Document tiré du Dictionnaire Statistique du Cantal de Déribier-du-Chatelet Edition de MDCCCLII (1852) Volume 1/5.
Ces pages ayant été numérisées nous ne pouvons garantir une fidélité exacte à 100% du texte malgré le soin apporté à sa correction.
BOISSET
GENERALITES
— La commune de Boisset fait partie du canton de Maurs el de l'arrondissement d'Aurillac. -'
Son territoire, qui s'étend du nord au sud, est borné au nord par les communes de Cayrols et de St-Mamet; au sud par St-Etienne-de-Maurs et Leynhac; à l'est par Leynhac, Marcolès et Vitrac, et à l'ouest par les communes de Rouziers et St-Julien-de-Toursac.
Il est arrosé par les ruisseaux de Maligre, de Bougeal, de Toursac, et la rivière de Rance qui limite à l'est la commune.
Tous ces ruisseaux forment des ravins et des vallons étroits. Des bois couvrent les pentes des coteaux exposés au nord. De bons prés se succèdent au fond des bassins. Ces prés sont très-divisés à cause de l'inégalité du terrain. Le sol repose sur la roche granitique et souvent il est sablonneux. Les versans à l'aspect du midi sont presque nus et dégradés par les pluies. Les châtaigneraies, qui abondent dans la commune, produisent beaucoup et forment une ressource précieuse pour les habitants, qui font leur nourriture habituelle de la châtaigne et en exportent au loin. Les bruyères, qui occupent de vastes espaces, sont défrichées partiellement et ne donnent que de très-faibles résultats.
La population est portée à 1,971 habitants pour 23 villages et 44 hameaux.
Le chef-lieu de Boisset est un gros bourg de près de 400 habitants, assez bien situé sur le ruisseau de Maligre ; mais qui n'a pas de vue à cause des collines dont il est cerné de tous côtés. Sa distance de Maurs est de 1 myriam ; sa distance d'Aurillac de 2 myriam. 5 kilom. Il y a quelques jolies maisons. On y tient trois foires: le 18 janvier , le 12 mai (celle du 12 mai est la plus suivie pour les moutons), le 7 décembre.
EGLISE ET CHATEAU
Boisset avait une petite prévôté avec un procureur du roi et un substitut; elle relevait de la cour d'appeaux de Vic. Lorsque le roi eut réuni la vicomté de Carlat à la couronne, cette prévôté porta le titre de cour royale. Elle se tenait à Boisset au-devant de l'oratoire et de la place publique du lieu.
L'église , sous l'invocation de saint Martin , est du style lombard. Elle compte plusieurs chapelles et cinq autels.
Jean de Fleurac lut recteur de Boisset en 1344; Jean Delolme , prieur en 1456; Jean Revel, curé en 1547; Jean Borie, curé en 1632, Antoine Borie, curé en 1652; François de Aura , curé en 1706; Henri Revel en 1753; N. Jalinques en 1789. L'évêque de St-Flour se disait prieur de Boisset en 1777; il percevait les revenus du prieure, qui valaient 1,800 liv., mais il fallait 400 liv. au vicaire et la portion congrue du curé. Il y avait à Boisset une communauté de prêtres qui achetaient des rentes et vivaient ensemble. En 1540 ils firént leur nommée au roi pour leurs possessions.
