forts que la bête n'osa les attaquer. Elle fut alors à leurs vêtements, les déchira et mangea le pain déposé dans leurs poches.

Pierre Cellier et sa femme.

Quelques jours après, Cellier et sa femme étaient à moissonner; sa femme fut chercher son dîner et aperçut la bête ; sur ses cris son mari vint à son secours et elle s'enfuit.

Isabeau Paschal.

Fille de 18 ans, elle ramassait des lentilles lorsqu'elle vit venir la bête; elle se sauva sur un char. Effrayée par les cris que les cultivateurs poussaient de toute part, elle l'abandonna pour se jeter sur une fille de 12 ans qu'elle dévora. Elle se jeta ensuite sur un homme qui gardait des bestiaux; mais secouru à temps, il fut sauvé et elle disparut.

Dans le mois de décembre, elle reparut de nouveau et attaqua deux enfants qui gardaient des bestiaux, lis se défendirent avec énergie; mais l'un d'eux fut si maltraité qu'il en resta malade longtemps.

Quelques jours après, elle assaillit encore deux femmes qui furent secourues.

Agnès Mourgues.

Jeune fille âgée d'environ 12 ans, qui fut saisie par l'animal. Le corps fut mis totalement en pièces et dévoré; sa tète fut coupée et transportée loin du corps.

Une autre fille de 20 ans était occupée à filer avec trois autres compagnes; elle était assise lorsque la bête sauta sur elle par derrière et l'entraîna dans un petit bois près de là; mais malgré toutes les recherches, on ne put la retrouver.

La renommée avait porté au loin le récit de ces dévastations. M. d'Enneval, écuyer, gentilhomme normand et chasseur renommé, fut commis par Sa Majesté pour la destruction de cet animal vorace. A la suite d'une chasse, il se jeta sur une jeune fille qui, quoique secourue à temps, fut blessée si fortement à la jugulaire qu'elle en mourut Deux jours après il dévora encore une autre fille âgée de 12 ans.

Les chasses continuelles avaient lieu sous la direction de M. d'Enneval, mais sans succès; la bête fuyait devant les chasseurs avec une agilité sans égale. Il y eut des battues dans lesquelles figurèrent jusqu'à 40 communes. Toutes les tentatives d'empoisonnement ne purent réussir. La bête avait été frappée plusieurs fois au gros sang; elle avait essuyé différentes fois plusieurs coups de fusil; mordue aussi par les chiens et poursuivie fort loin, elle resta même un certain temps sans reparaître. M. d'Enneval, dans la persuasion qu'elle avait péri, ayant été plusieurs fois tirée par des chasseurs très-habiles, se retira.

Année 1765.

Notre bête féroce avait reparu avec les beaux jours, et son accompagnement ordinaire de carnage avec elle. De nouvelles mesures pour délivrer les pays ravagés durent être prises, et cette fois la vénerie du roi fut mise en marche.

Voyons d'abord quelques-uns de ses nouveaux dégâts.

Marie Vallet.

Marie Vallet, jeune fille de 19 à 20 ans, avait auprès d'elle sa sœur âgée de 17 ans lorsqu'elle fut attaquée par la bête. Celle-ci l'assaillit en tournoyant, et comme Marie fort effrayée s'était reculée de quelques pieds, au moment où elle voulut s'élancer sur elle, elle saisit cet instant pour lui enfoncer dans le poitrail une baïonnette qu'elle portait ; sur quoi la bête fit un cri assez fort, porta une de ses pattes de devant à la blessure qu'elle avait reçue, se jeta dans la rivière et s'enfuit.

Jeanne Tanavelle,

Agée de 35 ans environ, fut cruellement dévorée. Elle se défendit énergiquement avec un mauvais couteau pendant une heure. Enfin, ayant succombé, la bête lui coupa la tête qu'elle transporta à 200 pas de son corps. Elle lui dévora les mamelles jusqu'à la ceinture et suça son sang. Etant revenue le soir pour rechercher sa proie, et ne la trouvant plus, elle poussa des hurlements et des cris pendant toute la nuit

Marguerite Bouy.

Elle était âgée de 18 ans environ et gardait ses bestiaux lorsque la bête lui sauta dessus à l'improviste, la renversa deux fois par terre, lui enleva sa coiffe de la tête et son mouchoir du cou. Mais, heureusement pour elle, un jeune garçon accourut à ses cris; armé d'une petite hallebarde, il assaillit la bête, la blessa plusieurs fois et lui fit lâcher prise.

