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Médecin homéopathe, acupuncteur, Jean Nolorgues, cet amateur de musique et de théâtre a consacré sa vie au service de tous par son travail et son action politique et militante.

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L’enfance et les études.

Le 2 août 1923, Jean Nolorgues naît à La Canourgue en Lozère. Dernier d’une famille de six enfants, il a six ans à la mort de son père, commandant dans la marine marchande. « En ce temps les allocations familiales et autres aides aux orphelins n’existaient pas. Notre mère se lança dans la maroquinerie d’art, et c’est avec ce travail qu’elle nous permit de vivre ». Il se souvient « nous étions pauvres. Un saucisson ou un poulet étaient synonymes de fête ». La première bicyclette fut achetée pour les six enfants. « Nous comptions les minutes d’utilisation de chacun. Aucun ne devait dépasser son temps ». Si son père était un catholique convaincu, sa mère l’était plus encore. L’aînée de la famille sera religieuse à Monaco. Entré directement en 5e au petit séminaire de Marvejols, l’enfant reste en pension jusqu’en 3e. « La religion enseignée là était faite de rigueur, de soumission et de culpabilité » se souvient-il. « Il me tardait de fuir ». A 17 ans il obtient son bac, à l’école Saint François Régis de Montpellier, tenue par les Jésuites. « J’ai trouvé là le Christ et son enseignement empreint d’amour ». Sa deuxième soeur, Cécile, plus âgée de dix ans et mariée à un médecin montpelliérain, a eu une grande influence sur son éducation.

De 18 à 20 ans, le jeune étudiant passe ses vacances avec ses compagnons d’un clan de routiers scouts. « Nous jouions la comédie dans les villages où nous recevions un peu de nourriture, et, dans les régions viticoles, nous nous grisions parfois un petit peu trop de succès et de vin local ».

La guerre interrompt ses études de médecine qu’il payait en donnant des leçons. Le jeune étudiant doit passer par les chantiers de jeunesse. Il devient bûcheron dans les bois des Estourocs, qu’il faut abattre avant l’immersion sous les eaux du barrage. Il est ensuite chef d’équipe près de Mauriac, puis chef d’atelier dans l’Aigoual. Il se rappelle : « j’enseignais le chant, ce qui me laissait du temps pour étudier mes livres de médecine ». Il rit « mes élèves marchaient au pas en chantant à quatre voix, ce qui soulevait les applaudissements des soldats allemands sur notre passage ».

C’est ainsi qu’il prépare sa troisième année, couronnée par un succès aux examens de mars 1944. Jean se marie le 25 octobre 1945 à Montpellier avec Colette, fi lle d’un officier originaire du Roussillon. Elle aussi termine ses études de médecine.Le souvenir de sa soeur Hélène, la plus proche, l’habite encore. « J’avais 20 ans lorsqu’elle est morte après quatre années de souff rances dues à la tuberculose. Souvent elle avait appelé la mort. Ses derniers moments furent un débordement d’aspiration à vivre, à profiter de tout ». Elle avait 24 ans.

Après son internat à Aurillac, le jeune médecin s’installe à Arpajon. Colette Nolorgues, mère en 1946 du premier de leurs cinq enfants, va se consacrer à leur éducation. En 1966 ils accueillent Alain, un jeune Vietnamien, et Laurence, Togolaise, en 1971. Ils les élèvent comme leurs enfants.

Le médecin militant.

