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Sansac-de-Marmiesse. — Cette commune dépend du canton sud de l'arrondissement d'Aurillac. Sa forme est allongée du sud-est au nord-ouest. Ses confins sont : au nord, la commune d'Ytrac; au sud, Roannes et Saint-Mamet; à l'est, encore la commune d'Ytrac, et à l'ouest, la commune de Saint-Mamet.
Sa superficie territoriale est de 1,350 hectares, dont 450 h. en terres produisant des céréales; 500 hect. en prés et pacages; 400 hect. en bois, et 200 hect. en bruyères.
Elle est arrosée par la rivière de Cère, celle de Roannes , et par les ruisseaux de la Planthe, de la Cam, etc.
Sa population est de 621 habitants , répartis dans 8 villages, 21 hameaux et 112 maisons.
La route n° 122 de Clermont à Toulouse, par Aurillac, passait à l'extrémité de la commune et au Bex, qui dépend d'Ytrac. Une rectification faite, il y a peu d'années, l'a dirigée dans le milieu même du bourg où elle longe l'église; elle traverse la Cère à quelque distance et sur un beau pont.
Sansac, le chef-lieu , à 1myr. 5 kil. d'Aurillac, est un bourg d'une quarantaine de maisons, assez bien bâti et situé sur la rive droite de la Cère; on y voit un étang nommé de Viers, qui appartenait à la famille de Noailles, et un pont en fil de fer, le premier qui ait été construit dans le Cantal.
L'église est sous l'invocation du St-Sauveur, et son existence remonte à une haute antiquité.
Nous allons rapporter ici l'extrait d'une étude faite sur cette église par M. Raulhac, architecte.
« La paroisse de Sansac avait déjà une église au commencement du X° siècle. Par un acte de l'an 923, acte dont le trésor des chartes possède une copie, Bernard de Carlat donna au monastère de Conques, dans le Rouergue, plusieurs propriétés parmi lesquelles se trouve l'église de Sansac, située, suivant le texte de cette charte, in pago arvernico, in ministerio Carladensi. (V. annotations sur l'histoire d'Aurillac et de ses environs, par M. Raulhac. )
L'église actuelle a été construite sur l'emplacement de l'ancienne, dont il ne reste que peu de traces; l'époque de cette reconstruction est inconnue. Aucun titre, aucune tradition, aucune inscription ne sont parvenus jusqu'à nous pour la constater.
Cette église a 28 m. 60 c. de longueur par 7 m. 20 c. de largeur intérieurement. Elle est parementée extérieurement en pierre de taille de granit à gros grains feldspathiques et contrebutée par dix contreforts massifs et saillants, construits en pierre de taille de même nature.
L'abside, demi-hexagonale, est garnie, à ses angles saillants, de quatre contreforts rayonnants, et percée de trois baies ogivales, étroites, et très élevées.
La fenêtre absidale est remarquable par la grâce de ses proportions et la délicatesse de ses ciselures.
Un meneau carré dans lequel est engagée une svelte demi-colonnette, divise cette baie en deux fenêtres à lancettes, surmontées d'une rosace à six lobes, le tout compris dans une nervure ogivale.
Le meneau et les colonnettes latérales sont couronnés d'élégants chapiteaux parsemés de petites roses en relief, et encadrés dans des moulures délicates qui ont été travaillées avec beaucoup de goût et de netteté. Les découpures de la rosace se composent de trèfles groupés avec régularité autour de la lunette qui en occupe le centre. L'encadrement est formé d'un tore que bordent deux quarts de ronds creux.
Les vitraux des fenêtres étaient jadis en verres coloriés; il en reste encore quelques débris dans celles de l'abside; mais on n'y remarque ni légende, ni date.
Sur dix contreforts qui entourent l'église, quatre seulement s'élèvent jusqu'au toit; les autres (avant le percement de la nouvelle route) n'avaient que 6 m. 50 de hauteur, non compris le couvert. Ils ont généralement 0 m. 90 de largeur ou épaisseur, et leur saillie, qui est de 1m. 6O à la base, diminue progressivement par des retraites de 0 m. 15, distribuées a peu près uniformément sur le parement intérieur.
