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La Chapelle-d'Alagnon
La Chapelle-d'Alllagnon, dépend du canton et de l'arrondissement de Murat. Elle est bornée au nord, par la commune de Virargues; au sud, par Ussel et la Veyssenet; à l'est, par Celles, et à l'ouest par Bredon et Murat. Sa surface territoriale est de $00 hectares, dont 500 h. en terres dans le vallon, bien cultivées et d'un bon produit; 300 h. en prés et pâtures de qualité supérieure et amendées ordinairement, du printemps, par des inondations qui les recouvrent et leur apportent la graisse des montagnes; 50 h. en bois généralement de médiocre qualité, dont quelques parties en sapins; 50 h. en terres vaines.
Cette commune est arrosée par la rivière d'Allagnon qui la traverse dans toute sa longueur, et par deux affluents de l'Allagnon, savoir : le ruisseau de Baboulès qui descend, au sud, de la Planèze, et le ruisseau de Faufouilhoux qui vient se jeter dans cette rivière en l'atteignant à sa rive gauche.
La Chapelle-d'Allagnon est peuplée de 408 habitants répartis dans 6 villages, 5 hameaux et 80 maisons.
La Chapelle, chef-lieu, à 3 kil. de Murat, consiste dans un petit bourg dont les maisons sont disséminées et plusieurs entourées d'arbres, ce qui leur donne un aspect riant. Il s'élève un peu au-dessus de la plaine, à la naissance du coteau qui borne au nord la vallée de l’Allagnon, entre cette rivière et la route départementale de Murat à Massiac, qui se dirige de l'est à l'ouest et règne, en corniche, à une vingtaine de mètres environ au-dessus du village et de la vallée.
L'église paroissiale a pour patron saint Laurent; elle est petite et bien entretenue. Son architecture remonte à cette époque romane qui présente un caractère particulier dans la Haute-Auvergne. Le clocher porte la date de 1670. Il fut construit par Jean de Sagnes, alors seigneur de l'endroit. Le presbytère, de construction moderne, est adossé à l'église. Là, au moins, le curé est logé d'une manière convenable. Le sanctuaire ut son habitation s'élèvent sur un petit rocher qui domine de quelques mètres la rivière; au-dessous du rocher, une passerelle jetée sur l'Allagnon, sert à relier les deux parties de la commune : l'ensemble de ce paysage est digne du pinceau.
L'église possède un reliquaire d'un travail précieux qui lui fut donné, en 1646, par noble demoiselle Marguerite de Béral, dame de Farges. Nous allons en tracer la description.
Description du Reliquaire de la chapelle.
Ce reliquaire est un petit coffre en bois, entièrement recouvert par une lame d'argent. Il a environ dix centimètres de long sur sept centimètres de large, et autant d'élévation. Il affecte la forme d'une arche, et son couvercle, dont les dimensions sont à peu près les mêmes pour la hauteur, ressemble à un toit à quatre eaux. Le sommet porte une tige fracturée, probablement celle de la croix qui le surmontait.
Il fut donné à l'église de la Chapelle, d'après l'inscription qui y est gravée, et comme nous venons de le dire, par noble Marguerite de Béral, demoiselle de Farges, en 1646, et il y est dit qu'elle mourut la même année. Ce coffret contenait diverses reliques, savoir:
1° Sur la face principale, et visibles dans trois médaillons garnis d'une glace au milieu, des cheveux de la sainte Vierge; A droite, trois dents de saint Laurent; A gauche, deux os de saint Barthélemy. On a gravé sur cette face une image de la sainte Vierge portant l'Enfant-Jésus; une de saint Laurent avec son gril, et saint Barthélemy avec le couteau qui servit à l’écorcher. 2° Sur la deuxième face sont indiquées les reliques suivantes: Deux os de saint Gourgon; Un os de saint Bonnet. Des reliques de plusieurs saints martyrs. 3° La troisième face porte le détail suivant: Du bois de la Sainte-Croix; Un doigt de Saint-Flour; Des reliques de saint Sulpice;
Un morceau d'une pierre qui servit à lapider saint Etienne. 4° Sur la quatrième face enfin se trouve le nom de la donatrice gravé en gros caractère et tel que nous l'avons rapporté ci-dessus. Ce reliquaire est supporté par quatre anges aux ailes déployées. Sur le couvercle sont gravés:
1° Un écusson blasonné d'une fleur de lys et de deux torches (Béral). Au côté opposé, d'autres armoiries qui nous sont inconnues. Aux deux faces opposées du couvercle sont des figures ciselées représentant des anges.
