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Chavagnac.

    La commune de Chavagnac dépend du canton et de l'arrondissement de Murat. Elle est bordée au nord par celle de Vernols; au sud, par celles de Chastel et de Virargues; à l'est, par la commune de Chalinargues, et à l'ouest, par celle de Dienne. Sa surface territoriale est de 1,650 hectares, savoir: 300 h. en terres cultivées, dont une partie est de bonne qualité; 1,000 h. en prés et pâtures, dont quelques-unes ont des vacheries, et 250 h. en bois de pins de baute futaie. Le sol est en partie volcanique, à l'exception du fond des vallons et des ravins, où il laisse voir du schiste et de l'argile.

On y trouve les ruisseaux de Chavagnac, de Mouret, celui de la Tioule, qui prend sa source dans l'ancien lac de Champagnac, et fait la séparation avec la commune de Virargues, le ténement de Fonnostre, etc.

La population, de 469 habitants, occupe 3 villages, 3 hameaux et 110 maisons. Le chef-lieu, Chavagnac, est un bourg situé à 7 kilom. de Murat. Il est voisin des bois, à la naissance du coteau, ce qui fait qu'il domine en amphithéâtre sur les prairies de sa plaine et son ruisseau.

L'église est sous l'invocation de saint Etienne. Sa construction, qui n'a rien de remarquable, remonte au XIII° siècle. Armand Estieu, qui en était recteur en 1399, se démit de sa charge et fut admis au chapitre des chanoines de Murat. Cette cure fut unie à ce chapitre, en 1405, en vertu d'une bulle du pape Benoît XIII. Par suite de cette réunion, elle devint une vicairie desservie par des vicaires perpétuels nommés par le chapitre, qui leur assignait la portion congrue sur les revenus qu'il percevait. Jean Pichot fut curé en 1616; Charles Pichot, en 1601; Pierre Pons, en 1760.

La terre de Chavagnac et son château ont appartenu, de toute ancienneté, à la famille de Dienne. Amblard de Dienne fit hommage du château, en 1224, à Robert de Latour, évéque de Clermont. Chabrol dit néanmoins que cette seigneurie était de la mouvance des barons de Mercœur. Nous voyons, dans Audigier, que Chavagnac dépendait de la terre de Dienne qui, par suite de partages vers 1448, vint à Jean de Dienne, auteur de la branche appelée dès lors de son nom. Le château était alors très-fort. Les Anglais le prirent et le pillèrent en 1357, et il fut rasé en 1360. Le château qui l'a remplacé s'élève à mi-coteau, et présente sur les prairies un coup-d'œil agréable. Le caractère de son architecture annonce une construction du xv° siècle. Il se compose d'un corps de logis auquel est adossée une grosse tour carrée dans laquelle se r trouve l'escalier. Les quatre angles sont flanqués de quatre tours qui, avant la révolution, dominaient de leurs têtes crénelées tout l'édifice; mais qui, a cette époque, furent, par l'ordre du propriétaire, abaissées au niveau des toits. La famille de Brives, de Murat, qui en est aujourd'hui propriétaire, l'entretient avec soin. C'est un des plus beaux châteaux de l'arrondissement de Murat.

On voit dans cette commune les ruines à peine reconnaissables de plusieurs anciens châteaux.

Suivant la tradition orale, qui s accorde du reste avec l'histoire du pays, le château de Mont-Méjeau aurait été détruit par les Anglais en 1360. On en découvre encore quelques ruines. Il était situé au midi de celui de Chavagnac; un bouquet de pins croit sur son ancien emplacement.

La situation du château de Chapel n'est pas exactement connue; on pense qu'il se trouvait vers le peschier, près la fontaine de la Pinatelle; il existe un petit taillis de hêtre qui porte encore ce nom et que l'on aperçoit au nord-ouest de la commune, près du lac de la Peyrouse. Chapel avait donné son nom à une très-ancienne famille. Gilbert Chapel vivait en 1066. Chatard Chapel ayant pris le parti de Guy, comte de Clermont et d'Auvergne, en 1210, vit ses biens saisis par Philippe-Auguste.