Ces contreforts, sans ornements ni moulures, sont couverts avec des ardoises.
Le couronnement terminal se compose d'un simple larmier régnant autour de l'abside et des murs latéraux du chœur. La partie restante des murs, jusqu'au clocher, est dépourvue de corniche.
La façade est flanquée de deux tours carrées qui s'élèvent jusqu'à la hauteur du couronnement terminal. La tour du nord est un massif de maçonnerie revêtu en pierre de taille d'appareil; elle est uniquement destinée à renforcer le mur de face.
La tour du midi a de plus fortes .dimensions. Elle renferme une cage d'escalier dans laquelle tourne un escalier en pierre et à vis conduisant au clocher. Ces deux tours, dénuées d'ornements, sont couvertes en ardoise.
La partie supérieure du clocher est percée de quatre arceaux en ogive, destinés à recevoir les cloches; elle est terminée par un toit à quatre eaux, couvert en ardoises.
La porte d'entrée, qui occupe le milieu de la façade, a 1 m. 1/2 de largeur dans œuvre, et 3 m. 06 de hauteur sous clef. Elle est voûtée en ogive et ornée de moulures en retrait d'un riche profil et d'une exécution parfaite.
Les chapiteaux des colonnettes formant les montants de la porte sont ornés de feuillages. Les bases de la moulure formant l’extrados de l'archivolte sont soutenues par des tètes d'homme sculptées en pleine pierre et d'une bonne exécution.
Au-dessus de la porte se trouve une fenêtre en ogive très-haute mais sans ornement. Dans l'intervalle laissé par ces deux ouvertures, la façade est ornée d'une corniche assez bien conservée. La corniche supérieure qui règne sur la façade, au-dessous des arceaux du clocher, est dégradée en beaucoup d'endroits.
La toiture de l'église est plate et couverte en tuiles cannelées.
A l'intérieur, l'église n'a ni colonnes, ni pilastres. Les nervures des voûtes d'arête, en style ogival, sont supportées par des culs de lampe, ornées à leur base de têtes d'homme sculptées en pierre. Ces nervures aboutissent à des clefs circulaires non évidées, ornées d'armoiries à demi-effacées et élevées de 10 m. 85 au-dessus du pavé de l'église.
La voûte de l'abside et la travée adjacente sont de pierre de taille; les deux autres travées du fond de la nef sont en bois, mais exécutées sur le modèle des premières Les culs de lampe et le commencement des nervures des voûtes en bois sont en pierre de taille et ne diffèrent, ni par leur forme, ni sous le rapport de l'exécution, des ouvrages analogues qui se trouvent dans l'abside, ce qui porterait à croire que l'église a été bâtie d'un seul jet telle qu'elle existe aujourd'hui, et que le manque de fonds ou tout autre motif a déterminé l'architecte a substituer aux voûtes en pierre des voûtes en bois dans les deux dernières travées de la nef. En comparant avec un peu d'attention la fenêtre absidale avec la porte d'entrée, on y reconnaît d'ailleurs le même type et le ciseau du même ouvrier.
Les deux chapelles latérales, placées dans le prolongement du transept, forment avec l'abside et la nef deux bras de croix de longueur inégale. Elles n'ont de remarquable que leur antiquité, car leurs arceaux à plein cintre et très-bas, sont une preuve irrécusable quelles faisaient partie de l'église romane du X° siècle.
La chapelle située à gauche de la nef est peu profonde et n'est éclairée par aucune ouverture. Elle est voûtée en maçonnerie, et la courbure de l’intrados de son bandeau, déformé par la vétusté, est très-irrégulière. Celle qui est située à droite de la nef a été agrandie postérieurement. Elle est éclairée par une petite fenêtre de construction récente, et sa voûte a été remplacée par un plafond en planches. Sou bandeau a conservé sa forme primitive à plein cintre.