Ces nouveaux dégâts exigeaient de nouvelles mesures : la terreur était à son comble, et personne dans le pays ne se croyait en sûreté. Cette fois, ce furent les officiers mêmes de la vénerie du roi qui reçurent l'ordre de marcher. M. Antoine, porte-arquebuse du roi et lieutenant des chasses de Sa Majesté, fut envoyé par M. le comte de St-Florentin, ministre d'Etat, et M. de Ballainvillier écrivit à M. de Montluc, son subdélégué, pour qu'il eût à mettre à sa disposition un cheval jour lui, un cheval pour son fils, et sept bidets pour les tireurs à sa suite. M. Antoine menait avec lui un certain nombre de gardes-chasse des capitaineries de St-Germain, des parcs de Versailles et de Fontainebleau, avec six bons limiers et six bons chiens courants M. Duhamel, chef d'escadron de dragons, lui fut adjoint avec un nombreux détachement, et les cavaliers de la maréchaussée furent mis à sa disposition. Force battues eurent lieu.

Mort de l’animal féroce.

 Ce fut le 21 septembre 1765 que M. Antoine parvint à tuer cette bête qu'il poursuivait depuis trois mois. Continuellement traquée, continuellement poursuivie sans relâche, elle passait des terres d'Auvergne sur celles du Gévaudan. Parfois on perdait ses traces; mais elle reparaissait inopinément et manifestait son retour par quelque nouvelle victime. Depuis trois mois les poursuites se succédaient, lorsque M. Antoine fut prévenu que, dépaysée par les chasses continuelles, la bête s'était réfugiée dans le bois de Pommier, dépendant de la réserve de l'abbaye des Chases, près de Langeac. La nommée Jeanne Valette berçait, le 17 de ce mois, son enfant devant la porte de sa maison, lorsqu'elle entendit du bruit et aperçut à vingt pas l'animal qui marchait accroupi vers elle. Saississant aussitôt une baïonnette fixée au bout d'un bâton, lorsqu'il s'élança elle la lui plongea dans l'épaule avec de grands cris, ce qui le mit en fuite. Le 20, l'animal fut aperçu sur la lisière du bois.

Prévenu de ces faits, M. Antoine, le 21, se mit en chasse accompagné de ses gardes, parmi lesquels se trouvait un sieur Reinhart, très-bon chasseur et tireur excellent. Armés de leurs mousquets, ils pénétrèrent dans une gorge; à une vingtaine de pas de lui, le porte arquebuse aperçut la bête qui lui présentait le flanc droit et tournait la tête pour le regarder. Il l'ajusta immédiatement, le coup part, et elle reçoit une balle dans l'œil et plusieurs postes dans le côté. L'animal tombe; M. Antoine le croyait mort; mais il se relève et marche contre lui. Un second coup de feu se fit entendre. Frappée en plein corps par Reinhart, elle fit encore quelques pas en chancelant et tomba morte.

Cette bête fut reconnue comme appartenant à l'espèce des loups. Son identité fut constatée sur le champ; toutes les autorités et habitants du pays appelés sur les lieux la reconnurent comme étant celle qui avait commis tous les ravages, et la blessure faite par Jeanne Valette avec sa baïonnette était encore fraîche. C'est à tort que la voix publique attribua sa mort au père de Jeanne Valette. Cet homme ramait alors sur les galères pour un délit de pêche. Le courage et l'énergie de sa fille obtinrent sa grâce.

Nous devons, pour compléter l'histoire des dégâts de cet animal dans l'arrondissement de St-Flour, mentionner ce qu'il fit dans deux autres communes voisines.

Clavières.

 Le 17 août 1765, une petite fille de 6 ou 7 ans avait été enlevée et dévorée dans cette commune; on la nommait Marguerite Lébro.

Vedrines St-Loup.

 

La bête, après avoir passé par les bois de Margeride, près du lieu de la Fage, dévora une fille nommée Chastang, âgée de près de 30 ans.

Au lieu de Gayx, même commune, elle dévora une fille et se jeta sur un jeune homme à qui elle enleva, avec ses griffes, toute la peau du crâne; il fut secouru à temps.