Le tout est en bon état de conservation, et les reliques sont munies de leurs authentiques.
La commune de la Chapelle dépendait de la vicomté de Murat. Sa cure relevait du prieuré de Bredon. Elle était jadis importante, car nous voyons que le curé vint avec quatre autres ecclésiastiques à la prestation de serment qui fut faite à Bredon, en 1470, devant Draguinet de Lastic. Le chapitre cathédral en était décimateur.
Voici quelques noms de curés qui ont été conservés:
Hugues de Guaune était recteur en 1289; Jean Clavières, curé en 1514; Guillaume Barrier, en 1723; Jean Rolland, en 1581 ; Louis Chaumeil, en 1616; Louis Chanet, en 1625; Jean Chastel lui succéda en 1631 ; autre Louis Chaumeil, qui fit lambrisser et réparer l'église; Charles de Traverse, en 1657 ; Jean de Sagnes, qui fit reconstruire le clocher en 1676; Guillaume Tixier, en 1686; François Launes, en 1691 ; Jean Doniol, en 1692 ; autre François Launes, en 1706.
Il a existé une famille de la Chapelle. Hugues de la Chapelle, bailli d'Auvergne, est mentionné dans des lettres du roi Philippe-Auguste. Cette famille s'éteignit en la personne de Bompare, dame de la Chapelle, qui épousa N. Raymond Chevalier.
Le vicomte de Murat était haut justicier et recevait l'hommage du chapitre de St-Flour.
La Chapelle était comprise dans le mandement de Lesbros (Chastel); elle payait à la vicomté: argent, 11 I. 7 s.9d.; obole. ?/,, ; froment, 4 septiers 2 quartons 1 boisseau; leyde, 7/8.s ; seigle, 15 septiers 3 quartons 3 boisseaux; leyde, 3 1/3 ; cire 5 livres 5 onces 5/3, ; vin, 16 septiers; poules, 8.
Il existait plusieurs châteaux forts dans l'enceinte de cette commune; entr'autres, le château de Fourose auquel on a donné souvent, mais à tort, le nom de Muratel, car il n'existait à Muratel qu'un village composé de six ou sept bâtiments, dont on voit encore les ruines. Ce château était bâti sur le rocher qui domine le Jarrousset et son bois. L'enceinte en est encore parfaitement marquée par des décombres. Sa construction a dû être très-ancienne. On le trouve mentionné pour la première fois dans le traité passé à St-Flour en 1285, pour régler la juridiction assignée à divers châteaux voisins de la vicomté de Murat. Il y fut déclaré dépendant du baron de Mercœur.
Guillaume III, vicomte de Murat, par un compromis passé en 12S9 avec le prieur de Bredon, au sujet de la chaussée du moulin Vicomtal, lui céda les droits et les rentes qu'il avait sur Muratel.
Fourose fut dévasté en 1360 par Guillaume de Cardaillac.
Les Anglais venus de Brioude en 1362, sur la demande de Pons de Cardaillac, rasèrent ce château.
Le vicomte Rénaud avait réuni, en 1391, la châtellenie de Fourose à la vicomté de Murat; mais il la revendit en 1441 au comte de Pardiac, fils du connétable d'Armagnac, par suite de leur traité sur cette vicomté.
Ce qui peut expliquer la confusion faite par quelques écrivains, et entr'autres par l'abbé Teilllard, entre le château de Fourose et Muratel, c'est que le château était construit sur le rocher qui portait alors et porte encore le mun de Muratel. Quant au village de ce nom, qui était situé au nord du rocher et dont l'emplacement appartient maintenant au territoire de St-Loup, il relevait du roi et du seigneur de Farges.
La Bastide était situé sur le plateau qui couronne le versant nord de la vallée de l'Allagnon et à son extrémité ouest, entre le village de la Chapelle, celui de Ceilhol et en face du château de Fourose. En 1273, après la mort de Pierre, vicomte de Murat, Marquèse, sa femme, rendit hommage à Henri, comte de Rodez et vicomte de Parlat, pour le château de la Bastide, en qualité de tutrice de ses enfants mineurs. Le vicomte, son fils, renouvela cet hommage à l'assemblée de St-Flour de 1285, et reconnut tenir la Bastide en fief du vicomte de Carlat.