Le lieu de Boisset est remarquable par la fondation d'Isabelle de Rodez, vicomtesse de Carlat, qui y érigea en 1323, pour le salut de l'âme de son père, Henri II comte de Rodez, un monastère de religieuses de Sle-Claire. A cet effet, elle donna son château de Boisset et le domaine dit de l'Auriga, avec de belles rentes en seigle et froment à prendre sur les châtellenies de Toursac, de Vic et du Mur-de-Barrès. Le nombre des religieuses fui fixé à dix, lequel nombre ne pouvait pas être dépassé, à moins que l'on ne pourvut à l'entretien du personnel excédant. Les premières sœurs vinrent du couvent de Milbaud. Etaient de ce couvent Mme N. de Morèze, abbesse, souveraine de Tournemire; Gilline de Bonnavent, et Hélis de Caucase qui fut abbesse de Boisset en 1571. Jeanne de Lentillac, abbesse en 1586, plaida long-temps à Vie pour qu'on lui rendit certains droits accordés par les anciens vicomtes de Carlat à son abbaye. Après elle il faut citer Isabeau de Pons, en 1616; Françoise de Reilhac. en 1625; elle se démit en faveur de Louise de Reilhac, sa nièce , qui fut nommée par le roi. Mais déjà depuis quelque temps cette communauté déclinait, et en -1618 il n'y avait qu'une seule religieuse qui résidât. Aussi les chanoines du chapitre de N.-D. de Murat demandèrent l'abandon à leur profit des revenus de l'abbaye. Mais ils ne purent l'obtenir, et, en 1668, le couvent fut réuni à celui de Ste-Claire d'Aurillac dit de St-Joseph, alors placé au faubourg des Cordeliers, sous les ordres de Françoise de Pesteil, supérieure. Les bâtiments de la communauté de Boisset sont tombés en ruines, et des constructions particulières les ont remplacés. Il reste une chapelle dite de St-Pierre, qui pourrait bien en avoir fait partie.
Boisset a donné son nom à une très-ancienne famille ; mais la suzeraineté du lieu appartenait aux vicomtes de Carlat, qui y avaient un château, comme on l'a vu. Déjà en 1268 la succession de Bernard de Boisset, chevalier, était en litige entre Bernard de Villa, chevalier, et le monastère de Maurs.
Guirbert de Boisset fut abbé de Figeac. Son frère, Hugues de Boisset, vivait en 1360. Il semble qu'une branche de cette famille vint alors s'établir à Vic , où l'on trouve des Boisset de La Salle, dont il sera parlé. Une autre branche se fixa au château de Camburat, près Figeac. L'héritière épousa Hugues de Conquans en 1634.
Une famille de Bcaumont a habité Boisset fort anciennement. Guillaume de Beaumonl, chevalier, y vivait en 1284. Nobles Guillaume et Gaillard de Beaumont vendirent les biens et rentes qu'ils y avaient et quittèrent le pays; une branche de la famille vint se fixer à Marmagnac.
Bertrand de Moléen , fils de Jean , seigneur de Marcillac, et de Catherine de Maumont, fut seigneur de Boisset en 1400.
VILLAGES ET HAMEAUX
Les villages et hameaux dépendants de cette commune sont:
1° Antraigues, où se voit un château fort ancien, mais assez éloigné du village. II se trouve sur un plateau dominant la Rance, tandis que le village est au bas mais éloigné de la rivière. En 1644 ce fief appartenait à N.-Jean de Aura, seigneur de La Roque , qui y habitait; il traita avec Jean Dubourg, commandeur de St-Antoine. Frère Bertrand de Aura fut prieur de Pont-Chara en 1538. Guillaume, fils.de Jean de Aura, épousa, en 1664, Marie-Gilberte de Méallet, fille de feu Pantaléon, Sr de Rouflîat et de Fargues, et de Louise de Brugière. Ils eurent un fils nommé Amable, mort sans enfants, et deux filles. L'une, du nom de Jeanne, avait épousé N.-François de Beaufort, seigneur d'Autraigues, en 1724, et fut substituée à son frère; elle porta donc la seigneurie d'Antraigues à son mari. Sa sœur, Marguerite, s'allia, en 1727, avec N.-Jacques de Baudièrcs, seigneur de Gris. Jeanne n'ayant pas eu d'enfants, Marguerite hérita d'elle, et Antraignes advint à la famille de Baudières. Jacques de Baudières vivait encore en 1762, et portait le titre de seigneur d'Antraigues et de Matha. Le château est maintenant la demeure de M. Philippe Falvelly et de Mme Falvelly, née demoiselle Mélitine de Baudières d'Antraigues. Il y a un moulin dit d'Antraigues.
2° Bois-de-Largue, hameau.
3° Boismajoux ou Ruimemajoux, village entre deux ruisseaux, près de Lacarrière. Il appartenait, en 1540, à N.-François de Lentilhac, Sr dudit lieu et de Bonnemajoux.
4° Boissadel, village assez proche de Boisset et au nord.
5° Bosretlon, qui appartenait à la famille de Boissieu, dont une branche en portait le nom.
