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CHASTEL-SUR-MURAT
— Cette commune dépend du canton ct de l'arrondissement de Murat. Allongée en cercle de l'est à l'ouest, elle est bornée au nord par la commune de Chavagnac; au sud , par celle de Murat et de Lavaissière; à l'est, par Virargues, et à l'ouest, par Dienne. Sa surface territoriale est de 1,400 hectares, dont 300 h. en terres labourables d'un médiocre produit quoique bien cultivées; 100 h. en prés et pacages où se tiennent quelques vacheries; 50 h. en terres vaines ou bruyères, Les bois y sont rares.
Cette commune est arrosée par les ruisseaux de la Chevade, de Brujhalène et de la Pille, qui la parcourent de l'est à l'ouest et vont se déverser dans la rivière de l'Allagnon, à sa rive gauche.
Sa population se compose de 440 habitants, répartis dans 7 villages, 2 hameaux et 81 maisons.
Le village de Chastel, chef-lieu de la commune, occupe le versant sud du coteau formé par l'escarpement qui se trouve entre la vallée du ruisseau de Brujalhène et celle du Bournantel, ou la Chevade; il est bâti au pied d'un énorme rocher basaltique de forme ovale, escarpé sur toutes ses faces, excepté sur un point très-étroit par lequel on arrive au plateau qui le couronne. Ce rocher met le village à couvert des rafales et des neiges qui descendent du Cantal.
Au sommet de ce rocher, existait un château adossé à l'église, et sur les décombres duquel est élevée une croix. Si ce château avait été plus considérable, et que son enceinte eût suivi les anfractuosités de la roche, il eût compté parmi les places les plus fortes du pays ; car il n'était dominé sur aucun point, avantage que n'avait pas celui de Murat.
L'église paroissiale, adossée au château, suivant l'usage féodal, a survécu à sa destruction. Elle est sous l'invocation de saint Antoine. Son architecture présente le caractère roman de nos montagnes, avec le clocher à peigne, caractère que nous aurons souvent à signaler, et qui dénote son ancienneté. Quoiqu'elle serve rarement, elle est bien entretenue. Comme elle est battue par tous les vents, que la montée pour y arriver est longue et rapide, les habitants, pour remédier à ces désavantages et aux dangers qu'ils entraînent pour leur santé, ont construit dans leur village un presbytère et une chapelle, aussi sous le vocable de saint Antoine ; là se font les offices paroissiaux ordinaires. Ce n'est donc qu'aux jours de grandes fêtes, et aussi pour les cérémonies funèbres, que les habitants montent à leur ancienne église; le cimetière lui est resté adossé.
La cure de Chastel fut unie au chapitre de Notre-Dame-de-Murat, en vertu d'une bulle du pape Nicolas, en 1350. Le curé recevait une portion congrue et était à la nomination du chapitre. Robert Ier, comte de Clermont et d'Auvergne, la dota par son testament de 1262.
Les curés ou recteur de Chastel, connus, sont : Cuill. Fabryou de Massebeau, recteur en 1418; il résigna sa cure en 1429 en faveur du chapitre, et fut admis au nombre des chanoines; N. de Traverse de Noualhat était curé en 1654; N. Gandilhon, en 1699; Guill. Trapenard, en 1707; Joseph de Landis, curé en 1777.
Le château qui existait au-dessus du rocher s'appelait Lesbro, Brohé et l'Hébros: il était l'un des mandements les plus importants de la vicomté de Murat. Ce mandement se composait des villages de Giou, Malpertuis, de Chastel, de la Denteyriau, du Lapsou, de Brujalhène, d'Auxillat, de Foulezy; du tènement du Paulois; des villages de Mancheix, de Founostre, de Farges, de Virargues, de la Chapelle, de la Borie, de Ceilhols; des tènements de la Janlat, de Moure, du Buffet, de Valeiran; du village de Clavières, de Gaspard, de Maniargues, de Meimargues, de St-Loup, des Valettes, de Beinac, de Faufoulhoux, du Lapsou, de Mont-de-Ferrand, de la Blate, du Moulin-de-Laborie; des villages de Jarry, de Boyssonnière, de Braghat; le tènement de la Meillière; les montagnes de Founostre et la buge Delcor.
Les cens de la Châtellenie étaient en totalité : argent, 278 1. 17 s. 11 d. et 10 écus d'or au soleil; froment, 40 sept. 3 quart 2 boiss.; leyde, 1 5/6; seigle, 208 sept. 1 q. ; leyde, 1 5/6 ; avoine, 149 sept. 9 q. 5 b.; leyde, 2 1/2 ; cire, 50 livres 13 onces 1/2; vin. 342 septiers; poules, 229; fromage, 25 livres; géline, 1; manœuvres, 3
Chastel comptait dans ses redevances, pour : argent, 3 1. 7 s. 8 d. ; oboles, 13; froment, 4 quart.; leyde, 1 21,/24 seigle, 9sept. 7. q. 1 boiss.; leyde. 1/3 avoine 7 sept. 5 q. 1 b.; leyde, 3/12 ; cire, 1 liv. 5 onces 2/3; vin, 18 sept ; poules, 9.
