cp

Document tiré  du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet  Edition de MDCCCLII  (1852) Volume 1/5. 

Ces pages ayant été numérisées nous ne pouvons garantir une fidélité exacte à 100% du texte malgré le soin apporté à sa correction.  

 

Jussac.

 — Cette commune dépend du canton sud d'Aurillac et de son arrondissement. Elle est bornée au nord par celles de St-Cernin et de Marmanhac ; au sud, par Reilhac; à l'est, par Marmanhac, et à l'ouest, par Teissières-de-Cornet.

La superficie de son territoire occupe 1,800 hectares, dont 800 hect. en terres labourables; 850 hect. en prés et pâtures estimés; 50 hect. en bois et bosquets, et 50 hect. en terres vaines et rochers.

Elle est arrosée dans sa longueur par la rivière d'Authre, les ruisseaux du Guêpier, de Contretnat, de Valdezer, etc.

La population est de 1,339 habitants, répartis dans 8 villages, 16 hameaux et 244 maisons.

Le chef-lieu de Jussac, à 1 myr. 3 kil. d'Aurillac, est un bourg considérable, bien bâti, situé dans la plaine et assez rapproché de la route impériale.

L'église est sous l'invocation de saint Martin. Elle est ancienne, et ses gros murs ont perdu leur solidité ; son intérieur est bien entretenu; elle a six chapelles: l'une d'elles, dite la Chapelle-de-Cueille. était en 1668 dédiée à saint Jérôme. C'était un riche prieuré dépendant de l'abbaye d'Aurillac. Il y avait deux rectories, dont l'une était à la collation de l'évêque, et l'autre, à la présentation du prieur de Jussac.

Cette église était déjà connue au IX° siècle, du temps de saint Géraud. Le plus ancien de ses prieurs parvenu jusqu'à nos jours est Armand de Tournemire, en 1258. Pierre de Mallet, en 1269; il fut témoin dans l'hommage rendu à Astorg par l'abbé d'Aurillac. Guillaume Durandi, en 129C ; Guillaume de Durban, en 1291 ; Guillaume de Gordon, en 1326; Foulques de Robert, en 1368; Rigal de Prallat, en 1428 ; il y eut entre lui et Pierre de Caissac de vives discussions lors 'de la prise de possession; l'abbé d'Aurillac dut intervenir. Etienne de Nozières, en 1447; Jean d'Anjony, en 1455; Giraud de Caissac, en 1462; Antoine de Combes, en 1643; Jean Constantiu , en 1674; Pierre de Combefort, en 1752. Les recteurs Giraud de Lolm, en 1368; Lavigne, en 1448 ; La Carrière, en 1462; Barthélemy Farnenc, en 1540; Antoine Reichal, en 1570; Cueilhe, en 1643; on lui attribue la construction de la chapelle de St-Jérôme. Pierre Lapara, en 1667; Pierre Constantin, en 1716; Pierre de Viers, en 1717.

Jussac était un fief. On voyait les ruines de son château, en 1366, sur le chemin do Pervejoul et de Mercadial, à l'extrémité du bourg ; il relevait de la baronnie de St-Christophe. Guillaume Fabry en fut seigneur en 1300. Savary Moisset en fit, en 1353, la nommée à Bertrand de Latour, seigneur suzerain. Guy Fabry était coseigneur de Jussac et fut garde des sceaux du duché d'Auvergne, en 1426.

Les villages et hameaux de cette commune sont:

Bessou, hameau sur la rivière d'Authre.

Braisse. gros village à mi-coteau ; il domine le vallon. François d'Estang était seigneur de Braisse en 1693; Jacques Daudin, en 1719; noble Guillaume Faucher, en 1736 ; sa famille habitait le château en 1789.

Caussac, village sur le chemin de Marmanhac. On y voit un petit lac; mais il tarit quelquefois.

Cautrunes, gros village près de la route impériale, avec un pont sur le ruisseau de Nozières. Il y avait, en 1628, un petit château qui appartenait à François de l'Etang. Jacques de Tournemire en fit l'acquisition, en 1610. Louise de Tournemire le donna par testament à Marguerite de Laroque, mariée à Jean de Pestels.

Corniere, hameau.

Cueilhes, joli village au-dessous de Labeau, dans le vallon. 7° Empeyroux, hameau.

Esclauzels, joli hameau sur la rivière; il appartenait, en 1771, à François Pagès, seigneur des Huttes. Il y a un moulin et de beaux vergers.

Fontanille, hameau qui appartenait, en 1471, à Jean de la Gardette, chambellan du duc de Bourbon et capitaine des troupes du haut pays d'Auvergne.

10° Gratacap, hameau.

11° La Jarroustière, hameau.

12° Limagne, hameau, avec un joli château à la moderne, très-agréablement situé.

13° Mercadial, gros village sur le chemin de Marmanhac. Ce nom, suivant des archéologues, indiquerait un lieu de réunion des anciens Gaulois : l'on s'y rencontrait pour s'occuper d'affaires de religion ou de commerce.

14» Moulin-de-Braiise, hameau.

15° Moulin-de-Jussac, hameau.

16° Moulin-dc-Limagne, hameau.