L'église de Sansac était naguère à demi enterrée dans le sol et dans les constructions qui l'environnaient. Le percement de la nouvelle route de Maurs l'a dégagée et lui a donné, pour ainsi dire, une physionomie nouvelle; cette route venant raser les murs de l'édifice et les avant déchaussés à plusieurs mètres de profondeur, l'église s'est élevée d'autant, et ses proportions ont pris plus de majesté; aussi le voyageur qui vient d'Aurillac, et rencontre ce monument, dont le côté septentrional se développe en face même de la route, est-il frappé de sa noblesse et du caractère imposant que présente ce bloc d'antiquité apparaissant à ses yeux. La symétrie austère de l'appareil, la sobriété du style roman se réunissent, sur ces murs aux formes légères, aux détails pleins de finesse et de fantaisie du gothique; on admire ce mélange, ou pour mieux dire cette succession des deux styles, symbole de l'antiquité et de la puissance de transformation du christianisme, dont l'église de Sansac offre un type intéressant. Mais, si l'on pénètre dans l'intérieur de ce sanctuaire, dont la partie gothique semble remonter au XIV° siècle, la vue est immédiatement affligée par le mauvais état des charpentes, par la maigreur des ornements, par la mesquinerie de certaines parties de la voûte; on regrette alors que cette œuvre d'architecture, belle et grandiose au dehors, ne soit pas l'objet d'une sollicitude plus grande de la part du gouvernement, auquel la fabrique s'est depuis longtemps adressée.
Par son testament fait en 1219, Henri 1er, comte de Rodez, au moment de son départ pour la Terre-Sainte, donna cinq septiers de seigle de rente à cette église, â prendre sur le village de Prentignac (Roannes).
Durand Imbert fut prieur de Sansac en 1298; Bertrand de Teissières, recteur, en 1338; Jean Raoux, recteur, en 1467 ; Antoine de Tournon en 1514; Guillaume Montloubas, curé, en 1531 ;'Jean Caillac, en 1598; Jean Liaubet, en 1635; Jean Passenaud, curé, en 1640; il résigna ses fonctions, en 1641, en faveur de François Cuvelier; Jean Caviar, en 1695; Antoine Taleyrand, en 1697. Cette cure rapportait alors 600 livres, parce qu'elle était à la portion congrue. N. Damiguel, curé, en 1706, François Martin, en 1750; il résigna aussi sa cure en faveur de Jean-Baptiste Boucheau , en 1751. Les derniers curés ont été le chanoine La Durantye, MM. Boulanger, et Delzongles, curé actuel.
Il y avait un chapitre à Sansac dépendant de l'évêque.
La terre de Sansac dépendait de celle de Marmiesse et appartenait à Henri, comte de Rodez, qui, à cette même époque de 1219, donna le château de Marmiesse, avec ses dépendances, à Gilbert, son fils puîné, à la charge d'en rendre l'hommage à son frère Hugues, vicomte de Carlat. On trouve un Durand de Sansac,. vassal de Carlat en 1280; c'est tout ce que nous savons sur cette famille.
La seigneurie de Sansac et Marmiesse passa des comtes de Rodez à la famille de Marcenac, qui remonte à l'année 1030. Gilbert de Marcenac, chevalier, assista au duel judiciaire dans lequel Geraud de Fontanges vainquit, en 1178, Aymeric de St-Céré. Guillaume de Marcenac fut bailli de la vicomté de Carlat, et l'un des garants du traité passé, en 1285, entre le comte de Rodez et le vicomte de Murat. Autre Guillaume de Marcenac était bailli de la Haute-Auvergne en 1360. Des soupçons s'étaient élevés sur ses dispositions à l'égard des Anglais, car le roi ordonna aux habitants d'Aurillac d'aller assiéger son château de Marmiesse et de le raser après s'en être emparés. Il parait qu'il parvint très-promptement à se justifier, car il fut chargé, en 1362, de percevoir une somme de 5,000 florins d'or destinée aux Anglais pour leur faire évacuer le pays. Cette imposition fut levée dans les villages à raison d'un florin et demi par feu. Pierre de Marcenac était seigneur de Marmiesse en 1394. Il vendit des rentes à Hugues de Méallet de Fargues. Avit de Marcenac, seigneur de Marmiesse, fonda au chateau la chapelle de St-Avit. Son père, en 1373, avait acheté d'Aymery de Conros le péage sur la Cère, sur le chemin de Marmiesse et Crespiac à la Roquebrou.