Nous donnerons à l'article de chaque localité le détail de leurs redevances
Guillaume III, vicomte de Murat, donna aux habitants de la châtellenie de Lesbros leurs premiers privilèges, en 1287, ainsi que le droit d'avoir des consuls, qui sont mentionnés dans plusieurs actes.
La même année 1287, les habitants de Lesbros obtinrent du vicomte Guillaume, leur suzerain, le droit d'usage dans les forêts de la vicomté. Eléonore de Caumont, épouse de Guillaume, est prise pour témoin dans cet acte.
En 1489, Philibert de la Platrière, seigneur de Bordes, fit assembler à Murat les habitants de la châtellenie de Lesbros, en prenant possession de la vicomté et de ses dépendances, pour y recevoir leur serment.
Les habitants de cette châtellenie furent déchargés, par arrêt du 19 avril 1636. du droit de guet, de garde, de bouades et de manœuvres.
Enfin, en 1697, la seigneurie de Lesbros fut engagée par le roi Lois XIV à Antoine de Lastic de Sieujeac, prieur de Bredon, avec tous les droits et prérogatives assignés à la vicomté de Murat, et qui y seront mentionnés.
Le commandant du château de Lesbros était lieutenant du capitaine de Murat.
Quant à la destruction du château, on n'en retrouve aucune trace. On ne peut préciser s'il fut détruit par ordre du roi. en même temps que celui de Murat; mais il est plus probable qu'il fut démoli en 1362 par les Anglais, avec plusieurs autres places de la vicomté.
Par arrêt du parlement de Paris, de 1689, confirmatif d'une sentence du juge présidial et d'appeaux siégeant à Vie, les consuls et habitants de Lesbros, en opposition avec M. de Dienne de Chavagnac, furent maintenus en la liberté et jouissance de faire pacager leurs bestiaux dans la montagne, ei les pâturages de Champagnac, comme aussi aux fraux et communaux de la vicomté de Murat.
Les consuls de Lesbros prêtaient leur serment, après leur nomination, devant le juge royal de la vicomte de Murat.
Il existait jadis une famille portant le nom de Chastel. En 1066, noble Robert de Chastel donna le village de Grossange au monastère de St-Flour Autre Robert de Chastei vivait en 1095. Guillaume de Chastel fit partie des nobles d'Auvergne convoqués au ban de 1318 par le roi Philippe-le-Long. Après cette époque, on ne retrouve plus la famille de Chastel.
Les villages et hameaux qui dépendent de cette commune, sont:
1° Brugeiroux, village près la route de Murat à Bort.
2° Brujalhêne, village sur le ruisseau de ce nom, venant du Lapsou. La part de sa rétribution ou mandement était: argent, 3 1. 9 s. 2 d.; froment, 3 quart. 4 boiss.; seigle, 7 sept. 6 q. 3 b ; cire, 1 livre 7 onces 1/10; vin, 18 sept.; géline, 9 et 1/16
3° La Chevade, sur le ruisseau de ce nom, qui prend sa source à Entremont. Elle tombe a la route de Murat à Bort. Sur cette route est un oratoire dédié à Notre-Dame-de-Bon-Secours On y va en procession le dimanche après l'Assomption
Il a été construit récemment une chapelle dédiée aussi à N.-D.-de-Bon-Secours, entre la Chevade et le village de la Deyuthériau. Deux marguilliers de la paroisse sont chargés d'ouvrir les troncs et de rendre compte de leur contenu destiné à son entretien. Mais cette ressource est insuffisante. On y dit la messe de temps en temps. La fête de cette chapelle est célébrée le 2 février.
4° Entremont, hameau.
5° Entremont-Bas , sur la route.
6° Le Lapsou, village sur le ruisseau de Brujalhène. La maison Béral de Massebeau y possédait un fief. La rente payée à la vicomté pour le Lapsou, était: argent, 1 1.16 s. H d.; froment, 2 quart.; seigle, 5 q. 1 boisa.; avoine, 3sept.; cire, 2 onces.
Il existe au-dessus et au levant de Lapsou un étang appelé Champagnac, où l'on trouve des sangsues de bonne qualité. Malheureusement, c'est une propriété jouie en commun; si elle était affermée et convenablement entretenue, elle serait d'un bon produit.
7° La Deyuthériau, village sur le ruisseau et près de la Chevade. Sa rente était de 5 sols.
8° Laumur , hameau.
9° Moulindc-Brujalhéne. hameau.
10° Recoder, hameau entre la Chevade et Entremont, sur la route.
11° te Roc, hameau et domaine appartenant à M. de Chazelles.
La commune de Chastel est traversée par la route, n° 4, de Murat à Bort. Sur cette même route, et près d'Entremont, s'élève un monticule en tables basaltiques, dont on extrait la tuile en usage dans le pays. Près de là, se trouve une tourbière que l'on exploite activement, le bois étant très-rare dans ces lieux.
Chastel était situé en pays de droit écrit.
Il fut imposé, en 1696, à 2,100 fr.
Cette commune possède de vastes communaux, dont quelques-uns seraient susceptibles d'un bon produit.