Eu 1408, dans la guerre que se firent Reynaud de Murat et ses cousins, parce que Pons et ses enfants avaient été déboutés de leurs prétentions sur la vicomté de Murat, ces derniers s'emparèrent du fort de la Bastide, où ils étaient soutenus et entretenus par le prieur de Bredon, sur les fonds du prieuré, ainsi que cela a été dit à l'article de cette abbaye. Pons et ses puînés en furent encore chassés par le vicomte Reynaud, et comme les moines qui s'y trouvaient y furent très-maltraités, on appela, depuis, ce château la Tour des Moines. Il fut rasé à l'époque des guerres civiles; mais on a conservé dans le pays quelques souvenirs de l'attaque du vicomte de Reynaud. Une femme à qui nous demandions, il y a peu de temps, si l'on savait où était situé ce château, nous montra la colline au-dessus de la Chapelle, dominant les vallées de l'Allagnon et du ruisseau de Fau-Fouilloux, et nous dit : nous appelons cette colline dans le pays lou Chastelou (le petit château), ou le Puet des Moucas (le puy des moines.) Ce fief avait été cédé en 1444 au comte de Pardiac par le vicomte Renaud.
Le Jarrousset est le seul château existant aujourd'hui dans la commune de la Chapelle. Il s'élève à mi-coteau sur une petite esplanade détachée du versant est de la rivière d'Allagnon, au-dessous du rucher de Muratel. Un bois de hêtre de (belle venue le domine. On y a tracé des promenades agréables. A l'est et à l'ouest se trouvent quelques sapins.
Le château du Jarrousset se compose d'une grosse tour carrée, entourée d'un couronnement de mâchicoulis, et de deux autres tours rondes, dans l'une desquelles est placé un escalier à vis. Deux corps de logis faisant retour en équerre, et le mur du jardin complètent la clôture de la cour intérieure.
La position élevée du château lui donne une vue très-étendue à l'est et à l'ouest. En face de ses murs, passe au loin la route départementale de Massiac. La vallée est large, vêtue de bois et accidentée dans cette partie de son cours, et la ville de Murat, déployée en amphithéâtre sur les pentes du rocher de Bonnevie, ajoute encore à l'agrément de la perspective dont on y jouit, perspective que terminent et relèvent au sud-ouest les cimes du Cantal.
Le Jarrousset a dû être construit en partie avec les matériaux du château de Fourose. Le caractère de son architecture se rapporte au commencement du XVI° siècle. Il y avait jadis un village qui a été insensiblement détruit.
Au pied des constructions du château, en regard de la vallée et sur l'emplacement qu'occupait la douve, règne une terrasse gazonnée; elle est plantée d'arbres séculaires de la plus belle venue; leurs rameaux s'étendent au niveau des toits et ne gênent en rien la vue. Le couronnement fortifié du manoir, emblème d'un autre âge et comme honteux de subsister encore dans le nôtre, .se cache dans leur feuillage et s'éclipse, en quelque sorte, dans une région aérienne et fantastique.
Ce château ayant été constamment habité, présente des appartements bien conservés. Le salon et les chambres du premier étage sont garnis de tapisseries de haute-lice analogues à sa construction. En résumé, il serait difficile de rencontrer une habitation plus confortable dans cette région de montagnes.
Itier de Ribes possédait la seigneurie de Jarrousset en 1312.
Guillaume Bassoles en était seigneur en 141 6. Cette seigneurie passa après lui à la famille de Chaumeil-Massebeau. François de Massebeau vint se fixer, en 1538, au château de Jarrousset, nouvellement construit, et en fit hommage au vicomte de Murat.
Le Jarrousset resta dans cette famille jusqu'en 1684, où Anne de Massebeau le porta, par mariage, à François de Cabannes de Comblat. La seigneurie et propriété passèrent, par acquisition faite en justice en 1709, à N.-Jean Berthier, conseiller du roi, seigneur de Bressange; elles furent portées dans la famille de Sauret-d'Auliac, en 1776, par suite du mariage de N. de Sauret, seigneur du Chaylus, avec N. de Berthier, dame de Bressange, qui en était héritière.
En 1783, la famille de Sauret du Chaylus se composait de quatre frères, dont' l'un était ecclésiastique. Trois émigrèrent et périrent dans l'émigration. M. 1 abbé du Chaylus, chanoine honoraire du chapitre cathédral de Saint-Flour, prit possession du Jarrousset, où il résidait, et l'a donné par testament, en 1848, à M. de Sauret-d'Auliac, de Saint-Flour, son neveu.