6° Bouhon, hameau.
7° La Bourgade, village au nord du château d'Antraigues.
8° La Bournique, hameau.
9° Brayat et son moulin, sur le ruisseau de Muligre vers Cayrols.
10° La Brunie, hameau.
11° La Caboutie, village au confluent des ruisseaux de Maligre et de Boissadel.
12° Caldayrcu , hameau. „
13° Capmau, hameau.
14° La Carrière, village sur un plateau, près de La Bourgade et d'Antraigues. La Carrière est habité par une branche de l'ancienne famille de Pruines, originaire du Rouergue. Bernard de Pruines fut témoin dans un acte passé, en 1214, entre Henri, comte de Rodez, l'évêque de cette ville et le comte de Montfort. Autre Bernard fut garant et caution de l'évêque de Rodez, et du comte Jean d'Armagnac ln, dans une transaction passée entr'eux en 1315.
Il est dit, dans un acte du 12 juillet 1314, conservé aux archives de Rodez, que le comte d'Armagnac compta une certaine somme à Raymond de Pruines, chevalier, en récompense des frais qu'il avait faits dans une bataille contre les ennemis du roi, qui lors étaient a St-Antonin, et pour les grandes pertes et dommages qu'il y soutint tant du corps que de ses biens.
Etienne de Pruines, prêtre, fut témoin en 1338 pour N.-Bertrand de Naucase. On trouve N.-Guy de Pruines, moine de Moissac, présent à un acte passé par le prieur de Bredon en 131 !. La famille de Pruines , dont les membres furent seigneurs du Puech, de La Vayssières, de Rudelle et du Lesaguet, en Rouergue, s'est alliée avec les familles de Séguy, de Selves, d'Apcher, de Roqucfeuille, de Perthuis, et, plus récemment, avec celle de Conquans de Cayrigus.
N.-Michel de Pruines fut prieur de Marmagnac, abbé de St-Michel de Bourg-Aubry et chanoine de Senlis. Il mourut en 1732. Son frère, Hermenegilde de Pruines, Sr de St-Gervais, se maria quelque temps après , en 1739, avec Jeanne de La Carrière , du village de ce nom. Il vint habiter La Carrière, commune de Bois set, et y forma la branche actuelle. Ses descendants jouissent encore de cette propriété. M. Victor de Pruines, l'un d'eux, s'est marié en Lorraine, et s'y est fixé. Il possède des forges considérables près de Plombières, et les progrès qu'il a fait faire à l'industrie, dans son canton, lui ont valu une place as Conseil général des Vosges. Son frère, M. Aymé de Pruine, notaire et membre du Conseil d'arrondissement d'Aurillac, habite La Carrière avec sa jeune femme, demoiselle Malcy de Guerines.
15° La Case, hameau.
16° Castanier, hameau.
17° Caylus, hameau.
18° Le Ctaux, hameau.
19° Le Colom, hameau.
20° Concastiq, hameau.
21° Conquans, village sur un coteau à l'est de Boisset, entre deux ruisseaux On y voit la tour du vieux château de ce nom, demeure d'une famille dont il reste encore des branches. Ginon de Conquans, damoiseau, vivait en 1260. En 1317 noble Rigal de Conquans, héritier de N.-Rigal de Murat, était coseigneur du château de Toursac. Son fils, Rigal, obtint, on 1355, la main d'Algabe Fabry, fille d'Eustache Fabry , bailli des montagnes et seigneur de Broussette. Autre Rigal, épousa Laurence d'Alhars ou de La Raisonnie , et vendit des rentes qu'il avait eu en dot, à Rigal de Barriac en 1592. Antoine de Conquans était commandeur de Malte en 1416.
D'autres membres de la même famille s'unirent aux maisons de La Salle, de St-Cîrgues et de Fargues.
La seigneurie de Conquans passa dans la famille de Pontanier par le mariage d'Isabeau de Conquans avec Gabriel de Pontanier, seigneur de Cances. Béranger, seigneur de Conquans et de Cances, fit alliance avec Judith de Monstuejoul en 1608. De cette union naquirent sept enfants, parmi lesquels : Louis, qui épousa, en 1659, N.-Marie du Verdier, du château de Cayrigus, et y forma la branche de ce nom, qui existe à Figeac ; François, marié en 1629 avec Jeanne de Jueri ou Joueri, du château de Lacan, est l'auteur de la branche de ce nom fixée a Aurillac.