17° Nozières, hameau, avec un château restauré à la moderne et une belle pièce d'eau; il appartient à M. Couderc, ancien receveur général. C'était jadis un fief qui avait donné son nom à une famille qui s'est fondue dans celle de Montal.

En 1309, Pierre et Guillaume de Nozières firent bâtir dans ce lieu une maison fortifiée. En 1349, la tour et le repaire de Nozières appartenaient à noble Cébélie, qui, après la mort de son mari, n'ayant pas d'enfants, fit Rigal de Fontanges son héritier. Rigal aussi n'ayant pas eu d'enfants, la propriété de la partie du fief qu'il ne possédait pas revint à Guillaume de Nozières. Guillaume, dans une altercation qu'il eut avec le prieur de Jussac, l'ayant maltraité et fait malmener par ses gens d'armes, le bailli d'Auvergne fut saisi de cette affaire, et rendit un arrêt contre la troupe et son chef; mais, à l'aide de protection, il obtint sa grâce du roi. En 1381, les Anglais s'emparèrent du château de Nozières et le gardèrent un an. (Voir, sur la famille de Nozières, le Nobiliaire d'Auvergne.)

Jacques de Tournemire devint propriétaire de Nozières, par héritage, en 1595. Lors de la mort de ce seigneur, les honneurs funèbres qu'on lui rendit eurent cela de remarquable qu'il se trouva à la réunion des parents et amis 172 chevaux. Il s'y consomma 40 septiers de froment, 150 septiers de seigle et 120 septiers d'avoine. Il fut inhumé dans la chapelle du château de Nozières, dans l’église de Jussac.

Jacques de Tournemire ne laissa qu'une fille, mariée à Claude de Sauve-bœuf; ils vendirent, en 1612, cette seigneurie à Henri de Noailles, au prix de 48,400 liv.

Le château de Nozières existait encore en 1644. Le cardinal de Noailles, en 1723, donna cette terre au maréchal de Noailles, son neveu. Joseph de Sarret en fit l'acquisition, en 1768. Il passa ensuite a M. Couderc, propriétaire actuel.

La route impériale longe le mur d'enceinte du château; un ruisseau, détourné

de son lit et conduit de loin, a vivifié les alentours de l'habitation, devenue l'une

des plus riantes de nos montagnes.

18° Pernuejoul, hameau près de Couderc. La peste y fit de grands ravages

en 1597.

19° Pont-d'Authre, joli village bien bâti, sur la route impériale n° 122.

20° Regnac, hameau.

21° Salamagne, village bien situé, dominant le vallon. On y voit une jolie habitation qui appartenait, en 1666, à Jean de Brousse, puis à M. de Jou.

22° Touli, hameau appartenant, en 1685, à Geraud de Fontanges.

23° Val-Désert, hameau sur la route de St-Illide. On y voit un petit château dans une position pittoresque.

Le lieu et le château de Labroha, qui n'existe plus, était jadis un lief assez considérable relevant de la terre de St-Christophe. Guillaume de Labroha était proche parent du pape Jean XXII et vivait en 1320. Noble Aimery de Labroha était seigneur de Labroha , en 1509 , et bourgeois d'Aurillac. Dans son testament, il fit des donations aux églises d'Aurillac et de Jussac (Voir le Nobitiaire d'Auvergne.)

François Picaterre était, au commencement du XVI° siècle, seigneur de Labroha et coseigneur de Jussac. Cette seigneurie avait été vendue, en 1612, avec Nozières, par Louise de Tournemire, à Henri de Noailles. Alexandre de Quaizac devint aussi son propriétaire et fit restaurer le château, en 1626, avec créneaux.

On remarque encore quelques ruines du château de Neyrestang, qui a donné son nom à une ancienne famille qui fut ensuite habiter le Forez; elle existe encore et a joint à ce nom celui de St-Didier. Ce château fut démoli en 1579 par ordre de M. de Canilhac, et sa seigneurie fut vendue à Edme de Lignerac, à la même époque, par Gabriel de Langeac.

Annet de Fontanges, seigneur de Velzic, était seigneur de Neyrestang en-1641. Ayant passé à Guyon de Plats par acquisition, il la revendit, en 1674, à Antoine de Veyre, seigneur de Broussette, avec les masures du château, qui subsistaient encore. François de Leygonie, seigneur de Rangouse, possédait, en 1689, les rentes de Neyrestang et les droits honorifiques dans l'église de Jussac. Neyrestang était près du village des Clauzels.

On croit que du vivant de saint Géraud il a existé, près de Jussac, un village nommé des Olnes et qui n'a été détruit qu'en 1525. Il paraît que dans les temps très-reculés il y avait un château.

Le sol de Jussac est en partie volcanique et schisteux ; le calcaire se présente quelquefois et contribue à sa fertilité. M. Bouillet dit que son territoire, qui est arrosé par la rivière d'Authre, est couvert de belles prairies et ses terres bien cultivées. Nous ajouterons qu'elles sont très-productives en froment, seigle et blé-noir. On y voit de belles plantations d'arbres fruitiers.

La route impériale n° 122 parcourt cette commune du nord au sud, et se trouve coupée par le chemin de grande communication allant de St-Martin-Cantalès à Marmanhac

Jussac était de droit écrit, relevant d'Aurillac.

Cette commune fut taxée à 3,500 liv. dans l'impôt de 1696.

 

Pin It