La terre de Marmiesse passa dans la famille de Lapanouse par le mariage de Jean de Lapanouse, seigneur de Loupiac, avec Isabelle de Marcenac, héritière de sa maison.
Charles de Lapanouse, leur fils, habitait Marmiesse en 1525.
Cette terre passa par la suite à Guy de Gouzel, seigneur de Ségur, qui maria, en 1576, sa fille Antoinette avec Antoine d'Anglard, seigneur de Bassignac. Le roi étant entré en méfiance contre M. de Marmiesse, dont le château était fortifié, donna, en 1589, l'ordre de s'en emparer au prévôt Lacarrière, qui en prit possession pour Sa Majesté, et le remit peu de jours après au capitaine La Violette et à ses soldats. Le Sr de Marmiesse fut forcé de se soumettre et de se rendre a l'armée royale; il y fut tué la même année.
En 1590 le château de Marmiesse devint un repaire de brigands, par suite du désordre qui se mit dans la garnison. On en pendit un bon nombre.
L'héritier du Sr de Gouzel fit échange de la terre de Marmiesse avec François de Dienne, contre les rentes qu'il possédait à Nussargues. De Dienne céda Marmiesse à Louis de Beauclair, Sr de la Voûte, qui le revendit à François du Pouget, Sr de Morèze, en 1607. Dix ans après il fut exproprié par le vendeur, a défaut de paiement; il surgit même de graves difficultés à ce sujet, car le seigneur du Pouget de Nadaillac s'opposa, avec ses enfants, à l'exécution de l'arrêt d'expropriation, et la force armée dut intervenir, ce qui donna lieu au prince de Joinville de mettre une garnison dans le château de Marmiesse, d'autant plus qu'il avait conçu des soupçons sur la fidélité du Sr du Pouget. Celui-ci porta une plainte contre cet acte de rigueur.
Le S'de Beauclair jouissait de Marmiesse en 1622. François de Senectère en fut seigneur, et Louise, sa fille, en devint dame en 1677. Elle épousa François de Peyronnenq de St-Chamarand, qui, par suite de ce mariage, devint seigneur en partie de Marmiesse. La maison de Noailles jouissait de l'autre partie. Charles de Noailles, évêque de St-Flour, fut coseigneur de Sansac en 1640. L'archevêque de Paris ayant hérité de Louis de Noailles, son frère, évêque de Châlons, et de Catherine de Noailles, donna sa portion de la terre de Marmiesse, en 1722. au duc de Noailles. Maurice de Noailles, maréchal de France, la vendit, en 1750, à la veuve de François de Pcyronnenq. moyennant 9o,000 livres. La forêt du Laurent, de 40 hectares environ, fut comprise dans cette veute. Antoine de Pcyronnenq était seigneur de Marmiesse en 1775, et cette famille, dont nous allons parler à l'article de Veyrières, en a joui jusqu'à la révolution de 1789. Les ruines du vieux château existent encore près de Sansac.
La chapelle du château, sous le vocable de saint Avit-des-Croix, avait le titre de prieuré, et le revenu du chapelain était de 800 livres. Il percevait des dîmes sur le domaine de Marmiesse. Cette chapelle fut transférée, en 1755, dans l'église de Sansac; le château était alors en ruines.
Les villages et hameaux de cette commune sont:
1° Aubusson, hameau.
2° Bargues, moulin.
3° Battude (la), village au nord et près du bourg.
4° Brousse (la), hameau.
5° Bruel (le), hameau.
6° Capellote (la), hameau. On voit dans ce lieu un joli oratoire jadis en grande vénération et consacré à N.-D-de-Pitié. Vendu nationalement en 93, il fut racheté par M. le chanoine La Durantye, qui en fit don à la commune. Il appartenait auparavant à la maison Peyronnenq de St-Chamarand.
7° Caylat, village en aval de la rivière, à l'ouest du bourg.