Les lecteurs ont compris que nous n'avons relaté que les dégâts en Auvergne.

Dès le lendemain de la mort de l'animal, son cadavre fut envoyé par M. Antoine, sous la conduite de son fils, à M. l'intendant de Clermont. M. de Ballainvilliers le fit embaumer et transporter à Versailles pour être présenté au roi, aux princes du sang et aux ministres.

M. Antoine déclara qu'il ne voulait profiter en rien des gratifications promises à ceux qui tueraient cet animal, et qu'il les abandonnait aux neuf gardes qui restaient encore avec lui, aux deux valets de limiers, et une petite fraction pour ses domestiques. Les sommes devaient être divisées en douze parts.

Une seconde bête féroce.

M. le duc de Choiseuil écrivait de Versailles, le 8 octobre 1765, à M. de Ballainvilliers, qu'il paraissait que la bête féroce s'était accouplée, qu'il en était né des petits, et qu'il était de la plus haute importance de détruire cette race cruelle. M. de Meaupou écrivait aussi qu'il fallait exterminer la louve et ses louveteaux.

M. Antoine avec ses gardes se mirent de suite en quête. Depuis la mort du loup, la louve faisait entendre des hurlements toutes les nuits. Une chasse fut organisée; un des louveteaux y périt et fut mourir sous une carrière de roches impraticables.

Ayant été prévenu qu'au lieu de Besset, le 13 octobre, la louve et ses petits avaient dévoré six moutons, M. Antoine prit la détermination d'aller la chercher. 11 ordonna qu'on ne s'attachât qu'à la louve, et qu'on ne tirât les louveteaux tfii'après sa mort. Au bout d'une heure et demie de chasse, dans des gorges profondes, le sieur Reinhart parvint à la blesser ; elle fut ensuite achevée par des paysans de Langeac. On reconnut à ses brèmes qu'elle avait nourri plusieurs louveteaux. Dans cette même chasse ils furent réduits à un seul. Pendant les 24 jours qui suivirent la mort du père, personne ne fut dévoré ou attaqué, mais seulement des moutons, des chèvres et des cochons.

Enfin, le 19 octobre 1765, M. Antoine écrivit : « Ma carrière est finie par la  mort du dernier louveteau; il a été tué avant-hier à notre dernière chasse. J'emporte avec moi la mère-louve avec un de ses louveteaux qui est plus fort qu'elle, et qui aurait peut-être égalé son père. »

Ceux qui voudront lire cette histoire revêtue des couleurs du roman, pourront la trouver dans le feuilleton du Moniteur du 18 octobre 1854, reproduit par plusieurs autres journaux du Cantal.

Outre les gratifications, les frais occasionnés par les chasses, battues et embaumement, s'élevèrent, pour l'intendance d'Auvergne seulement, à la somme de 6,108 livres.

Les villages et hameaux de cette commune sont:
Badouillé, village.
La Baraque, hameau.
Broussoltes, village au sud du bourg, contenu seul dans cette presqu'ile que forme le département du Cantal dans celui de la Haute-Loire. Claire de Tassy, veuve de François Dantil, était dame de Broussolles en 1750.

4° Chabanolles, village a l'est de Lorcières, sur la limite du département.

Chaleille, village sur le ruisseau de ce nom.

La Fage, village à l'extrême frontière de l'est.

Feyrolette, village près du ruisseau de Chaleilles, et au sud de la montagne qui est au sud de la commune.

Frayssinous, village.

Marcilhac, village avec des moulins alimentés par l'eau d'une source prise sur la montagne et un grand canal nommé du Moulin, puisant dans le ruisseau de la Fage, à l'est de Loreières.

10° Moulin-d'Authre, hameau.

11° Pleaux, hameau près de Feyrolettes. Jean d'Apchier en était seigneur en 1536, et le vendit à Jean Pothier, Sr de Vareillettes.

12° Le Pouget, hameau. Lorcières était de droit coutumier.

Les terres de cette commune sont d'un produit moyen; les prés et pacages d'assez bonne qualité. On y engraisse des moutons.

Le sol est argileux et schisteux. Il y a quelques parties volcaniques. On y trouve de l'argile très-réfractaire, propre à fabriquer les creusets des verreries.

Lorcières fut compris pour une somme de 1,500 livres dans la répartition de l'impôt de 1696.

 

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