Les villages et hameaux de la commune de la Chapelle sont:
1° La Borie, village dans la plaine et baigné par les eaux de l'Allagnon; il est situé à moitié chemin entre le village de la Chapelle et la ville de Murat. On y trouve un moulin que fait mouvoir la rivière et qui jadis était le moulin viscomtal.
Par traité passé en 1289, entre Guillaume de Murat et Pons de Villes-Salle, prieur de Bredon, à la suite de diverses concessions réciproques, le vicomte obtint le droit de construire une chaussée près du pont Sous-Bredon , nommé alors le pont de Cros, afin de conduire l'eau nécessaire au moulin qu'il faisait construire à la Borie. La chaussée fut emportée le 4 février 1638. Le roi vendit alors ce moulin sous la condition que les réparations nécessaires, évaluées à 2,500 livres, seraient faites par l'acquéreur, et à la charge par lui de payer une rente annuelle de 40 liv. Le contrat fut passé le 14 décembre 1639, avec François Rongier; mais au mois de septembre 1640, M. des Ternes fut subrogé au Sr Rongier, par arrêt du Conseil. Ce moulin appartient aujourd'hui à la famille Teillard de Nozerolles.
A la sortie du village de la Borie, en allant vers la Chapelle et à l'entrée du communal du bourg, se trouve, dans un tertre, un petit oratoire.
La Borie dépendait du mandement de Lesbros et était cotisé, savoir : argent. 3 1. 10 s. 7 d. ; froment, 5 sept. 1 quart. 1 boiss ; seigle T 8 sept. 2 q.; avoine, 10 sept. 6 q. 2 h. pour leyde; cire, 1 livre; vin, 26 sept. ; Poules, 13, indépendamment des 40 livres payées pour la redevance du moulin.
2° Gaspard, village agréablement situé sur une esplanade élevée d'une dizaine de mètres au-dessus de l'Allagnon. Il y a un moulin à plusieurs tournants bien achalandé, à cause de la proximité de la Planèze. La famille de Julien habitait autrefois Gaspard; elle vendit sa propriété à Pierre de Rancilhac de Chazelles, trésorier de France. Cette propriété appartient aujourd'hui à Mme Torrète, de Saint-Flour, son arrière-petite-fille.
Gaspard dépendait de Lesbros. Sa redevance était : argent, 6 1. 13 s. 1 d.; obole, '/•° ; froment, 1 sept. 4 quart.; leyde, 2; seigle, 10 sept. 7 q.; leyde, 3/,3; avoine, 7 q. 2 boiss.; cire 3/; d'once; vin, 10 sept.; poules, 5.
3° St-Loup, village à l'extrémité de la Planèze, appartenait à la famille de Chazelles; il était compris dans le même mandement et payait : argent, 2 1. 13 s. 9 d.; froment, 1 sept. 4 quart. 3 b.; cire, 1 liv. 8 onces ; vin, 24 sept.; poules, 24.
4° Meymargues, village au-dessus des bois, vers la route de St-Flour, compris dans le même mandement, et dont la redevance était : argent, 101. 3 s. 10d.;fro~ ment, 4 sept. 3 quart.; seigle, 19 sept.; avoine, 9 sept. 5 q. 3 boiss.; cire, 3 liv. 6 onces; vin, 36 sept.; poules, 36.
5° Nozeyrolles, hameau qui dépendait do chapitre de N.-D.-de-Murat.
6° La Pallière, hameau.
7° Silhol ou Ceilhol, village compris dans les redevances de Lesbros pour: argent, 2 1. 6 s. 10 d.; froment, 6 quart. 2 boiss.; seigle, 3 sept. 1 b.; avoine, 2 sept.; cire. 1 livre.
8° Les Vallettes. hameau près la route de St-Flour et vers le sommet de la côte; il payait : argent, 11.7 -a. ii d.; froment, 7 quart.; seigle, 2 sept.; avoine, 1 sept.; cire, 14 onces; poules, 2.
La Chapelle était régie par le droit écrit.
Elle fut comprise pour une somme de 2,200 liv. dans la taille de l'année 1696.
Cette commune est très-fertile et possède de beaux communaux. Celui qui s'étend depuis la Borie jusqu'au village de la Chapelle ferait une vaste et très-bonne prairie.
P. DE C.