8° Cros (le), village à l'est de Sansac, sur la Cère.
9° Devès, hameau.
10° Fargues (las), village entre Marmiesse et Sansac.
11° Grispaille, hameau.
12° Guinou, hameau.
13" Guinzou, hameau.
14° Lalande, hameau. _
15° Laurent, hameau.
16° Maison-Rouge, hameau.
17° Marmessoles, hameau.
18' Marmiesse, ruines du château, à l'est du bourg.
19° Mas, village au nord et près de Sansac.
20° Moulin-de-la-lande, hameau.
21° Nau (la), hameau sur la Cère.
22° Pont-du-Laurent (le), hameau.
23° Portalier, hameau.
24° Puech. hameau.
25° Vernoye, village au nord de Sansac.
26° Yeyrières. village et joli château près de la nouvelle route qui le domine; c'était un fief qui a donné son nom à une famille encore existante. Guillaume de Veyrières, damoiseau, seigneur du lieu, vivait en 1404. Son fils, nommé aussi Guillaume, était seigneur de Veyrières et coseigneur de Sansac; il fut compris à l'armoriai de 1450.
Jean de Veyrières, qui habitait ce château, fut s'établir à Requiran par suite de son mariage avec Césarine de la Roque, dame de ce lieu.
Guyon de Veyrières. frère de Jean, résidait à Sansac; mais il fut exproprié, en 1601, par Hector de Senectère, fils naturel de François, prévôt du monastère de Montsalvy. S'étant distingué dans les armes et dans les lettres comme lieutenant du Sr de Dienne, capitaine d'une compagnie de 50 hommes d'armes, il fut légitimé et anobli en 1605. Hector avait épousé Anne de Veyrières,- fille de Jean, qui lui porta des droits considérables sur ce fief. Aussi, malgré tous les efforts de Guyon, il ne put rentrer dans le patrimoine de sa famille. Hugues de Senectère en jouissait en 1635. François fit ses preuves de noblesse en 1666. Il n'eut qu'une fille mariée à Jean de Peyronnenq, ainsi qu'il a été dit plus haut, et qui lui porta Veyrières avec une partie de Marmiesse. Jean-Louis de Peyronnenq. comte de la Roque, fut seigneur de Veyrières en 1763. Son neveu, François, jouissait de Marmiesse. Antoine, vicomte de Peyronnenq-St-Chamarand. seigneur de Veyrières et de Marmiesse, inspecteur général des haras et président de l'élection d'Aurillac en 1787, n'eut qu'une fille mariée, en 1796, à Jean-Marc-Gabriel de la Garde, comte de Saignes, dont le fils aîné, Antoine-Félix-Auguste, comte de Saignes, ancien officier de cavalerie, démissionnaire en 1830, habite la ville de Maurs. Il a plusieurs enfants.
La famille de Peyronnenq de St-Chamarand, que nous avons déjà mentionnée à l'article sur Marcenat, était l'une des plus anciennes et des plus distinguées du Quercy, d'où elle tirait son origine. Pierre de Peyronnenq, baron de St-Chamarand et sénéchal de l'Agenois, fut nommé maréchal de camp en 1586. Bertrand de Peyronnenq, son fils, baron de St-Chamarand, épousa, en 1605, Françoise de Bourbon-Malause, fille d'Henri do Bourbon, vicomte de Lavedan, et de Françoise de Miremont de St-Exupery.
Jean-Baptiste de Peyronnenq, seigneur, marquis de St-Chamarand, joua un rôle important dans l'Agenois à l'époque des guerres de la Ligue, et resta constamment fidèle à la cause de la royauté. Il était chevalier des ordres du roi. capitaine de 50 hommes d'armes de ses ordonnances, l'un des maréchaux de camp de son armée, gouverneur et sénéchal d'Agenois et Gascogne.
