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Coren

— Cette commune est comprise dans l'arrondissement et dans le canton nord de St-Flour. Elle est confinée au nord par les communes de Fournols et de Vieillespesse; au sud, par celles d'Andelat et de St-Flour; à l'est, par celle de Mentières, et à l'ouest, par les communes d'Andelat et de Talizat. Son étendue territoriale comprend 1,650 hectares, dont 900 h. en terres cultivées, 500 h. en prairies et pacages, et 150 h. en terres vaines et bruyères.

Elle est arrosée par le ruisseau de la Fage ou de Bizaraire, le ruisseau de la Ribeyre et celui de la Roussière.

Elle est peuplée de 588 habitants; on y voit 6 vil., 5 hameaux et 136 maisons.

La route n° 9, de Paris à Perpignan, traverse son territoire.

Coren, le chef-lieu, est un bourg considérable et bien bâti, à 6 kilom. de St-Flour et non loin de la grand'route; il est adossé à une colline qui l'abrite à l'aspect nord-est.

L'église a pour patron saint Pierre ; elle ne présente aucun intérêt comme monument. Jean Domat en était curé en 1639; Gilbert Mossier, en 1696; Amat l'était en 1789. Il y avait un chapitre de chanoines ou communauté de prêtres: Son prieuré dépendait de l'abbaye de Blesle, et la présentation appartenait à l'abbesse de Blesle et à la chambre de ladite dame abbesse dudit lieu. Il y avait une vicairie perpétuelle, soumise à la même présentation, et le château possédait lui-même une autre vicairie à laquelle l'évêque présentait, par suite d'un traité passé en 1491. L'évêque avait aussi la nomination d'un chanoine dans le chapitre de Coren.

Coren avait anciennement un château. Le 14 août 1425, suivant les comptes des consuls de St-Flour, Mgr de Foix vint y loger, en allant vers le roi, en très grande compagnie de gens d'armes. Comme l'épidémie sévissait en ce temps-là dans St-Flour, il n'osa pas y entrer et se contenta de faire demander des vivres à la ville, ce qui lui fut accordé. Le château a, depuis cette époque, été restauré à la moderne.

Ce fut non loin de ce château qu'eut lieu une rencontre qui produisit une grande sensation dans nos montagnes. M. Gaspard d'Espinchal, l'homme à la renommée équivoque et effrayante, sur la vie duquel nous aurons à revenir, avait prêté une somme de cent pistoles (1,000 fr.) au comte de Sailhans du Rochain. Gaspard ayant eu besoin de ses fonds, les fit réclamer. M. du Rochain répondit par des injures à cette demande, et déclara qu'il ne s'acquitterait de sa dette qu'après s'être battu avec M. d'Espinchal.

Celui-ci envoya son ami, M. de La Bastide, pour obtenir une solution définitive et des explications qui intéressaient son honneur. M. du Rochain persista, renouvela ses injures, et alors les parties convinrent entre elles du jour et de l'heure du rendez-vous.

Les combattants s'y trouvèrent au nombre de huit. Le comte d'Espinchal avait avec lui M. Dunière, son frère, M. de La Bastide et un bourgeois de Massiac nommé Charbonnier, renommé par son courage et son dévouement envers son seigneur.

Les adversaires se saluèrent d'abord avec courtoisie, puis, mettant l'épée à la main, s'attaquèrent avec acharnement. M. d'Espinchal avait affaire au comte du Rochain. Déjà ces deux gentilshommes s'étaient fait de graves blessures: le Srdu Rochain avait reçu quatre coups d'épée dans le corps, et le comte d'Espinchal avait été frappé dans l'épaule et dans le ventre; comme il perdait beaucoup de sang et se trouvait pressé vivement, pour sauver sa vie, il se vit dans la nécessité de porter au Sr du Rochain un dernier coup d'épée au travers du corps, dont celui-ci fut renversé et mourut sur le champ. Le Sr de La Bastide y fut aussi tué par le Sr de Salce, et Charbonnier par son adversaire. Tous les acteurs survivants étant plus ou moins blessés, mirent fin à ce combat.