« J’étais devenu homéopathe, le seul à 100 kilomètresà la ronde. Mes clients venaient souvent de loin. Comme en ce temps-là les médecins de campagne étaient aussi accoucheurs, je travaillais la nuit comme le jour. Je ne pouvais pas assurer mes rendez-vous matinaux lorsque j’avais passé une nuit au chevet d’une parturiente ». En 1952, le médecin homéopathe, acupuncteur, décide de transférer son cabinet avenue de la République à Aurillac. En 1962, Pierre Terrisse, l’architecte concepteur de la Dorinière, dessine pour le médecin et sa famille un grand ensemble comprenant le cabinet et l’appartement. Ils s’installent au septième étage de l’immeuble le plus grand de la ville. « Même dans mon travail, je restais proche des miens ». Ils habiteront là jusqu’à la retraite du docteur Nolorgues en 1988. Vincent, médecin homéopathe comme son père, occupera alors le cabinet et l’appartement avec sa famille. Avec un appétit de vie qui ne le quittera jamais, pas plus que le besoin de servir ses semblables, Jean Nolorgues s’est dépensé sans compter. L’amour du théâtre découvert à la faculté de Montpellier et chez les scouts le conduit à créer la troupe « Joie- Les docteurs Tréteaux-Amitié », il en est le metteur en scène de 1951 à 1960. « Nous étions une quinzaine, venus de tous les milieux sociaux. Nous avons noué là une amitié durable ». Dès 1958 il devient président de la «  Sauvegarde de l’enfance ». Cette association réunit les bénévoles désireux d’aider les handicapés physiques et mentaux, comme les jeunes qui ont des problèmes sociaux, et même les pré-délinquants. De la gestion de la Sapinière à Marmanhac, au Cancel de Polminhac, en passant par l’institut du Parc d’Allanche et la création du Centre d’Aide par le Travail de St Cernin, ce sont des centaines d’employés qui ont aidé un millier de jeunes au cours de ces trente années.

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Odette et Jean Nolorgues

Parallèlement, simultanément, le médecin, père de famille devenu grand père, s’est aussi engagé dans la gestion de sa ville en devenant adjoint dans le conseil municipal dirigé, de 1971 à 1977, par le docteur Mézard. Chargé des affaires sociales et de l’école de musique, Jean Nolorgues retrouve là ses passions. C’est la création du comité des oeuvres sociales, de la première crèche familiale, du centre social de Marmiers, le premier jumelage avec Bocholt, sans compter la gestion des foyers logements de Caylus et de Limagne. « Je ne comprends toujours pas le comportement des élus de l’opposition, dont je prenais l’avis lors des travaux » regrette-t-il. « Tous les projets étaient votés à l’unanimité en commission, et je retrouvais les mêmes s’opposant à leur application lors des votes publics ».

Le médecin homme politique, trouve le temps de créer en 1972 la Chorale du Millénaire dont il dirige pendant quinze ans les cinquante participants. « Mon plaisir était le chant, mais j’ai profité des rigueurs de l’hiver 1956 qui empêchaient mes clients lointains de venir, pour apprendre, seul, la flûte traversière » se souvient-il en souriant.

La retraite

Jean Nolorgues a encore eu assez d’énergie pour rénover, tout au long de ces années, une vieille maison achetée en 1967 à la Joyeuse de Teissières les Bouliès. C’est là qu’il s’installe définitivement avec son épouse, en 1988. La maison est grande. Le parc qui résonne depuis tant d’années des cris et des jeux, continue de voir courir et s’amuser les générations successives. Aux cinq enfants sont venus s’ajouter vingt deux petits enfants et quinze arrière petits enfants, ainsi que leurs frères de coeur nés de Laurence et Alain. Ils y sont tous réunis pour les noces de diamant en 2005.

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Jean Nolorgues confie : « je crois que la mort n’est qu’un passage entre une forme de vie réduite aux fonctions sensorielles, vers une vie nouvelle qui sera, selon Teilhard de Chardin, une fusion dans le coeur d’amour de Dieu ».

L’infarctus, subi en 1979, n’empêche pas, en 1990, le retraité de grimper à 3000 mètres, dans les Alpes. L’hémiplégie, due à un accident cérébral, avec laquelle il compose depuis plus de dix ans, ne lui interdit pas plus de continuer à apprendre et transmettre.

Toujours avide de nouvelles connaissances, Jean Nolorgues, a obtenu un master en sciences neuro-linguistiques

Il vient d’éditer « d’un projet à son accomplissement », le livre de la stratégie d’objectif. Il vise l’acquisition « d’une sagesse qui permet à un nouvel art de vivre de se dégager » comme l’écrit Edouard Ruols, l’auteur de la préface.

Jean Nolorgues a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 2002 pour l’ensemble de ses activités. Jean Nolorgues reçoit l’ordre national du Mérite en 1986 pour son action sociale en direction des handicapés.

Article de Jean Claude Champeil, extrait de son livre Vies de Cantaliens.