M. le comte de Saignes, qui représente aujourd'hui cette famille, possède un recueil de quarante-huit lettres écrites à Jean-Baptiste par le roi Henri III, une par Catherine de Navarre, et huit par Henri IV. Ces lettres ont été imprimées en 1766 sur les originaux conservés dans les archives de St-Chamarand, ct j'en ai reçu communication. Ce sont, en général, des ordres de mouvement adressés à M. de Peyronnenq , et devant être exécutés par les forces placées sous ses ordres. Elles constatent que Henri III, dans ces temps difficiles, dirigeait lui-même ses armées, et qu'elles n'agissaient que d'après les ordres émanés de lui. Toutes témoignent de l'affection et de la confiance que ce prince avait dans la capacité et la fidélité de son général.
La première est datée de Blois, du 17 décembre 1576. Dans une autre, écrite de Tours, le 24 avril 1589, on lit: « Mons de St-Chamaran, je sais combien est grand le soin que les charges semblables à la vie, apportent à ceux qui y sont constitués, quand ils s'en veulent fidèlement acquitter, mémement en ce temps où ceux qui se sont rebellés contre mon autorité et Etat, tâchent, par tous les moyens, d'attirer à leur société mes bons serviteurs en chacune de mes villes. On m'assure bien que ma ville d'Agen où vous commandez, n'a été exempte d'y être conviée par la suggestion d'aucuns de cette faction qui y peuvent résider; néantmoins, voyant qu'elle demeure ferme en mon obéissance, j'en veulx attribuer la conservation en partie au bon devoir que vous y rendez, et me promettez que vous y continuerez telle vigilance que vous empêcherez le cours des pratiques qui la pourraient encore mettre en trouble, en fortifiant la volonté de mes bons serviteurs, comme je m'assure que vous saurez prudemment faire.et m'en repose entièrement sur votre saige conduite et fidélité, priant Dieu, etc. »
Les appréhensions du roi étaient fondées. Nous lisons dans une autre lettre du 12 de mai suivant : « Mons de St-Chamarand, je suis très-marry de la violence que ceux de ma ville d'Agen ont usée en votre endroit, et néantmoins étant besoin en tels accidents, trop fréquents en ce temps, d'apporter plus tôt de la prudence que le ressentiment que l'on peut avoir occasion de faire, tant qu'il y a espérance de contenir ceux qui ont fait la faute de se précipiter en autre plus grande, je désire que vous vous y conduisiez par l'avis de mon cousin le maréchal de Matignon, et voir si les choses peuvent se rabiller promptement. » Cette lettre fut la dernière qu'il reçut de ce prince.
La lettre que nous trouvons maintenant est du roi Henri IV, écrite de son camp de Saint-Cloud, le 2 août 1589. Elle est relative à l'assassinat d'Henri III. Nos lecteurs voudront savoir de quelle manière le Béarnais, qui lui aussi devait tomber sous le poignard, apprécie ce crime.
« Mons de St-Chamarand, je m'étonnerais d'avoir si longuement demeuré sans entendre de vos nouvelles, n'estoit que la difficulté des chemins en est cause. Je ne doubte, vous étant toujours montré fidèle et affectionné au service du feu roi monseigneur, que la perte ne vous en soit griefve et grandement ennuyeuse, comme elle doit être à tous bon Français, et d'autant plus étant advenue par un si malheureux acte d'un coup de couteau que ung jacobin lui aurait donné hier matin dans le ventre, dont combien qu'il n'y eut apparence de danger, il est néantmoins décédé cette nuit; mais le deuil, qui justement demeure à tous ses bons serviteurs, se doit aussi convertir en résolution d'en poursuivre tous ensemble la justice; ce qui de ma part, puisqu'il plaît à Dieu m'appeler en son lieu à la succession de cette couronne, j'ai bien délibéré faire, sans épargner aucune chose qui puisse dépendre