Le château de Courbine était un fort appartenant à la famille de Chapel. Bertrand Chapel le vendit en partie, en 1447, au seigneur de Chavagnac. On avait placé une garnison dans ce château, en 1438, par crainte des grandes compagnies qui ravageaient alors le pays.

Au sud du domaine du Bex on aperçoit, recouvertes par le gazon de la montagne à laquelle elles ont donné leur nom, les traces de constructions qui portent celui de Chasteloux, petits châteaux. La tradition et l'histoire n'ont rien conservé à leur égard. Plus loin, dans la même direction et au-dessus des bois, on voit aussi les ruines d'un ancien village appelé la Mothe.

Au-dessus des ruines de la Mothe, et dans la direction du sud-ouest, on découvre l'emplacement du lac ou étang de Champagnac, qui a dû appartenir probablement à la seigneurie de Courbine ; ce n'est plus maintenant qu'un marais dans lequel viennent pacager les bestiaux des communes de Chavagnac et de Chastel. Cet ancien lac ou marais est adossé au midi à une colline couverte de rochers, qui recèle un écho doué d'une grande puissance de reproduction ; il répète jusqu'à huit et dix syllabes consécutives, avec la plus grande netteté et sans la moindre confusion.

Les villages et hameaux de cette commune, sont:

Bex, hameau et domaine appartenant à la famille de Brives.

La Boissonnière, village isolé dans la plaine, non loin des bois de pins. Une ancienne famille portait ce nom. Guillaume de Boissonnière vivait en 1245. Boissonnière faisait partie du mandement de Lesbros. Sa redevance envers la vicomté de Murat était : argent, 17 s. 6 deniers; froment, 5 quart.; seigle, 1 sept. 6 quart.; cire, 1 livre.

Fonnostre, hameau, autrefois village avec un château dépendant de la vicomté de Murat, et dont on voyait encore les ruines en 1751. Ce château était situé sur un rocher, à l'extrémité de l'étang de ce nom, aujourd'hui converti en prairies. Il fut pris, pillé et en partie détruit par les Anglais en 1357. Deux jours avant la Toussaint de 1414, le comte de Lomagne, qui commandait avec Bégon, vicomte d'Estaing, la petite armée que le comte d'Armagnac, son père, destinait à faire le siége du château de Murat, vint camper devant l'étang de Fonnostre. On était alors occupé à la démolition du château : dans la nuit, les hardes et équipages du comte de Lomagne furent volés dans les masures qui subsistaient encore. Les paysans du pays occupés à cette démolition furent accusés de ce larcin. Les bois, montagnes et fraux de Fonnostre furent donnés, en 1598, aux habitants de Poissonnière, par la duchesse de Bourbon, dame de Murat, comme étant les représentants de l'ancien village. «

Foulezy , hameau appartenant à M. Dubois, président du tribunal de Murat; il y avait, à ce qu'il paraît, autrefois une carrière de tuf; quelques fouilles ont été faites pour la retrouver, vers le croisement des chemins de Murat et de Virargues; mais elles n'ont donné que des résultats peu satisfaisants : le conglomérat qu'on en retire ne résiste ni au marteau du maçon, ni à l'action de l'air.

Maucheix, village dans la plaine, près du ruisseau de Chavagnac. Il tire son nom d'une quantité énorme de pierres volcaniques éparses dans les champs et les pacages, ce qui rend l'exploitation difficile. Le chemin de grande communication de Murat à Allanche passe près de là. En 1265, Guillaume, comptour d'Apchon, ayant fait ravager Maucheix par Bertrand de Traverse, fut condamné a 30 livres d'indemnité envers les habitants.

Peschier, hameau.

Le Foulezy, Maucheix et Fonnostre faisaient partie du mandement de Lesbros. Le premier payait : argent, 51. 4 s. 6 d. ; froment. 2 sept. ; seigle, 5 sept. 6 quart.; avoine, 5 sept. 6 quart; vin, 6 septiers; poules, 3.