JEAN NOLORGUES :
l’amour de la vie.
Médecin homéopathe, acupuncteur, cet amateur de musique et de théâtre s’est consacré au
service de tous par son travail et son action politique et militante.
L’enfance et les études.
Le 2 août 1923, Jean Nolorgues nait à La
Canourgue en Lozère. Dernier d’une famille de
six enfants, il a six ans à la mort de son père, commandant
dans la marine marchande. « En ce temps
les allocations familiales et autres aides aux orphelins
n’existaient pas. Notre mère se lança dans la maroquinerie
d’art, et c’est avec ce travail qu’elle nous permit
de vivre ». Il se souvient « nous étions pauvres. Un
saucisson ou un poulet étaient synonymes de fête ». La
première bicyclette fut achetée pour les six enfants.
« Nous comptions les minutes d’utilisation de chacun.
Aucun ne devait dépasser son temps ». Si son père était
un catholique convaincu, sa mère l’était plus encore.
L’aînée de la famille sera religieuse à Monaco.
Entré directement en 5e au petit séminaire
de Marvejols, l’enfant reste en pension jusqu’en
3e. « La religion enseignée là était faite de rigueur,
de soumission et de culpabilité » se souvient-il. « Il
me tardait de fuir ». A 17 ans il obtient son bac, à
l’école Saint François Régis de Montpellier, tenue
par les Jésuites. « J’ai trouvé là le Christ et son enseignement
empreint d’amour ». Sa deuxième soeur,
Cécile, plus âgée de dix ans et mariée à un médecin
montpelliérain, a eu une grande infl uence sur son
éducation.
De 18 à 20 ans, le jeune étudiant passe ses
vacances avec ses compagnons d’un clan de routiers
scouts. « Nous jouions la comédie dans les villages
où nous recevions un peu de nourriture, et, dans
les régions viticoles, nous nous grisions parfois un petit
peu trop de succès et de vin local ».
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PREMIER
La guerre interrompt ses études de médecine
qu’il payait en donnant des leçons. Le jeune étudiant
doit passer par les chantiers de jeunesse. Il devient
bûcheron dans les bois des Estourocs, qu’il faut abattre
avant l’immersion sous les eaux du barrage. Il
est ensuite chef d’équipe près de Mauriac, puis chef
d’atelier dans l’Aigoual. Il se rappelle : « j’enseignais
le chant, ce qui me laissait du temps pour étudier mes
livres de médecine ». Il rit « mes élèves marchaient au
pas en chantant à quatre voix, ce qui soulevait les applaudissements
des soldats allemands sur notre passage ».
C’est ainsi qu’il prépare sa troisième année, couronnée
par un succès aux examens de mars 1944. Jean se
marie le 25 octobre 1945 à Montpellier avec Colette,
fi lle d’un offi cier originaire du Roussillon. Elle aussi
termine ses études de médecine.
Le souvenir de sa soeur Hélène, la plus proche,
l’habite encore. « J’avais 20 ans lorsqu’elle est
morte après quatre années de souff rances dues à la tuberculose.
Souvent elle avait appelé la mort. Ses derniers
moments furent un débordement d’aspiration à
vivre, à profi ter de tout ». Elle avait 24 ans.
Après son internat à Aurillac, le jeune médecin
s’installe à Arpajon.
Colette Nolorgues, mère en 1946 du premier
de leurs cinq enfants, va se consacrer à leur
éducation. En 1966 ils accueillent Alain, un jeune
Vietnamien, et Laurence, Togolaise, en 1971. Ils les
élèvent comme leurs enfants.
Le médecin militant.
« J’étais devenu homéopathe, le seul à 100 kilomètres
à la ronde. Mes clients venaient souvent de
loin. Comme en ce temps-là les médecins de campagne
étaient aussi accoucheurs, je travaillais la nuit comme
le jour. Je ne pouvais pas assurer mes rendez-vous matinaux
lorsque j’avais passé une nuit au chevet d’une
parturiente ». En 1952, le médecin homéopathe,
acupuncteur, décide de transférer son cabinet avenue
de la République à Aurillac. En 1962, Pierre
Terrisse, l’architecte concepteur de la Dorinière,
dessine pour le médecin et sa famille un grand ensemble
comprenant le cabinet et l’appartement. Ils
s’installent au septième étage de l’immeuble le plus
grand de la ville. « Même dans mon travail, je restais
proche des miens ». Ils habiteront là jusqu’à la retraite
du docteur Nolorgues en 1988. Vincent, médecin