Une plainte fut portée devant les juges de Saint-Flour par la veuve de M. du Rochain et par le frère de M. de La Bastide. Le roi ayant refusé alors des lettres de grâce, la cause vint devant la Cour criminelle de Riom, où Gaspard fut condamné à mort. Cependant il reçut, peu de temps après, des lettres de rémission à l'occasion de la naissance du dauphin.

Le château et l'ancienne seigneurie de Coren appartenaient jadis à la famille de Pierre, qui les possédait en 1451 ; elle passa peu après dans la famille de Leotoing. N.-Robert de Leotoing était seigneur de Coren en 1495; Jean de Leotoing-Montgon, en 1540; Jacques de Leotoing-Montgon, en 1569; comme lieutenant du gouverneur du haut-pays d'Auvergne, il fut chargé de lever cinquante cavaliers et cent cinquante fantassins pour défendre le pays contre les religionnaires. Jacques, en 1379, donna les seigneuries de Coren et de Montgon à sa fille et héritière. C'est ainsi qu'elles passèrent dans la famille de Cordebœuf-Beauverger-Montgon. Le comte de Leotoing-Montgon, lieutenant-général des armées du roi, n'ayant eu qu'un fils qui se fit prêtre, Coren passa par substitution au Sr Bernard, marquis de Champigny, dont le fils le vendit au Sr Beaufils, de Saint-Flour. Cette terre a été acquise depuis peu par M. Loussert, conservateur des hypothèques à St-Flour.

Coren était en pays coutumier.

En 1615, une troupe de bohémiens qui infestaient le pays, se porta sur Coren et y commit de nombreux dégâts. L'autorité eut de la peine à les chasser.

Près du bourg, se trouve une fontaine minérale ferrugineuse très-recherchée des habitants de St-Flour, qui en usent comme de l'eau de seltz; elle débouche par plusieurs orifices au milieu du ruisseau de la Roussière, dans un petit îlot qui est à sec en temps ordinaires. Ses eaux sont peu abondantes.

Coren possède, depuis peu, un four à tuiles qu'on appelle Lachau et une carrière de marbre exploitée très-récemment

Son presbytère a été construit depuis peu. On a érigé aussi dans le bourg une maison d'école pour les garçons et une d'instruction pour les filles.

Les villages et hameaux de la commune de Coren sont:

Anglard, hameau.

La Brousse, village dans la plaine, au-nord-est de Coren.

Chodelat, hameau près de la grand'route.

Les Chases-Basses, hameau.

Les Chases-Hautes, hameau.

Copiac et son moulin, sur le ruisseau de ce nom. Il y avait jadis un château ou maison fortifiée qui appartenait, en 1500, à noble Aymard de Jacques. Il était occupé, en 1658, par N.-Jacques de Saignes. Balthazar Coutel était seigneur de Copiac en 1692.

La Fage, village qui a donné son nom à une famille noble de Saint-Flour, aujourd'hui éteinte.

L'Espinasse, village sur le ruisseau de Colsac qui, en 1333, était habité par N. Guérin du Chambon, damoiseau , et sieur de Chazelles. On ne retrouve plus aucun vestige du château qui a existé à Lespinasse. Jacques de Lespinasse de Coren jouissait de ce fief en 1675; il appartenait, en 1706, à N. Taillandier.

Mortesagne, hameau sur une élévation, près du ruisseau de l'Etang. Cette maison de campagne appartient à un propriétaire de Saint-Flour.

10° Sallecrus, village près des Chases et de la grande route. Il y existait anciennement un château déjà en ruines en 1348, et qui devait être reconstruit suivant un acte du seigneur du lieu.

On connaissait dans la commune, en 1500, un village nommé Cognassac; mais sa position est ignorée.

Coren fut compris pour un impôt de 2,000 liv. dans la répartition de 1696.

Les terres de Coren sont de la même nature que celles de la Planèze et produisent du froment, du seigle et de l'orge. Ses prairies et pacages sont de médiocre qualité. On n'y trouve pas de bois à brûler. Il y a peu d'années, quelques propriétaires de cette commune ont essayé de semer dans de mauvaises terres, et sur une étendue d'environ sept hectares, de la graine de pin mêlée de deux-tiers de chêne; l'essai a bien réussi.

 

P. DE C.

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