de moi, et donner tout le meilleur ordre que faire se pourra, avec le bon conseil et avis des princes et autres principaux seigneurs, à ce qui sera de bien et conservation de l'Etat, sans y rien innover au fait de la religion catholique, apostolique et romaine, ni aux privilèges et franchises de la noblesse ; en m'assurant que le changement de personne ne fera changer votre fidélité à l'endroit de celui à qui naturellement elle est due. Je vous ai bien voulu écrire la présente pour vous prier de continuer en mon endroit la même dévotion que vous avez constamment gardée envers ledit seigneur défunt. »
Dans une autre lettre, le roi donne à M. de St-Chamarand le détail de ses forces; elle est datée d'Arc. « Lorsque mes forces seront joinctes, la troupe, dit-il, sera assez bonne pour leur donner de l'exercice, comme c'est bien mon intention de le faire; mais la façon dont ils se sont comportés aux précédentes occasions me fait soupçonner qu'ils ne feront point de conscience de ne nous attendre pas. Je ne leur en donnerai pas la peine, et serai à eux de si bonne heure, que la patience n'en sera pas longue. Je prévois que tout ce que je vous en dis ne fera que vous accroître le regret que vous aurez de ne pouvoir vous trouver en cette occasion ; je le regrette autant que vous le saurez faire, tant pour le contentement que j'aurais de vous voir près de moi, que parce que je sais que vous y seriez très-utile; mais mes affaires sont en tel état, que en quelque part de mon royaume soient mes serviteurs, ils trouvent assez de quoi s'occuper. »
Nous citerons encore la lettre suivante: « Mons de Saint-Chamarand, ce mot ne sera que pour vous donner avis de la bataille que j'ai donnée aujourd'hui au duc du Maine, et la victoire qu'il a plu à Dieu de m'en donner, qui est si entière, que excepté lui et ses parents qui se sont retirés, tous les autres chefs ont été tués ou sont mes prisonniers, entre autres le comte d'Aiguemont, général des forces de Flandre, tué; leurs Suisses se sont rendus à moi, tout le reste de leur infanterie a été taillé en pièces, comme a été aussi la moitié de leur cavalerie, toute leur artillerie est demeurée, tous les bagages perdus; je suis encore à la poursuite de cette victoire, qui produira bientôt, comme je l'espère, beaucoup de meilleurs effets que de leur perte; il n'y en a point que je souhaite tant que la paix et le repos en ce royaume, qui est le principal but de mon dessein, »
M. de Peyronnenq avait été promu par le roi, par lettres du 4- juillet 1587, à l'état et office de sénéchal d'Agenois et de Gascogne. Il demanda au parlement de Bordeaux leur entérinement, et son admission à la prestation de serment.
La reine de Navarre, le seigneur de Lansac et le seigneur de St-Oreux y formèrent opposition; ladite dame reine de Navarre allégua qu'il est notoire que par le délaissement des terres à elle fait pour sa dot par le roi et apanage de France, elle a o pouvoir de nommer et pourvoir aux états et offices qui viennent à vaquer ès-dites terres et province, même en la sénéchaussée d'Agenois et Gascogne. »
Le procureur général du roi dit : « ne vouloir empêcher que la reine de Navarre, ensemble les seigneurs de Lansac et de St-Oreux se pourvoient par-devant le roi sur leurs oppositions, mais cependant sans préjudice d'icelles, consent que le seigneur de St-Chamarand soit reçu à prêter le serment audit état de sénéchal, ayant icelui de St-Chamarand fait son inquisition de sa religion catholique, apostolique, romaine, de ses autres qualités requises parles ordonnances royaux, et de plusieurs grandes charges qu'il a ci-devant exercées sans reproche; supplie la cour de lui faire entendre sérieusement cette charge de sénéchal.