Maucheix donnait : argent, 16 1. 6 s. 3 d. ; froment. 3 sept. ; seigle, 15 sept.; avoine, 16 sept.; cire, 2 livres; vin, 28 sept.; poules, 14.

Fonnostre : argent, 12 1. 5s. 7 d.; seigle, 4 sept. 6 quart ; avoine, 5sept. 5quart.

Chavagnac a donné son nom à une famille des plus illustres de la Haute-Auvergne, branche de celle de Dienne, et qui a figuré dans tous les événements importants du haut pays ; elle existe encore aujourd'hui. Guillaume de Chavagnac vivait en 1260. Christophe de Chavagnac et d'Ondredieu commandait les religionnaires, dans Issoire, en 1576. Les ducs d'Anjou et de Guise vinrent avec l'armée royale attaquer cette ville. Blessé à la cuisse d'un coup de mousquet pendant l'assaut, Chavagnac se fit porter un siége sur la brèche et dirigea la défense avec tant de valeur, que le duc d'Anjou, charmé de son courage, lui donna la vie sauve et ne lui imposa d'autre condition que la promesse de ne plus porter les armes contre le roi.

Compagnon d'armes de Merle, mais n'ayant avec lui de commun que la bravoure, Chavagnac s'était distingué à la prise d'Ambert. C'est lui qui donna aux huguenots, en tirant son épée, le signal d'escalader les murailles; humain après la victoire, il fit tout ce qu'il put pour s'opposer à l'exécution sanguinaire que Merle méditait contre trente bourgeois de cette malheureuse ville. Vous n'êtes rien ici, sire de Chavagnac, lui dit l’aventurier; vous êtes le commandant d'Issoire, et je suis maintenant celui d'Ambert. Alors Chavagnac se retira avec ses troupes.

Josué de Chavagnac s'était acquis la vénération des calvinistes par ses hauts faits d'armes. Il était protecteur des cinq provinces de Languedoc.

Aymar de Chavagnac fut comte du chapitre de Brioude, devint curé de Saint-Sulpice, et contribua à la conversion d'Henri IV.

En 1650, les sieurs de Chavagnac, d'Ondredieu et du Bousquet, ses frères, commandaient trois régiments pour le prince de Condé. Ayant établi leur quartier dans les environs du Mur-de-Barrès, ils y exerçaient de grandes déprédations. Le sieur de Ladinhac, juge de cette ville, quoique âgé de 70 ans, réunit deux bataillons pour les enlever. Prévenus à temps, MM. de Chavagnac assemblèrent leurs troupes, allèrent au-devant des bataillons, les enfoncèrent, et M. de Chavagnac ayant pris 200 chevaux, leur coupa la retraite; 300 furent faits prisonniers et mis à rançon.

La commune de Chavagnac possède, sur différentes parties de son territoire, des carrières 3e pierre de taille de diverses qualités. Dans les propriétés de la famille de Brives, au lieu dit la Font-de-l'Ase. il en est une dont le grain et la couleur rappellent les pierres de Murat.

On devait aussi y exploiter autrefois des carrières de tuf de très-belle qualités, car cette pierre figure abondamment dans la construction du château actuel^ mais soit qu'elles aient été épuisées ou abandonnées, on ne retrouve pas leur gisement.

Chavagnac est mentionné dans la charte de Clovis : le serf Gauthier, y est il dit, fait des charrois, donne une vache grasse et un mouton.

De la maison de Chavagnac cette terre passa, vers 1775, dans celle de Dauphin de Leyval, par mariage avec M"» Hippolyte de Dienne, héritière de M. de Dienne de Chambonnas, son oncle, mort à Allanche sans enfants.

Le château de Chavagnac, avec les bois, terres, pacages dépendant de la seigneurie furent vendus, ainsi que les montagnes de Courbines et de la Font-de-l'Ase, en 1790, par M la comtesse de Leyval, née de Dienne, à M. de Brives, qui les possède actuellement.

Chavagnac avait pour coutume locale celle de la Mothe-Canilhac.

Cette commune fut comprise pour une somme de 700 livres dans la répartition de l'impôt de 1696.

Son principal revenu consiste en prairies et en bestiaux.

 

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