homéopathe comme son père, occupera alors
le cabinet et l’appartement avec sa famille.
Avec un appétit de vie qui ne le quittera jamais,
pas plus que le besoin de servir ses semblables,
Jean Nolorgues s’est dépensé sans compter. L’amour
du théâtre découvert à la faculté de Montpellier et
chez les scouts le conduit à créer la troupe « Joie-
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Tréteaux-Amitié », il en est le metteur en scène de 1951
à 1960. « Nous étions une quinzaine, venus de tous les milieux
sociaux. Nous avons noué là une amitié durable ».
Dès 1958 il devient président de la « Sauvegarde
de l’enfance ». Cette association réunit les bénévoles désireux
d’aider les handicapés physiques et mentaux,
comme les jeunes qui ont des problèmes sociaux, et
même les pré-délinquants. De la gestion de la Sapinière
à Marmanhac, au Cancel de Polminhac, en passant par
l’institut du Parc d’Allanche et la création du Centre
d’Aide par le Travail de St Cernin, ce sont des centaines
d’employés qui ont aidé un millier de jeunes au cours
de ces trente années.
Parallèlement, simultanément, le médecin,
père de famille devenu grand père, s’est aussi engagé
dans la gestion de sa ville en devenant adjoint
dans le conseil municipal dirigé, de 1971 à 1977,
par le docteur Mézard. Chargé des aff aires sociales
et de l’école de musique, Jean Nolorgues retrouve
là ses passions. C’est la création du comité des oeuvres
sociales, de la première crèche familiale, du
centre social de Marmiers, le premier jumelage avec
Bocholt, sans compter la gestion des foyers logements
de Caylus et de Limagne. « Je ne comprends
toujours pas le comportement des élus de l’opposition,
dont je prenais l’avis lors des travaux » regrette-t-il.
« Tous les projets étaient votés à l’unanimité en commission,
et je retrouvais les mêmes s’opposant à leur
application lors des votes publics ».
Le médecin homme politique, trouve le
temps de créer en 1972 la Chorale du Millénaire
dont il dirige pendant quinze ans les cinquante participants.
« Mon plaisir était le chant, mais j’ai profi
té des rigueurs de l’hiver 1956 qui empêchaient mes
clients lointains de venir, pour apprendre, seul, la fl ûte
traversière » se souvient-il en souriant. .
La retraite
Jean Nolorgues a encore eu assez d’énergie
pour rénover, tout au long de ces années, une vieille
maison achetée en 1967 à la Joyeuse de Teissières
les Bouliès. C’est là qu’il s’installe défi nitivement
avec son épouse, en 1988. La maison est grande.
Le parc qui résonne depuis tant d’années des cris et
des jeux, continue de voir courir et s’amuser les générations
successives. Aux cinq enfants sont venus
s’ajouter vingt deux petits enfants et quinze arrière
petits enfants, ainsi que leurs frères de coeur nés de
Laurence et Alain. Ils y sont tous réunis pour les
noces de diamant en 2005.
Jean Nolorgues confi e : « je crois que la mort n’est
qu’un passage entre une forme de vie réduite aux fonctions
sensorielles, vers une vie nouvelle qui sera, selon Teilhard de
Chardin, une fusion dans le coeur d’amour de Dieu ».
L’ infarctus, subi en 1979, n’empêche pas, en
1990, le retraité de grimper à 3000 mètres, dans les
Alpes. L’hémiplégie, due à un accident cérébral, avec laquelle
il compose depuis plus de dix ans, ne lui interdit
pas plus de continuer à apprendre et transmettre.
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PREMIER
Toujours avide de nouvelles connaissances, Jean
Nolorgues, a obtenu un master en Neuro-Linguistic-
Programming. Il vient d’éditer « d’un projet à son accomplissement
», le livre de la stratégie d’objectif. Il vise
l’acquisition « d’une sagesse qui permet à un nouvel art
de vivre de se dégager » comme l’écrit Edouard Ruols,
l’auteur de la préface.
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Jean Nolorgues a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur en 2002 pour
l’ensemble de ses activités. Jean Nolorgues reçoit l’ordre national du Mérite en
1986 pour son action sociale en direction des handicapés.
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