La cour ordonne que tant la reine de Navarre, que les seigneurs de Lansac et de St-Orcux, se pourveriont devers le roi dans deux mois; dit que le seigneur de St-Chamarand sera reçu à l'état et office de sénéchal d'Agenois et Gascogne, en prêtant le serment en tel cas requis et acoustumé. »
Le château de Veyrières est en bon état de conservation; il est entouré de vastes prairies et domine très-agréablement les bords de la Cère. Sa construction remonte à l'époque de la renaissance. Elle présente trois corps de bâtiment qui jouissent chacun d'un aspect différent, et renferment des logements vastes et complets. Le premier, de forme carrée, s'élève d'environ 60 mètres; il est surmonté d'une rangée de créneaux parfaitement régulière; les quatre angles du bâtiment sont eux-mêmes embellis par quatre tourelles qui dominent le faite du couvert, et chacune de ces tourelles repose sur des culs de lampe dont les boudins sont doubles, bien taillés et de fin granit. Le second corps de logis, joint au premier, est flanque vers ses angles nord et est de deux grosses tours rondes d'un coup-d'œil gracieux. Le troisième ne date que des premières années du siècle dernier; il présente une large construction en forme de double mansarde. Cet ensemble de constructions produit un bel effet, vu de la route, dont le château n'est distant que de quelques centaines de mètres. Jean-Antoine Duverdier de Marsilhac, ancien page de Louis XV, ancien chef d'escadron aux chasseurs de Flandre, chevalier de Saint-Louis avant 1790, en fit l'acquisition en 1814. Il appartient aujourd'hui à son fils, Louis de Marsilhac, procureur du roi à Aurillac avant la révolution de 1830.
La terre et seigneurie de Sansac-de-Marmiesse, dit M. do Sistrières, possédée maintenant par M. le marquis de Noailles, dépend en fief du comte de Carladès. En 1219, Henri, 1er du nom, vicomte de Cariat, légua à Gilhert, son Gls puiné, cette terre en titre de châtellenie. En 1489, noble Jean Roland rendit hommage de la terre de Marmiesse à dame Anne de France, en sa qualité de vicomtesse de Carlat.
En 1505, Charles de Loupiac, écuyer, seigneur de Marmiesse, rendit aussi hommage comme dépendant de la terre de Carlat.
En 1605, la terre de Marmiesse fut vendue par décret et vente judiciaire de l'autorité du juge présidial et d'appeaux des vicomtés de Carlat et Murat. Après le décès de M. de Noailles, évêque de St-Flour, sa succession ayant été déclarée vacante, son héritier fut pourvu d'un curateur, qui dut rendre l'hommage, en 1668, au vicomte de Carlat.
Dame Louise Bouneau de Fleury, veuve de François de St-Nectère, écuyer, seigneur de Veyrières, dépendait en fief franc et noble en toute justice du comte de Carladès, pour la seigneurie de Veyrières.
L'an 1529 fut rendue une sentence arbitrale entre Raymond Boisseti et Renaud de Pons, vicomte de Carlat, par laquelle il reconnaissait que la terre de Verrières relevait du Carladès.
Hector de Senectère étant décédé en 1609, le juge présidial et d'appeaux se transporta au château de Veyrières et y posa les scellés. Les officiers d'Aurillac voulurent l'y troubler; mais le parlement, le 3 août i600, donna gain de cause au juge du Carladès, et décida qu'il procéderait à la tutelle des biens de la maison de Veyrières.
Pierre de Morèze ayant intenté un procès criminel au seigneur de Veyrières devant le juge d'Aurillac, fut aussi renvoyé devant la juridiction de Vic,
On lit dans le pouillé : « Dans la paroisse de Sansac est un certain château appelé de Marmeyras (Marmiesse), dans lequel est une chapelle dédiée à saint Avit. l a présentation de cette chapelle appartient au seigneur ou à la dame dudit château. Lorsque le seigneur ou la dame présente à la cure de Sansac, le curé la présente à l'évêque.
27° Vinhal-Basse (la), hameau.
28° Vinhal-Haute (la), hameau.
Sansac était de droit écrit relevant d'Aurillac. Marmiesse suivait la coutume locale de Jussac.
Par suite de la correction de la route, quelques auberges ont été construites auprès du pont dit de Sansac ou du Laurent. C'est au-dessous de ce pont qu'a eu lieu, au mois de juillet 1856, la fin lamentable de M. le marquis Napoléon de Miramon, propriétaire de St-Angeau et membre du conseil général, qui s'y est noyé dans une partie de pèche. (V. Polminhac.)
Les terres cultivées de la commune donnent un assez bon produit quoique légères. Les prés et pacages sont généralement secs. Le schiste micacé est en général la base du sol.
Sansac de Marmiesse fut imposé à 1,060 livres dans la répartition de l'impôt de 1696, pour l'élection d'Aurillac.
P. DE C