La famille de Conquans s'est distinguée par ses services militaires. Son château est devenu la propriété de M. N.... de Baudières d’Antraigues, marié à Mlle de Verdal, et qui habite la tour de Conquans.
22° La Coste, village.
23° Coste-Esteve, hameau.
24° La Croix-del-Suc, hameau.
25° Damis, village vers Cayrols. .
26° Emgous.
27° Escure, hameau à Hugues de Conquans.
28° Le Fau bas, hameau. Une chapelle fut fondée au Fau-Bas, en 1651, par Pierre du Fau, en l'honneur de saint Pierre.
29° Le Fau-Haut, village près du ruisseau de Maligre, mais dans la plaine, au nord de Boisset.
30e Felsines, village.
31° Font-d'Evêque, hameau.
32° La Forêt, hameau.
33° Las-Fourgues. hameau.
51° Goutalong, hameau.
35° La Gravouse, hameau.
36° La Guarigue, hameau.
37° Le Jugadou, hameau.
38° Lauressergues. village à mi-coteau , vers St-Julien. C'est près de ce village que se trouvait l'ancien château de Toursac, dont il n'existe plus de vestiges.
39° Long-Puech, hameau.
40° Luc, village près de La Vergne, sur le plateau.
41° La Martinelle, hameau.
42° Manchons.
43° Mazières, village au nord de la commune, près de Bravat.
44° Merlet, hameau.
45° Pendaric, hameau.
46° La Peyrade, hameau.
47° La Peyrade-basse, hameau.
48° Pradayrols, village.
40' La Prade, hameau.
50" Prat-Bernard, hameau.
51" Puech, village à mi-coteau et à l'embranchement de deux ruisseaux.
52" Puech-Battut, hameau.
53° Pupille, hameau.
54° Réganhac, hameau.
55e Resblats, hameau.
56° Revclet, hameau.
57° Le Rieu, hameau.
58° Le Riou, hameau.
59° La Roque, hameau.
60° Serières, village près de Conquans, sur l'autre rive du ruisseau.
61° Solignac, village et château dans le vallon, à l'est de Boisset, et nouvellement réparé. Il est fort ancien et a donné son nom à une famille du pays.
Noble Guy de Solignac était coseigneur du château de Toursac en 1317. Bernard de Solignac, chevalier, fut homme d'armes de la compagnie du comte de Dammartin, et possédait en 1468 le château, qui passa plus tard, en 1540, à la famille de Lentilhac.
Pans le siècle suivant, ce fief était à une famille de La Borie. Noble Pierre de La Borje , seigneur dudit lieu , habitait le château de Solignac en 1620. Il le tenait de Pierre de la Paiiouse, seigneur de Colombier, qui l'avait en 1604.
François-Louis de Méallet était seigneur de Solignac en 1675. En 1727, Solignac appartenait, ainsi que LaCoste, à N.-Louis de Méallet de Fargues, officier de cavalerie. Sa fille , nommée Catherine de Méallet, mariée à N.-Jean-Baptiste de La Garde de Sagncs, vendit Solignac à N.-Frédéric de l'Ecluse , seigneur de La Chaussée, qui en jouissait en 1768, et en partie en 1789. La famille de l'Ecluse de La Chaussée était originaire do Flandre. Elle se distingua, en 1708, par l'exploitation de nos manufactures en Espagne et en Portugal, et par ses armements. Pendant la disette de 1741 , elle fournissait gratuitement des grains. Louis-Frédéric fut doyen des députés au bureau de commerce. Le roi récompensa ses services.
62° Sors, hameau qui donna son nom à une ancienne famille éteinte depuis long-temps. Bernard de Sors fit hommage, en 1304, au vicomte de Carlat. En 1669 Sors appartenait à N.-Isaac de Pelacot, Sr de La Prias.
63° Le Triniat, hameau.
61° Le Verdier, village.
65° La Vergne, village au milieu du plateau, au nord de Boissct.
60° La Viguairie, village près de Boisset, de l'autre côté du ruisseau.